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Protection des aires protégées du Cameroun

Rainforest Alliance produit un guide d’orientation sur les zones à haut risque de déforestation et d’empiètement. L’Ong propose des mesures pour mettre sur le marché des produits certifiés et pratiquer une agriculture à impact mineur sur les forêts.

Dans sa stratégie d’aménagement du territoire, notamment en ce qui concerne la protection de ses forêts denses et de ses aires protégées, le Cameroun est soutenu par ses partenaires. Dans le volet agricole, des dispositions ont été prises pour délimiter le territoire en spécifiant de façon précise des zones et des conditions dans lesquelles les forêts peuvent ou ne peuvent pas être exploitées à des fins agricoles. Toutefois, comme le relève Arnaud Afana, chargé d’études assistant à la Direction de l’aménagement du territoire au ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (MINEPAT), les aires protégées sont menacées. Il évoque entre autres raisons les actions anthropiques, c’est-à-dire l’intervention de l ’Homme : l’élevage, l’agriculture, la coupe abusive du bois de chauffe dans la partie septentrionale du pays, etc.

Face à ces menaces, l’Ong Rainforest Alliance a présenté le 3 novembre dernier à Yaoundé, un guide d’orientation des zones à haut risque de déforestation et d’empiètement dans les aires protégées du Cameroun. Selon le représentant de la directrice régionale de Rainforest Alliance pour l’Afrique centrale, William Mala, « il est important de trouver une cohabitation entre les pratiques agricoles et la conservation de la biodiversité. Les acteurs agricoles doivent également être préparés à se conformer aux exigences des marchés ». Notre source explique que les pratiques agricoles à l’intérieur du domaine forestier camerounais (le patrimoine forestier couvrant 46% du territoire national, ndlr) doivent être « encadrées ».

Les produits agricoles doivent respecter le label Rainforest Alliance

La production de ce guide considéré comme un outil d’aide à la décision est justifiée par la volonté de Rainforest Alliance d’éliminer la déforestation des chaînes d’approvisionnement des commodités agricoles, surtout le cacao. Concrètement, tel que l’explique Achille Tuete, Senior Associate for Standard & Assurance à Rainforest Alliance, il s’agit d’aider un investisseur privé national ou étranger à déterminer, dès le départ, si la zone sollicitée pour établir son agro-industrie est appropriée, selon la règlementation forestière. « Cela permet d’anticiper sur tout conflit au risque de voir le projet abandonné à un moment donné », soutient-il. Ces investisseurs ont donc la latitude de choisir de façon « stratégique » les sites où ils peuvent créer leurs exploitations, pour bénéficier de l’accompagnement de Rainforest Alliance dans le processus de certification, selon le nouveau standard obligatoire depuis le 30 juin 2020.

Lors d’une évaluation initiale réalisée par l’Ong, il est ressorti que sur les 70 000 producteurs avec qui elle est en partenariat, 2000 d’entre eux se trouvaient dans une aire protégée ou dans une zone à risque de déforestation. « Cela représente environ 3%, mais c’est énorme vu l’impact que cela pourrait avoir sur le petit producteur. Etant donné que s’il vend le cacao certifié, il aura des bénéfices que le standard n’a pas », indique Achille Tuete. L’autre fait majeur : sur les 2000 ayant empiété le domaine forestier permanant de l’Etat, près de 600 se trouvaient dans les aires protégées, les parcs nationaux, les sanctuaires de faune et dans les réserves forestières. Ils estiment qu’historiquement, ces espaces sont les leurs et que le classement a été fait après que leurs aïeux se soient installés.

Face à cet imbroglio, Rainforest Alliance veut amener l’administration à prendre en compte certaines considérations, en déterminant notamment des enclaves à l’intérieur de ces aires protégées ou de toute autre composante du domaine forestier permanent. Ce scénario, s’il est implémenté, permettrait à ceux qui sont déjà installés de vendre leurs produits sous le label Rainforest Alliance, à travers une notification délivrée par l’administration.

Les actes de déforestation peuvent être anticipés

Le guide présenté permet en outre au Cameroun de se projeter dans ses missions d’aménagement du territoire et de définir des actions à mener, que ce soit des actions d’atténuation ou de compensation, poursuit le responsable au MINEPAT, M. Afana. Le volet conservation de la biodiversité n’est pas négligé. A s’en tenir aux alertes de Global Forest Watch (GFW) rendues publiques par World Resources Institute (WRI) en 2021, l’on a constaté une perte du couvert arboré de 11,1 millions d’hectares, dont 3,5 millions d’hectares de perte dans les forêts humides tropicales.

L’agriculture est citée comme le principal moteur de perte de ce couvert arboré. Cela peut être un est indicateur des risques potentiels de déforestation. Mais, selon le coordonnateur de WRI pour le Cameroun, Duclaire Mbouna, la situation est relativement stable dans les aires protégées, à part quelques alertes observées au niveau du parc de la vallée du Mbéré à Meiganga, région de l’Adamaoua, en raison de la guerre en Centrafrique. 

KENFACK

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