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Présidentielle Cameroun 2025 : « les communautés voteront pour la prise en compte de leurs droits fonciers et coutumiers »

Pour mieux adresser l’impact des industries extractives sur les communautés forestières du Cameroun, l’organisation de défense de l’environnement Greenpeace Afrique et ses partenaires ont organisé un atelier national de partage d’expérience avec les représentants desdites communautés triées sur le volet sur l’étendue du pays. Votre journal donne la parole à Stella Tchoukep. La chargée campagne forêt de Greenpeace Afrique dresse le bilan des échanges et partage d’expérience menés par les communautés forestières du 27 au 29 avril dernier à Kribi, cité balnéaire située au sud du Cameroun.

Environnementales : Quels étaient les objectifs de cet atelier ?
Stella Tchoukep, Chargée de campagne forêt chez Greenpeace Afrique : Eh bien, il y avait plusieurs objectifs pour cette réunion, mais je vais me concentrer sur deux qui sont fondamentaux. Le premier objectif était d’abord de permettre aux communautés d’échanger des idées et de partager leurs expériences. De voir ce qui se passe dans différents contextes et dans le cadre de différents types d’exploitation. Parce que nous avons observé qu’il y a des opérations forestières, des opérations minières et des opérations agro-industrielles. Et tout cela impacte parfois de manière similaire et parfois différemment les communautés. Donc, l’idée était d’abord de comprendre comment ces différents projets impactent les communautés.
Maintenant, le deuxième objectif était de considérer, une fois que nous avons identifié les différents impacts, ce qui doit être fait. Nous devions proposer des solutions, chacune adaptée à son contexte, mais aussi de manière générale et globale. Parce que même s’il existe différents impacts, nous avons remarqué qu’il y a des impacts similaires qui nécessitent de traiter le problème au niveau national, de changer les politiques et de changer la législation.
Donc, ce sont les deux objectifs. Premièrement, pour que les communautés apprennent à se connaître, à réaliser que ce que vous vivez chez vous est aussi ce que je vis chez moi, et à réfléchir à comment nous pouvons agir pour inverser la situation. Comment pouvons-nous agir pour aider le gouvernement à développer et à mettre en œuvre des  politiques de développement socialement durables et environnementalement viables? »
En termes généraux, quelle est la menace globale à laquelle sont confrontées ces communautés ?
Eh bien, toutes ces communautés se plaignent essentiellement d’une chose, et de cette chose découle de nombreux autres problèmes. Il s’agit de l’accaparement des terres, de leurs terres traditionnelles. Nous sommes donc dans un système où l’État veut développer le pays, et pour cela, il a besoin d’espace, il a besoin d’exploiter des ressources. Du moins, c’est ce que disent nos politiques.
Ainsi, l’État s’est retrouvé dans un système quelque peu colonial de privatisation des terres et des ressources pour mener ces projets dits de développement. Et donc, les communautés espéraient que, et c’est pourquoi certaines sont souvent très favorables à ces projets, elles espéraient qu’avec ces projets dits de développement, le développement suivrait. Malheureusement, elles nous diront que non seulement elles sont privées de leurs terres, mais il n’y a pas de développement. Non seulement il n’y a pas de développement, mais il y a aussi la dégradation de leur environnement et de leurs conditions de vie.
C’est pourquoi la première chose qu’elles demandent est la sécurisation de leur terre traditionnelle, de leur terre ancestrale, afin que même si l’État veut développer ses projets, leur terre ne soit pas affectée. Donc, cette approche, sur un plan beaucoup plus large, présente un avantage. Elle permet aux communautés d’être les auteurs de leur propre développement, mais aussi de contribuer à la lutte contre le changement climatique car l’empreinte des communautés sur les espaces n’est pas la même que celle des agro-industries. Et donc, il a été reconnu, même par le GIEC, que si les communautés ont un accès sécurisé à la terre et aux ressources, elles contribueront davantage à réduire le changement climatique.« 
Pensez-vous que le plaidoyer issu de cet atelier peut résoudre le problème, qui est essentiellement politique, selon ce que nous constatons ?

Eh bien, disons qu’il existe des voies d’action qui peuvent conduire à des résultats lorsque nous examinons la scène politique au Cameroun et aussi les scénarios qui se déroulent ailleurs. Le Cameroun est aujourd’hui à une phase critique. Nous attendons les élections en 2025. Aujourd’hui, le plaidoyer consiste à dire, par exemple, à sensibiliser les communautés pour dire, en choisissant votre prochain leader, votre prochain président de la République, veillez à ce qu’il intègre dans sa politique de développement la sécurité ou la sécurisation de vos droits fonciers et coutumiers. C’est un exemple. Si nous voulons avoir, les communautés doivent être en mesure de saisir des moments critiques pour pouvoir transmettre leurs doléances.
Et nous avons des élections, c’est un moment parfait pour cela. Le dernier exemple que nous avons est au Sénégal. Le nouveau président, dans sa politique, a annoncé, et nous espérons qu’il le fera, qu’il renégociera les différents contrats miniers, forestiers, etc. C’est un élément très important. Et ce sera l’occasion pour les communautés de dire, chers présidents, nos doléances n’ont pas été prises en compte dans les anciens contrats. Au moment de les renouveler, veuillez prendre en compte nos droits et nos intérêts.
Ainsi, au Cameroun, chaque candidat aura inévitablement un plan. Et il s’agira de dire à chaque candidat qui se présente, qu’avez-vous pour les communautés de manière concrète? Donc, les communautés doivent saisir ce moment pour adresser, non pas de faibles doléances, mais vraiment des doléances qui peuvent changer drastiquement et positivement leurs conditions de vie.
                                                                                                                                               Propos recueillis par Boris Ngounou

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