Les Rencontres d’échanges, de découvertes et d’exhibitions de l’Ouest (REDEO), ouvertes le 13 décembre 2024 à Bafoussam, mettent en lumière les PME locales appuyées dans le cadre du projet COBALAM. Ces entreprises, spécialisées dans l’apiculture, la transformation agroalimentaire et la production d’huile d’avocat, témoignent des impacts positifs d’un accompagnement technique et financier visant à concilier gestion durable des ressources et autonomisation des communautés.
Le stade omnisports de Tocket à Bafoussam a fait le plein d’œuf le 13 décembre 2024, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture de la deuxième édition des Rencontres d’échanges, de découvertes et d’exhibitions de la région de l’Ouest (REDEO). L’évènement qui se tient jusqu’au 22 décembre prochain rassemble plusieurs exposants, avec en bonne place les PME locales accompagnées par l’Ong américaine Rainforest Alliance. Cet accompagnement se fait dans le cadre du projet : « Eliminer les obstacles à la conservation de la biodiversité, à la conservation de la biodiversité, à la restauration des terres et à la gestion des durable des forêts à travers une gestion communautaire des paysages » (COBALAM) développé par ONU-Environnement et le ministère camerounais en charge de l’Environnement (Minepded), avec le soutien financier du Fonds pour l’Environnement Mondial (GEF). « Les produits exposés sont le résultat de l’accompagnement qui est fait pour rendre les communautés autonomes, plus visibles et capables de nouer des partenariats pour labéliser à terme ce qu’ils produisent », fait observer le coordonnateur des activités de Rainforest Alliance dans les hautes terres de l’Ouest, Jacques Waouo.
Spécialisées dans la production du miel et dérivés, des produits transformés de pomme de terre, de manioc, de patate et de maïs et la production d’huile d’avocat, ces PME concilient à la fois « gestion responsable des ressources » et « amélioration de revenus économiques et de la vie sociale » à travers leurs activités. Au cours de ce rendez-vous du donner et du recevoir, la Société coopérative simplifiée des apiculteurs des monts Bamboutos (SCOOPS AMONBA) est présente avec les Gics APEB et Ndasse. Leur spécialité : le miel et ses produits dérivés. « Aux REDEO, nous sommes venus exposer le miel, la cire d’abeille, l’extrait de propolis, le lait de toilette fait à base de cire d’abeille et d’extrait de propolis, les baumes de massage fait à base de cire d’abeille et d’extrait de propolis, les crèmes de cheveu pour épaissir, faire grandir et faire pousser les cheveux, des bougies, etc. », décline la responsable de la coopérative, Charnelle Koubo Labo. Les quantités de miel issues des trois structures (APEB, Ndasse et coopérative) et exposées aux REDEO sont de plus de 300 litres, indique notre source.
La coopérative AMONBA est constituée de 56 personnes dont 60 à 65% de femmes. Elle a été créée en juillet 2024 et dispose d’une capacité de production de plus de 5000 litres de miel par an. Les projets portés par le groupe en ce moment consistent notamment à mettre du miel de qualité sur le marché, surtout les produits dérivés du miel. Il y a aussi le projet lié à la mise sur pied d’une vitrine pour la commercialisation des produits, basée à Mbouda où se trouve le siège social. « L’appui de Rainforest Alliance a été capital pour nous. Avant, on pratiquait l’apiculture de façon vague. Les femmes ne s’y intéressaient même pas. Rainforest Alliance nous a formé et nous a donné l’intérêt qu’il y à produire le miel dans les monts Bamboutos. Ensuite, ils nous ont encouragé de sorte que les apiculteurs se multiplient, à travers les formations sur la transformation, les équipements octroyés à certains GIC », explique Mme Koubo Labo. « L’appui de Rainforest Alliance a été important dans l’épanouissement économique de tous les membres de la coopérative. A ce jour, tous les membres ont subi au moins une formation sur les bonnes pratiques apicoles », ajoute notre interlocutrice.
Concernant le volet agro-alimentaire, la présence des Ets Niama B est perceptible à travers l’exposition des farines de pomme de terre, de patate, de maïs, d’igname et de manioc. Les farines de pomme de terre et de maïs sont utilisées pour la pâtisserie, les bouillies pour bébés. Le manioc, la patate et l’igname sont utilisées pour le couscous comme pour la pâtisserie. Grace su soutien apporté par l’Ong Rainforest Alliance, l’entreprise est montée à échelle. Niama B a ainsi reçu une laveuse éplucheuse de pommes de terre, un tamis vibrant, un broyeur, une scelleuse à bande avec dateur, un séchoir de 36 plateaux, une découpeuse/trancheuse de légumes et fruits et une conditionneuse/ensacheuse semi-automatique. « L’appui apporté par Rainforest Alliance a été un déclic pour Niama-B. Nous étions dans l’ombre. L’organisation nous a permis de nous découvrir. Ils nous ont également ouvert beaucoup de portes. Grâce à eux, nous avons fait plusieurs rencontres », a expliqué la directrice de Niama-B spécialisée dans la transformation des produits agroalimentaires, Jorelle Penkam Nguebou. Aux REDEO, la boîte créée en 2018 et constituée de 15 employés (11 femmes et quatre hommes) est venue exposer des produits mis au point pour limiter les pertes post-récolte, promouvoir la consommation des produits made in Cameroon et participer à sa manière à la politique d’import-substitution prônée par le gouvernement camerounais. Les produits liés à la transformation de l’avocat en huile sont aussi présentés aux visiteurs, pour minimiser les pertes post-récolte évaluées à environ 30% selon les statistiques officielles. A travers la chaîne de valeurs qui va de la pulpe aux produits dérivés, il y a une niche d’opportunités, notamment l’huile végétale dont le litre coûte à peu près 25 000 F.
Les Rencontres d’échanges, de découvertes et d’exhibitions de l’Ouest (REDEO), ouvertes le 13 décembre 2024 à Bafoussam, mettent en lumière les PME locales appuyées dans le cadre du projet COBALAM. Ces entreprises, spécialisées dans l’apiculture, la transformation agroalimentaire et la production d’huile d’avocat, témoignent des impacts positifs d’un accompagnement technique et financier visant à concilier gestion durable des ressources et autonomisation des communautés.
En cause, les animaux du parc national de Nki, qui abandonnent leur espace naturel et pénètrent dans les plantations des riverains puis détruisent les cultures des agriculteurs. Ce sont des pachydermes, des singes et autres petits animaux qui dictent désormais la loi dans les champs des habitants des deux villes du département du Haut-Nyong dans la région de l’Est. Ils sont protégés par la loi tandis que les cultivateurs sont dans l’incapacité de les tuer pour préserver leurs cultures au risque de sanctions pénales sévères. Chacun essaie alors de limiter les dégâts.
Nous sommes à Adjila, un petit village situé à 11 km du centre ville de Ngoyla réputée autrefois pour la présence abondante de viande de brousse. Ici, ce sont les pleurs et les cris. Les plantations de cacao, de plantains, les champs d’arachide ou encore de manioc sont envahies et les cultures détruites chaque fois par les animaux qui viennent du parc national de Nki et même d’ailleurs (a-t-on appris sur place). Ils font des dégâts importants dans les champs des riverains au parc. Medjo Donatien, chef du village Adjila, est dépité comme ses sujets. “Les hérissons et les taupes s’attaquent respectivement aux patates, aux arachides, au manioc. Même les jeunes pousses ne sont pas épargnées”, déclare l’octogénaire. Ngue Christophe Arthur, habitant de Ngoyla ayant une bananeraie à Adjila, est désemparé. Les éléphants et les grands singes s’adonnent à cœur joie dans sa plantation : ils s’attaquent aux pieds de bananier, au cacaoyer, s’offusque le natif de Ngoyla. “Nous n’avons plus que nos yeux pour pleurer”, s’écrie la cultivatrice Abah Madeleine, sa voisine. A Messok, la situation est identique. “Les femmes ont même déjà peur de remettre les pieds dans leurs champs”, explique le Conseiller régional Beng Bimeng Joël Maxime. Ici, les gorilles, les chimpanzés et les éléphants sont les principaux animaux sauvages qui dévastent les champs de manioc, les arbres à fruits et autres bananiers, affirme l’élu local.
Les animaux dans les champs
En fait, la présence des animaux du parc national de Nki dans les plantations villageoises a plusieurs explications. Selon l’écogarde qui a accepté de parler sous anonymat, les champs des habitants de Ngoyla comme de Messok sont à proximité des limites du parc qui a une superficie 309.362 ha. Aussi, il est plus facile pour les bêtes d’avoir accès aux différents champs. Bien plus, on continue de rencontrer des faits de braconnage au sein du parc, notamment par les pygmées Baka qui y trouvent leur compte. Ce qui contraint les animaux du parc à parfois quitter leur habitat pour aller ailleurs, et partant dans les plantations des agriculteurs, rappelle l’écogarde.
D’un autre côté, le conseiller municipal Nkouom Metchio Cyrus de Ngoyla note avec force que la conservation a “effectivement réussi”. Ce qui a eu pour effet d’accroître le nombre des animaux sauvages. Le braconnage et le fait de tuer les animaux pour protéger les champs sont proscrits, souligne l’élite de Ngoyla. La conséquence directe est donc que, les animaux sauvages devenus plus nombreux qu’avant, sont parfois obligés de quitter le parc lorsque la nourriture se fait rare surtout lorsque les arbres fruitiers ne produisent plus en forêt et que la compétition pour la survie est forte. C’est alors qu’ils envahissent les plantations des habitants afin de trouver leur pitance, argue notre interlocuteur. Il ressort des propos du conseiller que “les buffles s’attaquent aux cabosses de cacao, que les singes et les grands singes déterrent le manioc, déchirent et détruisent tout ce qui est tubercule, tige ou racine, banane”. Il rappelle également que les pachydermes, les hérissons, les porcs épics voire les serpents investissent les cultures des villageoises [on retrouve de nombreux serpents dans les champs]. Ils détruisent dans le même temps les cultures vivrières et maraîchères. Sur place, on apprend également que certains animaux sauvages viennent des villes voisines comme Mintom où de très importantes activités anthropiques sont menées. Ce qui les amène à quitter les forêts de ces villes pour aller en d’autres lieux parmi lesquelles Messok et Ngoyla, deux villes voisines.
La faim à l’horizon
Face à cette dévastation des plantations des habitants de Ngoyla et Messok, les populations sont menacées de famine, explique le Conseiller municipal, Nkouom Metchio Cyrus. La disette, les difficultés à s’alimenter, l’incapacité à aller au champ en toute sérénité sont quelques contraintes que rencontrent déjà les habitants des deux cités camerounaises. A cela s’ajoutent les difficultés à faire du commerce. Les cultivateurs peinent à vendre les fruits des champs car les animaux dévastent les cultures, soutient-il. Certains parents éprouvent même déjà des difficultés à envoyer les enfants à l’école ou assumer plusieurs charges quotidiennes, fait-il savoir. Ngue Christophe Arthur note que, pour réussir à avoir un champ qui pourrait échapper “éventuellement” à la voracité des bêtes sauvages, il faut désormais travailler de petites surfaces. Encore que cela ne change pas grand chose, relativise-t-il. La menace demeure, selon le fils de Ngoyla.
Stratégies pour chasser les bêtes
Sans perdre espoir et pour éloigner les bêtes des plantations malgré les pesanteurs de la loi et leurs moyens limités, les populations ont développé des stratégies qui donnent des résultats mitigés. Nkouom Metchio Cyrus explique que la première méthode consiste “à frapper fort sur des arbres situés autour des champs pour éloigner les grands singes et les pachydermes surtout lorsque les habitants, regroupés en communauté, travaillent dans une même plantation. L’idée ici est d’intensifier les bruits au même endroit afin de dissuader les bêtes de ne pas approcher”, soutient celui qui est en outre enseignant. La seconde consiste à mettre du feu de manière prudente autour des champs pour chasser les porcs épics, les hérissons et autres petits animaux qui se faufilent ou rampent pour accéder aux différents champs. A Adjila, les villageois utilisent du sel et un produit, dont ils taisent le nom, pour empoisonner certaines bêtes qui pénètrent dans les champs. D’un autre coté, l’écogarde sous cap nous apprend que le conservateur leur donne également des instructions pour éloigner les animaux des plantations des habitants. Ceux-ci vont généralement dans les zones comme Messok, Malea, Lomié. Ils “tirent en l’air”, afin de repousser les bêtes sauvages vers leur habitat naturel. Malgré ces efforts, les bêtes sauvages ne semblent pas se décourager puisque “les gorilles se rapprochent parfois du village, celui-ci étant proche de la réserve”, affirme Abah Madeleine de Ngoyla. Justement à Adjila, les habitants se sentent en outre en insécurité parce qu’il arrive parfois que les bêtes se retrouvent aux aborts du village, indiquent-ils. Même les champs près des habitations sont envahis par les bêtes sauvages, expliquent-ils.
Réparation ?
Le conflit entre les bêtes sauvages venant du parc national de Nki et même d’ailleurs et les agriculteurs est connu de tous. Le second adjoint au sous-préfet de Ngoyla reconnaît en effet que “le phénomène est réel et a un impact sur la vie des populations”. Ces propos sont confirmés par le commissaire de la ville qui reçoit chaque fois des informations à ce sujet. Le secrétaire général de la Commune de Ngoyla, Joseph Chia Kwamong confirme que les agriculteurs éprouvent d’importantes difficultés à cause de ce conflit homme-faune. Malheureusement, la mairie ne dispose pas de solutions adéquates pouvant soulager les agriculteurs. Toutefois, des propositions de réparation pour aider les cultivateurs de Messok et Ngoyla sont évoquées afin de mitiger les dégâts causés par les animaux et qui paralysent leurs activités. A Messok par exemple, le Conseiller régional Beng Bimeng Joël Maxime, en attendant des solutions concrètes de l’Etat, envisage l’idée d’une compensation au bénéfice des populations victimes de la furie des bêtes sauvages. Il ne donne par la nature de cette compensation. A Ngoyla, sa Majesté Medjo Donatien s’en remet simplement à l’Etat dans l’espoir d’avoir des solutions au problème qui les tracasse. C’est également la position de plusieurs agriculteurs de Messok et Ngoyla qui ne savent plus à quel Saint se voué. Qu’à cela ne tienne, les populations se réunissent avec les responsables des ONGs (WWF qui veille à la sécurité des animaux), de la Commune et des autorités locales pour trouver des réponses communes et durables à ce conflit homme-faune afin de se conformer d’abord à la loi car, comme le souligne le pasteur et agriculteur Simon Andjongo, “on n’a pas les mains libres ; tu abats un gorille, un chimpanzé, même le serpent ou le varan, tu fais la prison” ; ensuite pour voir comment mieux sécuriser les champs car les villageois “n’ont pas complètement abandonné les plantations”, rappelle l’écogarde qui a accepté sous anonymat de parler.
Parc national de Nki
Il faut noter que le parc national de Nki a une superficie de 309.362 ha. Ce secteur regroupe les villes que sont Ngoyla, Messok, Maléa, Mouloundou, Etat-frontière (Cameroun-Congo). Il a été créé le 6 octobre 2005 en même temps que celui de Boumba Bek. L’UNESCO précise que “Près de 14 types de formations végétales y ont été trouvées avec près de 831 espèces de plantes de diamètre à hauteur de poitrine supérieure à 10 cm. En termes de biodiversité, les recherches sont récentes, cependant, les résultats des inventaires de la faune mammalienne confirment la présence de 34 espèces de grands mammifères communs aux sites. Les chercheurs estiment à environ 180 mammifères dont la présence reste à confirmer”. https://whc.unesco.org/fr/listesindicatives/6308/
Hervé Ndombong, de retour de Ngoyla et Messok. Un reportage qui a bénéficié du soutien du Rainforest journalism Fund et Pulitzer Center
En cause, les animaux du parc national de Nki, qui abandonnent leur espace naturel et pénètrent dans les plantations des riverains puis détruisent les cultures des agriculteurs. Ce sont des pachydermes, des singes et autres petits animaux qui dictent désormais la loi dans les champs des habitants des deux villes du département du Haut-Nyong dans la région de l’Est. Ils sont protégés par la loi tandis que les cultivateurs sont dans l’incapacité de les tuer pour préserver leurs cultures au risque de sanctions pénales sévères. Chacun essaie alors de limiter les dégâts.
Les deux tiers de la population mondiale sont appelés à vivre dans des zones urbaines d’ici à 2050. Conscient du rôle des arbres dans la vie en milieu urbain, il devient dès important de promouvoir la foresterie urbaine. Dans cette tribune, Zhimin Wu, le Directeur de la Division des forêts à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), explique les enjeux de la foresterie urbaine. Il ne manque pas d’examiner la situation en Afrique. Notamment en Sierra Leone.
Par : Zhimin Wu, Directeur de la Division des forêts à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
Il y a quelques années, un professeur d’université a proposé la règle des «3-30-300». Celle-ci envisage un monde dans lequel chaque individu peut voir au moins trois arbres de sa fenêtre, vivre dans un quartier dont le couvert arboré représente au moins 30 pour cent de la superficie, et ne pas être éloigné de plus de 300 mètres d’espaces verts urbains de haute qualité.
Alors que les deux tiers de la population mondiale sont appelés à vivre dans des zones urbaines d’ici à 2050, cette règle ne vise pas seulement à rendre les villes plus vertes en raison des nombreux avantages apportés par les arbres et les espaces verts. Il s’agit également, et c’est essentiel, de veiller à ce que tous les citadins en bénéficient.
Nous savons que les arbres et les espaces verts, également connus sous le nom de forêts urbaines ou périurbaines, contribuent à atténuer bon nombre des inconvénients de la vie en milieu urbain.
En effet, ils amortissent le bruit et filtrent les polluants issus de la circulation et de l’industrie, contribuant ainsi à protéger contre les maladies respiratoires. Ils offrent un espace pour l’exercice, les loisirs et la récupération du stress. Les effets bénéfiques sur la santé mentale du contact avec les forêts et les espaces verts sont déjà bien documentés.
Les forêts urbaines atténuent également les effets du changement climatique. Face à la hausse des températures mondiales, elles ne se contentent pas d’absorber le carbone, elles peuvent aussi rafraîchir l’air des villes jusqu’à 8 degrés Celsius et diminuer l’effet d’îlot de chaleur urbain, qui peut être mortel en cas de canicule. Elles peuvent même offrir une protection contre les catastrophes naturelles telles que les inondations et les glissements de terrain.
La nécessité d’un accès égal aux espaces verts urbains est reconnue par les objectifs de développement durable des Nations Unies, qui comprennent une cible spécifique visant à assurer l’accès de tous, en particulier des femmes, des enfants, des personnes handicapées et des personnes âgées, à des espaces verts et publics sûrs, inclusifs et accessibles d’ici à 2030.
Cependant, une nouvelle étude publiée cette semaine par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) révèle que les populations citadines sont encore bien loin de bénéficier équitablement des forêts urbaines et des espaces verts.
L’étude Urban forests: a global perspective ‒ qui offre une perspective mondiale sur les forêts urbaines ‒ constate que, notamment dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, une urbanisation rapide dénuée d’une planification adéquate conduit souvent à des villes où les arbres et les espaces verts sont peu nombreux ou mal placés.
Même dans les villes qui reconnaissent l’importance des espaces verts dans leur tissu urbain, la répartition de ces espaces et de leurs avantages est souvent biaisée en faveur des quartiers les plus riches. Ce que l’on appelle la «gentrification verte» peut limiter encore l’accessibilité de ces lieux pour les habitants n’ayant plus les moyens de vivre à proximité des espaces verts de leur ville.
Dans de nombreux endroits, les communautés défavorisées continuent d’être exclues de la planification, de la conception et de la gestion des espaces verts urbains.
Et cela doit changer
C’est pour cela que les participants au deuxième Forum mondial sur les forêts urbaines, tenu cette semaine à Washington DC, ont publié la Déclaration de Washington qui présente un plan d’action pour rendre le verdissement des villes plus équitable.
Il y est notamment question d’analyser les zones urbaines en vue d’identifier les déséquilibres dans la répartition des espaces verts et d’impliquer les habitants et les responsables locaux à chaque étape du processus de planification.
Si un monde peuplé d’utopies urbaines peut paraître encore loin, il existe toutefois des programmes et des initiatives qui suggèrent que diverses autorités d’aménagement réfléchissent de manière plus inclusive en matière d’égalité d’accès aux forêts urbaines et aux richesses qu’elles offrent.
Dans le monde entier, les gouvernements consacrent davantage de fonds aux programmes d’écologisation urbaine. Ainsi, la ville de Maringá, dans le sud du Brésil, plante des arbres dans les quartiers les plus défavorisés de la périphérie urbaine en vue d’améliorer la qualité de l’air et de fournir de l’ombre aux habitants durant les étés tropicaux chauds et moites.
En Chine, le gouvernement municipal de Guangzhou a pour objectif de construire 4 500 km de voies vertes d’ici à 2035, afin que 90 pour cent de ses citoyens vivent à moins de 300 m du parc de quartier le plus proche et à moins de 1 000 m du parc urbain le plus proche.
Et en Sierra Leone, la campagne «Freetown the TreeTown» encourage les habitants des quartiers défavorisés de la capitale à planter et à entretenir des arbres. En guise d’incitation supplémentaire, les participants reçoivent des crédits de téléphonie mobile via l’utilisation d’une application qui surveille les progrès des semis.
L’importance des forêts urbaines en matière de santé humaine et d’atténuation des effets du changement climatique et d’adaptation à ceux-ci est de plus en plus reconnue à l’échelle mondiale, notamment par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat et par le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, qui appelle à l’amélioration des espaces verts et bleus urbains pour le bien-être humain.
Mais pour que le monde puisse atteindre ses objectifs globaux, toutes les populations urbaines, et pas uniquement quelques privilégiés, doivent avoir accès aux espaces verts.
Les deux tiers de la population mondiale sont appelés à vivre dans des zones urbaines d’ici à 2050. Conscient du rôle des arbres dans la vie en milieu urbain, il devient dès important de promouvoir la foresterie urbaine. Dans cette tribune, Zhimin Wu, le Directeur de la Division des forêts à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), explique les enjeux de la foresterie urbaine. Il ne manque pas d’examiner la situation en Afrique. Notamment en Sierra Leone.
Rainforest Alliance produit un guide d’orientation sur les zones à haut risque de déforestation et d’empiètement. L’Ong propose des mesures pour mettre sur le marché des produits certifiés et pratiquer une agriculture à impact mineur sur les forêts.
Dans sa stratégie d’aménagement du territoire, notamment en ce qui concerne la protection de ses forêts denses et de ses aires protégées, le Cameroun est soutenu par ses partenaires. Dans le volet agricole, des dispositions ont été prises pour délimiter le territoire en spécifiant de façon précise des zones et des conditions dans lesquelles les forêts peuvent ou ne peuvent pas être exploitées à des fins agricoles. Toutefois, comme le relève Arnaud Afana, chargé d’études assistant à la Direction de l’aménagement du territoire au ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (MINEPAT), les aires protégées sont menacées. Il évoque entre autres raisons les actions anthropiques, c’est-à-dire l’intervention de l ’Homme : l’élevage, l’agriculture, la coupe abusive du bois de chauffe dans la partie septentrionale du pays, etc.
Face à ces menaces, l’Ong Rainforest Alliance a présenté le 3 novembre dernier à Yaoundé, un guide d’orientation des zones à haut risque de déforestation et d’empiètement dans les aires protégées du Cameroun. Selon le représentant de la directrice régionale de Rainforest Alliance pour l’Afrique centrale, William Mala, « il est important de trouver une cohabitation entre les pratiques agricoles et la conservation de la biodiversité. Les acteurs agricoles doivent également être préparés à se conformer aux exigences des marchés ». Notre source explique que les pratiques agricoles à l’intérieur du domaine forestier camerounais (le patrimoine forestier couvrant 46% du territoire national, ndlr) doivent être « encadrées ».
Les produits agricoles doivent respecter le label Rainforest Alliance
La production de ce guide considéré comme un outil d’aide à la décision est justifiée par la volonté de Rainforest Alliance d’éliminer la déforestation des chaînes d’approvisionnement des commodités agricoles, surtout le cacao. Concrètement, tel que l’explique Achille Tuete, Senior Associate for Standard & Assurance à Rainforest Alliance, il s’agit d’aider un investisseur privé national ou étranger à déterminer, dès le départ, si la zone sollicitée pour établir son agro-industrie est appropriée, selon la règlementation forestière. « Cela permet d’anticiper sur tout conflit au risque de voir le projet abandonné à un moment donné », soutient-il. Ces investisseurs ont donc la latitude de choisir de façon « stratégique » les sites où ils peuvent créer leurs exploitations, pour bénéficier de l’accompagnement de Rainforest Alliance dans le processus de certification, selon le nouveau standard obligatoire depuis le 30 juin 2020.
Lors d’une évaluation initiale réalisée par l’Ong, il est ressorti que sur les 70 000 producteurs avec qui elle est en partenariat, 2000 d’entre eux se trouvaient dans une aire protégée ou dans une zone à risque de déforestation. « Cela représente environ 3%, mais c’est énorme vu l’impact que cela pourrait avoir sur le petit producteur. Etant donné que s’il vend le cacao certifié, il aura des bénéfices que le standard n’a pas », indique Achille Tuete. L’autre fait majeur : sur les 2000 ayant empiété le domaine forestier permanant de l’Etat, près de 600 se trouvaient dans les aires protégées, les parcs nationaux, les sanctuaires de faune et dans les réserves forestières. Ils estiment qu’historiquement, ces espaces sont les leurs et que le classement a été fait après que leurs aïeux se soient installés.
Face à cet imbroglio, Rainforest Alliance veut amener l’administration à prendre en compte certaines considérations, en déterminant notamment des enclaves à l’intérieur de ces aires protégées ou de toute autre composante du domaine forestier permanent. Ce scénario, s’il est implémenté, permettrait à ceux qui sont déjà installés de vendre leurs produits sous le label Rainforest Alliance, à travers une notification délivrée par l’administration.
Les actes de déforestation peuvent être anticipés
Le guide présenté permet en outre au Cameroun de se projeter dans ses missions d’aménagement du territoire et de définir des actions à mener, que ce soit des actions d’atténuation ou de compensation, poursuit le responsable au MINEPAT, M. Afana. Le volet conservation de la biodiversité n’est pas négligé. A s’en tenir aux alertes de Global Forest Watch (GFW) rendues publiques par World Resources Institute (WRI) en 2021, l’on a constaté une perte du couvert arboré de 11,1 millions d’hectares, dont 3,5 millions d’hectares de perte dans les forêts humides tropicales.
L’agriculture est citée comme le principal moteur de perte de ce couvert arboré. Cela peut être un est indicateur des risques potentiels de déforestation. Mais, selon le coordonnateur de WRI pour le Cameroun, Duclaire Mbouna, la situation est relativement stable dans les aires protégées, à part quelques alertes observées au niveau du parc de la vallée du Mbéré à Meiganga, région de l’Adamaoua, en raison de la guerre en Centrafrique.
Rainforest Alliance produit un guide d’orientation sur les zones à haut risque de déforestation et d’empiètement. L’Ong propose des mesures pour mettre sur le marché des produits certifiés et pratiquer une agriculture à impact mineur sur les forêts.
Les membres du comité de gestion du paysage de ce refuge de biodiversité ont été installés le 16 août 2022 à Bafoussam.
Une étape majeure a été franchie le 16 août 2022 dans le processus de gestion durable du paysage des Monts Bamboutos. L’installation officielle du tout premier Comité de Gestion de Paysage (CGP) par la délégation régionale du ministère de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement durable (MINEPDED) de l’Ouest, marque un tournant décisif dans la conservation de la biodiversité et des ressources naturelles de cette zone clé de biodiversité reconnue au niveau international.
La mise en place de ce cadre de concertation s’inscrit également dans la logique selon laquelle les Monts Bamboutos font partie (à côté des Monts Bana-Bangangté-Bangou dans les hautes terres de l’Ouest) des deux sites pilotes identifiés par l’Ong internationale Rainforest Alliance pour le processus d’obtention du statut de la zone d’aménagement prioritaire, promu par la loi d’orientation du 6 mai 2011 sur l’aménagement et le développement durable du territoire du Cameroun. Une convention de coopération décentralisée a ainsi été signée et reconnue comme étant le mécanisme de solidarité le mieux adapté pour la gestion durable de ce paysage.
Pour les deux prochaines années, le comité de gestion du paysage des Monts Bamboutos sera présidé par le maire de la commune de Babadjou, Gisèle Tsangue, par ailleurs ingénieur général des eaux, forêts et chasses. Ledit comité est une structure de gouvernance multi-acteurs de 25 membres qui comprend entre autres : quatre représentants des chefferies traditionnelles de groupements de 1er ou 2e degré des villages riverains (Leurs Majestés Kenfack Tanga Fouotsop II de Balatchi, Berkis Fongang de Fossong-Elelem, Fozo’o II d’Awing), deux représentants des différents groupes socio-professionnels (Madeleine Mezazem de Nkong-Zem et Agnès Socpa de Babadjou), deux représentantes des leaders d’associations féminines actives dans la zone du paysage (Françoise Saho de Batcham et Marie Albertine Kenfou de Babadjou) , deux représentants des organisations de la société civile (Jibirila Haman de Santa et Georgette Kenfack de Fongo-Tongo), deux représentants du secteur privé actifs dans la zone du paysage (Blaise Ngoufo de Batcham et Neba Derick Akume de Santa), deux représentants des élus locaux (Rose Jokeng de Fongo-Tongo et Philippe Tsago de Nkong-Zem), deux représentants des élites actifs dans la zone du paysage (Alexis Nguemeta Kalewe de Babadjou et Civil Dieuseul Meli de Batcham), un représentant des populations Mbororos (Ahi Djamilatou de Batcham) et un représentant des jeunes (Ernest Nkonga de Santa). Le secrétariat technique sera assuré par le chef du village Ndoh Djutitsa dans la commune de Nkong-Zem, Jean Paul Melaga.
Les Monts Bamboutos contribuent à 60% aux besoins en eau pour les riverains
Selon le document cadre pour la mise en place du Comité de gestion du paysage (CGP) élaboré le 24 septembre 2021 à Babeté, l’objectif de ce cadre de concertation est d’identifier et comprendre les pressions exercées sur le paysage par les différents usages des terres et d’élaborer un plan de gestion auquel toutes les parties s’engagent. Le CGP assure la planification des usages des terres et des ressources ainsi que le suivi de la mise en œuvre des plans de gestion développés de commun accord avec les parties prenantes. En outre, à en croire le représentant du délégué régional du MINEPDED, Willy Kevin Simo Tenkam, il s’agit d’une structure pionnière qui, si elle est expérimentée avec succès, pourra être vulgarisée à l’échelle nationale.
L’enjeu est d’autant plus justifié par le fait que, selon le directeur Afrique centrale de Rainforest Alliance, Nadège Nzoyem, les Monts Bamboutos constituent un « hotspot » de biodiversité et un château d’eau sous-régional. Comme tel, ils captent et emmagasinent l’humidité des nuages et de la brume pour assurer l’alimentation régulière de plusieurs villes et villages en eau. La biodiversité contribue également à 60% aux besoins en eau des habitants pendant la saison sèche, assure la régulation du climat de la zone, facilite la pratique de l’agriculture et de l’élevage et participe au maintien de l’écosystème et du microclimat de la zone.
Une biodiversité menacée par les activités humaines
Toutefois, les Monts Bamboutos font face à des pressions anthropiques (dues aux activités humaines, Ndlr), notamment la déforestation et le déboisement pour le bois de chauffe, les incendies et feux de brousse, la surexploitation des bas-fonds, la conversion des forêts en espaces agricoles, le besoin accru des pâturages pour les animaux et la croissance démographique dont le corollaire est l’augmentation des surfaces cultivables.
Le CGP s’inscrit dans la feuille de route du projet « Eliminer les obstacles à la conservation de la biodiversité, à la restauration des terres et à la gestion durable des forêts par la gestion communautaire des paysages (COBALAM) ». Le projet COBALAM est mis en œuvre par Rainforest Alliance en partenariat avec ONU-Environnement et le ministère camerounais en charge de l’environnement (MINEPDED). Il est financé par le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM).