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Tag: Biodiversity in Africa

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Les montagnes ne sont pas seulement des paysages magnifiques. Pour des millions de personnes, elles sont vitales. Nous avons besoin des montagnes pour boire : chaque jour, une personne sur deux sur la planète se désaltère avec de l’eau provenant des montagnes.
Nous avons besoin des montagnes pour manger : dans le monde entier, les deux tiers de l’agriculture irriguée dépendent des eaux de ruissellement issues des montagnes.
Ces dernières abritent en même temps une riche biodiversité, près de 25 des 34 principaux points chauds de la biodiversité mondiale se trouvant dans des régions montagneuses.
Les montagnes couvrent un peu plus du quart de la superficie terrestre et abritent 1,1 milliard d’individus, dont un grand nombre vivent des services écosystémiques qu’elles fournissent.
Cependant, une nouvelle publication, publiée aujourd’hui à l’occasion de la Journée internationale de la montagne par le Secrétariat du Partenariat de la montagne de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), souligne comment le changement climatique et l’activité humaine dégradent les écosystèmes montagneux, menaçant la vie et les moyens de subsistance des populations locales, la faune et la flore sauvages, ainsi que les sources d’approvisionnement en eau dont nous sommes tous tributaires.
Les écosystèmes de montagne sont très vulnérables au changement climatique, notamment au recul des glaciers montagnards, au dégel du pergélisol, à la perte de masse des nappes glaciaires et à la diminution de l’épaisseur, de l’étendue et de la durée de la couverture neigeuse. C’est ce qu’explique le rapport intitulé « Restaurer les écosystèmes de montagne », lancé aujourd’hui lors de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP 28).
L’activité humaine contribue à la dégradation de nombreuses régions montagneuses et la pollution y constitue un problème croissant : on trouve désormais des microplastiques même sur les plus hautes cimes, y compris sur le sommet de l’Everest.
Quelque 25 pour cent de la surface des montagnes du monde sont également extrêmement vulnérables aux risques de glissement de terrain.
Tandis qu’un montagnard rural sur deux vivant dans les pays en développement est exposé à l’insécurité alimentaire, la perte des services écosystémiques fournis par les montagnes entraîne des conséquences profondes, en particulier pour les groupes les plus vulnérables tels que les femmes et les peuples autochtones.
Comment donc pouvons-nous contribuer à garder nos montagnes en bonne santé ?
Les Nations Unies ont déclaré la période 2021-2030 «Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes», en vue de stopper, prévenir et inverser la dégradation des écosystèmes. L’étude FAO-PNUE montre comment les meilleures pratiques de restauration des écosystèmes peuvent être appliquées aux écosystèmes de montagne afin de développer des projets de restauration plus durables.
Une action collective audacieuse est nécessaire pour sauvegarder et revitaliser ces écosystèmes vitaux dont nous dépendons tous.
Nous devons restaurer les montagnes à l’aide d’un éventail de méthodes, de la gestion des sols et du reboisement jusqu’à l’amélioration de l’habitat de la faune et de la flore.
La restauration des montagnes nécessite des investissements soutenus ainsi qu’un suivi et une évaluation.
Mais beaucoup de connaissances et d’outils existent déjà. Les populations montagnardes sont au cœur de la restauration et peuvent s’appuyer sur de nombreuses pratiques saines et durables qui ont fait leurs preuves, comme le souligne le rapport FAO-PNUE.

Ainsi, sous l’égide du PNUE, de la Convention des Carpates et du Partenariat de la montagne, l’initiative phare de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes menée dans les montagnes du Kirghizistan, de l’Ouganda, du Rwanda et de la Serbie appuie des efforts de restauration à grande échelle et à long terme tout en offrant des possibilités de subsistance durables.
Au Kirghizistan, 14 000 hectares de pâturages et de glaciers dans les montagnes de Tien-Shan ont été convertis en réserve naturelle, en collaboration avec les communautés locales et l’ONG locale CAMP Alatoo.
Aujourd’hui, d’anciens chasseurs et pêcheurs sont devenus des gardes communautaires qui patrouillent dans la nouvelle micro-réserve de Baiboosun et gèrent des pièges photographiques pour surveiller la faune et la flore.
Parallèlement, les bergers locaux ont adopté des techniques de pâturage modernes qui ont amélioré la végétation et la vitalité des pâturages au sein de la réserve.
En conséquence, les populations de léopards des neiges et de bouquetins ont augmenté dans la réserve. De nombreux membres de la communauté ont tiré parti de nouvelles opportunités économiques, allant de la gestion de maisons d’hôtes à la production de fromage et à la fabrication de souvenirs en feutre.
Dans le massif des Virunga, qui s’étend sur certaines parties de l’Ouganda, de la République démocratique du Congo et du Rwanda, le nombre de gorilles n’a cessé de s’accroître.
L’espèce est désormais considérée comme « menacée d’extinction », et non «gravement menacée d’extinction», comme c’était le cas il y a cinq ans. Depuis les années 1980, les effectifs ont augmenté de 100 pour cent. Les communautés locales riveraines du parc participent désormais aux travaux de restauration et à l’écotourisme, ce qui leur procure de nouvelles sources de revenus et contribue à réduire les activités de subsistance nuisibles telles que le braconnage.
Ces initiatives montrent ce qu’il est possible de faire.
Nous ne devons pas laisser l’éloignement et l’isolement des montagnes nous empêcher de leur accorder l’attention qu’elles méritent.
La restauration des écosystèmes est une façon d’investir dans l’avenir, dans nos montagnes et dans la prochaine génération.

Signatories:
Tiina Vahanen, Directrice adjointe de la Division des forêts, FAO
Susan Gardner, Directrice de la Division des écosystèmes, PNUE

Le Congo Brazzaville et le Cameroun, sont deux pays d’Afrique Centrale qui abritent un vaste réseau d’aires protégées dans lequel existe une riche biodiversité animale. Ces aires protégées sont situées dans des espaces multipartites et multifonctionnels ce qui engendre des conflits entre parties prenantes mais aussi entre l’homme et la faune sauvage.


D’après l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) les conflits homme-faune surviennent lorsque les besoins élémentaires de la faune contrarient ceux des humains, ce qui engendre des conséquences négatives à la fois pour les communautés qui vivent à proximité de ces aires protégées et même au-delà et pour les animaux.
Tour d’horizon des conflits homme-faune en Afrique centrale : c’est un travail réalisé avec l’appui de Rainforest Journalism Fund en partenariat avec Pulitzer Center.

Au Cameroun les localités de Campo dans le sud du pays frontalière avec la Guinée Equatoriale et Messok-Ngoyla à l’Est, sont apparues ces dernières années, comme des épicentres de cette coexistence conflictuelle entre l’homme et les bêtes sauvages ; en cause, les animaux des Parcs Nationaux de Campo Ma’an et de Nki abandonnent leurs espaces naturels pour pénétrer dans les villages à la chercher de la nourriture en détruisant au passage champs et plantations et s’attaquent même parfois aux humains.
A Nkoelone, un village situé à 2km du Parc National de Campo Ma’an, Marcelline Ngono une cultivatrice que nous avons rencontrée était sans voix : son hectare de vivres fraichement plantés ressemble désormais à un champ de ruine : « Partout ici dans mon champ, il y avaient le macabo, le plantain la banane, le manioc et les pistaches ; il a tout dévasté.» se plaint elle après le passage d’un éléphant. Depuis plusieurs années les éléphants, les gorilles les guenons et bien d’autres animaux sauvages font des incursions régulières dans les champs et plantations des villageois et ravagent tout. A Akak, village voisin de Nkoelone les crottes et les marques de pattes du pachyderme sur le sol, étaient encore fraiches dans le champ de patate, d’ignames et de manioc totalement détruit derrière la maison de Florence Bezibi lors de notre passage.
Machette à la main ce jour-là, elle nous conduit dans son champ, en zigzaguant entre les plants de cacao aux branches arrachées et enjambant les troncs de cocotiers et d’avocatiers renversés. L’agricultrice avance en pestant contre « ces bêtes sauvages qui détruisent tout sur leur chemin » Cette dernière affirme ne plus savoir quoi faire car les éléphants saccagent tout, « même les repousses de bananiers plantains ». Comme elles, Pie Parfait Ondo cultivateur au village Assok Bitandé a pris la décision de ne plus mettre pied dans sa plantation de deux hectares de plantain et de manioc située à un kilomètre de son domicile. Il y a quelques mois, il s’y était rendu comme chaque matin lorsqu’il a découvert le « désastre ». Il a pris la décision de ne plus jamais y retourner jusqu’à notre visite. Ici, les mois de janvier jusqu’en avril sont particulièrement redoutés ; il s’agit des périodes où les éléphants rodent en permanence par vague autour des habitations de jour comme de nuit à la recherche de nourrir. Les animaux discutent désormais la nourriture avec les humains. Depuis plusieurs années racontent- il « les récoltes sont quasi inexistantes à cause des visites sans cesse croissantes des bêtes sauvages dans nos champs, on mange plus du riz ici qu’autre chose alors que nous cultivons la terre. Mais les animaux ne nous laissent rien dans les champs » fulmine l’homme.

Adjila, est un petit village situé à 11 km du centre-ville de Ngoyla dans le département du Haut Nyong région de l’Est ; autre fois, il était très réputé pour l’abondance en viande de brousse. Ici également ce sont les pleurs et les cris. Les plantations de cacao, de plantains, les champs d’arachide ou encore de manioc sont envahies et les cultures détruites chaque fois par les animaux qui viennent du parc national de Nki et même d’ailleurs (a-t-on appris sur place). Ils font des dégâts importants dans les champs des riverains au parc. Medjo Donatien, chef du village d’Adjila, est dépité comme ses sujets. “Les hérissons et les taupes s’attaquent respectivement aux patates, aux arachides, au manioc. Même les jeunes pousses ne sont pas épargnées”, déclare l’octogénaire. Ngue Christophe Arthur, habitant de Ngoyla propriétaire d’une bananeraie à Adjila, est désemparé. Les éléphants et les grands singes s’adonnent à cœur joie dans sa plantation: ils s’attaquent aux pieds de bananier, aux cacaoyers, s’offusque le natif de Ngoyla. “Nous n’avons plus que nos yeux pour pleurer”, s’écrie la cultivatrice Abah Madeleine, sa voisine.
A Messok, la situation est identique. “Les femmes ont même déjà peur de remettre les pieds dans leurs champs”, explique le Conseiller régional Beng Bimeng Joël Maxime. Ici, les gorilles, les chimpanzés et les éléphants sont les principaux animaux sauvages qui dévastent les champs de manioc, les arbres à fruits et autres bananiers, affirme l’élu local.
Selon un éco garde qui a requis l’anonymat, la présence des animaux du parc national de Nki dans les plantations villageoises a plusieurs explications : les champs des habitants de Ngoyla comme de Messok sont à proximité des limites du parc, ce qui rend facile l’accès des bêtes dans les plantations. A cela il faut ajouter le braconnage à l’intérieur du parc, exercé par les Peuples Autochtones Baka qui y trouvent leur compte. Une activité qui, en croire l’éco garde, pousserait les animaux hors des limites de l’aire protégée pour aller ailleurs, et notamment dans les plantations paysannes, rappelle-t-il.
De l’autre côté, le conseiller municipal Nkouom Metchio Cyrus de Ngoyla souligne que la conservation a “effectivement réussi”, puisqu’elle a permis d’accroître le nombre d’animaux sauvages dans le parc. Plus nombreux qu’avant, et la compétition pour la subsistance aidant les animaux sont parfois obligés de quitter le parc lorsque la nourriture se fait rare surtout lorsque les arbres fruitiers ne produisent plus en forêt. Conséquence, ils envahissent les plantations des habitants afin de trouver leur pitance, argue notre interlocuteur.

DES MORTS ET DES BLESSES AU CONGO BRAZZAVILLE
La cohabitation difficile entre les hommes et les bêtes sauvages autour des parcs nationaux ne touche pas seulement le Cameroun ; son voisin le Congo Brazzaville connait également le même problème : c’est le cas dans des districts de Nzambi et de Madingo-Kayes, où une trentaine de localités ont ainsi été victimes d’au moins une descente d’éléphants ces derniers mois avec mort d’homme. Deux personnes ont été tuées par des pachydermes à Tié-Tié, un village proche de la frontière gabonaise, ainsi qu’à Sialivakou, situé à environ 130 kilomètres au nord de Pointe-Noire et deux chasseurs grièvement blessés.
Chasseur blessé par un éléphant dans le district de Nzambi Congo Brazzaville (photo John Ndinga)
À la périphérie et au sein même du parc national de Conkouati-Douli (PNCD), les éléphants s’attaquent régulièrement à des plantations. Ces troupeaux, qui cherchent à se nourrir, font des dégâts considérables : montagnes de déjections, cultures dévastées, tarots, ignames, manioc, etc sont arrachés et abandonnés sur place. Une habitante de Sialivakou se souvient du spectacle de désolation après le passage de pachydermes sur son champ : « Rien de plus triste que de ne pas pouvoir jouir du produit de son travail. Quand je pense à tous mes efforts physiques et les dépenses effectuées pour le défrichement ou l’abattage d’arbres et d’arbustes… C’est comme si on venait de m’enterrer vivante », se plaint Célestine Bouanga.
Cette dernière, découragée, a carrément décidé de jeter l’éponge. Cette quadragénaire, qui se bat comme elle peut pour subvenir à ses besoins grâce à la vente de produits comme le manioc, ne sait plus à quel saint se vouer. « L’argent que mon mari gagne grâce à la pêche est habituellement investi dans certains projets. Mais depuis que j’ai renoncé à l’agriculture à cause des éléphants, le pauvre souffre, car je suis totalement dépendante de lui », confie-t-elle.
VILLAGES ABANDONNES
Célestine Bouanga n’est pas la seule à avoir abandonné l’agriculture pour ces raisons. D’autres agricultrices du secteur, qui travaillaient sur de faibles superficies, ont fait pareil, sans pour autant trouvé une activité de substitution. « Imaginez-vous une femme célibataire qui ne sait pas pratiquer la pêche. Elle va souffrir ! Donc, cette affaire d’éléphants est un véritable frein à l’autonomisation de la femme », explique Gérald Boungou, habitant de Tandou-Ngoma. « Beaucoup de femmes s’approvisionnent désormais en produits vivriers à Pointe-Noire, alors que, dans le passé, elles produisaient aussi pour cette ville », explique Germaine Tchitoula, habitante du village Noumbi, au bord du fleuve éponyme.
Face à cette situation, certains villageois ont choisi de s’installer ailleurs. Cette vague de migration a entrainé une baisse de la population dans le village Tandou-Ngoma qui a ainsi vu sa population passer de 500 à 372 âmes. « Ils quittent le village pour s’installer dans d’autres localités comme Tchibota, Bondi, Kondi et Tchilounga, qui sont peu fréquentées par les éléphants. Du moins, jusqu’ici… », témoigne Jean Léon Maboumba, chef du village Tandou-Ngoma.
DES BARRIERS ELECTRIQUES POUR ELOIGNER LES ELEPHANTS DES PLANTATIONS
Pour atténuer le phénomène et sauver les populations d’une famine certaine pour les années avenir la société civile congolaise a opté pour la construction des barrières électriques autour des plantations. Aujourd’hui cette solution commence à produire des résultats, le village Bomassa en est un exemple : « Avant, on souffrait pour nos plantations qui étaient souvent dévastées par les éléphants. Avec l’arrivé du projet Elanga, aujourd’hui dans le village Bomassa nous avons en permanence le manioc, les arachides, la banane et bien d’autre arbres fruitiers… », lâche tout joyeuse Louise Ngouengué, la soixantaine accomplie, mère de famille. Elle fait d’ailleurs partie des 59 familles qui expérimentent la barrière électrique protège les plantations des inclusions des pachydermes et d’autres espèces animales mis en place par l’ONG américaine Wildlife conservation society (WCS) dans le cadre du projet “Elanga (plantation en langue lingala)”.
Ce phénomène devenu très récurrent dans les départements forestiers du Bassin du Congo, et qui met à mal la coexistence entre l’homme et la faune sauvage entraine aussi la raréfaction de certains produits agricoles. Avec la cloture électrique les choses commencent à changer : « Avant qu’on expérimente la barrière électrique, nos plantations étaient dans la forêt et constamment dévastées par les éléphants, depuis la mise en place de la barrière électrique tout autour de nos plantations ils (éléphants) ne s’approchent plus et nos produits champêtres sont sécurisés », se réjouit Jean Pierre Mbingo, autochtone et l’un des agriculteurs à « Elanga ».
Barrière électrique autour des plantations à Bomassa, République du Congo (photo Marien Massala )
Il faut souligner qu’avant la mise place de la barrière électrique, une quinzaine d’expériences avaient été développées à Bomassa, Bon-coin, Kabo ; malheureusement, elles ont toutes été moins satisfaisantes ; c’est en 2019 que WCS a expérimenté le système de protection électrique dénommé projet « Elanga ». En lui-même, ce système est constitué d’un petit panneau solaire, de deux batteries de 100 ampères chacune et d’un appareil qui envoie la tension au niveau des câbles électriques.
A ce jour, cette barrière sécurise 4 hectares soit 4000m2 où sont installées 59 familles qui pratiquent l’agriculture depuis juillet 2019 en toute sécurité et quiétude. « Pour évaluer l’activité animal et la performance de la barrière, nous avons installé une quinzaine de cameras autour du champ et nous avons fait le suivi durant 24 mois et enregistré durant ce suivi 130 visites d’éléphants avec 90 tentatives de destruction et aucune tentative n’a réussi, aucun éléphant n’a pu traverser la barrière, c’est à partir de ce suivi que nous avons effectivement conclu l’efficacité du système de protection électrique », explique Cisquet Kiebou Opepa, chargé au développement communautaire et responsable du volet coexistence homme-faune à WCS.
L’érection réussie de cette barrière vient consolider la coexistence paisible entre la population locale et les éléphants afin de promouvoir la préservation de la biodiversité et la sécurité alimentaire de la communauté. Pour sa part, le gestionnaire du Parc National Conkouati-Douli, (district de Nzambi ), l’Ong française Noé qui envisage aussi l’érection d’une barrière électrique autour des plantations paysannes vient d’ élaborer un programme de regroupement de paysans locaux sur un même site. Ce programme est baptisé : Zone Agricole Protégée (ZAP) : « Nous demandons aux communautés d’un même village de se regrouper sur un même champ. Il s’agira, par la suite, de réfléchir à la mise en place d’une clôture électrique qui repoussera les éléphants », explique Modeste Makani, responsable du développement communautaire au sein de l’ONG

L’EXPERIENCE S’ EXPORTE DANS LA SOUS REGION
Aujourd’hui, le succès que connait le champ électrique de Bomassa a permis non seulement de le vulgariser, il fait également l’objet d’étude de cas un peu partout. A Kabo par exemple un village un peu proche de Bomassa on annonce l’installation d’une barrière dans les jours à venir pour protéger de 18 hectares de champs. Du côté du parc National Odzala Kokoua et le parc national de Ntokou- Pikounda, l’équipe de WCS a mis en place une plateforme d’échange, partager des expériences et des informations sur les questions liées à la multiplication de conflit entre l’homme et la faune sauvage.
Au niveau de la sous-région de l’Afrique centrale, lors de la réunion des trois aires protégées de Lobeké au Cameroun, Dzanga-Sangha en Centrafrique et Nouabale Ndoki au Congo, tenue du 7 au 11 juin 2022 à Bayanga (RCA), il a été recommandé que l’expérience de Bomassa puisse être documentée et partager aux autres aires protégées, afin qu’elles -aussi de leur côté voient comment elles pourraient l’appliquer selon leur contexte. Déjà au niveau du TRI-National la Sangha (TNS) le processus est en cours. « Nous recevons toujours des appels et mails des amis de Djanga-Sangha avec lesquels on partage les informations sur le modèle de Bomassa, sur le design que nous développons ici. Nous recevons beaucoup des appels et des messages », explique Cisquet.


                                                   Co auteurs : Hervé Ndombong, John Ndinga Ngoma, Marien N. Massala et Ebénizer Diki

Le  Cameroun et le Congo face au phénomène des conflits homme- bêtes sauvages autour des parcs nationaux

Le Congo Brazzaville et le Cameroun, sont deux pays d’Afrique Centrale qui abritent un vaste réseau d’aires protégées dans lequel existe une riche biodiversité animale. Ces aires protégées sont situées dans des espaces multipartites et multifonctionnels ce qui engendre des conflits entre parties prenantes mais aussi entre l’homme et la faune sauvage.

GABON : Muyissi Environnement facilite la contribution des communautés locales audialogue national
L’ONG Muyissi Environnement a lancé le projet DIGNITÉ en réponse à l’appel à contribution ouvert le 2 octobre 2023 par le premier ministre de la transition Raymond Ndong Sima. L’appel à contribution visait à recueillir les avis des gabonais sur la situation actuelle du pays et à formuler des propositions de réformes. Le premier bilan de cet appel a démontré l’engagement actif des citoyens dans la construction d’un avenir démocratique.

L’appel à contribution a rencontré une participation significative de la population gabonaise. Au total, 17 245 contributions ont été déposées, dont 15 300 via le site internet MBOVA, et près de 4 500 sont allées directement au ministère de la Réforme des institutions.
Toutefois, face à l’absence de contributions des peuples autochtones et des communautés villageoises dépourvues d’internet, le Premier ministre Raymond Ndong Sima qui a généreusement accordé un délai supplémentaire de 30 jours, a souligné l’importance de garantir la représentation de tous les segments de la société.
L’ONG Muyissi Environnement avait pris la mesure des enjeux dudit appel en initiant le projet Dignité afin de collecter les contributions en se déplaçant dans les villes et villages sélectionnés dans son périmètre d’action. Les ateliers participatifs organisés du 4 au 11 novembre 2023 ont permis de recueillir les constats et propositions des populations urbaines, péri-urbaines et rurales, notamment à Fougamou, Doubou, Mamiengué, Mandilou, Memba (route Lebamba – Mimongo), Mimongo, Mouila, Muyamba (route Lebamba – Mimongo) et Ndende (regroupant des délégations des villages de Fera et Nanga).
Les thèmes abordés lors de ces ateliers participatifs ont couvert les aspects institutionnels, économiques, sociaux, ainsi que des modalités pratiques pour assurer la représentation de tous. Les échanges ont été enregistrés, retranscrits, et les contributions ont été consolidées avant d’être transmises au ministère chargé de la réforme des institutions.

Le manque d’alternance politique
Les participants ont évalué la situation politique, judiciaire, économique, sociale et environnementale du pays, soulignant un sentiment général d’échec des pouvoirs publics et de fragilité sociale. Sur le plan politique, les participants ont exprimé des préoccupations sur l’absence d’alternance politique, le manque d’indépendance de la justice et des élections contestées. Au niveau institutionnel, des réformes sont demandées pour rendre les institutions plus représentatives.
Sur le plan économique, les gouvernements successifs sont concernés pour leur incapacité à créer des emplois stables, lutter contre la vie chère et diversifier l’économie. Les communautés riveraines des plantations d’Olam Palm Gabon ont exprimé des inquiétudes sur les conditions de travail et l’impact environnemental de la multinationale.
Les 150 contributions enregistrées
Les 150 contributions enregistrées comprennent des propositions qui touchent plusieurs aspects, notamment la réforme politique, la lutte contre la corruption, la priorisation des secteurs primaires, la redistribution des richesses, et des réformes dans l’éducation, la santé et l’environnement. Les participants soutiennent la démarche du gouvernement de transition et appellent à des réformes avant le retour au pouvoir des civils.
Les communautés locales ont également exprimé leur soutien au processus en cours et soulignent l’importance de la transparence, de l’objectivité, et de la reddition des comptes tout au long du processus de réforme.
Muyissi Environnement (M.E.) est une ONG environnementale engagée depuis sa création en 2008 dans l’appui des communautés locales au Gabon en général et dans les régions du Centre Sud- Ouest en particulier. Dès 2010, elle s’est employée à appuyer les communautés autour des parcs nationaux dans la province de la Ngounié, en les accompagnant (via ses partenaires) dans leur constitution en association, afin de pouvoir bénéficier des retombées économiques de ces parcs. En outre, l’ONG les a épaulées dans le développement d’activités génératrices de revenus (AGR) afin de favoriser leur autonomisation. Son rôle de précurseur dans la défense des droits des communautés et la protection de l’environnement dans cette région va connaître un regain en 2012 lorsque la multinationale Olam Palm s’est établie à Mouila pour développer les premières plantations de palmiers à huile. Dès lors, l’ONG s’est engagée aux côtés des communautés riveraines de ces plantations afin de les aider à lutter contre l’accaparement des terres rurales. L’action de l’organisation est portée par une vision globale qui est celle de voir l’Homme vivre décemment d’une part, et, d’autre part, que cette vie se fasse en harmonie et en symbiose avec son environnement.
                                                                                                                                                       Muyissi Environnement (M.E.)

GABON  :  Muyissi  Environnement  facilite  la  contribution  des  communautés  locales  audialogue national

L’ONG Muyissi Environnement a lancé le projet DIGNITÉ en réponse à l’appel à contribution ouvert du 2 septembre par le premier ministre de la transition Raymond Ndong Sima. L’appel à contribution visait à recueillir les avis des gabonais sur la situation actuelle du pays et à formuler des propositions de réformes. Le premier bilan de cet appel a démontré l’engagement actif des citoyens dans la construction d’un avenir démocratique.

The fund designed to finance climate « loss and damage » in vulnerable countries was adopted on Thursday 30 November 2023, on the first day of the 28th United Nations Climate Change Conference (COP28) in Dubai. The establishment of this fund is the practical expression of the main promise made at COP27 in Egypt, where the mechanism was approved in principle but not adopted. Nearly six countries have already announced their contributions to this fund, but we are still a long way from the 100 billion dollars expected by developing countries.

This is good news for African countries. The fund designed to finance climate « loss and damage » in vulnerable countries was adopted on Thursday 30 November 2023, in the early hours of the 28th United Nations Climate Conference (COP28), which is being held in Dubai in the United Arab Emirates until 12 December 2023. This historic decision, which was greeted by a standing ovation from delegates from the nearly 200 participating countries, implements one of the main resolutions of COP27 in Egypt last year, where the fund was approved in principle, but its much-debated contours had not yet been defined.
« I congratulate the parties on this historic decision. It’s a positive signal for the world and for our work. We have made history today… The speed with which we have done so is unprecedented, phenomenal and historic », declared Sultan Al Jaber, the Emirati President of COP28.
According to the text adopted, the loss and damage fund is due to start operating in 2024. It will be hosted for four years by the World Bank, although this is contrary to the wishes of developing countries. The latter had opposed this option, criticising the financial institution for being in the hands of Westerners and unsuited to their needs.
All eyes on the $100 billion mark
Once it was adopted, the Fund for Loss and Damage began to be set up as soon as possible. The United Arab Emirates immediately announced a contribution of 100 million dollars. Germany followed with the same amount. Japan pledged 10 million dollars, the United States 17.5 million and the United Kingdom 40 million pounds (around 50 million dollars). According to several European Union (EU) negotiators, France and Denmark are on the verge of announcing an initial start, « in the region of a few hundred million dollars ». In addition, the European Commission and other EU member states have pledged contributions. However, industrialised countries and companies still have until 2 December 2023 to declare their bids.
On the ground in Dubai, negotiators from developing countries are now wondering how much the Loss and Damage Fund will be endowed with. The amounts announced so far are still far from the 100 billion dollars expected by the nations with the lowest CO2 emissions.
                                                                                                                                                                                      Boris Ngounou

COP28: will the loss and damage fund reach the $100 billion mark?

The fund designed to finance climate « loss and damage » in vulnerable countries was adopted on Thursday 30 November 2023, on the first day of the 28th United Nations Climate Change Conference (COP28) in Dubai. The establishment of this fund is the practical expression of the main promise made at COP27 in Egypt, where the mechanism was approved in principle but not adopted. Nearly six countries have already announced their contributions to this fund, but we are still a long way from the 100 billion dollars expected by developing countries.

The International Fund for Animal Welfare (IFAW) and the French Biodiversity Office (OFB) organised a large-scale ivory destruction operation on 28 November 2023. The operation, carried out in the commune of Reims in south-east France, is aimed at curbing the ivory trade and raising awareness of a trade responsible for the deaths of thousands of elephants, particularly those in Africa. In the space of a century, African elephant populations have plummeted by more than 90% as a result of poaching.
There are now 400,000 elephants left in Africa, a decline of 70% compared to the 1970s, when the population of this pachyderm was estimated at 1.3 million individuals. According to the International Fund for Animal Welfare (IFAW), this decline is mainly due to poaching. In the space of a century, poaching has caused African elephant populations to fall by 90%.
To put a stop to this massacre, IFAW and the French Office for Biodiversity (OFB) organised a large-scale ivory destruction on 28 November 2023 in Reims, south-east France. In all, 1.8 tonnes of ivory were crushed before being burnt. This quantity of ivory, transformed into decorative objects, represents around 180 elephants, which had been slaughtered for their tusks.
In the wake of this action, IFAW France has also pledged to plant one tree in Zimbabwe for every kilogram of ivory received, in order to help restore the elephants’ habitat. According to the organisers, the destruction of African elephant habitat is one of the main causes of the erosion of biodiversity.
Nearly a tonne of ivory destroyed in 2018
This operation is part of the « I give my ivory » campaign, launched in 2015 by IFAW, which aims to encourage people who own any ivory item (tusks, trinkets, jewellery) to hand it in for destruction. An operation carried out in 2018 resulted in a tonne of ivory being crushed, helping to dry up the ivory market and send a strong message to traffickers.
« The exponential demand for the collection of these objects since the first collection in 2015 demonstrates the real need to offer private individuals a solution for disposing of their ivory, whether out of ethical conviction or because they are unable to sell it legally following the latest changes in regulations, » explains Mia Crnojevic-Cherrier, Campaigns Officer at IFAW.
The persistence of legal domestic markets for ivory in the European Union (EU) and elsewhere has enabled criminals to launder illegal ivory from poaching. It places the burden of proof of this illegality on law enforcement agencies and has confused consumers about the legal or illegal origin of the ivory available. For this reason, in May 2018, more than 90 Members of the European Parliament called for a total ban on the import and trade of ivory in the EU, and an initial public consultation, launched by the European Commission, showed that more than 90% of the 90,000 people questioned were in favour of a ban on this trade in the EU.
Fanta Mabo

African elephant: 1.8 tonnes of ivory destroyed in France to curb poaching

The International Fund for Animal Welfare (IFAW) and the French Biodiversity Office (OFB) organised a large-scale ivory destruction operation on 28 November 2023. The operation, carried out in the commune of Reims in south-east France, is aimed at curbing the ivory trade and raising awareness of a trade responsible for the deaths of thousands of elephants, particularly those in Africa. In the space of a century, African elephant populations have plummeted by more than 90% as a result of poaching.