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Du 8 au 12 juillet 2024, Lagos sera l’épicentre de la lutte contre la pollution de l’air en Afrique. C’est à la faveur du forum CLEAN-Air qui réunira plus de 300 experts de 40 pays dans la capitale économique du Nigéria. Cet événement crucial vise à partager des connaissances, établir des collaborations et promouvoir des interventions durables pour améliorer la qualité de l’air dans les villes africaines.

Organisé par AirQo, une initiative de recherche panafricaine basée à l’Université de Makerere en Ouganda, en collaboration avec l’Air Quality Monitoring Research Group (AQMRG) de l’Université de Lagos, l’Agence de protection de l’environnement de l’État de Lagos (LASEPA) et UrbanBetter, ce forum vise à partager des connaissances, établir des collaborations transdisciplinaires et promouvoir des interventions durables en faveur de l’air pur dans les villes africaines.

L’événement devrait attirer des représentants de diverses parties prenantes, y compris des décideurs politiques, des représentants des organisations de la société civile, le secteur privé, des partenaires de développement et des communautés scientifiques. Ces acteurs de la qualité de l’air en Afrique discuteront des stratégies pour réduire la pollution de l’air, un problème critique qui cause environ 1,1 million de décès par an sur le continent, selon une étude du Global Burden of Disease. En Afrique, la pollution de l’air est devenue la deuxième cause de mortalité, exacerbée par l’urbanisation rapide et le manque de ressources pour mettre en œuvre des mesures efficaces.

Les sessions du forum

Le forum de Lagos s’appuie sur le succès de son événement inaugural tenu à Kampala, en Ouganda, en 2023, qui avait rassemblé des participants de plus de 31 villes du monde entier. Cette année, l’objectif est de renforcer les réseaux multirégionaux et de promouvoir des politiques fondées sur des données probantes pour une gestion efficace de la qualité de l’air.

Lors de ce forum, plusieurs sessions plénières aborderont des sujets cruciaux tels que l’élaboration de politiques basées sur des données probantes pour la gestion de la qualité de l’air, les impacts sanitaires de la pollution atmosphérique en Afrique, et des séances de partage de connaissances pour sensibiliser le public et faire progresser l’interface science-politique.

« Le Forum offrira des voies vers la gestion de la qualité de l’air pour les villes africaines et sensibilisera davantage aux problèmes de qualité de l’air et de pollution de l’air pour de meilleurs résultats en matière de santé en Afrique », explique le professeur Bainomugisha, responsable du projet AirQo.

À Lagos, 39 moniteurs de qualité de l’air ont été installés pour fournir des données en temps réel sur la qualité de l’air. Rose Alani, responsable du groupe de recherche sur la surveillance de la qualité de l’air à l’Université de Lagos, a noté que ces données sont cruciales pour élaborer des stratégies efficaces d’atténuation de la pollution atmosphérique.

Boris Ngounou

NIGERIA : Lagos accueille un forum CLEAN-Air pour lutter contre la pollution de l’air

Du 8 au 12 juillet 2024, Lagos sera l’épicentre de la lutte contre la pollution de l’air en Afrique. C’est à la faveur du forum CLEAN-Air qui réunira plus de 300 experts de 40 pays dans la capitale économique du Nigéria. Cet événement crucial vise à partager des connaissances, établir des collaborations et promouvoir des interventions durables pour améliorer la qualité de l’air dans les villes africaines.

On June 21, 2024, Madagascan President Andry Rajoelina inaugurated the first segment of the Antananarivo cable car, marking a significant advancement in the capital’s urban transport system. This innovative project aims to alleviate traffic congestion and provide a more environmentally friendly alternative to conventional transportation.

The Antananarivo cable car, with the capacity to transport up to 75,000 passengers daily, addresses the issue of overcrowding in a city originally designed for 300,000 residents, which now accommodates over 3 million. President Rajoelina, along with several Malagasy and French officials, showcased the efficiency and safety of this new transportation mode by flying over the city center in one of the cable cars.

Environmental Benefits

The cable car system represents a substantial environmental benefit. « Removing 75,000 passengers from buses and 2,000 cars from Tana’s roads is a major step in reducing carbon emissions and improving travel efficiency, » stated Gérard Andriamanohisoa, Madagascar’s Secretary of State for New Towns and Housing. Decreasing the number of vehicles on the roads will lead to a reduction in CO2 emissions, thereby enhancing the air quality in the capital.

The 12 km project, executed by French companies Poma and Colas, features a highest point of over 50 meters. Extensive safety tests were conducted over several weeks before opening to the public. « We test the brakes and have numerous sensors in the stations and along the line to detect any potential issues early, allowing us to stop the system and ensure passenger safety, » explained Guillaume Rannaz, Technical Manager at Poma.

The construction, which cost a staggering €152 million, was primarily financed through a bank loan guaranteed by the Banque Publique d’Investissement. An additional €28 million was funded by a loan from the French Treasury.

Despite its numerous advantages, the cable car remains out of reach for a large segment of the population due to its cost. A ticket is priced at 4,000 ariarys (approximately 80 euro cents), six times the cost of a bus ticket. With a minimum wage of around €50 per month, many residents of Tananarivo cannot afford this mode of transport. However, social fares are available for students and pensioners.

By Fanta Mabo

Madagascar unveils Tananarivo cable car: a step forward for urban and environmental progress

On June 21, 2024, Madagascan President Andry Rajoelina inaugurated the first segment of the Antananarivo cable car, marking a significant advancement in the capital’s urban transport system. This innovative project aims to alleviate traffic congestion and provide a more environmentally friendly alternative to conventional transportation.

La région de l’Est-Cameroun, qui possède de nombreux gisements aurifères, est sans conteste  le cœur battant de l’industrie minière du pays. Les multinationales, attirées par la promesse d’une richesse inépuisable, affluent, avec la collaboration des autorités administratives. Néanmoins, cette recherche acharnée de l’or a un prix : les orpailleurs locaux et les communautés environnantes sont confrontés à un véritable péril quotidien, en raison des conséquences environnementales et sociales dévastatrices de cette exploitation.

L’or ou rien

Il est 17h ce 11 février 2024 à Kambélé dans le département de la Kadey, région de l’Est du Cameroun. L’air est frais et les derniers rayons de soleil s’évanouissent progressivement. Au loin, on aperçoit plus d’une centaine de personnes de tous les âges, massées sur une vaste étendue sableuse. Elles sont noyées dans des bruits de moteur qui rejettent incessamment une eau de couleur verte provenant d’un étang autour duquel ces appareils se comptent par dizaines. C’est l’un des dispositifs qui permettent aux orpailleurs de dénicher de l’or.

À la quête du précieux métal, ils ont tous le visage recouvert d’argile, à l’instar d’une dame dénommée Yakoundou, sur le point de quitter le site à notre arrivée. Habillée d’une robe évasée de couleur rouge, la quadragénaire en est à son septième mois de grossesse et n’a pas suivi ses visites prénatales jusqu’ici, faute de moyens. La mère de trois enfants porte sur la tête un récipient rempli de près de 40 kg de pierre et marche en fredonnant une chanson.

L’orpailleuse dénommée Yakoundou de retour d’un site de Kambélé avec des pierres sur la tête. Image © Romulus Dorval KUESSIE, Gibrile KENFACK TSABDO, Sintia Dounang.

 Elle espère avoir les moyens nécessaires pour préparer son accouchement en s’y rendant tous les jours de 9 H à 17 H. Seulement, Yakoundou n’est pas la bienvenue dans la mine, compte tenu de son état. Et la plupart des hommes le lui font savoir. Peine perdue ! Yakoundou est restée sourde à toutes les mises en garde liées à son état. « Je ramasse les morceaux de pierre avec les mains. Je les concasse à la main avant de les sécher au soleil. Je fais ensuite écraser ça à la machine pour mieux extraire l’or pendant le lavage », explique Yakoundou.

Depuis quatre ans, la native de Kambélé cherche l’or à l’artisanale contre vents et marées, pour prendre soin de ses proches. Sa famille, forte de 10 membres, ne compte que sur elle pour vivre dans cette région parmi les plus défavorisées du Cameroun. Dans la nuée des orpailleurs, certains groupes qui travaillent à la chaîne sont en réalité des familles à la quête des paillettes d’or pour se prendre en charge.

La témérité de Yakoundou est presque à l’image de celle d’Abdoulaye, trentenaire élancé qui fouille l’or à l’artisanale depuis 18 ans à Colomine. La précarité de sa famille ne lui permettant pas d’être scolarisé, il a vite trouvé un refuge dans la recherche de l’or pour subvenir à ses besoins les plus essentiels.  « Ce travail ne paie pas vraiment. Je cherche juste de quoi me nourrir», marmonne-t-il.

Tous les jours, Abdoulaye se rend sur ce site minier déjà exploité pour profiter des restes. « Les Chinois ont déjà fini de creuser ici. Quand je viens, c’est pour exploiter les restes, la terre qu’ils ont versé, puisqu’ils ne reviendront pas ». Sa journée de travail démarre entre 8 H et 9 H chaque jour et s’achève à la tombée de la nuit. Soit, environ 10 heures de travail acharné.

Pour la manœuvre, Abdoulaye est équipé d’une pelle, de deux récipients, d’une brouette et d’un tapis de lavage. À cela s’ajoute une motopompe, qu’il s’est procurée à 150 000 Fcfa. Il s’agit d’un appareil plutôt commode, alimenté au carburant. « La motopompe c’est pour laver quand j’ai fini de creuser », explique l’artisan minier. Le jeune homme, qui s’exprime principalement en langue nationale (Fufuldé), est accompagné de deux jeunes gens lui prêtent main forte.

Abdoulaye et son équipe à la manœuvre sur un site abandonné de Colomine Image © Romulus Dorval KUESSIE, Gibrile KENFACK TSABDO, Sintia Dounang.

Le processus n’est pas des plus aisés. Une fois sur le site, le jeune homme commence par creuser le bloc de terre, à l’aide d’une pelle. Il procède ensuite au lavage avec la motopompe. La boue formée est déversée dans la brouette, avant d’être tamisée. En trois à cinq lavages, le dispositif artisanal permet au jeune homme d’obtenir une substance de couleur noire. Elle sera lavée au Mercure pour qu’il n’en reste que de l’or pure, achetée par les collecteurs d’or.  

Si elles sont courantes, les journées infructueuses d’Abdoulaye ne le découragent plus. « Il y a des jours comme ça, où je creuse et à la fin, je ne récolte rien. Mais je reviens toujours le lendemain pour travailler, dans l’espoir de trouver de l’or ».

Les mineurs de la mine

La mine grave et le visage ridé, Marlyse est une trentenaire pour qui le travail de la mine n’a plus de secret. La pelle à la main, elle remplit vigoureusement un sac de roches. Approchée, elle fait profil bas et se réserve de tout commentaire. La jeune femme est aidée dans son labeur par ses deux filles âgées de cinq et huit ans respectivement. Le pas alerte, la plus jeune du nom d’Anaïs se donne à l’œuvre au mépris de tous les rires liés à sa difficulté à former une phrase en français lorsque nous approchons. Elle s’applique sans doute avec la conscience que loin des bancs de l’école, c’est dans les mines d’or qu’elle va trouver sa voie comme la plupart de ses aînés et voisins de Kambélé.  

Une trajectoire pourtant à l’opposé de celle d’une fillette de 14 ans que nous avons rencontrée dans le département du Lom-et-Djerem, précisément à Colomine, une autre localité à fort potentiel aurifère de la région de l’Est. Maquillée par la boue et exténuée par une dure journée dans les mines, Leila serre dans sa main gauche la somme de 15 000 FCFA qu’elle remet fièrement à sa mère qui la félicite en souriant comme d’accoutumée. « C’est à ma mère que je remets toujours cet argent qui permettra de régler les frais exigés pour mon examen du certificat  d’Études primaires et ma scolarité. » , nous confie Leila. 

Des orpailleurs mineurs sur un site de Kambélé. Image © Romulus Dorval KUESSIE, Gibrile KENFACK TSABDO, Sintia Dounang.

Leila va sur le site aurifère de Colomine appelé « Pangara », entre 6 heures et 18 heures depuis 2016. Le site de Pangaras est situé à quelques mètres de la chefferie de  3e degré de la communauté musulmane de Colomine, au lieudit « Camp bleu ». C’est là-bas qu’elle a appris à creuser et à laver le sable qui contient le métal avant de le présenter au « collecteur », celui qui achète l’or trouvé. Les recettes journalières de l’élève en classe de CM2 avoisinent parfois la somme de 30 000 FCFA lorsqu’elle met plus de temps dans les mines. Mais elle ne s’y rend que lorsqu’elle rentre tôt de l’école primaire Saint-Pierre de Colomine qu’elle fréquente et pendant les jours non-ouvrables. 

Une autre fillette de 15 ans du nom de Nina, passe quasiment toutes ses journées dans la mine. Celle qui gagne en moyenne 7 000 FCFA par jour est devenue la protégée de plusieurs aînés à l’instar de Mathurin. Le grand brun aux taches de rousseur sur le visage revendique quinze années dans les mines. Comme la plupart des hommes que nous avons rencontrés sur les sites miniers d’exploitation artisanale, il en a fait son unique source de revenus.

« J’ai grandi dans l’or. Je suis déjà habitué », nous précise Mathurin. Il est désormais ce qu’on appelle dans les mines « un abatteur », les personnes qui creusent les trous à l’aide de la pelle pour faire sortir le gravier qui sera lavé pour obtenir l’or. Ses revenus, qui atteignent plus de 100 000 FCFA par semaine, lui permettent de subvenir aux besoins de sa femme et ses trois enfants. Nombreux sont les jeunes de Colomine qui n’ont pas d’autres choix que cette vie « Sur une population estimée à plus de 15 000 habitants, seulement environ 6 000 enfants sont à l’école. », révèle Sa Majesté Garga Halim, Chef de la communauté musulmane de Colomine.  

L’or du plus fort 

 Le travail sur les sols aurifères est quasiment dans l’ADN des habitants de cette contrée modeste et calme où vivent près de 16 000 âmes selon Sa Majesté Garga Halim, Chef de la communauté musulmane de Colomine. D’évidence, le métal est le plus connu des trésors de la localité par ses habitants, de moins en moins nombreux à s’en réjouir. Quand vous parlez de l’or désormais à Colomine, si on ne vous assimile pas à un espion des multinationales chinoises, nombreuses dans l’industrie, on vous répond avec colère et discrétion comme Rémy. « Il n’y a plus l’activité au village ». 

L’orpailleur de 45 ans a pu s’offrir une moto grâce au travail dans les mines. Il s’est depuis quelque temps lancé dans le commerce avec la conviction d’être à l’abri des puissants qui contrôlent l’or dans sa localité désormais. « Dès que vous vous efforcez de trouver un site qui renferme de l’or, les Chinois vous l’arrachent de force », lance-t-il avec désolation. Une désolation partagée par la majorité des habitants de cette zone à en croire Sa Majesté Garga Halim. 

Sa Majesté Garga Halim, Chef supérieur de 3e degré à Colomine. Image © Romulus Dorval KUESSIE, Gibrile KENFACK TSABDO, Sintia Dounang.

« Avant, les populations et les Chinois travaillaient sur les mêmes chantiers sans problème. A côté d’un chantier conduit par les Asiatiques, les riverains avaient la possibilité de trouver des rejetons pour eux-mêmes sans être inquiétés. » , se souvient le gardien de la tradition. Il a la conviction que les populations vivent désormais dans la peur de se risquer dans l’exploration de leurs terres susceptibles de contenir de l’or « Quand tu découvres un site aurifère et commences à l’exploiter, les Chinois viennent trois jours après pour t’expulser. » Précise le chef traditionnel selon qui des préavis sont systématiquement délivrés aux orpailleurs concernés.

Les plus téméraires se voient obligés de quitter les sites sous la pression des documents délivrés par l’autorité administrative, attestant qu’ils ont les droits d’exploiter la zone en question, « C’est ainsi que le sous-préfet vient chasser ou déguerpir la population à chaque fois des jours après » révèle-t-il. Et de préciser qu’il n’a jamais été consulté par les Chinois tout comme ses sujets. 

Les multinationales remettent entre 100 000 FCFA et un million de FCFA au “chef chantier”, la personne qui a découvert le site. Une somme qui varie selon la valeur aurifère de l’espace. Il nous revient en réalité que les multinationales sont en complicité avec certains riverains qui les alertent lorsqu’un site est sondé. Selon de nombreux riverains, les multinationales n’effectuent plus de sondage attendant que les populations le fassent pour elles. 

Des orpailleurs creusent l’or à l’artisanale sur un site de Kambélé.  Image © Romulus Dorval KUESSIE, Gibrile KENFACK TSABDO, Sintia Dounang.

Lorsque nous l’avons rencontré, le chef traditionnel nous a fait part de près de 20 chantiers repris par ce procédé aux populations locales par les entreprises chinoises. « Ils ne nous permettent même pas de voir les papiers en question », souligne le chef traditionnel. Selon Rémy, toutes les personnes comme lui qui osent dénoncer le préjudice subi avec l’activité minière des entreprises chinoises sont menacées de mort. « Les Chinois se sont déjà approprié la totalité de l’or de la savane. Ce n’est qu’avec la terre que les populations se battent », nous confie avec crainte un grand brun dénommé Toué. 

C’est une pratique que Dr Samuel Nguiffo appréhende au gré de ses multiples virées sur le terrain. « Ils réussissent à être sur le terrain en prenant des titres artisanaux valables et en les regroupant. En mettant par exemple quatre ou huit titres artisanaux d’un hectare chacun, ensemble côte à côte et en les exploitant comme s’il s’agissait d’un permis semi-mécanisé. Les populations qui sont dans la zone ne savent pas qu’il n’y a pas de permis à cet endroit. Pour l’administration sur place, elle sait que c’est de la mine artisanale qui est exploitée de cette manière. », alarme le secrétaire général du Centre pour l’Environnement et le Développement (CED). 

La fortune qui ruine 

La vie devient de plus en plus chère à Colomine. Dans ce village réputé pour son potentiel aurifère, les articles sont nettement plus coûteux qu’à Bertoua, la ville principale. Une bouteille d’eau qui coûte 300 FCFA à Bertoua par exemple y est vendue en moyenne à 600 FCFA. Les maisons d’habitation déboursent au moins 7 000 FCFA par mois pour être alimentées au gasoil par une compagnie privée dénommée Enec

C’est la seule alternative à l’énergie solaire qui est la principale option dans ce village. La région de l’Est abrite pourtant l’un des barrages d’envergure de la République ; le barrage de Lom Pangar. Lancés depuis 2012, les travaux de ce barrage d’une capacité de 6 milliards de m3 de retenue d’eau, étaient censés être achevés depuis 2017. Mais même en  2023 le mystère est entier sur le début de la production des premiers mégawatts du barrage hydroélectrique. L’installation devrait permettre l’électrification de 150 villages de la région entre autres. 

D’aucuns estiment que le coût élevé de la vie à Colomine comme dans les autres localités minières du département de la Kadey à l’instar de Kambélé, est entraîné par la qualité des voies d’accès et l’exploitation de l’or. Ils arguent que seuls les étrangers et certains résidents qui ne fouillent pas les paillettes d’or s’en plaignent. Dr Samuel Nguiffo n’en est pas surpris  « Ceux qui vivent à côté de la mine subissent tous les effets négatifs de la présence de la mine, mais n’ont pas les avantages y afférents. La mine pour ces personnes, c’est la catastrophe. Le pire c’est que l’or exerce un tel pouvoir, une telle fascination sur les personnes, que les gens pensent que leur tour d’être riche n’est pas loin. », développe le secrétaire général du Centre pour l’Environnement et le Développement (CED). 

Et dans ce contexte, les scandales fonciers sont devenus monnaie courante « Le tout premier risque c’est un risque de conflits entre les membres de la communauté pour utiliser le peu d’espaces disponibles. Il y a un autre risque : celui de voir les populations ne plus être capables de subsister sur la base des terres qui restent. On a vu des cas dans lesquels les sociétés ont détruit des villages pour s’installer. ». Rappelle Samuel Nguiffo. Lorsque nous réalisons le reportage, il nous revient d’ailleurs que le village Kambélé III en a fait les frais. Les populations, et même Baba Bel, le chef du village ont été déguerpis de leurs espaces d’habitation au profit des entreprises d’exploitation des mines d’or. 

L’exploitation de l’or par les entreprises chinoises rime avec des revers importants pour les populations riveraines. Les habitants qui ne sont pas victimes de la délocalisation forcée vivent dans une incertitude notoire. « Plus de 1000 maisons sont fissurées et prêtes à s’effondrer après les travaux des Chinois sur les sites avec leurs engins », nous a confié Remy. Le père de famille qui a 19 enfants à sa charge (7 qui sont les siens et ceux de son défunt grand frère) vit dans la même incertitude. Faite en terre battue, la maison de Rémy se trouve devant une vaste étendue d’eau sale.

Le trou béant qui avoisine la maison de Rémy à Colomine. Image © Romulus Dorval KUESSIE, Gibrile KENFACK TSABDO, Sintia Dounang.

 Il s’agit en réalité d’un trou qui avait été creusé par les engins d’une société chinoise dans sa quête de l’or à Colomine. Rémy se souvient que plusieurs cercueils remontés en surface étaient longtemps restés en suspension avant d’échouer dans le flot stagnant. Le natif de Colomine a initié plusieurs fois des plaintes pour être relocalisé « Car ma maison est sur le point de s’effondrer. Mais elles n’ont jamais abouti. Ils ont visiblement corrompu le tribunal pour que ma plainte ne prospère pas. » S’est-il désolé, les yeux rivés vers le ciel. Dans la mosaïque des irrégularités qui entraînent ces problèmes  « La qualité des études d’impact. Toutes ces études ne sont pas de bonne qualité. Volontairement, certains opérateurs cachent des impacts pour ne pas avoir à les gérer plus tard. » , souligne Samuel Nguiffo. 

Les mares d’eau sale de cette nature sont très courantes dans la région de l’Est et résultent de l’activité minière. Autour d’elles, les plantes et les arbres sèchent et le sol devient infertile en raison de l’utilisation du Mercure (interdit au Cameroun). « Le Mercure c’est pour arrêter l’or. Un bouchon coûte 16 000 FCFA », nous a confié Bruno ; un orpailleur qui creuse l’or à l’artisanale depuis 4 ans sur l’un des sites de Kambélé. Les dangers de la substance, dont ils cachent la provenance, sont réels selon la convention de Minamata adoptée en 2013 par plus d’une centaine de pays dont le Cameroun.

Selon cette convention, la toxicité neurologique du Mercure et sa capacité à s’accumuler dans l’organisme et dans l’environnement sont des risques graves et irréversibles pour le système nerveux, les reins, les poumons, le fœtus et le nouveau-né.

Nous avons rencontré Florence Palla, titulaire d’un doctorat en écologie, et experte en conservation de la nature. Elle a confirmé les ravages multiples du Mercure sur l’environnement. « Le mercure contribue fortement à détruire la végétation dans la zone où il est utilisé. Lorsque les femmes enceintes l’absorbent accidentellement dans l’eau sale des sites miniers, cela entraîne des déformations pour leurs enfants. Les gens ont l’impression que l’eau ne sort que d’une canalisation alors que cette eau est quand même souterraine. Quand il pleut, les eaux polluées au Mercure sont transportées partout et dans les rivières naturellement. Même si ce n’est que pour laver des vêtements, l’eau aura des répercussions sur la peau. Ça peut entraîner des cancers de la peau. », a développé la spécialiste. 

Un trou béant qui avoisine les maisons à Colomine avec un tracteur abandonné . Image © Romulus Dorval KUESSIE, Gibrile KENFACK TSABDO, Sintia Dounang.

Pour donner une meilleure compréhension de la situation sur le terrain, l’organisation non-gouvernementale Forêts et développement rural (FODER) avait réalisé en 2022 un analyse sur l’exposition des orpailleurs des arrondissements de Batouri, Kette, Ngoura et Bétaré-Oya à la substance. Les cheveux de 60 d’entre eux ont été prélevés. L’analyse a révélé que 43 orpailleurs sur les 60 présentaient dans les cheveux, des concentrations de Mercure allant de 0,78 mg/kg à 8,97 mg/kg. Des données qui vont largement au-delà de la limite prescrite par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Dr Florence Palla insiste sur le fait que les répercussions négatives sur les personnes exposées ne peuvent être mieux observées que sur le long terme. Sur les sites de Kambélé et de Colomine que nous avons visités, l’eau souillée projetée par les moteurs pour filtrer les débris d’or, mouille les cheveux, le corps et la bouche des orpailleurs. Ils ne prennent d’ailleurs aucune précaution pour s’en protéger. « C’est quand quelqu’un va à l’hôpital qu’on sait de quoi il souffre », a confié Sa Majesté Garga Halim, à la question de savoir si l’activité minière peut être à l’origine de quelques maladies fréquentes. L’eau souillée de cette localité et l’activité minière sont indexées comme causes principales des maladies signalées par les riverains. À savoir la typhoïde, la diarrhée, le paludisme, la hernie et quelques maladies respiratoires. 

Dr Samuel Nguiffo voit la menace à une plus grande échelle « Les produits qu’on prélève dans les cours d’eau pollués comme le poisson par exemple, qu’on vend plus loin, y compris dans les marchés de Yaoundé et Douala, peuvent contenir des métaux lourds. Beaucoup plus loin du point d’impact, nous sommes affectés par ce qui se passe dans l’exploitation de l’or. Enfin, il y a le bétail (bœufs et chèvres) qui boit dans les cours d’eau et une partie se retrouve dans la chaîne alimentaire humaine. » Alarme l’expert

La quasi-totalité des localités réputées pour leur potentiel aurifère dans la région de l’Est Cameroun est en proie à plusieurs phénomènes. Il y a notamment la prostitution, la sous-scolarisation, doublées par l’insuffisance des cadres d’enseignements. À l’observation du Code minier camerounais 2023, précisément ses articles  126(1), 126(2),  126(3), 127, 128, 129 relatifs aux obligations sociales des sociétés minières. Le document réglementaire renseigne par exemple que « Les sociétés minières sont tenues de mettre en œuvre un plan de développement communautaire (PDC) en concertation avec les populations locales. » (Article 126(1)). 

Et l’article 126(2) de préciser que ce plan doit identifier les besoins prioritaires des communautés locales et définir les actions concrètes que la société minière s’engage à réaliser pour y répondre. En-dehors de ce PDC qui doit être approuvé par les autorités compétentes, le Code minier en son article 121 précise que « les sociétés minières sont tenues de participer au financement des infrastructures sociales et économiques de base dans la zone du projet minier. »  On peut enfin lire à l’article 129 du Code Minier que les « sociétés minières sont tenues de contribuer à la préservation de l’environnement et à la réhabilitation des sites miniers. » 

Le chef de la communauté musulmane de Colomine, Sa Majesté Garga Halim, est clair sur le fait que les sociétés chinoises qui exercent dans sa localité ne respectent pas les dispositions de ce code avec les nombreux trous béants dans son village. À ce propos, le Foder a réalisé en 2021, une étude qui révèle qu’il y a 703 trous miniers dans la région de l’Est Cameroun. Une situation qui s’est aggravée avec le temps. Dans le même temps, les analyses du FODER ont révélé qu’entre 2015 et 2022, 205 personnes sont décédées dans les sites miniers à l’Est et l’Adamaoua. Des morts principalement dues aux noyades dans des lacs artificiels et aux éboulements et glissements des terrains entraînés par les grands trous abandonnés. 

L’un des nombreux trous béants de Kambélé exploités par les populations locales. Image © Romulus Dorval Kuessié.

Et pourtant, non seulement ces entreprises ont l’obligation « de refermer les trous, mais de remettre les sites en état. Les sociétés minières, lorsqu’elles arrivent, rasent la végétation et enlèvent la couche fertile du sol. Elles exploitent. Ce qu’on attend, c’est qu’en repartant elles bouchent le trou et essaient de reconstituer le paysage. L’objectif c’est que le paysan puisse réutiliser cette terre. Ce n’est pas seulement une question de sécurité, mais l’usage doit pouvoir se poursuivre. Ça fait partie des charges légales des entreprises exploitantes », explique le Dr Nguiffo, secrétaire général du Centre pour l’Environnement et le Développement (CED).

Pour Sa Majesté Garga Halim, les exploitants n’ont entamé aucun véritable projet social en faveur des populations qu’il s’agisse des écoles, des hôpitaux, des routes, etc. Le même sentiment est partagé par Sa Majesté Symphorien Haïto, chef traditionnel de deuxième degré à Colomine. « Colomine ne profite rien de la mine. Quand nous menons nos doléances vers les exploitants, on nous renvoie vers la mairie qui est censée s’occuper de nos problèmes. Dernièrement, nous avons appris qu’on a versé la quote-part des populations à la mairie. Nous avons attendu le retour, en vain. Nous ne savons plus à quelle porte frapper », confie notre source. Pour lui, cette situation accentue la déperdition scolaire contre laquelle ils s’organisent quoique difficilement. 

Sa Majesté Symphorien Haïto, chef traditionnel de deuxième degré à Colomine Image © Romulus Dorval KUESSIE, Gibrile KENFACK TSABDO, Sintia Dounang.

C’est à bord des véhicules banalisés de cinq places, où se serrent jusqu’à 9 personnes, qu’on se rend à Colomine à partir de Batouri. La route principale en terre qui mène dans le petit village est parsemée de nids de poules qui induisent près de 4 heures de voyage mouvementées pour un peu moins de 15 KM. Selon de nombreux habitants de la zone comme Rémy, elle est quasi impraticable en saison pluvieuse. Cette voie principale, comme beaucoup d’autres, est davantage endommagée par le bal incessant des camions des multinationales qui emportent diverses ressources naturelles. 

La route enclavée qu’empruntent les camions des exploitants miniers et autres véhicules pour se rendre à Colomine.  Image © Romulus Dorval KUESSIE, Gibrile KENFACK TSABDO, Sintia Dounang.

Nous avons rencontré plusieurs orpailleurs qui creusent l’or à l’artisanale pour savoir à combien ils vendent le fruit de leurs longues heures de travail dans les mines. Il nous revient que les collecteurs d’or achètent l’or à 30 000 FCFA le gramme. Nettement moins que le prix sur le marché international, soit  46 000 FCFA (69,75 euros selon le site or.fr consulté le 18 mai 2024) . 

Des orpailleurs sur un site abandonné de Colomine. Image © Romulus Dorval KUESSIE, Gibrile KENFACK TSABDO, Sintia Dounang.

Le difficile quotidien dans les sites miniers a déjà entraîné un important déplacement des populations, soit des localités reculées vers la ville principale (Bertoua) soit vers d’autres régions du pays à l’instar du Centre et de l’Ouest. Les plus désespérés attendent que les Chinois finissent d’exploiter une zone pour se contenter des restes de terres. 

L’Etat et l’or  

La salle d’attente est bondée à notre arrivée dans les bureaux du Préfet du département de la Kadey ce lundi. En raison de la rupture du courant électrique quelque temps avant, le service public fonctionne à l’aide d’un groupe électrogène dont les bruits se mêlent à la cacophonie ambiante des bureaux. C’est après près d’une heure trente d’attente que nous sommes reçus par le Préfet Djadai Yakouba avec qui nous entamons des échanges autour des problèmes relevés sur le terrain.

 Il commence par dire sa satisfaction générale vis-à-vis du travail des entreprises qui exploitent l’or dans son unité administrative. « Ces sociétés réalisent quelques projets sociaux en conformité avec les instructions de Monsieur le Ministre des Mines de l’Industrie et du développement technologique.» , confie le préfet. L’autorité administrative se félicite aussi des emplois générés par l’activité « On enregistre plus de 1000 ouvriers camerounais dans les sites miniers qui trouvent leur compte. », renseigne Djadai Yakouba. 

Le Préfet de la Kadey  Djadai Yakouba. Image © Romulus Dorval KUESSIE, Gibrile KENFACK TSABDO, Sintia Dounang

Concernant les trous abandonnés après l’exploitation des sites, le préfet invoque la décision du Ministre des Mines de l’industrie et du développement technologique prise le 22 décembre 2023 pour l’exploitation artisanale. Le document exigeait que la profondeur de ces trous n’excède pas 30 mètres pour souligner que « Les instructions du Minmidt sont bel et bien respectées dans le département de la Kadey. ». À en croire le préfet, dans les zones où l’exploitation est arrivée à terme, les trous sont systématiquement fermés de manière progressive. « Avec les services techniques, nous veillons à ce que l’environnement ne soit pas totalement dégradé. Au terme de l’exploitation, il faut retrouver l’exploitation initiale. Il faut que l’ancienne vie continue quand on termine avec l’exploitation minière », précise-t-il avant d’assurer qu’il veille activement à ce que les trous soient refermés  « de façon progressive.»

Djadai Yakouba est également revenu sur les problèmes fonciers devenus monnaie courante dans les villages concernés par l’activité minière. Avant que des riverains ne soient déplacés de leur espace vital, un travail conjoint entre le service technique et la commune est mené pour une parfaite exécution à lui en croire. « Si les populations ne sont pas indemnisées, il n’y a pas de travail sur ce site. », martèle le préfet. Samuel Nguiffo a la conviction que l’Etat a les moyens de faire cesser les irrégularités « L’Etat a tout ce qu’il lui faut pour prendre la décision. Sur place, on a des acteurs qui pourraient faire quelque chose. Parmi ces acteurs, il y a les communautés qui pourraient se mobiliser pour aller au tribunal. S’il y a une sanction, il y aura une pénalité. Ça peut être de la prison ou une forte somme d’argent. Et celui qui a payé de l’argent devient discipliné. », confie-t-il avant d’ajouter relativement aux études d’impact environnemental que « C’est la responsabilité de l’administration de détecter les impacts cachés et d’insister pour que leur prise en compte soit assurée. ». 

Nous avons sollicité le 2 février 2024, une interview avec le ministre des Mines de l’Industrie et du développement technologique. L’avis favorable du membre du gouvernement nous a été donné le 4 avril 2024 par voie de courrier. Malgré une rencontre préliminaire avec la cellule de Communication, à la demande du Ministère, nous restons dans l’attente de la programmation pour cet échange autour de cette réalité. 

L’or demain 

Créée le 14 décembre 2020 par l’Etat, la Société nationale des mines (Sonamines), a remplacé le Capam. Ses missions sont d’assurer le développement et la promotion du secteur minier (hors pétrole) au Cameroun. Depuis sa création jusqu’en 2023, le bras séculier de l’Etat a collecté 431,15 kg d’or en lingot. La Sonamine est aussi active dans diverses activités au rang desquelles la lutte contre la présence des mineurs dans la mine que prescrivait sa tutelle dans une décision au 30 août 2021. 

Baptisée « opération Zéro enfant dans la mine », une caravane portée par cette entité est initiée depuis trois ans pour lutter contre la présence des mineurs dans les sites miniers. Ces derniers bénéficient d’un accompagnement dans le cadre de leurs études. La Sonamines procède notamment à des dons de manuels et fournitures scolaires, des paquets minimum pour contribuer au paiement des salaires de certains maîtres de parents et renforcer les infrastructures. Leurs réalisations sont palpables à Colomine. Au cours des deux dernières années, la Sonamines y a remis 100 tables-bancs et du matériel didactique.

Même si un riverain nous a confié que la plus grande faiblesse de cette entreprise est le fait qu’elle intervient généralement quand le train de la rentrée a déjà commencé. A titre d’illustration, la rentrée scolaire 2023 a eu lieu le 4 septembre 2023. Tandis que l’édition 2023 de cette opération s’est tenue du 25 au 28 Septembre 2023 ; soit 21 jours après la rentrée scolaire. « ça ne permet pas vraiment d’anticiper sur les problèmes de déperdition scolaire», a lancé Michel, un habitant de Colomine.  

Des orpailleurs mineurs sur un site de Kambélé un lundi matin alors que les cours se poursuivent à l’école. Image © Romulus Dorval KUESSIE, Gibrile KENFACK TSABDO, Sintia Dounang

Sa Majesté Garga a confié que les rapports des populations sont bons avec cette nouvelle entité qui n’a cependant pas encore une grande marge de manœuvre dans la gestion des sites. Débordées de jour en jour, ces populations ont la conviction que c’est à l’Etat de changer les choses. Car la superpuissance des Chinois ne laisse pas de place aux voix désespérées des populations. 

« S’il y avait un endroit où je pouvais me plaindre sans argent et avoir gain de cause, je le ferais. Les Chinois ont des millions qui leur permettent de toujours avoir gain de cause. Ce n’est pas notre cas. », se désole Sa Majesté Garga Halim. Il avoue être hanté par la colère de ses sujets de plus en plus nombreux à réclamer le départ des multinationales chinoises. Tout comme Sa Majesté Symphorien Haïto. Au cours des trois dernières années, il y a eu des velléités de grève initiées par les populations de Colomine, déterminées à détruire les machines des Chinois et leurs biens. Des projets qui ont été étouffés dans l’œuf grâce au concours des chefs traditionnels. 

Ils ne savent pas pendant combien de temps, ils pourront contenir ce courroux. Leurs nombreuses doléances pour une prise en compte de cette situation n’ont pas vraiment abouti à ce jour. Le préfet de la Kadey nous a assuré que l’autorité administrative s’attelle parfaitement à jouer son rôle « mettre en harmonie les structures techniques dédiées, être en harmonie avec l’environnement, protéger l’entreprise, protéger les populations, protéger surtout les intérêts de l’Etat. », a confié Djadai Yakouba. 

L’un des nombreux trous béants de Kambélé. Image © Romulus Dorval KUESSIE, Gibrile KENFACK TSABDO, Sintia Dounang.

À l’endroit des décideurs, le message est clair « Je ne souhaite pas qu’on chasse les Chinois parce que c’est le gouvernement qui les a envoyés. Je souhaite qu’ils n’empêchent plus aux populations de poursuivre leurs chantiers. » , lance-t-il le regard vide. Sa plus grande attente est que ces exploitants créent autour de leurs sites en exploitation, des espaces où les populations peuvent aussi exploiter l’or. Garga Halim se contente désormais de prier Dieu ; car il n’a pas de force pour se livrer à un bras de fer avec l’Etat. 

Si la contribution du secteur minier reste encore marginale dans le PIB du Cameroun (moins de 1 %), l’attention qu’il charrie depuis quelque temps en fait une niche d’importance pour l’Etat. À l’ombre de la manne infernale que les sites miniers sont devenus pour les populations riveraines. 

Cette enquête a été réalisée avec l’appui du Réseau des journalistes scientifiques d’Afrique francophone (RJSAF) dans le cadre de la bourse d’enquête de la Conférence mondiale des journalistes scientifiques francophones.

Par Romulus Dorval KUESSIE, Gibrile KENFACK TSABDO et Sintia Dounang

Mines d’or à l’Est-Cameroun: le paradoxe d’une fortune qui ruine 

La région de l’Est-Cameroun, qui possède de nombreux gisements aurifères, est sans conteste  le cœur battant de l’industrie minière du pays. Les multinationales, attirées par la promesse d’une richesse inépuisable, affluent, avec la collaboration des autorités administratives. Néanmoins, cette recherche acharnée de l’or a un prix : les orpailleurs locaux et les communautés environnantes sont confrontés à un véritable péril quotidien, en raison des conséquences environnementales et sociales dévastatrices de cette exploitation.

Bienvenue dans la réserve de Faune du Dja, un écosystème protégé, s’étendant sur plus de 526 000 hectares, niché entre les régions de l’Est et du Sud du Cameroun. Ici, la forêt dense équatoriale est le royaume des Baka, un peuple des forêts, gardiens ancestraux de cet environnement exceptionnel.

Le magazine radiophonique Environnementales est produit et présenté par Boris Ngounou. Un programme diffusé tous les mercredis et samedis, 12H30-13H, sur radio Tiemeni Siantou (RTS), émettant sur la fréquence de modulation 90.5 Mhz (Yaoundé et Bafang).

Tél: +237 674033989 / +237 691494735 ; Email: contact@environnementales.com

Les Baka, en première ligne dans la protection de la réserve du Dja (Sud-Est du Cameroun)

Salut à toutes et à tous. Vous êtes à l’écoute d’Environnementales, le principal magazine radiophonique de contribution à la protection de l’environnement en Afrique au Sud du Sahara. Aujourd’hui, nous partons pour une exploration au cœur de la réserve de Faune du Dja, un joyau naturel du Cameroun, où la symbiose entre l’homme et la nature, est une réalité palpable.

In 2024, the Tabaski festival in Niger saw a significant campaign aimed at reducing the excessive use of firewood. As the Muslim holiday approaches, the streets of Niamey are typically filled with firewood for the festivities, a practice that is increasingly harmful to the environment. In response to the deforestation and desertification resulting from this trend, the NGO Young Volunteers for the Environment (JVE) has intensified its efforts to raise awareness and encourage more sustainable practices to safeguard Niger’s vulnerable ecosystems.

Every Tabaski holiday, also known as Aïd al-Adha, the streets of Niamey, the capital of Niger, are transformed into veritable firewood markets. This material is essential for grilling the sheep, a central feature of the celebrations. Unfortunately, this festive tradition leads to massive consumption of wood, estimated at over 50,000 tonnes in just 24 hours. The practice, which has increased over the years, is beginning to pose major environmental problems, notably massive deforestation and desertification.

The Niger authorities and non-governmental organisations (NGOs) are sounding the alarm. Excessive logging is contributing to the gradual degradation of the land in Niger, a country already hard hit by the effects of climate change (prolonged droughts). Faced with this situation, initiatives are being launched to raise awareness among the population and encourage more environmentally-friendly behaviour.

Only 20% of land is arable

Since 2017, the NGO Jeunes volontaires pour l’environnement (JVE) has been running an awareness campaign called Tabaski Ecolo. This initiative aims to inform Nigeriens about the consequences of the intensive use of wood and to promote sustainable practices. The organisation is also distributing mango plants to the people of Niamey, encouraging them to plant trees to compensate for the excessive cutting.

The awareness-raising and reforestation efforts carried out by organisations such as JVE demonstrate the determination of civil society in Niger to combat desertification and climate change. By encouraging more sustainable practices, these initiatives hope to reduce the environmental impact of traditional celebrations and protect Niger’s natural resources for future generations.

Niger is one of the poorest countries in the world, with 85% of its population living on less than two dollars a day, placing them in a situation of extreme poverty. Around 70% of Nigeriens depend on agriculture for their livelihood, but the soil is so impoverished that 94% of the population live and farm on just 20% of the available land, according to figures from ….. Drought and erosion have turned the soil into a hard crust, making cultivation almost impossible.

Fanta Mabo

Niger: promoting a greener Tabaski to reduce excessive firewood use

In 2024, the Tabaski festival in Niger saw a significant campaign aimed at reducing the excessive use of firewood. As the Muslim holiday approaches, the streets of Niamey are typically filled with firewood for the festivities, a practice that is increasingly harmful to the environment. In response to the deforestation and desertification resulting from this trend, the NGO Young Volunteers for the Environment (JVE) has intensified its efforts to raise awareness and encourage more sustainable practices to safeguard Niger’s vulnerable ecosystems.

Dans la zone forestière guinéo-congolaise du Sud-Est du Cameroun, la réserve de Faune du Dja (RFD), étendue sur 526 004 hectares entre les régions administratives de l’Est (80%) et du Sud (20%), demeure l’un des joyaux naturels du pays depuis sa fondation en 1950. Au cœur de cette réserve, les pygmées Baka se distinguent non seulement par leur mode de vie traditionnel mais aussi par leur rôle crucial dans la préservation de cet écosystème, inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en 1987.

« Il n’y a pas de forêt sans Baka, et le Baka n’est rien sans la forêt », déclare une habitante de Bifolone, l’une des 17 communautés situées au nord de la réserve. Cette harmonie entre les populations autochtones et la nature sauvage est palpable, comme le souligne Jean Pierre Sambé, chef du groupement Baka de Yéné : « Nous nous sentons chez nous dans la réserve, car nous, les Baka, préférons les environnements paisibles. La forêt nous fournit tout ce dont nous avons besoin. Quand nous avons envie de manger, nous pouvons chasser un lièvre pour le repas. De plus, nous utilisons des écorces comme le Mbalaka et le Toko-loko pour traiter le paludisme et d’autres maladies. ».

À côté de ce lien étroit avec la forêt, les communautés locales ont développé diverses activités génératrices de revenus pour réduire leur dépendance à la chasse et au braconnage. Mango Clautide du village Shouam illustre cette transition avec la production d’un breuvage très prisé par les habitants de la zone. « Comme nous n’avons pas les moyens de subsister par la chasse, nous avons opté pour la préparation du Haa. Pour cela, je collecte la sève de mes palmiers, ce qui donne le vin que nous appelons ici Matango. Le processus de fermentation du Matango nécessite l’ajout de 3 kilos de sucre pour chaque 20 litres. Nous utilisons également l’écorce d’un arbre local appelé Ndeng pour enrichir le mélange. Après avoir fermenté pendant 5 jours, je fais chauffer le mélange pour obtenir le produit final. », explique la brasseuse traditionnelle, qui vend le quart de litre à 500 FCFA, le demi-litre à 1000 FCFA et le litre à 2000 FCFA (soit 3,05 euros). Cet argent lui permet de couvrir ses dépenses quotidiennes.

L’harmonie entre l’homme et la biosphère

Une symbiose vie communautaire et conservation de la nature, qui s’inscrit en droite ligne programme de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) sur l’homme et la biosphère (MAB). Créé en 1971 par l’Unesco, ce programme prévoit les conséquences des actions d’aujourd’hui sur le monde de demain et accroît ainsi la capacité des gens à gérer efficacement les ressources naturelles pour le bien-être des populations humaines et de l’environnement. Hadja Boutou, travaillant pour le bureau de l’Unesco au Cameroun : « à l’occasion de journée mondiale de l’environnement 2024, notre visite dans la réserve du Dja nous a permis d’apprécier un lien très fort entre les communautés riveraines et la réserve de biosphères, car elles dépendent de cette réserve pour leur nourriture, leur eau, et même leurs médicaments à base de plantes. Étant donné que cette réserve représente leur patrimoine, les communautés locales la protègent avec détermination. La preuve en est que l’aire centrale de conservation est restée presque intacte, avec seulement environ 0,3% d’impact humain. ».

Si la réserve de faune du Dja, étendu sur une superficie de 526 004 hectares est demeurée vierge, c’est en effet parce que les activités anthropiques ne franchissent pas son périmètre. L’aire protégée, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1987, est gérée selon le concept de biosphère, avec une zone centrale préservée (la réserve en elle-même), le tout ceinturé par une zone tampon de 62 093 ha et une zone de transition de 740 000 ha, habitées par les Baka et d’autres communautés autochtones.

Boris Ngounou

Les Baka, gardiens de la réserve de faune du Dja, au sud-est du Cameroun

Située dans la zone forestière guinéo-congolaise du Sud-Est du Cameroun, la réserve de Faune du Dja (RFD), étendue sur 526 004 hectares entre les régions administratives de l’Est (80%) et du Sud (20%), demeure l’un des joyaux naturels du pays depuis sa fondation en 1950. Au cœur de cette réserve, les pygmées Baka se distinguent non seulement par leur mode de vie traditionnel mais aussi par leur rôle crucial dans la préservation de cet écosystème, inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en 1987.

Située dans la luxuriante forêt du bassin du Congo, la réserve de faune du Dja (RFD) au sud-est du Cameroun  est une enclave écologique vitale partagée entre les régions administratives de l’Est (80%) et du Sud (20%). Depuis son instauration en 1950, cette réserve joue un rôle primordial dans la conservation de la biodiversité locale, tout en confrontant les jeunes à un exode rural croissant. Toutefois, des défis infrastructurels et
les projets de conservation promettent de transformer l’avenir de cette région emblématique.

Malgré ses richesses écologiques, la réserve de biosphère du Dja fait face à un exode rural marqué parmi les jeunes. En effet, ces populations ne trouvent pas d’’opportunités en zone rurale « malgré nos études. Pour inverser cette tendance, les organisations non gouvernementales (ONG) pourraient nous former dans des domaines comme l’écotourisme, l’inventaire des espèces ou l’agriculture de rente.  », explique Fabrice Holéa, résidant du village Shouam.

Les communautés de Shouam et du campement Baka de Yene, situées de l’autre côté du fleuve Dja, sont doublement impactées par l’isolement géographique. Cette région, connue sous le nom de boucle du Dja, souffre d’un manque crucial d’infrastructures telles que des centres de santé et des réseaux de télécommunication, rendant l’écoulement des produits locaux difficile.

« Le développement des infrastructures dans les zones tampons et de transition de la réserve de biosphère est essentiel pour attirer plus de visiteurs, bénéficiant ainsi aux populations locales et aux efforts de conservation. », reconnait Mohamadou, sous-directeur des aires protégées au ministère camerounais des Forêts et de la Faune.

Le conservateur de la réserve, Gilbert Oum Ndjock, déplore le manque de financement qui limite les patrouilles de surveillance à seulement huit par mois pour les quatre antennes de contrôle. « Actuellement, chaque mission de patrouille coûte entre 600 000 et 650 000 francs CFA (soit 991 euros), ce qui est insuffisant pour assurer une surveillance efficace. » ajoute-t-il.

Vers un financement de 2 millions d’euros de l’UE

Pour combler ce manque de ressources, des projets de conservation ambitieux sont prévus dans la réserve. Notamment, un projet financé par l’Union européenne (UE) à hauteur de 2 millions d’euros sur quatre ans (2024-2028) visant à renforcer le rôle des communautés locales et des peuples autochtones dans la gestion des sites du patrimoine mondial au Cameroun. Ce projet inclut la préservation des savoirs autochtones par l’approche School of Indigenous and Local Knowledge (SILK) du Congo Basin Institute et le soutien du festival Baka Dream, promouvant les traditions ancestrales des pygmées Baka.

L’approche SILK consiste à préserver les savoirs autochtones et locaux de la forêt tropicale du bassin du Congo. Celle-ci passe par la collecte et l’archivage des expressions culturelles traditionnelles des Baka, la mise en place d’un centre de documentation villageois, et en la promotion des échanges culturels avec d’autres villages Baka.

Le peuple Baka, chasseurs-cueilleurs d’Afrique centrale, vit depuis des millénaires dans les forêts tropicales. Ils ont une connaissance profonde de la forêt, qui leur procure nourriture, abri et médicaments traditionnels. Leur culture riche reflète la biodiversité de leur environnement. Les Baka transmettent leurs connaissances écologiques par le biais du chant, des histoires et de la médecine traditionnelle. Cependant, leur mode de vie traditionnel est menacé, beaucoup ayant été contraints de s’installer dans des colonies le long des routes.

Boris Ngounou

Réserve du Dja au Cameroun : entre richesses naturelles et défis communautaires

Située dans la luxuriante forêt du bassin du Congo, la réserve de faune du Dja (RFD) au Sud-Est du Cmeroun  est une enclave écologique vitale partagée entre les régions administratives de l’Est (80%) et du Sud (20%). Depuis son instauration en 1950, cette réserve joue un rôle primordial dans la conservation de la biodiversité locale, tout en confrontant les jeunes à un exode rural croissant. Toutefois, des défis d’infrastructure et les projets de conservation promettent de transformer l’avenir de cette région emblématique.

Greenpeace Afrique a annoncé le 5 juin 2024, le lancement officiel du Mouvement Camerounais pour la Justice Climatique (MCJC), une coalition regroupant près de 40 organisations de la société civile à travers les 10 régions du Cameroun. Ce mouvement vise à coordonner les efforts locaux pour lutter contre la déforestation et promouvoir des actions concrètes en faveur de la protection de l’environnement au Cameroun.

Le lancement du Mouvement camerounais pour la justice climatique (MCJC),  a été marqué, le 5 juin 2024-Journée mondiale de l’environnement, par une marche pacifique à Yaoundé, réunissant environ 500 participants, qui ont remis une lettre au ministre camerounais de l’environnement de la protection de la nature et du développement durable (Minepded), exhortant le gouvernement à intensifier ses efforts de protection des forêts et à adopter des mesures concrètes contre la déforestation massive qui menace les écosystèmes locaux.

Cette mobilisation fait suite à un atelier national tenu à Kribi en avril 2024, où les préoccupations des communautés locales et autochtones ont été recueillies et intégrées dans les doléances présentées au gouvernement. Le Dr. Fabrice Lamfu, chargé de la campagne Forêt chez Greenpeace Afrique, a souligné l’urgence d’une réponse collective face à l’ampleur croissante des pressions environnementales au Cameroun : « la planète est confrontée à une multitude de défis, des industries polluantes à la déforestation rapide. Le MCJC représente une première étape cruciale pour amplifier nos voix et nos actions en faveur de la protection de notre patrimoine naturel commun. ».

Des Mouvements qui se généralisent en Afrique

Avant le Cameroun, le modèle du Mouvement pour la Justice Climatique a été lancé avec succès en République Démocratique du Congo et sera bientôt étendu au Ghana, marquant ainsi un engagement renforcé des pays d’Afrique de l’Ouest et centrale pour une action climatique coordonnée et efficace.

Dans une déclaration publiée le 4 juin 2024, le MCJC affirme clairement ses objectifs. À savoir, promouvoir l’adaptation au climat, défendre la justice climatique et renforcer la collaboration entre les divers acteurs impliqués dans la protection de l’environnement. Ce mouvement s’engage également à soutenir la recherche et l’innovation pour développer des solutions spécifiques aux défis climatiques locaux, tout en plaidant pour des politiques climatiques robustes aux niveaux local, national et international.

Greenpeace Afrique a annoncé le 5 juin 2024, le lancement officiel du Mouvement Camerounais pour la Justice Climatique (MCJC), une coalition regroupant près de 40 organisations de la société civile à travers les 10 régions du Cameroun. Ce mouvement vise à coordonner les efforts locaux pour lutter contre la déforestation et promouvoir des actions concrètes en faveur de la protection de l'environnement au Cameroun.

La mise en œuvre du MCJC sera supervisée par un comité de pilotage dédié, chargé de coordonner les activités, d’évaluer les progrès et de garantir la transparence et la responsabilité dans toutes les initiatives entreprises.

Le Cameroun a perdu 3,7% de sa couverture forestière totale durant les 18 dernières années

Le Cameroun, avec sa riche biodiversité et ses vastes forêts, est confronté à des défis majeurs liés aux changements climatiques, exacerbés par la déforestation accrue qui compromet l’avenir des générations futures. En avril 2024, Greenpeace Afrique, en collaboration avec des organisations nationales et internationales de la société civile, a adressé une lettre à plusieurs gouvernements étrangers pour alerter sur l’urgence de la situation et plaider pour des mesures internationales de soutien.

La déforestation au Cameroun présente des chiffres alarmants, comme le révèlent les rapports récents du ministère des forêts et de la faune, du Minepded et de la World Resources Institute (WRI). Entre 2002 et 2020, le pays a perdu 708 000 hectares de forêts primaires humides, représentant une diminution de 3,7% de sa couverture forestière totale. Cette perte équivaut à 48% de la superficie forestière totale du Cameroun. Les années 2014, 2017 et 2020 ont particulièrement marqué des pics de déforestation, mettant en danger un écosystème crucial pour la biodiversité régionale et la stabilité climatique.

De plus, la déforestation s’est concentrée principalement dans le domaine forestier non permanent, qui a subi des pertes massives représentant 80% en 2020 et 78,6% en 2021 de la perte totale. Ces pertes sont souvent liées à la satisfaction des besoins de base comme l’accès à la nourriture et à l’énergie, mettant en lumière les défis socio-économiques auxquels sont confrontées les populations locales dépendantes des ressources forestières.

Boris Ngounou

Le Mouvement camerounais pour la justice climatique : une initiative cruciale face à la déforestation

Greenpeace Afrique a annoncé le 5 juin 2024, le lancement officiel du Mouvement Camerounais pour la Justice Climatique (MCJC), une coalition regroupant près de 40 organisations de la société civile à travers les 10 régions du Cameroun. Ce mouvement vise à coordonner les efforts locaux pour lutter contre la déforestation et promouvoir des actions concrètes en faveur de la protection de l’environnement au Cameroun.

La police judiciaire de Libreville frappe fort en mettant fin aux agissements de quatre trafiquants d’ivoire de nationalité gabonaise. Une opération conjointe avec l’ONG Conservation Justice qui révèle un réseau bien organisé de détention et de vente illégale d’ivoire. Les présumés coupables risquent de lourdes peines de prison et d’amendes conséquentes selon la loi en vigueur. Une victoire pour la lutte contre le braconnage des Eaux et Forêts au Gabon.

Quatre individus ont été appréhendés par les autorités gabonaises pour trafic d’ivoire à Libreville, la capitale, le jeudi 6 juin. Cette opération, menée par la Direction de Lutte contre le Braconnage des Eaux et Forêts en collaboration avec la Police Judiciaire de Libreville et l’ONG Conservation Justice, a permis de saisir quatre pointes d’ivoire entières.

L’arrestation a eu lieu après que les agents aient remarqué le comportement suspect d’un homme, nommé K.Y, qui détenait un sac en polyéthylène contenant les pointes d’ivoire. Interrogé, K.Y a désigné un complice, M.S, comme l’intermédiaire chargé de vendre les ivoires. M.S a ensuite mentionné K.N.F comme le véritable propriétaire des ivoires, qui a été également arrêté. Tous les quatre ont admis avoir possédé les ivoires à un moment donné et avoir tenté de les vendre depuis une chambre d’hôtel.

Les quatre individus, K.Y, M.S, K.N et K.N.F, font face à des accusations de détention illégale, tentative de vente, complicité de détention, complicité de tentative de vente des pointes d’ivoire, et violation des lois sur la protection des animaux. Selon la législation en vigueur, ils encourent jusqu’à 10 ans de prison et une amende équivalente à cinq fois la valeur marchande des pointes d’ivoire saisies.

Boris Ngounou

Coup de filet à Libreville : quatre trafiquants d’ivoire arrêtés par la police judiciaire

La police judiciaire de Libreville frappe fort en mettant fin aux agissements de quatre trafiquants d’ivoire de nationalité gabonaise. Une opération conjointe avec l’ONG Conservation Justice qui révèle un réseau bien organisé de détention et de vente illégale d’ivoire. Les présumés coupables risquent de lourdes peines de prison et d’amendes conséquentes selon la loi en vigueur. Une victoire pour la lutte contre le braconnage des Eaux et Forêts au Gabon.

Face à une surexploitation croissante et aux pratiques destructrices, la pêche artisanale en Afrique, notamment au Cameroun, se heurte à des défis majeurs menaçant la durabilité des ressources halieutiques. Donatien Wembe, océanologue, nous éclaire sur les impacts de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) et propose des solutions pour une transition vers des pratiques plus durables. Entre renforcement des régulations, soutien économique et conservation des écosystèmes, découvrez comment des actions concertées peuvent assurer un avenir viable pour les communautés de pêcheurs africains.

Afrik21 : Quels sont les principaux défis auxquels est confrontée la pêche artisanale en Afrique, et comment ces défis impactent-ils la durabilité des ressources halieutiques ?

Donatien Wembe : La pêche artisanale en Afrique, et plus particulièrement au Cameroun, est confrontée à plusieurs défis majeurs qui ont un impact significatif sur la durabilité des ressources halieutiques. Les principaux défis incluent la surexploitation des ressources et les pratiques de pêche non durables, comme l’utilisation de techniques destructrices telles que la pêche à l’explosif ou l’utilisation de filets à petites mailles qui capturent les juvéniles et les espèces non ciblées. Ces techniques entraînent la dégradation des habitats marins tels que les récifs coralliens et les fonds marins, la réduction des populations de poissons juvéniles, et la diminution de la capacité de renouvellement des stocks. D’autres défis incluent le changement climatique, le manque d’infrastructures et de technologies, les problèmes socio-économiques, les politiques et régulations inadéquates, et la dégradation de l’environnement côtier.

Quelles sont les principales conséquences économiques de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) pour les communautés de pêcheurs en Afrique ?

La pêche INN a des conséquences économiques graves pour les communautés de pêcheurs en Afrique, notamment une perte de revenus due à la diminution des captures et à la baisse des prix du marché causée par l’afflux de poissons illégalement pêchés. Cette pratique entraîne aussi une surexploitation des ressources halieutiques et un déclin de la biodiversité, mettant en péril la durabilité des pêcheries locales. Les pêcheurs artisanaux subissent une concurrence déloyale, aggravant le chômage et la pauvreté, et provoquant des migrations forcées. La pêche INN décourage les investissements locaux, affaiblit les infrastructures de pêche, et exacerbe la corruption et la mauvaise gouvernance, compliquant la mise en place de politiques de gestion durable.

Pour contrer ces effets, il est crucial de renforcer les régulations et la surveillance de la pêche, et de promouvoir la coopération internationale pour mieux coordonner les efforts contre la pêche INN. L’éducation et la sensibilisation des communautés locales sur les impacts négatifs de la pêche INN et les avantages des pratiques durables sont essentielles. De plus, le développement de moyens de subsistance alternatifs est nécessaire pour réduire la dépendance à la pêche et diversifier les sources de revenus des communautés affectées.

Comment la pollution par les hydrocarbures affecte-t-elle les écosystèmes marins et les activités de pêche sur les côtes camerounaises, notamment dans les ports de Douala et Kribi ?

La pollution par les hydrocarbures sur les côtes camerounaises, notamment dans les ports de Douala et Kribi, a des effets dévastateurs sur les écosystèmes marins et les activités de pêche. Les hydrocarbures sont toxiques pour de nombreux organismes marins, causant leur mort ou des effets sub-létaux tels que des anomalies de développement et des maladies. Ils perturbent les chaînes alimentaires en affectant le plancton, entraînant une réduction des populations de poissons et de leurs prédateurs. Les hydrocarbures détruisent également les habitats essentiels tels que les mangroves, les herbiers marins et les récifs coralliens, menaçant la biodiversité locale et la durabilité des écosystèmes marins.

Les activités de pêche sont gravement impactées par la réduction des captures due à la mortalité des poissons et à la contamination des zones de pêche. La qualité des produits de la mer est dégradée, rendant les poissons impropres à la consommation et diminuant la confiance des consommateurs. Les pêcheurs doivent faire face à des coûts accrus en raison de la nécessité de se déplacer vers des zones non contaminées et de réparer ou remplacer les équipements endommagés. Pour atténuer ces impacts, il est crucial de renforcer les régulations, de mettre en place des plans de réponse d’urgence, de restaurer les écosystèmes endommagés et de surveiller en continu les niveaux de pollution et l’état des écosystèmes marins.

Quels sont les principaux leviers politiques et économiques qui pourraient être activés pour soutenir une transition vers une pêche plus durable en Afrique ?

Pour soutenir une transition vers une pêche plus durable en Afrique, il est essentiel d’activer des leviers politiques et économiques spécifiques. Le renforcement des politiques et de la gouvernance est crucial, notamment par l’élaboration de régulations strictes basées sur des évaluations scientifiques, l’interdiction des pratiques destructrices, et la mise en place de périodes de repos biologique pour les stocks de poissons. La surveillance et l’application des lois doivent être renforcées à l’aide de technologies modernes comme la surveillance par satellite et les drones. La participation des communautés locales dans la gestion des ressources halieutiques et la promotion des organisations de pêcheurs sont également importantes. Le soutien économique inclut des subventions pour des équipements durables, des incitations financières, et un meilleur accès aux financements, facilitant ainsi l’adoption de pratiques de pêche durables.

Le développement des capacités et l’éducation des pêcheurs sur les techniques durables, ainsi que l’investissement dans la recherche pour comprendre les écosystèmes marins, sont essentiels. L’amélioration des infrastructures, notamment des chaînes de froid et des infrastructures de transport, aide à réduire les pertes post-capture et à améliorer la qualité des produits. La création de zones marines protégées et la restauration des habitats côtiers sont nécessaires pour la conservation des écosystèmes. Promouvoir le commerce équitable et durable par la certification écologique et l’accès aux marchés internationaux peut également soutenir cette transition. Une approche intégrée et multi-niveaux, impliquant la coopération entre gouvernements, communautés locales, ONG et acteurs internationaux, est cruciale pour assurer la durabilité des ressources halieutiques pour les générations futures.

Propos recueillis par Boris Ngounou

Donatien Wembe : « la pêche INN menace la durabilité des ressources halieutiques »

Face à une surexploitation croissante et aux pratiques destructrices, la pêche artisanale en Afrique, notamment au Cameroun, se heurte à des défis majeurs menaçant la durabilité des ressources halieutiques. Donatien Wembe, océanologue, nous éclaire sur les impacts de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) et propose des solutions pour une transition vers des pratiques plus durables. Entre renforcement des régulations, soutien économique et conservation des écosystèmes, découvrez comment des actions concertées peuvent assurer un avenir viable pour les communautés de pêcheurs africains.