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En pleine mer du Nord, des militants de Greenpeace mènent une campagne de protestation contre Shell. La compagnie pétrolière anglo-néerlandaise est sommée de payer les dommages et intérêts causés par la production continue de combustibles fossiles, qui exacerbe la crise climatique. En Afrique où Shell est également présente, plus de 100 millions de personnes seront menacées par le réchauffement climatique d’ici à 2030.  

« Shell et l’industrie des combustibles fossiles au sens large, font entrer la crise climatique dans nos foyers, nos familles, nos paysages et nos océans », s’indigne Yeb Saño, le directeur exécutif de Greenpeace Asie du Sud-Est. Dans la matinée du mardi 31 janvier 2023, quatre de ses camarades sont montés à bord d’un navire affrété par la compagnie pétrolière Shell en route vers la mer du Nord britannique, pour protester contre la production continue de combustibles fossiles par la société énergétique. Dans le cadre de cette campagne intitulée « Arrêtez de forer. Commencez à payer », les manifestants transportent suffisamment de matériel pour occuper la plateforme pendant plusieurs jours.

Greenpeace activists approach Shell oil platform in Atlantic Ocean north of the Canary Islands

« Nous allons donc les affronter en mer, lors des réunions d’actionnaires, dans les tribunaux, en ligne et à leur siège. Nous ne nous arrêterons pas tant que nous n’aurons pas obtenu la justice climatique. Nous ferons payer les pollueurs » poursuit Yeb Saño. Le White Marlin, le navire escaladé à l’aide de cordes par les activistes de Greenpeace, est une pièce essentielle de l’équipement de production qui permettra à Shell de débloquer huit nouveaux puits dans le champ pétrolier et gazier de Penguins, en mer du Nord.

Le paiement des dommages et intérêts

L’action de Greenpeace intervient au moment où la compagnie anglo-néerlandaise est sur le point de déclarer un bénéfice annuel record d’environ 40 milliards de dollars lors de la publication de ses résultats financiers 2022 le jeudi 2 février 2023. Comme ses rivaux, Shell a profité de la flambée des prix du pétrole et du gaz résultant de la crise énergétique déclenchée par la guerre russo-ukrainienne.

De cette rente pétrolière, Greenpeace souhaite voir le décaissement de fonds alloué aux efforts d’adaptation et de lutte contre le réchauffement climatique dans les pays en développement, notamment en Afrique, où Shell est surtout présente au Nigéria.

Greenpeace activists from climate-hit countries before heading out to board and occupy Shell platform en route to major oilfield with message: ‘STOP DRILLING. START PAYING.’

Lors de la 27e Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP27), les pays du monde se sont accordé sur la mise en place d’un mécanisme financier pour compenser les « pertes et dommages », causés par le réchauffement climatique dans les pays les plus vulnérables. Les contours du fonds sur les « pertes et dommages » restent à définir. Mais selon la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (ONU Climat), un « comité de transition »  sera mis en place afin de formuler des recommandations sur la manière de rendre opérationnels les nouveaux mécanismes de financement et le fonds lors de la COP28 prévue en 2023 à Dubaï aux Émirats arabes unis (EAU).

Cependant la crise climatique s’exacerbe en Afrique. Selon l’Organisation des Nations unies (ONU), plus de 100 millions de personnes seront menacées par le réchauffement climatique d’ici à 2030. 

Boris Ngounou

AFRIQUE : paiement des pertes et dommages, le pétrolier Shell, interpellé  

En pleine mer du Nord, des militants de Greenpeace mènent une campagne de protestation contre Shell. La compagnie pétrolière anglo-néerlandaise est sommée de payer les dommages et intérêts causés par la production continue de combustibles fossiles, qui exacerbe la crise climatique. En Afrique où Shell est également présente, plus de 100 millions de personnes seront menacées par le réchauffement climatique d’ici à 2030.

L’organisation de défense de la nature Greenpeace, mène une campagne de protestation contre Shell, en pleine mer du Nord. La compagnie pétrolière anglo-néerlandaise est sommée de payer les dommages et intérêts causés par la production continue de combustibles fossiles, qui exacerbe la crise climatique. Sur les raison et les enjeux africains de cette campagne, Victorine Che Thöner, la porte-parole de Greenpeace en Allemagne, répond aux questions d’Afrik 21.

Pour avoir ciblé Shell pour lancer la campagne ?

Shell est un acteur mondial incontournable dans le domaine des combustibles fossiles. Elle tire des profits énormes de la crise climatique, qui bouleverse et détruit la vie des gens dans le monde entier. Les catastrophes climatiques telles que les incendies, les inondations et les tempêtes déplacent et tuent des personnes à un rythme sans précédent, et ce à cause d’entreprises comme Shell. Depuis 1965, les émissions de carbone de Shell représentent 2,3% des émissions totales de la planète. Et au cours des 50 dernières années environ, Shell a produit dix fois plus de pollution au carbone que les Philippines n’en ont émis depuis le début des relevés ! Shell est connue pour ses violations des droits de l’homme et de l’environnement dans le delta du Niger. Et en ce moment, elle cherche à extraire jusqu’à la dernière goutte du gisement de Penguins et lance également de nouveaux projets dans le monde entier.

Mais nos demandes s’adressent également à l’ensemble de l’industrie des combustibles fossiles, qui s’est construite sur des décennies d’injustice climatique et de colonialisme. Ils doivent tous arrêter de forer et commencer à payer. 

Nous voulons que Shell assume la responsabilité de son rôle historique dans le changement climatique paie pour les pertes et les dommages causés au climat arrête son expansion pétrolière et gazière dans le monde s’engage à effectuer une transition équitable vers les énergies renouvelables dans le monde entier. Cesse de présenter la compensation des émissions de carbone comme la solution – au vu des preuves croissantes, la compensation n’est rien d’autre qu’une escroquerie.

La  campagne  a  été  lancée  à  deux  jours  de  la  publication  par  Shell,  de  son  résultat financier  2022 (estimé  à 40  milliards  de dollars). À combien  estimez-vous  la  somme que Shell pourra débourser pour les dommages et intérêts liés à ses activités?

Shell profite de la destruction du climat et de l’immense souffrance humaine. Alors que Shell compte ses milliards records, les populations du monde entier, y compris en Afrique, comptent les dégâts causés par les sécheresses, les vagues de chaleur et les inondations record que ce géant pétrolier alimente. C’est la triste réalité de l’injustice climatique, et nous devons y mettre fin.

Les dernières négociations sur le climat (COP27) ont débouché sur la création d’un nouveau fonds pour les pertes et dommages auquel les pays historiquement pollueurs devront contribuer. Les modalités de fonctionnement de ce fonds seront décidées plus tard, en 2023. Nous pensons que l’industrie des combustibles fossiles, en particulier des entreprises comme Shell, devrait payer pour les dommages qu’elle a causés par son extraction historique et continue de pétrole et de gaz dans le monde. Une façon de générer des fonds pour le « pot » des pertes et dommages pourrait être d’imposer une taxe sur les dommages climatiques aux entreprises de combustibles fossiles, ce qui aiderait à payer l’énorme quantité de financement climatique qui est nécessaire de la part des pays et des entreprises du Nord global.

Les entreprises de combustibles fossiles sont en voie d’afficher des bénéfices records de 200 milliards de dollars pour 2022, l’année même où les catastrophes climatiques ont causé des milliards de livres sterling de dégâts dans le monde. L’année 2022 a également été marquée par des dommages qu’aucune somme d’argent ne peut compenser : la perte de vies, de langues, de cultures, d’identités et de modes de vie. Nous ne pouvons pas continuer à permettre à ces entreprises d’engranger des bénéfices obscènes sans payer un centime pour les dommages qu’elles continuent de causer.

Victorine Che Thöner, la porte-parole de Greenpeace en Allemagne

Entre temps, la question des pertes et dommages, adoptée lors de la COP27 en Egypte, na  pas  encore  été  réglementée.  Votre  campagne  pourrait-elle  également  être perçue comme une sorte de pression sur la Convention cadre des Nations unies sur le climat?

Victorine Che Thöner, spokesperson from Germany and originally from Cameroon in Las Palmas, Gran Canaria.

La mise en place du fonds pour les pertes et dommages a certainement constitué une victoire historique pour la justice climatique. Il est maintenant temps d’obliger les méga-pollueurs historiques comme Shell à y contribuer. S’ils avaient réorienté leurs activités et abandonné les combustibles fossiles plus tôt, nous ne serions pas dans une crise aussi profonde. Il est temps pour eux d’arrêter de forer et de commencer à payer.

Les entreprises de combustibles fossiles et les gouvernements ont tous deux un rôle à jouer à cet égard – et nous demandons également aux gouvernements mondiaux de tenir les entreprises de combustibles fossiles pour responsables. Les gouvernements du monde entier ne parviennent pas à faire payer les pollueurs, sinon la poursuite des forages pétroliers n’aurait pas lieu et des millions de personnes ne subiraient pas la dévastation du climat et la crise énergétique.

Les entreprises comme Shell sont responsables d’une grande partie des dommages causés par les conditions climatiques extrêmes dans le monde, et nous pensons qu’elles devraient être obligées de contribuer au paiement des coûts énormes du changement climatique auxquels doivent faire face certaines des personnes les plus pauvres du monde qui ont le moins contribué au problème.

Sur  la  question  des  dommages  et  intérêts,  quel  est  la  vision  de  Greenpeace  en  ce  qui concerne l’Afrique, le continent le plus vulnérable aux effets du changement climatique ?

La complaisance de certains dirigeants africains et la cupidité des gouvernements et des entreprises étrangères doivent être combattues si l’on veut s’attaquer à la crise du climat et de la nature. Nous devons trouver des moyens de remédier à l’héritage de l’exploitation et de l’extraction coloniale qui est toujours à l’origine de la plupart des investissements dans les combustibles fossiles en Afrique.

L’extractivisme s’inscrit dans le cadre d’un héritage colonial qui a laissé tomber les populations africaines et leur a infligé la pollution, la corruption, les conflits et les inégalités.  Les nations africaines doivent établir des partenariats au sein du continent et au-delà. Nous mettons l’accent sur la création de partenariats, plutôt que sur les prêts, les subventions et autres formes d’aide néocoloniale. Les gouvernements étrangers sont encouragés à collaborer avec les gouvernements africains afin de réduire la pêche et l’exploitation forestière illégales, de soutenir directement les communautés locales et indigènes touchées et de favoriser la transition vers des sources d’énergie renouvelables.

Aucun nouveau projet d’exploitation de combustible fossile dans le monde pour atteindre le zéro net d’ici 2050 : Éliminer progressivement le charbon dans tous les pays africains ; résister à la nouvelle vague d’exploitation du pétrole et du gaz africains. Nous devons dépasser tous les combustibles fossiles en investissant dans les énergies renouvelables : évitez les investissements à court terme dans les combustibles fossiles et prenez plutôt de l’avance en investissant dans des solutions d’énergie renouvelable propres et à long terme. Nous devons dire non à de nouvelles exploitations forestières et agricoles industrielles dans les forêts tropicales, en fixant des objectifs de restauration des forêts déjà dégradées.

Enfin, l’Afrique est une partie prenante essentielle pour inverser la tendance de la crise climatique : Avec le dynamisme nécessaire, l’Afrique est idéalement placée pour apporter des contributions significatives en faveur des engagements climatiques mondiaux. Les gouvernements africains peuvent faire preuve de plus de leadership en refusant d’échanger des écosystèmes contre des fonds de donateurs et en préservant leurs forêts au profit des populations et du climat. 

L’idée que l’Afrique est en première ligne de la crise climatique est parfois utilisée pour créer l’illusion que l’Afrique doit être sauvée. Le monde n’a pas besoin de sauver l’Afrique face à la crise climatique, le monde a besoin de se sauver lui-même. Il y a des inondations de l’Allemagne au Nigeria, des sécheresses et des ouragans des États-Unis à Madagascar. Nous devons agir sur le climat pour notre survie collective

Propos recueillis par Boris Ngounou

AFRIQUE : « Shell doit payer pour les pertes et les dommages» Greenpeace

L’organisation de défense de la nature Greenpeace, mène une campagne de protestation contre Shell, en pleine mer du Nord. La compagnie pétrolière anglo-néerlandaise est sommée de payer les dommages et intérêts causés par la production continue de combustibles fossiles, qui exacerbe la crise climatique. Sur les raison et les enjeux africains de cette campagne, Victorine Che Thöner, la porte-parole de Greenpeace en Allemagne, répond aux questions d’Afrik 21.

In Cameroon, pollution from petroleum products fell from 1.28% in 2021 to 0.94% on 30 September 2022, a reduction of 0.34% in one year. According to the Cameroonian Ministry of Water and Energy, this reduction in oil pollution is one of the benefits of the Chemical Marking of Petroleum Products Programme. 

Implemented in Cameroon since 2012, the Chemical Marking Programme for petroleum products continues to delight the Cameroonian authorities. In a recent release, the Cameroonian Ministry of Water and Energy (MINEE) states that « the Chemical Marking Programme for petroleum products has made it possible to reduce the pollution rate from 1.28% in 2021 to 0.94% on 30 September 2022 », a reduction of 0.34% in one year. 

According to the Cameroonian company Hydrocarbures, analyses et contrôles (HYDRAC), a subsidiary of the Société nationale des hydrocarbures (SNH), the chemical marking of petroleum products consists of introducing minute quantities of markers or tracers into petroleum products, depending on their taxation and destination. Repeated spot checks are then carried out in the field using appropriate equipment, enabling all forms of fraud to be detected almost instantly. Mixing petroleum products with water or other incompatible substances.

The counterfeiting of petroleum products, in the field of fuels for example, increases the toxicity and the volumes of escaping gases in vehicles. These gases attack not only the ozone layer, but also the respiratory system of humans and other aerobic organisms (which can only thrive in the presence of air or oxygen). 

61 million a year in benefits

In addition to the environmental benefits, chemical marking of petroleum products also contributes to the Cameroonian economy.

The Minee indicates that this programme has contributed to the fight against oil product fraud through the intensification of controls throughout the national territory and more specifically along the roads. More than 1.25 million litres of fraudulent products were seized in the first half of 2022.

« Fraud in petroleum products has fallen from 36% to less than 2% and the increase in fiscal gains for the state in this sector amounts to 40 billion CFA francs, or about 61 million euros per year. There is also the preservation of vehicle engines and other production tools, » says David Ekoume, the director general of Hydrac.

Fanta Mabo

Le Maroc, leadeur africain des énergies renouvelables, devra malgré son statut, fournir davantage d’efforts, pour rompre avec sa dépendance aux énergies fossiles. Selon un récent rapport de Greenpeace, la pollution de l’air due à l’usage du charbon a engendré la mort d’environ 5 000 personnes ainsi que des pertes financières de plus d’un milliard d’euros dans ce pays d’Afrique du Nord en 2018.

Le nouveau rapport de Greenpeace sur la pollution atmosphérique au Maroc est fort inquiétant. Après l’Égypte, le royaume chérifien occupe le second rang des pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, où le nombre de décès dû à la pollution de l’air est relativement élevé, avec environ 5 100 décès en 2018. L’usage du charbon (qui couvre 50 % de la production d’électricité) est mis en cause dans ce drame sanitaire.

Les fumées noires émises par les centrales à charbon, notamment celles de Jorf Lasfar (au sud), de Kénitra (nord), de Mohammédia et de Safi (à l’ouest), ont souvent fait l’objet vivent protestations de la part des populations riveraines. « La pollution de l’air expose nos sociétés à toutes sortes de maladies chroniques, comme les maladies cardiaques, le diabète, les troubles pulmonaires dont le cancer du poumon, et elle nous rend plus vulnérables aux virus qui attaquent le système pulmonaire, comme le Covid-19 » a déclaré Julien Jreissati, le directeur des programmes de Greenpeace au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (Greenpeace Mena). Dans un rapport similaire publié en août 2019, l’ONG de protection de l’environnement situait le Maroc au rang du 25e  pays le plus polluant au monde, avec près de 216 000 tonnes de dioxyde de soufre (SO2), émises en 2018 par les centrales de Mohammédia, de Jorf Lasfar et de Safi.

Du point de vue économique

Au Maroc, la pollution de l’air ne provoque pas seulement une crise sanitaire. Sur le plan économique, le coût encouru par le Maroc en raison de la pollution atmosphérique causée par les combustibles fossiles est estimé à 0,9 % du produit intérieur brut (PIB), soit un peu plus d’un milliard d’euros par an.

Ces constatations soulevées par Greenpeace démontrent à suffisance que les énergies fossiles demeurent profondément ancrées dans l’économie marocaine, et ceci malgré le leadeurship du royaume dans le secteur des énergies renouvelables en Afrique. La Banque africaine de développement (BAD) reconnait le Maroc comme étant un catalyseur important dans la transition énergétique de l’Afrique, avec son complexe solaire Noor Ouarzazate. Il s’agit du plus grand complexe d’énergie solaire concentrée (CSP) au monde. Tandis que dans un projet à long terme, le Maroc cherche à produire 52 % de son électricité à partir des sources renouvelables d’ici 2030.

Boris Ngounou