Freya, une jeune lionne âgée de six mois, a été sauvée du trafic d’animaux sauvages au Liban. En sortant de sa cage de transport dans la matinée du 2 juillet 2024, elle a curieusement reniflé l’air avant de faire ses premiers pas prudents dans le sanctuaire à lion de Drakenstein en Afrique du Sud. Le choix porté sur le pays d’Afrique australe comme terre d’accueil des lions sauvés du trafic d’espèce sauvage, est toutefois contesté par des défenseurs de la nature.
C’est dans un parc établi sur 50 hectares près de la magnifique région vinicole du Cap en Afrique du Sud, que vivra désormais la jeune Freya. La lionne de 6 mois venue du Liban ne pourra malheureusement jamais vivre comme une lionne sauvage. Elle passera sa vie dans le refuge de Drakenstein, qui accueille d’autres lions sauvés de zoos et de cirques en provenance de France, du Chili, de Roumanie et d’ailleurs. Certains de ces lions ont été victimes de maltraitance, comme le montre les pancartes du sanctuaire : Arès, par exemple, était aveugle et négligé, tandis que Brutus avait la mâchoire brisée suite à des violences.
Les sauveteurs de Freya espèrent qu’elle nouera des liens avec Pi, un jeune lion mâle qu’ils pensent être son frère. Pi a été sauvé du Liban en avril dernier après avoir été utilisé illégalement pour promouvoir un compte TikTok. Son propriétaire, qui utilisait souvent du ruban adhésif pour lui fermer la bouche lors de vidéos et de selfies, le gardait dans une cage étroite. Jason Mier, directeur d’Animals Lebanon, a souligné que Pi était détenu comme symbole de statut, reflétant la puissance et la richesse de son propriétaire.
L’Afrique du Sud, dénoncée pour maltraitance des animaux sauvages
Freya s’installe donc à Drakenstein, mais les groupes de défense des animaux mettent en lumière la position contradictoire de l’Afrique du Sud envers les lions. Bien que le pays soit réputé pour ses efforts de conservation et ses sanctuaires éthiques comme Drakenstein, il possède également un commerce florissant de lions en captivité. Ces lions sont élevés pour être caressés, chassés lors de « chasses en boîte » ou pour le commerce de leurs os.
L’Afrique du Sud bénéficie d’une autorisation spéciale de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) pour exporter des os et des squelettes de lions vers l’Asie du Sud-Est, où ils sont utilisés dans la médecine traditionnelle. La chasse en enclos, où les lions sont abattus sans possibilité de fuite, est également légale. Les défenseurs des animaux demandent l’interdiction de l’élevage de lions en captivité. Le gouvernement sud-africain a récemment annoncé son intention de mettre fin à cette activité, ce qui devrait prendre deux à trois ans, sauf en cas de contestation judiciaire.
En Afrique du Sud, on compte plus de 300 centres de détention de lions, abritant plus de 7 000 lions en captivité, soit le double du nombre de lions vivant à l’état sauvage dans le pays. Les militants soulignent l’importance d’informer les visiteurs que la majorité des lions sud-africains vivent en cages, faisant de l’Afrique du Sud la plus grande industrie de captivité de lions au monde.
Boris Ngounou