Le Zimbabwe fait pression sur la Convention des Nations unies sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites). Le pays d’Afrique de l’Est sollicite une autorisation de la Cites pour vendre légalement, plus de 136 tonnes d’ivoire et de cornes de rhinocéros d’une valeur de plus de 600 millions de dollars américains. Une demande contestée par des organisations de protection de la nature.
Le parc national de Hwange, le plus grand parc animalier du Zimbabwe, situé au sud-ouest du pays, a accueilli du 16 au 18 mai 2022 une conférence internationale sur le soutien de la communauté internationale à la campagne du Zimbabwe visant à obtenir l’autorisation de vendre son stock d’ivoire saisi aux braconniers. Les représentants de 16 pays africains, ainsi que du Japon et de la Chine, grands consommateurs d’ivoire, ont visité le stock d’ivoire de l’Autorité zimbabwéenne des parcs nationaux et de la vie sauvage (ZimParks) à Harare pour se faire une idée de la situation. Il s’agit d’une cargaison de 136 tonnes de défenses d’éléphants et de cornes de rhinocéros d’une valeur estimée à quelque 600 millions de dollars américains.
Cette conférence organisée par le gouvernement zimbabwéen vise à lever l’interdiction du commerce de l’ivoire et de la corne de rhinocéros imposée par la Convention sur le commerce international des espèces menacées d’extinction (CITES). « Les stocks d’ivoire et de cornes de rhinocéros devaient être vendus. L’argent généré pourrait être utilisé pour soutenir la conservation durable de la faune sauvage pendant 20 ans. », plaide le docteur Fulton Mangwanya, le directeur général de ZimParks.
Le Zimbabwe renforce sa demande par une population d’éléphants qu’il juge insoutenable. Estimée à environ 100 000 individus, cette population croît rapidement, à raison de 5 à 8 % par an. Une tendance qui s’observe également au Botswana voisin, qui possède la plus grande population d’éléphants au monde, avec plus de 130 000 individus. Ensemble, le Zimbabwe et le Botswana comptent près de 50 % des éléphants du monde. Les deux pays disent avoir du mal à faire face à cette explosion démographique.
Le blocus des ONG environnementales
L’effort du Zimbabwe pour vendre son important stock d’ivoire est cependant controversé par de nombreux groupes de protection de la nature. Ils estiment que toute vente d’ivoire encouragerait le braconnage des pachydermes. « Les pays d’Afrique australe ont été autorisés à deux reprises à vendre leurs stocks d’ivoire au Japon et à la Chine, en 1997 et en 2008, et ces ventes limitées ont entraîné une « forte escalade » du braconnage sur le continent », indiquent 50 organisations de protection de la nature et de défense des animaux du monde, dans une déclaration commune publiée le 16 mai 2022.
Les demandes formulées par le Zimbabwe et son voisin le Botswana pourraient être examinées lors de la 19e session de la Conférence des Parties à la Cites (CoP19), prévue du 14 au 25 novembre 2022, dans le Panama Convention Center, au Panama.
C’est en 1989 que la Cites a interdit le commerce international de l’ivoire afin d’enrayer le braconnage. Outre l’interdiction de la vente d’ivoire. La Cites a également imposé en 2019 des restrictions sur la vente d’éléphants sauvages capturés au Zimbabwe et au Botswana.
Boris Ngounou