Le Tribunal spécial de Libreville ouvrira le 31 mai 2024, une audience correctionnelle pour juger plusieurs individus impliqués dans un réseau international de trafic d’ivoire reliant le Gabon, le Cameroun et le Nigeria. Retour sur une affaire complexe qui met en lumière les défis de la lutte contre le braconnage en Afrique centrale.
L’affaire de trafic international d’ivoire, qui a secoué plusieurs pays d’Afrique centrale, connaîtra un tournant décisif avec l’ouverture d’une audience correctionnelle au Tribunal spécial de Libreville le 31 mai 2024. Il y a dix mois, des arrestations majeures ont eu lieu à Lambaréné et Makokou, orchestrées par les Antennes provinciales de la Police Judiciaire, les Directions provinciales des Eaux et Forêts, et la Direction de la lutte contre le braconnage, avec le soutien de l’ONG Conservation Justice.
Les principaux accusés
Parmi les personnes arrêtées figurent Ngangni Ibrahim Gaël, Evouna Guy Bertrand, et Tonga Assouman, accompagnés de sept autres présumés complices. Ces individus sont soupçonnés d’être des membres clés d’un réseau sophistiqué de trafic d’ivoire opérant entre le Gabon, le Cameroun et le Nigeria. L’affaire a pris une dimension internationale avec l’arrestation, en février 2024, de Mohamadou Ibrahim au Nigeria, présenté comme le cerveau de ce réseau.
Mohamadou Ibrahim, déjà condamné au Cameroun en 2020 pour possession de 600 kilogrammes d’ivoire, avait été libéré après seulement quatre mois de prison. En août 2023, les arrestations de Lambaréné et Makokou ont révélé l’ampleur du réseau : 21 défenses d’éléphants et 4 morceaux d’ivoire, totalisant 131 kilogrammes, ont été saisis, ainsi que des munitions. Mohamadou Ibrahim a été arrêté à Mfum, Nigeria, avec 52 défenses d’ivoire pesant près de 200 kilogrammes, un pistolet et des munitions.
Les autorités gabonaises ont découvert que ce réseau utilisait des véhicules modifiés avec des compartiments secrets pour transporter l’ivoire. Les régions du Moyen-Ogooué, de l’Ogooué-Ivindo, de la Nyanga, de la Ngounié, du Haut-Ogooué, du Woleu-Ntem et de l’Estuaire étaient particulièrement touchées par ces activités illégales.
Les prévenus encourent une peine pouvant aller jusqu’à 10 ans d’emprisonnement selon les articles 390 et 396 du Code pénal gabonais. La gravité des accusations, soutenues par des preuves de participation à une bande organisée, pourrait doubler ces peines.
Défis internationaux
L’arrestation de Mohamadou Ibrahim au Nigeria met en lumière les enjeux de la coopération transfrontalière dans la lutte contre le trafic d’ivoire. Il est à espérer que les autorités nigérianes seront plus sévères dans leurs condamnations pour dissuader de futures infractions.
Ce procès à Libreville pourrait marquer un tournant dans la lutte contre le trafic d’ivoire en Afrique centrale. La justice gabonaise, ainsi que celles du Cameroun et du Nigeria, sont appelées à prendre des mesures décisives pour stopper ce commerce illégal et protéger les éléphants menacés par le braconnage.
Boris Ngounou