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Tag: la pêche artisanale en Afrique

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La pêche illégale dans le Golfe de Guinée représente une perte de plus d’1,2 milliard d’euros pour les États côtiers chaque année, selon le Global Fishing Watch. Face à cette menace, le Cameroun intensifie ses efforts pour renforcer la surveillance maritime, notamment avec le projet « Promouvoir les capacités locales pour lutter contre les effets déstabilisants des navires de pêche étrangers dans le golfe de Guinée et en Mauritanie  (DWFV) ». Grâce à des partenariats avec des organisations internationales, le pays s’équipe pour contrer cette crise et protéger sa biodiversité marine.

Le Cameroun, avec ses 400 kilomètres de côtes, est particulièrement vulnérable aux activités des navires de pêche étrangers, souvent accusés d’exploiter les ressources marines locales de manière abusive. Pour remédier à cette situation, le pays s’appuie désormais sur le projet intitulé « Promouvoir les capacités locales pour lutter contre les effets déstabilisants des navires de pêche étrangers dans le golfe de Guinée et en Mauritanie (DWFV) ». Financé par le Département d’État américain à travers l’Ambassade des Etats Unis à Accra, ce projet est piloté par le Centre pour le droit et la sécurité maritimes (CEMLAWS) et le Centre pour la gestion côtière (CCM) de l’Université de Cape Coast et soutenu localement par l’African Marine Mammal Conservation Organization (AMMCO).

L’une des récentes matérialisations de ce projet, c’est l’atelier de formation organisé par CEMLAWS-CCM et AMMCO le 8 octobre 2024 à Yaoundé, en destination des autorités camerounaises en charge de la pêche, des transports et de la sécurité. Entre autres résolutions, les participants ont convenu de la nécessité d’encourager l’adoption de technologies innovantes pour améliorer la collecte de données, la surveillance et la transparence dans les pratiques de pêche, et de promouvoir des campagnes de sensibilisation pour informer les communautés sur l’importance de la conservation marine et des pratiques de pêche durables.

Des résultats prometteurs malgré des défis

Le projet DWFV, à travers l’atelier de Yaoundé et les initiatives régionales passées, ont déjà permis des avancées significatives. « Nous avons constaté une réduction des activités illicites grâce à un meilleur partage des informations et à une réactivité accrue des forces de l’ordre », déclare Elie BADAI, chef de la Brigade de contrôle et de surveillance des activités de pêche au ministère camerounais des Pêches et des Industries Animales (Minepia). En 2023, le pays d’Afrique centrale a radié sept navires inscrits sous son pavillon, pour leur implication dans des activités de pêche INN. Au cours de la même année, les autorités camerounaises ont également interpellé 15 navires suspects et appliqué des sanctions effectives sur quatre d’entre eux. Ces mesures se sont accompagnées de patrouilles conjointes avec le ministère de la Défense et de contrôles réguliers au sein de la zone économique exclusive du Cameroun.

Toutefois, ces efforts ne sont pas sans défis. La vaste étendue du Golfe de Guinée, combinée à des infrastructures parfois obsolètes, rend la surveillance continue difficile. Les coûts élevés liés à la maintenance des technologies de suivi et au déploiement de personnel formé représentent également un obstacle important. En dépit de ces difficultés, le projet mise sur la formation des acteurs locaux et la sensibilisation des communautés côtières pour assurer une gestion durable des ressources maritimes.

Boris Ngounou

Bien que le contenu de cet article/vidéo/matériel ait été rendu possible dans le cadre du projet Promouvoir la transparence, la responsabilité et les capacités locales pour faire face aux impacts déstabilisants des navires de pêche en eaux lointaines appartenant à des étrangers (DWFV) dans le Golfe de Guinée et les eaux de Mauritanie, les opinions et les connotations sont entièrement celles de l’auteur et ne reflètent pas la position ou l’alignement de l’agence de financement – U. S. Department of State – ou des partenaires de mise en œuvre du projet, le Centre pour le droit et la sécurité maritimes (CEMLAWS) Afrique, et le Centre de gestion côtière (CCM) de l’Université de Cape Coast au Ghana. Les opinions et les connotations sont entièrement celles de l’auteur et ne reflètent pas la position ou l’alignement de l’agence de financement – le Département d’Etat américain – ou des partenaires de mise en œuvre du projet, le Centre pour le droit maritime et la sécurité (CEMLAWS) Afrique, et le Centre pour la gestion côtière (CCM) de l’Université de Cape Coast au Ghana.

CAMEROUN : une synergie d’actions pour rassurer les consommateurs de poissons 

La pêche illégale dans le Golfe de Guinée représente une perte de plus d’1,2 milliard d’euros pour les États côtiers chaque année, selon le Global Fishing Watch. Face à cette menace, le Cameroun intensifie ses efforts pour renforcer la surveillance maritime, notamment avec le projet « Promouvoir les capacités locales pour lutter contre les effets déstabilisants des navires de pêche étrangers dans le golfe de Guinée et en Mauritanie  (DWFV) ». Grâce à des partenariats avec des organisations internationales, le pays s’équipe pour contrer cette crise et protéger sa biodiversité marine.

Face à une surexploitation croissante et aux pratiques destructrices, la pêche artisanale en Afrique, notamment au Cameroun, se heurte à des défis majeurs menaçant la durabilité des ressources halieutiques. Donatien Wembe, océanologue, nous éclaire sur les impacts de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) et propose des solutions pour une transition vers des pratiques plus durables. Entre renforcement des régulations, soutien économique et conservation des écosystèmes, découvrez comment des actions concertées peuvent assurer un avenir viable pour les communautés de pêcheurs africains.

Afrik21 : Quels sont les principaux défis auxquels est confrontée la pêche artisanale en Afrique, et comment ces défis impactent-ils la durabilité des ressources halieutiques ?

Donatien Wembe : La pêche artisanale en Afrique, et plus particulièrement au Cameroun, est confrontée à plusieurs défis majeurs qui ont un impact significatif sur la durabilité des ressources halieutiques. Les principaux défis incluent la surexploitation des ressources et les pratiques de pêche non durables, comme l’utilisation de techniques destructrices telles que la pêche à l’explosif ou l’utilisation de filets à petites mailles qui capturent les juvéniles et les espèces non ciblées. Ces techniques entraînent la dégradation des habitats marins tels que les récifs coralliens et les fonds marins, la réduction des populations de poissons juvéniles, et la diminution de la capacité de renouvellement des stocks. D’autres défis incluent le changement climatique, le manque d’infrastructures et de technologies, les problèmes socio-économiques, les politiques et régulations inadéquates, et la dégradation de l’environnement côtier.

Quelles sont les principales conséquences économiques de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) pour les communautés de pêcheurs en Afrique ?

La pêche INN a des conséquences économiques graves pour les communautés de pêcheurs en Afrique, notamment une perte de revenus due à la diminution des captures et à la baisse des prix du marché causée par l’afflux de poissons illégalement pêchés. Cette pratique entraîne aussi une surexploitation des ressources halieutiques et un déclin de la biodiversité, mettant en péril la durabilité des pêcheries locales. Les pêcheurs artisanaux subissent une concurrence déloyale, aggravant le chômage et la pauvreté, et provoquant des migrations forcées. La pêche INN décourage les investissements locaux, affaiblit les infrastructures de pêche, et exacerbe la corruption et la mauvaise gouvernance, compliquant la mise en place de politiques de gestion durable.

Pour contrer ces effets, il est crucial de renforcer les régulations et la surveillance de la pêche, et de promouvoir la coopération internationale pour mieux coordonner les efforts contre la pêche INN. L’éducation et la sensibilisation des communautés locales sur les impacts négatifs de la pêche INN et les avantages des pratiques durables sont essentielles. De plus, le développement de moyens de subsistance alternatifs est nécessaire pour réduire la dépendance à la pêche et diversifier les sources de revenus des communautés affectées.

Comment la pollution par les hydrocarbures affecte-t-elle les écosystèmes marins et les activités de pêche sur les côtes camerounaises, notamment dans les ports de Douala et Kribi ?

La pollution par les hydrocarbures sur les côtes camerounaises, notamment dans les ports de Douala et Kribi, a des effets dévastateurs sur les écosystèmes marins et les activités de pêche. Les hydrocarbures sont toxiques pour de nombreux organismes marins, causant leur mort ou des effets sub-létaux tels que des anomalies de développement et des maladies. Ils perturbent les chaînes alimentaires en affectant le plancton, entraînant une réduction des populations de poissons et de leurs prédateurs. Les hydrocarbures détruisent également les habitats essentiels tels que les mangroves, les herbiers marins et les récifs coralliens, menaçant la biodiversité locale et la durabilité des écosystèmes marins.

Les activités de pêche sont gravement impactées par la réduction des captures due à la mortalité des poissons et à la contamination des zones de pêche. La qualité des produits de la mer est dégradée, rendant les poissons impropres à la consommation et diminuant la confiance des consommateurs. Les pêcheurs doivent faire face à des coûts accrus en raison de la nécessité de se déplacer vers des zones non contaminées et de réparer ou remplacer les équipements endommagés. Pour atténuer ces impacts, il est crucial de renforcer les régulations, de mettre en place des plans de réponse d’urgence, de restaurer les écosystèmes endommagés et de surveiller en continu les niveaux de pollution et l’état des écosystèmes marins.

Quels sont les principaux leviers politiques et économiques qui pourraient être activés pour soutenir une transition vers une pêche plus durable en Afrique ?

Pour soutenir une transition vers une pêche plus durable en Afrique, il est essentiel d’activer des leviers politiques et économiques spécifiques. Le renforcement des politiques et de la gouvernance est crucial, notamment par l’élaboration de régulations strictes basées sur des évaluations scientifiques, l’interdiction des pratiques destructrices, et la mise en place de périodes de repos biologique pour les stocks de poissons. La surveillance et l’application des lois doivent être renforcées à l’aide de technologies modernes comme la surveillance par satellite et les drones. La participation des communautés locales dans la gestion des ressources halieutiques et la promotion des organisations de pêcheurs sont également importantes. Le soutien économique inclut des subventions pour des équipements durables, des incitations financières, et un meilleur accès aux financements, facilitant ainsi l’adoption de pratiques de pêche durables.

Le développement des capacités et l’éducation des pêcheurs sur les techniques durables, ainsi que l’investissement dans la recherche pour comprendre les écosystèmes marins, sont essentiels. L’amélioration des infrastructures, notamment des chaînes de froid et des infrastructures de transport, aide à réduire les pertes post-capture et à améliorer la qualité des produits. La création de zones marines protégées et la restauration des habitats côtiers sont nécessaires pour la conservation des écosystèmes. Promouvoir le commerce équitable et durable par la certification écologique et l’accès aux marchés internationaux peut également soutenir cette transition. Une approche intégrée et multi-niveaux, impliquant la coopération entre gouvernements, communautés locales, ONG et acteurs internationaux, est cruciale pour assurer la durabilité des ressources halieutiques pour les générations futures.

Propos recueillis par Boris Ngounou

Donatien Wembe : « la pêche INN menace la durabilité des ressources halieutiques »

Face à une surexploitation croissante et aux pratiques destructrices, la pêche artisanale en Afrique, notamment au Cameroun, se heurte à des défis majeurs menaçant la durabilité des ressources halieutiques. Donatien Wembe, océanologue, nous éclaire sur les impacts de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) et propose des solutions pour une transition vers des pratiques plus durables. Entre renforcement des régulations, soutien économique et conservation des écosystèmes, découvrez comment des actions concertées peuvent assurer un avenir viable pour les communautés de pêcheurs africains.