En 2024, comme en 2022, des précipitations extrêmes ont frappé plusieurs pays d’Afrique, notamment le Soudan, le Cameroun, le Niger, le Nigeria et le Tchad, causant des inondations catastrophiques. Ces épisodes ont tué plus de 2 000 personnes et déplacé des millions d’autres. Selon la World Weather Attribution, une organisation internationale qui analyse les phénomènes météorologiques extrêmes, ces inondations, de plus en plus fréquentes, sont directement liées au changement climatique causé par l’homme. Au Cameroun, ces inondations mettent en lumière des failles dans la planification urbaine et la gestion de l’eau, aggravant la vulnérabilité des populations. Pour en parler, le Dr Lionel Djibie Kaptchouang, géographe et expert en mobilité durable et climat, analyse les causes et solutions face à ces catastrophes croissantes.
Les inondations s’aggravent-elles au Cameroun ?
Dr Lionel Djibie Kaptchouang : Oui, elles s’aggravent indéniablement. Les précipitations extrêmes deviennent de plus en plus fréquentes en raison des changements climatiques. En 2024, comme en 2022, des pluies historiques ont été enregistrées dans la région sahélienne, y compris au Cameroun. Elles ont provoqué des inondations sans précédent, notamment dans l’Extrême-Nord. Ce phénomène s’explique par l’augmentation continue des températures, favorisée par les activités humaines, qui entraîne des précipitations intenses sur de courtes périodes.
Un rapport de la Banque mondiale de 2017 prévoit une hausse des températures au Cameroun, allant de 1,4 °C à 1,8 °C d’ici 2050. Ces changements augmentent les risques d’inondations dévastatrices.
Quels sont les facteurs qui exacerbent les effets des inondations sur les communautés ?
Il y a deux catégories de facteurs : environnementaux et humains.
Sur le plan environnemental :
Les changements climatiques augmentent la fréquence des pluies intenses.
Le relief joue un rôle aggravant : les villes situées dans des plaines et vallées, comme Maroua, sont particulièrement vulnérables. Les plaines à faible pente ralentissent l’écoulement des eaux, favorisant leur accumulation, tandis que les vallées, zones de convergence des eaux, subissent des débordements des cours d’eau.
La nature des sols, notamment argileux et imperméables, aggrave la situation en empêchant l’infiltration de l’eau, ce qui favorise des accumulations rapides.
Sur le plan humain :
Une planification urbaine inadéquate. Les plans directeurs de nombreuses villes camerounaises, y compris Yaoundé et Maroua, ne sont pas alignés sur les objectifs de développement durable (ODD) ou le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophes.
L’absence de systèmes d’assainissement performants. Les villes ne disposent pas de réseaux d’égouts adaptés. Les caniveaux existants sont souvent obstrués ou en mauvais état, limitant leur capacité à drainer efficacement les eaux pluviales.
Que peuvent faire les populations face à ces inondations répétées ?
Les populations doivent adopter un esprit de solidarité et de fraternité pour surmonter ces épreuves ensemble. Mais il est aussi crucial d’investir dans la sensibilisation. Les habitants des zones à risque doivent être formés aux bonnes pratiques, comme le nettoyage des caniveaux et l’évacuation rapide des zones inondables.
Que doit faire le gouvernement ?
Le gouvernement doit impérativement élaborer une politique nationale de lutte contre les inondations, avec un plan de riposte détaillé et adapté aux spécificités régionales.
Il faut également :
Mettre à jour les plans directeurs urbains pour les aligner sur les standards internationaux.
Concevoir des systèmes d’alerte précoce pour informer les populations à risque avec précision.
Investir dans des infrastructures d’assainissement modernes, comme des égouts adaptés aux pluies torrentielles.
En intégrant ces mesures dans une stratégie holistique, le Cameroun pourrait réduire significativement les impacts des inondations sur les communautés.
Les inondations deviennent de plus en plus fréquentes et dévastatrices au Cameroun, notamment dans les régions de l’Extrême-Nord. Dr Lionel Djibie Kaptchouang, géographe et expert en mobilité durable et climat, analyse les causes de ce phénomène, ses impacts sur les communautés et les solutions envisageables.
Chers auditeurs, cette semaine, nous portons notre regard sur la situation dramatique qui ravage actuellement les départements du Mayo-Danay et du Logone et Chari, dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, frappés par des inondations dévastatrices depuis juillet. Ces pluies torrentielles, excédant les niveaux habituels avec une pluviométrie supérieure de 125%, ont causé des dégâts humains et matériels colossaux. Le bilan provisoire fait état d’au moins 15 morts, 200 000 sinistrés, et 44 700 maisons détruites. Une chronique de Boris Ngounou
Chers auditeurs, cette semaine, nous portons notre regard sur la situation dramatique qui ravage actuellement les départements du Mayo-Danay et du Logone et Chari, dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, frappés par des inondations dévastatrices depuis juillet. Ces pluies torrentielles, excédant les niveaux habituels avec une pluviométrie supérieure de 125%, ont causé des dégâts humains et matériels colossaux. Le bilan provisoire fait état d’au moins 15 morts, 200 000 sinistrés, et 44 700 maisons détruites
Catastrophe naturelle à l’Extrême-Nord du Cameroun, la commune de Goulfey, submergée par des inondations dévastatrices. Dans un communiqué publié hier, le maire de la localité lance un appel urgent à l’aide. Selon l’élu local, plus de 2000 hectares de plantations et de maisons ont été ravagées par la fureur des eaux.
La commune de Goulfey, dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, vit des moments tragiques à cause des inondations provoquées par des pluies diluviennes. Dans un communiqué récemment rendu public, le maire de la localité, Borka Mahamat, fait état de plus de 1121 maisons submergées et plus de 1000 hectares de champs détruits, privant ainsi les populations locales de leurs moyens de subsistance. À ces pertes matérielles s’ajoutent deux décès et plusieurs blessés graves enregistrés, aggravant une situation déjà alarmante.
Les causes principales de ces inondations sont liées aux fortes précipitations qui se sont abattues sur la région, provoquant la montée des eaux et l’enclavement de plusieurs localités. Les pluies, inhabituellement abondantes cette année, ont fait déborder les cours d’eau, détruisant également les infrastructures locales et emportant plus de deux cents têtes de bétail. Les habitants, désemparés, se retrouvent sans abris, beaucoup d’entre eux dormant à la belle étoile, exposés à de nouveaux dangers.
Face à l’ampleur de cette catastrophe, le maire de Goulfey lance un vibrant appel à l’aide aux pouvoirs publics, aux ONG et à la communauté internationale. Il sollicite des tentes et des bâches pour héberger temporairement les sinistrés, tout en réclamant des solutions durables pour prévenir ce type de désastre à l’avenir. Le communiqué appelle à la solidarité de tous pour atténuer les souffrances des victimes et trouver des moyens de reconstruction rapide.
Les inondations dans l’Extrême-Nord du Cameroun constituent un phénomène récurrent pendant la saison des pluies. Chaque année, des milliers de familles sont affectées par la montée des eaux, avec des pertes humaines et matérielles considérables. Selon les estimations des dernières années, ces inondations touchent près de 150 000 personnes dans cette région, causant parfois la mort et des déplacements massifs de populations. Cette situation s’aggrave souvent par le manque d’infrastructures adéquates pour canaliser les eaux de pluie et la vulnérabilité des zones riveraines.
Catastrophe naturelle à l’Extrême-Nord du Cameroun, la commune de Goulfey, submergée par des inondations dévastatrices. Dans un communiqué publié hier, le maire de la localité lance un appel urgent à l’aide. Selon l’élu local, plus de 2000 hectares de plantations et de maisons ont été ravagées par la fureur des eaux.
Les inondations qui sévissent au Niger depuis plusieurs semaines ont causé la mort de 94 personnes et laissé plus de 135 000 personnes sans abri, selon les autorités. Avec des précipitations attendues en augmentation ce mois d’août, le pays craint une crise humanitaire d’une ampleur encore plus grave.
Depuis le début de la saison des pluies au Niger en juin 2024, le pays fait face à une série d’inondations dévastatrices. Selon le dernier bilan officiel, 94 personnes ont perdu la vie, dont 44 par noyade et 50 en raison de l’effondrement de bâtiments. Ces chiffres ont été communiqués par la ministre de l’Action humanitaire et de la Gestion des catastrophes, Aissa Laouan Wandarama.
Les inondations ont touché l’ensemble du pays, mais les régions de Maradi, Zinder et Diffa sont particulièrement affectées. En plus des pertes humaines, les dégâts matériels sont considérables avec plus de 15 000 habitations détruites, la perte de 15 472 têtes de bétail, et la destruction de près de 3 000 hectares de terres agricoles. Cette situation exacerbe une crise alimentaire et sanitaire, avec une pénurie d’eau potable et une recrudescence des maladies telles que le paludisme et le choléra.
Les autorités nigériennes ont distribué des denrées alimentaires aux sinistrés, mais avec les prévisions annonçant des pluies plus intenses, la situation pourrait empirer. Le gouvernement a donc lancé un appel urgent à la solidarité et à la responsabilité collective pour faire face à cette crise.
En 2022, des inondations similaires avaient fait 195 morts et touché 400 000 personnes. Cette année encore, les précipitations, aggravées par le changement climatique, posent un défi majeur pour ce pays sahélien.
Les inondations qui sévissent au Niger depuis plusieurs semaines ont causé la mort de 94 personnes et laissé plus de 135 000 personnes sans abri, selon les autorités. Avec des précipitations attendues en augmentation ce mois d’août, le pays craint une crise humanitaire d’une ampleur encore plus grave.
Le ministère ivoirien de l’Hydraulique, de l’Assainissement et de la Salubrité vient de lancer l’opération « Pour sauver ma vie, je quitte les zones à risque ». Limitée à la ville d’Abidjan, l’opération consiste à démolir les habitations situées dans 54 sites à risque d’inondation.
Un peu plus d’une dizaine de maisons rasées, pour environ 80 personnes mises à l’abri des éventuelles inondations et glissements de terrain inhérents en saison de pluie. C’est le bilan de l’acte 1 de l’opération baptisée « Pour sauver ma vie, je quitte les zones à risques », lancée le mardi 7 juin 2022 dans la commune d’Abobo, plus précisément au quartier Clouétcha, au nord d’Abidjan la capitale économique de la Côte d’Ivoire.
Annoncée depuis plusieurs mois, l’initiative du ministère ivoirien de l’Hydraulique, de l’Assainissement et de la Salubrité concerne 54 sites répertoriés sur le territoire du District autonome d’Abidjan, précisément dans les communes d’Attécoubé, Adjamé, Anyama, Abobo, Treichville, Cocody, Bingerville, Port-Bouët et Yopougon. « Il s’agira de démolir toutes les constructions dans les bassins d’orage, les talwegs et sur les ouvrages d’assainissement et de drainage. L’opération vise aussi à nettoyer tous les caniveaux et ouvrages obstrués, afin d’assurer le drainage sécurisé des eaux de pluie et éviter les inondations meurtrières», explique Bouaké Fofana, le ministre ivoirien de l’Hydraulique, de l’Assainissement et de la Salubrité.
Les personnes déguerpies sont hébergées au frais de l’État, soit dans des familles d’accueil ou dans des hôtels réquisitionnés non loin des sites de démolition. L’opération dont le coût global est estimé à 2,5 milliards de Francs Cfa, soit 3,8 millions d’euros, durera tout le deuxième semestre 2022 et sera sécurisée par la force publique.
La lutte contre les risques hydro-climatiques tels que les inondations est devenue une préoccupation permanente en Côte d’Ivoire. En septembre 2021 le gouvernement ivoirien a obtenu auprès de la Banque africaine de développement (BAD) un prêt de 48 millions d’euros, destiné à un projet de réduction de la fréquence des inondations à Abidjan. Le Projet d’assainissement et d’amélioration du cadre de vie du District autonome d’Abidjan (PAACA) permettra le développement d’infrastructures, notamment la réhabilitation et l’extension de réseaux d’assainissement, la réalisation de canaux de drainage ou encore la construction de stations de relevage.
Le ministère ivoirien de l’Hydraulique, de l’Assainissement et de la Salubrité vient de lancer l’opération « Pour sauver ma vie, je quitte les zones à risque ». Limitée à la ville d’Abidjan, l’opération consiste à démolir les habitations situées dans 54 sites à risque d’inondation.