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Réunies à Yaoundé en septembre dernier en marge de la journée internationale contre la monoculture, les femmes riveraines de ces plantations ont partagé avec la presse l’impact de ces cultures sur leur quotidien.

Accaparement de terres,  déforestation permanente, pollution de l’environnement, maladies hydriques,  le quotidien des riverains de Socaplam et Hevecam,  deux géants mondiaux du palmier à huile et de l’hévéa est un cauchemar permanent. La monoculture a remplacé la forêt et installée la misère et la pauvreté dans les villages.  Privées de terres arables, les femmes, elles qui portent la petite économie locale ont tout perdue, au profit de leurs grands ennemies.

En effet, les riverains accusent les mastodontes de l’agriculture extensive de spoliation de terre et leur mauvais traitement des riveraines. « Nous les femmes de Suza dans le Moungo, nous voulons avoir accès à nos terres.  Nous sommes envahi par les plantations de socapalm, lesquelles ne nous apporte rien. Aujourd’hui dans nos villages, nous ne pouvons plus cultiver nos champs. Et pourtant quand on parle de terre, on voit la femme. Seulement depuis l’arrivée de la socapalm, on a tout perdu », dénonce Etonde Marie-Noel, la présidente de l’antenne féminine de Synaparcam, la Synergie Nationale des Paysans et Riverains du Cameroun, une association de défense des droits fonciers. La rétrocession des terres « arrachées » aux riverains, un point qui constitue la première récrimination, sinon, la plus essentiel de leurs doléances portées à l’endroit de la communauté nationale et internationale.  C’est « Une décision des autorités camerounaises datant de 2005 demandant  à la Socfin de rétrocéder 20000 hectares de terrain aux populations riveraines. Jusque-là, ces terres restent occupées par cette entreprise. La Socapalm fait tout pour que cette rétrocession ne soit jamais effective », s’indigne l’activiste.

Pollution

Deuxième préoccupations, la forte pollution causée par les activités menées dans les plantations de palmiers à huile. Ces riveraines de la socapalm et Hevecam appellent aussi à la mise en place effective des compensations en termes d’appui aux services publics essentiels tels que l’accès à l’eau potable,  l’électricité, les services de santé et d’éducation et accès à l’emploi. Martine Bokali, une résidente de Niete, petite commune enclavée du sud du Cameroun, plaide pour une prise en compte des urgences sanitaires des populations. « Nous demandons qu’en cas de maladie, que ces sociétés acceptent au moins que nous recevions les premiers soins dans les centres de santé, avant qu’on ne soit transfère dans un hôpital de l’Etat ».

Hevecam, hévéa du Cameroun, est entreprise agro-industrielle majoritairement contrôlée par les Chinois de Sinochem International. L’agro-industrie est l’un des producteurs de caoutchouc naturel au Cameroun, avec la Cameroon Developement Corporation (CDC), entreprise publique avec laquelle elle partageait encore il y a quelques années avant la crise dans la zone anglophone du Cameroun,  le statut de grands employeurs du pays derrière l’Etat. Hévécam exploite actuellement 42 000 hectares de plantations.

Pour porter leurs voix, les communautés riveraines de ces agro-industries bénéficient de l’accompagnement du CED, le centre pour l’environnement et le développement. L’organisation de la société civile camerounaise a fait de la lutte contre l’accaparement de terres, et la violation des droits des populations, son cheval de batail.

Jean Charles Biyo’o Ella