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Reconnu à plus d’un titre comme un pays modèle en matière de préservation de la nature en Afrique centrale et au-delà, le Gabon souhaite percevoir des « crédits biodiversité », comparativement aux crédits carbones. Le projet sera défendu lors de la COP15 sur la biodiversité prévu en Chine.

Des « crédits biodiversité ». C’est une première au monde, et ça vient du Gabon. Cette appellation désigne une unité certifiée, détenue par un pays ou par un projet pour son apport en matière de préservation des ressources naturelles. Elle est promue par le britannique naturalisé gabonais, Lee White, le ministre des Eaux et Forêts de ce pays d’Afrique centrale qui se veut un exemple dans le monde pour la préservation de la nature. Pour le ministre gabonais, le crédit biodiversité devra être développé sur le modèle du crédit carbone, qui est une unité équivalente à une tonne de CO2 évitée ou séquestrée, par un projet.

Dans la foulée des résolutions qui seront examinées lors de la 15e session de la Conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15) qui se tiendra à l’été prochain à Kunming en Chine, le Gabon entend engager le débat sur le crédit biodiversité. « On va commencer à travailler sur un système de crédit de biodiversité comme les crédits carbone. Le bassin du Congo est le cœur et le poumon de l’Afrique qui agit pour le maintien de la stabilité de notre continent. On peut sûrement calculer un prix pour ce service et donner une valeur à cette forêt équatoriale » explique le ministre Lee White.

Au cas échéant, le Gabon devrait bénéficier pleinement d’une résolution de la COP15 sur le crédit biodiversité. Recouvert à 88% par la forêt, le Gabon a absorbé trois milliards de tonnes de CO2 depuis le sommet de la terre à Rio (en 1992). Selon les chiffres officiels, les aires protégées terrestres et les aires marines protégées sont respectivement passées de 0 à 22% et de 0 à 27% du territoire national. Le Gabon a augmenté sa population d’éléphants de forêts à 50% pour atteindre 95 000 individus, alors que sur le plan continental, la population  de ces pachydermes a chuté de 75%.

Boris Ngounou

La 15e conférence des parties des Nations unies sur la biodiversité (COP15) aura lieu à Kunming en Chine, du 25 avril au 8 mai 2022. En prélude à ces assises, les représentants de 150 pays se sont réunis du 14 au 29 mars 2022 à Genève en Suisse, pour négocier le projet de cadre mondial qui devrait être adopté lors de la COP15. Pour les négociateurs africains, le continent aura besoin d’un financement de 100 à 700 milliards de dollars par an, pour protéger sa riche biodiversité.

L’Afrique demande un financement conséquent pour la protection de sa biodiversité. « Nous appelons les pays développés à prendre l’engagement de mobiliser et de fournir conjointement au moins 100 milliards de dollars par an au début et atteindre 700 milliards de dollars d’ici à 2030 et au-delà » affirme le Gabonais Stanislas Stephen Mouba. Il s’exprimait au nom du groupe Afrique, présent aux négociations du projet de cadre mondial sur la biodiversité pour l’après 2020, tenues du 14 au 29 mars 2022 à Genève en Suisse.

Le secteur africain de la conservation de la biodiversité souffre en effet d’un déficit de financement. Celui-ci s’élève de 598 à 824 milliards de dollars par an, soit entre 80 et 85 % des besoins, selon Crédit suisse, un groupe bancaire dont le siège est à Zurich.

Les financements demandés par les négociateurs africains devraient permettre aux États d’agir efficacement contre le braconnage, la déforestation ainsi que l’impact du changement climatique sur la biodiversité. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), le changement climatique exacerbera les effets des menaces antérieures sur la biodiversité. Considérée comme le continent le plus affecté par les effets du changement climatique, l’Afrique verra sa population d’amphibiens chuter de manière drastique à cause de la réduction du volume d’eau, suite à des conditions de sécheresse persistante. Le Giec indique que 40 % d’espèces d’amphibiens et 33 % de récifs coralliens sont en danger de disparition.

Des négociations achevées en queue de poisson

L’enveloppe financière demandée par les négociateurs africains, en vue de la protection de la biodiversité, devra davantage connaitre des observations afin d’être adoptée, ou rejetée. Elle a été proposée dans le cadre de l’élaboration finale du projet de cadre mondial de la biodiversité, qui sera soumis pour adoption lors la 15e Conférence des parties sur la biodiversité (COP15) à Kunming, en Chine.

Sauf que les assises de Genève, n’ont pas abouti à un projet d’accord consensuel. « On pensait pouvoir dire que les États seraient au moins tous d’accord de se donner un objectif de transformer 30% de la surface de la planète, en aire protégée, mais cet objectif a été remis en cause. Il y a d’autres points extrêmement controversés sur les montants qui vont être mis à disposition des pays, notamment des pays du Sud pour pouvoir protéger la biodiversité, et donc à la fois les montants et les mécanismes de financement sont des points de désaccord particulièrement importants » s’inquiète Sébastien Treyer, directeur de l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI).

Prévu du 25 avril au 8 mai 2022 à Kunming en Chine, la COP15 doit permettre d’adopter une nouvelle feuille de route visant à mettre un terme à l’érosion de la biodiversité d’ici à 2030.   

Boris Ngounou