Les acteurs de la foresterie sociale au Gabon ont bénéficié, du 15 au 19 octobre, de formations intensives organisées par la Direction Provinciale des Eaux et Forêts du Moyen-Ogooué, appuyée par l’ONG Conservation Justice. Ces ateliers, tenus à Lambaréné et Ndjolé, visaient à outiller les responsables communautaires et les autorités locales pour une meilleure gouvernance des ressources forestières, dans le cadre du projet RALF financé par l’Union Européenne.
Ces formations ont permis de sensibiliser plus de 50 acteurs, dont des responsables de forêts communautaires et des représentants villageois, sur des mécanismes tels que les Cahiers de Charges Contractuelles (CCC) et le Fonds de Développement Local (FDL). Le gouverneur Jean Benoit Bekale a souligné l’importance de ces outils pour améliorer la gestion forestière tout en intégrant les communautés locales, assurant une répartition équitable des revenus issus de la foresterie.
Les échanges ont également mis en lumière les défis rencontrés dans l’implémentation de ces mécanismes. Abdoul Eyeghe Traoré, chef juridique de Conservation Justice, a expliqué que de nombreuses communautés faisaient face à des lacunes en matière de gouvernance et d’utilisation des fonds. La sensibilisation sur la mise en place des Comités de Gestion et de Suivi des Projets (CGSP) a ainsi été renforcée pour combler ces déficits.
Par ailleurs, les participants ont exprimé leur satisfaction pour cette initiative, comme l’a indiqué Rodrigue Ndong Mba, secrétaire général de la Forêt Communautaire Abanga Island, qui a salué ces ateliers pour leur clarté sur le rôle de chaque membre dans la gestion forestière. Ces ateliers viennent pallier les manques de connaissances et de gestion, souvent à l’origine de conflits internes et de perte de ressources.
En renforçant la formation des acteurs locaux, ces sessions constituent une avancée pour assurer un développement durable et une gouvernance efficace des forêts communautaires au Gabon.
Boris Ngounou
Les acteurs de la foresterie sociale au Gabon ont bénéficié, du 15 au 19 octobre, de formations intensives organisées par la Direction Provinciale des Eaux et Forêts du Moyen-Ogooué, appuyée par l’ONG Conservation Justice. Ces ateliers, tenus à Lambaréné et Ndjolé, visaient à outiller les responsables communautaires et les autorités locales pour une meilleure gouvernance des ressources forestières, dans le cadre du projet RALF financé par l’Union Européenne.
Les forces de l’ordre gabonaises, en partenariat avec l’ONG Conservation Justice, ont frappé un grand coup dans la lutte contre le braconnage. Cinq individus ont été arrêtés pour trafic d’ivoire à Kango, après avoir tenté de vendre neuf pointes d’ivoire.
Lors d’une opération conjointe menée par la Direction de la Lutte Contre le Braconnage des Eaux et Forêts et la Police judiciaire de Ntoum, cinq présumés trafiquants d’ivoire ont été arrêtés en flagrant délit à Kango. Parmi eux, B.I et C.N, directement interpellés avec neuf pointes d’ivoire, ont rapidement avoué leur intention de vendre les trophées issus du braconnage pour des raisons financières.
Les enquêteurs ont élargi le réseau en arrêtant W.I.N, identifié comme l’un des propriétaires d’une des pointes saisies. Deux autres individus, J.F.M et J.N.L, également impliqués dans cette tentative de vente illégale, ont été interpellés peu après. L’ensemble du groupe a été déféré devant le procureur de la République le 21 octobre 2024.
Des sanctions sévères encourues
Les cinq trafiquants risquent jusqu’à 10 ans d’emprisonnement et des amendes correspondant au quintuple de la valeur de l’ivoire saisi, selon les articles 390 et 398 du Code Pénal gabonais. Ces infractions concernent la détention, le transport et la tentative de vente des espèces protégées comme l’éléphant, sans qu’il y ait légitime défense ou protection des biens.
Engagement dans la lutte contre le braconnage
Cette opération réussie démontre une fois de plus l’engagement actif de l’administration gabonaise et de l’ONG Conservation Justice dans la lutte contre le braconnage. L’éléphant, espèce intégralement protégée, continue d’être la principale victime du commerce illicite de l’ivoire, qui menace la biodiversité et l’équilibre écologique de la région.
Boris Ngounou
Les forces de l’ordre gabonaises, en partenariat avec l’ONG Conservation Justice, ont frappé un grand coup dans la lutte contre le braconnage. Cinq individus ont été arrêtés pour trafic d’ivoire à Kango, après avoir tenté de vendre neuf pointes d’ivoire.
Les ONG Space for Giants et Conservation Justice ont signé le 1er octobre 2024 à Libreville, un partenariat stratégique de quinze mois pour la gestion des clôtures électriques mobiles dans plusieurs provinces du Gabon. Ce dispositif innovant vise à atténuer les conflits Homme-Faune (CHF), particulièrement avec les éléphants, tout en protégeant les cultures agricoles des communautés locales. Face à l’augmentation du CHF dans les provinces du Haut-Ogooué, de l’Ogooué-Lolo, de la Ngounié et de l’Ogooué-lvindo, cette collaboration intervient à un moment crucial.
Depuis son implantation au Gabon, Space for Giants a installé des clôtures électriques mobiles fonctionnant à l’énergie solaire. Ce projet, en partenariat avec Conservation Justice, a pour ambition de sécuriser les cultures ravagées régulièrement par les éléphants. Selon Eric Chehoski, Directeur National de Space for Giants, « il est inconcevable de parler de conservation sans évoquer le conflit homme-éléphant. Nous mettons tout en œuvre pour que les communautés locales bénéficient de ces clôtures, une solution immédiate et pratique. »
La collaboration ne se limite pas à l’installation de ces dispositifs. Conservation Justice identifiera les bénéficiaires et facilitera leurs démarches auprès des autorités locales. En plus de cela, l’ONG s’engage à former les communautés rurales pour mieux gérer et maintenir ces équipements, tout en assurant un suivi post-installation. Pour Luc Mathot, Directeur Exécutif de Conservation Justice, « la participation active des populations locales est la clé pour résoudre durablement ce problème. »
Le projet cible initialement quatre provinces, mais pourrait être étendu à d’autres régions en fonction des résultats et opportunités. Avec ce partenariat, Space for Giants et Conservation Justice réaffirment leur engagement à promouvoir une cohabitation pacifique entre l’homme et la faune tout en assurant un développement agricole durable dans les zones rurales du Gabon.
Faits marquants
4 provinces cibles : Haut-Ogooué, Ogooué-Lolo, Ngounié, Ogooué-lvindo
15 mois de collaboration pour une gestion continue des clôtures électriques mobiles
Innovation solaire : clôtures électriques alimentées par énergie solaire, adaptées à l’agriculture de subsistance
Depuis 2022, Space for Giants a installé ce dispositif dans plusieurs zones rurales du Gabon
Cette approche innovante offre aux communautés locales non seulement une protection contre les ravages des éléphants mais aussi une opportunité de développement agricole durable et sécurisé.
Boris Ngounou
Les ONG Space for Giants et Conservation Justice ont signé le 1er octobre 2024 à Libreville, un partenariat stratégique de quinze mois pour la gestion des clôtures électriques mobiles dans plusieurs provinces du Gabon. Ce dispositif innovant vise à atténuer les conflits Homme-Faune (CHF), particulièrement avec les éléphants, tout en protégeant les cultures agricoles des communautés locales. Face à l’augmentation du CHF dans les provinces du Haut-Ogooué, de l’Ogooué-Lolo, de la Ngounié et de l’Ogooué-lvindo, cette collaboration intervient à un moment crucial.
Deux présumés trafiquants d’ivoire ont été arrêtés à Mitzic lors d’une opération conjointe menée par les autorités gabonaises et l’ONG Conservation Justice. Pris en flagrant délit avec deux pointes d’ivoire, ils risquent jusqu’à dix ans de prison et une lourde amende pour tentative de vente illégale de produits protégés.
Deux présumés trafiquants d’ivoire ont été interpellés à Mitzic le mercredi 28 août 2024 lors d’une opération conjointe menée par la Direction de la Lutte contre le Braconnage du Ministère des Eaux et Forêts, l’antenne provinciale de la Police Judiciaire d’Oyem, avec le soutien de l’ONG Conservation Justice. Les suspects, arrêtés en possession de deux pointes d’ivoire, risquent de lourdes peines conformément au Code pénal gabonais.
Le premier suspect, identifié sous le nom de M.F, a été pris en flagrant délit alors qu’il tentait de vendre les pointes d’ivoire. Rapidement interpellé par les forces de l’ordre, il a admis être sur les lieux pour écouler les ivoires en vue d’en tirer un bénéfice financier. Lors de son interrogatoire, M.F a reconnu être conscient que la détention, le transport, et la vente d’ivoire sans autorisation étaient illégaux au Gabon.
Dans le cadre de l’enquête, les agents ont également mis la main sur son complice présumé, N.R, chauffeur du taxi qui a transporté M.F sur les lieux de la transaction. Bien que N.R ait initialement nié être au courant du contenu illégal qu’il transportait, il a fini par avouer sa complicité sous la pression des enquêteurs.
Les deux hommes encourent une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à dix ans, ainsi qu’une amende équivalente à cinq fois la valeur de l’ivoire saisi, conformément aux articles 390 et 398 du Code pénal. Ces infractions sont considérées comme graves et ne peuvent être justifiées par la légitime défense ou la protection des biens, étant donné qu’il y a eu détention illégale et tentative de vente d’un produit protégé.
Boris Ngounou
Deux présumés trafiquants d’ivoire ont été arrêtés à Mitzic lors d’une opération conjointe menée par les autorités gabonaises et l’ONG Conservation Justice. Pris en flagrant délit avec deux pointes d’ivoire, ils risquent jusqu’à dix ans de prison et une lourde amende pour tentative de vente illégale de produits protégés.
Le 26 juillet 2024, le Centre pour l’environnement et le développement (CED), en collaboration avec le Réseau des chefs traditionnels d’Afrique (ReCTrad) et World Resources Institute (WRI), a organisé un atelier à Messamena, région de l’Est-Cameroun. Cette initiative vise à renforcer les capacités des chefs traditionnels pour lutter contre l’exploitation forestière illégale. Dans une zone riche en biodiversité mais menacée par des pratiques destructrices, les discussions ont porté sur la nécessité de rendre la chaîne d’approvisionnement des produits forestiers plus transparente et de sensibiliser les communautés locales sur l’importance de la gestion durable des ressources naturelles.
Le Centre pour l’environnement et le développement (CED), en partenariat avec le Réseau des chefs traditionnels d’Afrique pour la gestion durable de la biodiversité et des écosystèmes de forêts (ReCTrad) et World Resources Institute (WRI) ont organisé un atelier d’échanges et de réflexions avec les acteurs du secteur forestier de l’arrondissement de Messamena dans le département du Haut-Nyongn région de l’Est-Cameroun, le 26 juillet 2024. L’activité s’inscrivait dans la volonté d’améliorer la chaîne de légalité des produits forestiers ligneux et non-ligneux, afin de rendre la chaîne d’approvisionnement plus transparente. Les échanges se tenaient dans un contexte où Messamena qui est une zone abritant une riche biodiversité et une grande variété d’écosystèmes forestiers, est cependant confrontée à des problèmes d’exploitation forestière illégale, dont les conséquences sont dévastatrices sur les ressources forestières, les produits forestiers non ligneux (PFNL) et la pharmacopée traditionnelle. « L’arrondissement de Messamena est un creuset d’une exploitation forestière abusive et les chefs sont parfois impuissants pour défendre les forêts qui sont les nôtres. En ce moment, nous avons à Messamena plusieurs sociétés forestières qui sont en train de piller nos forêts sans qu’on s’assure de la légalité de leurs activités », a confié Sa Majesté Emmanuel Mvom Abolo, chef traditionnel de deuxième degré du canton Bikélé-Sud.
Les impacts de l’exploitation forestière illégale sont nombreux. Il faut tout d’abord relever une déforestation massive et une dégradation des écosystèmes forestiers, qui conduit à une perte de biodiversité et à la fragmentation de l’habitat des espèces animales et végétales. « Il y a beaucoup d’indices et éléments qui montrent une décroissance du couvert de la végétation. Vous allez apercevoir beaucoup de souches qui jalonnent les routes. Il y a des zones dévastées et où on aperçoit des billes de bois », a relevé Achille Wankeu, chargé de projets au CED. Notre source révèle en outre l’existence de zones qui sont potentiellement des sites de blanchiment de bois, c’est-à-dire où le bois est coupé pour être ensuite acheminé dans des scieries, notamment des scieries vietnamiennes.
Un autre constat et non des moindres : « les Vietnamiens ont une forte implication dans cette exploitation illégale, parce qu’ils arrivent à la financer. En plus, c’est une exploitation aux engins lourds, où on se rend compte que le bois est coupé à l’aide de moyens qui nécessitent de gros capitaux que souvent les locaux n’ont pas. Ces exploitants asiatiques investissent dans l’exploitation qui leur permet d’avoir du bois à moindre coût », martèle M. Wankeu, représentant du CED, partenaire technique du projet. L’autre pendant de l’activité illégale menée sur le terrain est le prélèvement sélectif des essences dont les plus sollicitées sont le tali, l’ayous, l’iroko, le pachy, le kotibé, etc. Conséquence : ces essences surexploitées deviennent rares dans la zone d’exploitation.
L’exploitation forestière illégale : facteur de conflits fonciers et de déracinement culturel
La présentation des différentes facettes de l’exploitation forestière illégale a aussi permis de se rendre compte que le phénomène prive les communautés locales de la pharmacopée traditionnelle et des revenus issus de la vente légale des PFNL. L’impact économique est dès lors perceptible sur les populations déjà défavorisées. L’exploitation forestière illégale engendre également des remous sociaux, notamment des conflits fonciers et des tensions entre populations locales et exploitants illégaux. Le CED va plus loin en indiquant que la pratique pourrait entraîner une intensification de la pauvreté, car les revenus générés par l’exploitation illégale ne bénéficient généralement pas aux communautés locales, mais à des acteurs extérieurs. Mieux, l’on assiste à une inflation généralisée au niveau local, car les plantations qui fournissent la base de l’alimentation sont délaissées au profit d’activités illicites mais plus lucratives liées à l’exploitation du bois. Au fur et à mesure, il y a une acceptation sociale de l’exploitation forestière illicite. Par ailleurs, l’exploitation forestière illégale, de l’avis du ReCTrad, contribue au changement climatique, car la déforestation entraîne les émissions de grandes quantités de carbone stocké dans les arbres, ce qui contribue au réchauffement global de la planète.
Sur le plan culturel, Sa Majesté Bruno Mvondo, président du ReCTrad, dénonce mordicus la perte des traditions et des savants locaux, la perte de la pratique et de la transmission des connaissances traditionnelles, des cultures, entre autres. Sans oublier l’altération de la qualité de la vie (spirituelle, physique, sociale, économique, anthropologique, culturelle…). Ainsi que la déstabilisation de l’accès des communautés locales à des constituants naturels de vie traditionnelle, confie l’autorité traditionnelle. Les conséquences sur la santé globale, la vulnérabilité/insécurité alimentaire et les risques de malnutrition, la perte de revenus et d’opportunités économiques s’ajoutent au tableau noir des contraintes que fait peser l’exploitation forestière illégale sur les communautés.
Les caisses de l’Etat paient le lourd tribut car il n’y a pas une traçabilité des activités menées sur le terrain. « Généralement, on parle beaucoup plus de préjudice financier, mais le plus gros préjudice s’estime en termes de dégradation de la biodiversité. Et cela n’a pas de prix. Maintenant, sur le plan financier, il y a une grosse perte, parce que c’est le bois qui est coupé et qui ne passe pas forcément dans les caisses de l’Etat », précise Achille Wankeu du CED. Et de poursuivre : « A défaut de chiffres exacts, en termes de billes, on imagine à peu près cinq à dix camions qui chargent par jour et qui sont acheminées dans des zones comme Yaoundé et Douala en direction des scieries bien identifiées ». Il faut aussi relever que le poste forestier de Messamena n’a pas de matériel roulant et dispose juste d’un effectif de quatre personnes y compris le chef de poste, pour couvrir un territoire d’une superficie de 6700 km². Il va donc de soi que, sur 24 forêts communautaires présentes dans la zone, seules deux soient en activité en 2024.
Les chefs traditionnels sont-ils complices des exploitants forestiers illégaux ?
Le fait de cibler plus d’une vingtaine chefs traditionnels pour l’atelier de Messamena est stratégique. « Lorsqu’on a fait des recherches, on s’est rendu compte que l’autorité traditionnelle est l’un des maillons faibles de la protection des forêts, parce que c’est le moyen par lequel les exploitants passent parfois pour accéder à la forêt. L’autorité traditionnelle a une emprise sur la communauté. Une fois que les négociations sont faites avec les chefs, ça donne accès à la forêt. Parfois, les retombées de cette exploitation ne profitent pas à la communauté », relate M. Wankeu. Une autre justification de la sensibilisation des chefs réside au niveau du fait que très souvent, ils ne sont pas outillés pour la préservation des forêts et n’ont pas de connaissance en termes de valeurs de la forêt. L’enjeu est donc de les encourager à aider le gouvernement à protéger les forêts.
Seulement, la réalité sur le terrain jusqu’à présent révèlerait une complicité de certaines autorités traditionnelles dans l’exploitation illégale. « Certains chefs traditionnels sont complices et l’administration forestière est appelée comme sapeur-pompier lorsqu’on ne s’est pas accordé sur les termes du partage des bénéfices », explique le chef de poste forestier, Elvis Tadida. Quand bien même Sa Majesté Emmanuel Mvom Abolo reconnaît qu’il y a des chefs qui sont complices, il estime que « c’est une minorité ». C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il a fondé beaucoup d’espoir en l’atelier de Messamena. « Nous sommes fiers de l’atelier organisé par le réseau des chefs, qui nous donne les moyens de défendre ces forêts qui sont la richesse qui nous reste. Quand elle est pillée, c’est le chef traditionnel qui est accusé en premier lieu. Nous disposons des capacités nécessaires pour mieux défendre nos forêts », défend l’autorité traditionnelle. A sa suite, Sa Majesté Mvondo est péremptoire. « Lorsque les produits forestiers sont en train de disparaître et font l’objet d’une exploitation abusive, illégale, le chef traditionnel n’aura plus la ressource nécessaire pour implémenter les rites et les rituels. Aujourd’hui, les chefs traditionnels sont heureux de recevoir une telle formation qui leur donnera les moyens, les outils pour mieux contrôler l’exploitation forestière et mieux assurer la conservation de la forêt et la gestion durable de la ressource, afin que la tradition soit davantage implémentée et qu’on avoir de quoi transmettre aux générations futures », soutient le président du ReCTrad. D’après l’adjoint d’arrondissement de Messamena, Agathe Ndinga, l’atelier est un projet salutaire, tant pour les populations que pour le chef traditionnel qui est en même temps auxiliaire de l’administration, et qui devrait répercuter au niveau local les recommandations, pour une meilleure gestion des ressources naturelles.
L’urgence de bâtir une économie forestière durable au niveau local
Les travaux de Messamena ont surtout mis l’accent sur la nécessité d’une meilleure prise en compte du rôle du chef traditionnel dans la lutte contre l’exploitation forestière illégale. Le chef de poste forestier, M. Tadida, s’est voulu regardant sur la nouvelle loi N°2024/008 du 24 juillet 2024 portant régime des forêts et de la faune promulguée par le président de la République, Paul Biya, le 24 juillet 2024, qui change de paradigme dans la gestion des ressources naturelles. Le nouveau texte met un point d’honneur sur la collaboration et la gestion participative. « La communauté est désormais associée dans la gestion des forêts. Avant, gérer la forêt sans les efforts des communautés locales a montré ses limites. Aujourd’hui, ce qu’on vise c’est gérer la forêt avec l’aide des communautés qui vivent dans la forêt, la connaissent mieux que quiconque et l’utilisent », indique le représentant de l’administration forestière. Et d’ajouter que le nouveau texte protège davantage les droits des communautés riveraines.
Les parties prenantes étaient davantage regardantes sur la manière de faire de l’exploitation forestière un instrument durable de développement local. Pour le directeur de l’initiative Open Timber Portal pour le Bassin du Congo à World Resources Institute Africa, Dr. Achille Djeagou Tchoffo, il est question d’arriver à avoir des emplois durables grâce à la forêt. La loi forestière c’est pour la durabilité non seulement de la forêt mais aussi des hommes qui y vivent et développement des activités pour assurer l’avenir de leurs enfants, estime celui qui représente le partenaire financier (les fonds alloués proviennent de l’Union européenne, ndlr). « Beaucoup de forêts sacrées sont en train d’être érigées en patrimoines mondiaux de l’Unesco lorsque vous avez réussi à démontrer que l’attachement à votre espace est unique. L’on pourrait les aménager de façon à attirer les touristes et générer des revenus. Il faut penser à toutes ces alternatives. Ce n’est pas seulement l’exploitation forestière qui va aider à aller de l’avant, mais aussi d’autres activités comme l’écotourisme si on arrive à documenter ces savoirs et à les valoriser », fait-il observer.
Duclair Mbouna, coordonnateur national de WRI-Cameroun, abonde dans le même sens quand il explique qu’« un pays ne peut pas baser son économie sur la matière première. Dans des zones forestières comme Messamena, on doit penser à former des menuisiers expérimentés, pour engager des plaidoyers auprès du conseil régional par exemple et voir dans quelle mesure les marchés publics peuvent être réalisés avec des meubles issus des ressources du Cameroun. Pour ce faire, il faut d’abord former les jeunes et disposer des menuiseries ». Autrement dit, il est possible d’être en phase avec la boussole de développement (SND-30) tout en générant des emplois durables au niveau local, à travers la création des clusters de menuiserie dédiés à une formation de qualité.
Kenfack
Le 26 juillet 2024, le Centre pour l’environnement et le développement (CED), en collaboration avec le Réseau des chefs traditionnels d’Afrique (ReCTrad) et World Resources Institute (WRI), a organisé un atelier à Messamena, région de l’Est-Cameroun. Cette initiative vise à renforcer les capacités des chefs traditionnels pour lutter contre l’exploitation forestière illégale. Dans une zone riche en biodiversité mais menacée par des pratiques destructrices, les discussions ont porté sur la nécessité de rendre la chaîne d’approvisionnement des produits forestiers plus transparente et de sensibiliser les communautés locales sur l’importance de la gestion durable des ressources naturelles.