Installée au Gabon
depuis 2010, l’ONG Conservation Justice est active dans la lutte contre le
trafic de faune et l’exploitation forestière illégale, tout en renforçant les
droits des communautés. Au Gabon, ces actions vont de l’appui aux autorités
judiciaires, la sensibilisation, la formation jusqu’à l’accompagnement et le
renforcement des communautés locales.
Depuis plus de 13 ans,
la collaboration entre les autorités et l’ONG Conservation Justice a permis
l’interpellation et la condamnation de plus de 600 présumés trafiquants de
faune. En 2023, ce sont 31 présumés trafiquants d’ivoires qui ont été arrêtés
et 55 défenses d’ivoire totalisant un poids de 220 kg qui ont été saisies à travers
ce partenariat. Un cas particulièrement important à souligner est le démantèlement
en août 2023 par les autorités judiciaires d’un réseau international de trafic
d’ivoire allant du Gabon vers le Cameroun. Ce cas concerne des trafiquants qui
ont été arrêtés à Lambaréné et Makokou, avec un total de 21 défenses pour un
poids de 132 kg. Ils ont également dénoncé leur commanditaire au Cameroun, déjà
arrêtés avec 626 kg d’ivoires en 2020 au Cameroun. Ce même commanditaire
viendrait d’ailleurs d’être à nouveau arrêté au Nigeria avec une cargaison
d’ivoire en provenance du Cameroun, et donc en vérité probablement du Gabon.
« Ces résultats, nous
les avons obtenus grâce à la coopération avec les forces de sécurité et le
ministère des Eaux et Forêts, car nous appuyons ces différentes entités
publiques dans le déploiement de leurs activités. Nous n’oublions pas le
ministère de la Justice et en particulier les Magistrats avec lesquels nous collaborons
pour améliorer le niveau des condamnations», explique Abdoul Eyeghe Traore,
Chef du département juridique de l’ONG Conservation Justice.
« La lutte contre la
criminalité faunique et floristique passe par la sensibilisation certes, mais
également par la répression qui est une forme de sensibilisation par l’exemple.
Des personnes connaissent la réglementation mais décident tout de même de la
violer et dans ce cas, la sanction donc l’application de la loi s’impose. L’ONG
Conservation Justice fait les deux. Nous avons une équipe sociale qui sensibilise
dans les villages et écoles à travers le Gabon et une équipe en appuie à
l’administration des Eaux et Forêts dans la lutte contre ceux qui mettent en péril
le riche patrimoine naturel gabonais. Ce bilan 2023 est un rappel à tous de la
continuité du trafic de faune et flore et un signal que le combat doit
également continuer », explique Jean Donald Ulrich MBADINGA, Coordonnateur –
Adjoint des activités à Conservation Justice.
Conservation Justice
travaille également au renforcement des communautés locales par le suivi des
questions telles que celles liées aux Cahiers de Charges Contractuelles ou à la
mise en place des Forêts communautaires. Chaque année, une centaine de villages
sont ainsi appuyés. Depuis 2014, l’ONG a suivi 271 Cahiers de Charges
Contractuelles en faveur des communautés locales.
« Nous accompagnons les
populations dans le cadre de la mise en place et du suivi de forêts
communautaires. Lorsque les populations se plaignent, car se sentant parfois
flouées par certains opérateurs économiques, nous sommes contactés pour les
accompagner dans la mise en œuvre des différents contrats qu’elles ont avec les
opérateurs et nous faisons du mieux que nous pouvons pour faire valoir leurs droits
auprès des autorités. Et nous les aidons parfois à porter ces différents droits
auprès des juridictions nationales », ajoute Abdoul EYEGHE TRAORE, Chef du Département
juridique de Conservation Justice.
Sur le plan éducatif,
depuis 2021, Conservation Justice a sensibilisé 1856 personnes au sein des
communautés, 9347 élèves dans les écoles de la zone Lastoursville – Okondja –
Franceville, autour des concessions forestières Precious Woods CEB et dans le
département de la Mvoung en collaboration avec les sociétés forestières SOMIVAB
et Rougier Gabon. De plus, 538 de leurs employés ont été sensibilisés aux
enjeux de la conservation de la faune sauvage et aux pratiques de chasse
durable. Finalement, ce sont les capacités de près de 3.500 Officiers de Police
Judiciaire et Magistrats qui ont été renforcées depuis 2010.
Récemment, du 31
janvier au 2 février 2024, Conservation Justice a contribué à l’atelier
organisé par U.S. Agency for Global Media (USAGM) et la Voix de l’Amérique
(VOA) pour éclairer les journalistes gabonais sur les questions concernant
l’exploitation forestière illégale, le trafic d’animaux sauvages et les injonctions
de la loi gabonaise sur ces questions. L’objectif était de permettre aux journalistes
de mieux cerner les enjeux et défis qui s’attachent à la lutte contre lescrimes
liés à la nature au Gabon.
Boris
Ngounou