Le Groupe CMA CGM et Suez ont signé un protocole d’accord pour produire jusqu’à 100 000 tonnes de biométhane par an d’ici 2030. Ce partenariat vise à réduire l’empreinte carbone du transport maritime européen. Bien que centré sur l’Europe, cette initiative présente des enjeux majeurs pour l’Afrique, où les défis environnementaux et la transition énergétique des transports sont cruciaux.
Le 18 octobre 2024, deux géants industriels, le Groupe CMA CGM et Suez, ont signé un protocole d’accord pour accélérer la production de biométhane en Europe. Ce partenariat a pour objectif de produire jusqu’à 100 000 tonnes de biométhane par an d’ici 2030 et d’investir 100 millions d’euros pour développer les infrastructures nécessaires à cette transition. Ce biométhane, carburant renouvelable, sera utilisé par les navires de CMA CGM, participant ainsi à la décarbonation du transport maritime. Si cet accord est une étape clé pour l’Europe, ses implications pour l’Afrique sont tout aussi intéressantes.
Le Contexte africain
L’Afrique, bien qu’émergente sur la scène de la décarbonation des transports, est directement concernée par cette initiative. Plusieurs ports africains, notamment ceux de l’Afrique de l’Ouest, sont stratégiques pour le commerce maritime mondial, avec CMA CGM comme l’un des acteurs dominants. L’utilisation de carburants renouvelables dans les navires traversant les eaux africaines pourrait non seulement réduire l’empreinte écologique du secteur, mais aussi positionner le continent comme un pionnier dans la transition énergétique maritime.
De plus, l’initiative pourrait inspirer des projets similaires en Afrique, où les défis liés à la gestion des déchets sont omniprésents. Le partenariat avec Suez, expert dans la valorisation des déchets, montre qu’il est possible de transformer un problème environnemental majeur en une ressource énergétique. L’adaptation de cette technologie à des régions d’Afrique, qui souffrent d’un manque chronique d’infrastructures de gestion des déchets, pourrait représenter une solution durable et bénéfique.
La déforestation et les défis environnementaux africains
L’Afrique fait face à une déforestation galopante, à la désertification et à la dégradation de ses terres agricoles. La production de biométhane à partir de la valorisation des déchets pourrait devenir une alternative aux méthodes énergétiques destructrices, telles que l’exploitation des combustibles fossiles et la coupe de bois. L’intégration de ce carburant renouvelable dans l’économie africaine permettrait non seulement de limiter la déforestation mais aussi d’encourager l’adoption de technologies propres pour les industries locales.
Un autre aspect important est la réduction de la pollution atmosphérique, qui est un problème croissant dans les grandes villes africaines. Le transport maritime, bien qu’étant l’un des moyens de transport les plus utilisés pour les importations et les exportations, est également un contributeur majeur de la pollution des côtes africaines. Le biométhane, comme solution verte, pourrait contribuer à améliorer la qualité de l’air dans les zones portuaires.
Les bénéfices pour les collectivités locales
Pour les collectivités locales, cette initiative pourrait apporter des avantages économiques significatifs. La mise en place de sites de production de biométhane en Afrique pourrait attirer des investissements et créer des emplois locaux, notamment dans la gestion des déchets, la production de biocarburants et la maintenance des infrastructures. En favorisant une approche circulaire de l’économie, le biométhane offre aux collectivités locales des opportunités de revenus supplémentaires grâce à la valorisation des déchets domestiques et industriels.
En outre, ces projets pourraient stimuler les infrastructures et la technologie locales, avec la création de partenariats public-privé pour renforcer l’industrie de l’énergie propre. Cela permettrait également à l’Afrique de se positionner comme un acteur majeur de la transition énergétique mondiale.
Le rôle stratégique de CMA CGM et Suez en Afrique
CMA CGM, déjà très présente en Afrique avec ses lignes maritimes et ses hubs logistiques, joue un rôle clé dans le commerce intercontinental. En introduisant des navires propulsés par du biométhane dans ses opérations africaines, l’entreprise pourrait offrir un modèle aux autres acteurs du transport maritime africain et montrer la voie vers une décarbonation du secteur.
Quant à Suez, son expertise en gestion circulaire des déchets pourrait être cruciale pour le continent africain, où la gestion des ordures reste problématique. Le partenariat pourrait être un catalyseur pour le développement de l’économie circulaire en Afrique, notamment avec la production de biométhane à partir de déchets locaux, transformant ainsi un problème en opportunité.
Vers une transition énergétique durable
Avec l’objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, CMA CGM se positionne comme un leader de la transition énergétique maritime. En parallèle, Suez s’efforce d’aider ses clients à éviter les émissions de CO2, en leur offrant des solutions durables et circulaires. Pour l’Afrique, ce partenariat pourrait non seulement améliorer la durabilité du transport maritime, mais aussi fournir des solutions concrètes pour surmonter les défis environnementaux et énergétiques du continent.
L’Afrique, avec ses immenses ressources naturelles et son potentiel énergétique, pourrait jouer un rôle central dans cette révolution verte. En adoptant des initiatives similaires à ce partenariat entre CMA CGM et Suez, les pays africains peuvent contribuer à la lutte mondiale contre le changement climatique tout en renforçant leur résilience énergétique et économique.
Boris Ngounou