Le Monde peut-il tourner le dos aux énergies fossiles ? Avec la COP28 qui commence le 30 novembre 2023, la question de l’abandon du pétrole et du gaz se posera avec encore plus d’insistance, même si les Nations les plus puissantes et les plus pollueuses ne sont pas pressées de franchir le pas.
La COP28 aurait pu être la date et le lieu d’un virage historique. Celui de la rupture des énergies fossiles pour les énergies renouvelables. Mais c’était sans compter sur l’ironie de l’histoire. En effet, la présidence de la COP28 qui se déroulera à DUBAÏ du 30 novembre au 12 décembre 2023 a été confiée à SULTAN AL JABER. SULTAN AL JABER, 49 ans est le Ministre de l’Industrie des Emirats Arabes Unis et patron de l’ABU DHABI NATIONAL OIL COMPANY ( ADNOC), la compagnie petro-gazière du Royaume. En d’autres termes, vouloir mettrè fin à l’hégémonie du pétrole avec une COP 28 dirigée par un tel individu reviendrait à confier la promotion de la chasteté à un vendeur pour préservatifs.
Mais plus qu’un canular, il faut voir à travers ce choix paradoxal un signe pertinent : la transition écologique ne se fera pas sans l’industrie petro-gazière mondiale et encore moins contre elle. Les ramifications des intérêts dans les milieux politiques, économiques et bancaires sont si puissantes qu’il serait vain de vouloir sevrer le Monde captif depuis trop longtemps de cette addiction au pétrole et au gaz sans se heurter à des dilemmes cornéliens. Certains ont essayé, ils ont eu des problèmes. Avec donc un thuriféraire de l’industrie petro-gazière à la tête de la COP 28, il y a matière à espérer que la question des énergies fossiles sera abordée de façon plus efficace et plus conciliante.
Car le temps presse. Depuis la COP21 en 2015, marquée par la signature de l’ACCORD DE PARIS, l’heure est au bilan. Les États doivent s’accorder sur un texte bilan des mesures prises jusqu’à présent, et fixer l’ambition pour les années à venir. C’est sur cette base que les pays devront proposer ensuite, d’ici à 2025, de nouvelles « contributions déterminées au niveau national », c’est-à-dire des plans d’action pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Depuis la COP26 à GLASGOW au Royaume-Uni, les déclarations d’intention sur la sortie des énergies fossiles, notamment le charbon, sont tendances. Cependant, des pays comme la Russie, la Chine ou les pays du Golfe comme l’Arabie Saoudite freinent des quatre fers pour que le Monde ne sorte guère de cet enfer avant longtemps. Le pétrole est vital pour l’économie de ces différents pays.
Des États veulent bien concéder une élimination progressive des combustibles fossiles, mais seulement ceux « unabated » c’est-à-dire qui ne seront pas dotés de système de captage ou de stockage de carbone. Ces technologies consistent à récupérer les émissions sur une installation industrielle, avant qu’elles ne soient émises dans l’atmosphère. Le CO2 est ensuite séparé du reste et compressé pour être envoyé dans des formations géologiques profondes où il est censé rester pour des millions d’années.
Quant aux pays en développement comme le CAMEROUN, il y a des raisons pour eux d’être réticents à s’engager tête baissée dans la voie du renoncement aux énergies fossiles. D’abord parce que les 100 milliards d’euros annuels promis par les pays du Nord pour financer la transition écologique des pays du Sud sont toujours attendus. Ensuite et enfin, pour un pays comme le CAMEROUN qui doit lutter pour sortir sa population du chômage et de la misère en lui offrant la prospérité économique, la sortie du pétrole et du gaz est pour le moment une question sans objet.
LEONEL AKOSSO