Huit organisations de protection de l’environnement alertent la communauté internationale sur les dangers d’un projet routier en cours de réalisation dans le massif forestier d’Ebo au Cameroun. Dans une lettre conjointe adressée à plusieurs chancelleries représentées au Cameroun, ces organisations dénoncent un projet routier, « qui détruit la biodiversité, menace l’existence des communautés locales et favorise l’exploitation illégale de la forêt d’Ebo ».
Au Cameroun, le massif forestier d’Ebo, situé à cheval entre les régions du Centre et du Littoral, fait face à une nouvelle menace. Un projet routier est en cours de réalisation en plein milieu de cette forêt qui couvre près de 1500 km2 et où 40 communautés locales vivent en harmonie avec une riche biodiversité.
Pour stopper le projet routier et renforcer la protection autour de la forêt d’Ebo, huit organisations non gouvernementales (ONG) de protection de la nature, parmi lesquelles Greenpeace, Green Developpment Advocates et le Centre pour l’environnement et le développement (CED), saisissent la communauté internationale. Dans une correspondance conjointe adressée le 22 juillet 2022 à la délégation de l’Union européenne (UE) au Cameroun, au Haut-commissariat de Grande Bretagne au Cameroun et aux ambassades de France, d’Allemagne et des États unis d’Amérique au Cameroun, ces organisations militent pour la suspendre du projet routier en cours dans la forêt d’Ebo.
Un projet certainement « illégal »
Pour les ONG, le projet routier en cours de réalisation dans la forêt d’Ebo est certainement illégal. Les populations locales n’ont pas été consultées pour la détermination de la trajectoire de cette route, tout comme elle ne permet pas un développement inclusif. « Les communautés veulent se développer et les routes sont censées apporter un accès aux marchés, à l’éducation et aux soins de santé. Mais dans le cas d’espèce, la route n’est reliée à aucun village existant. Preuve qu’il s’agit d’une route devant servir à raser la forêt. Et les communautés risquent dès lors de perdre une ressource naturelle précieuse, qui assure leur subsistance. », indique la correspondance.
Les ONG demandent aux différents destinataires de leur courrier de discuter des préoccupations concernant la forêt d’Ebo avec le gouvernement camerounais et d’exiger une enquête indépendante sur la légalité du projet routier querellé.
C’est la deuxième fois en l’espace de deux ans que le massif forestier d’Ebo est menacé de destruction. En août 2020 le Premier ministre camerounais a annulé une décision gouvernementale du 14 juillet 2020 affectant à la production du bois d’œuvre, plus de 68 000 hectares du massif forestier d’Ebo. Un revirement consécutif aux plaintes formulées par les ONG et les populations riveraines de l’un des points chauds de la biodiversité mondiale, qui abrite de nombreuses espèces floristiques et fauniques qu’on ne retrouve à nul autre endroit dans le monde.
Boris Ngounou