La recrudescence des éboulements de terrain inquiète au Cameroun. Une situation qui pousse à s’interroger sur la mise en œuvre par les pouvoirs publics d’une planification urbaine. C’est l’objet de cette tribune.
Par Leonel Akosso
Ce dimanche 08 octobre 2023, la forte pluie qui s’est abattue sur la ville de Yaoundé a causé un éboulement de terrain au quartier MBANKOLO, entraînant plusieurs dégâts matériels et humains. Cette tragédie vient compléter la liste noire des catastrophes naturelles qui se répètent presque au même moment de l’année depuis bientôt cinq ans. Il faut évoquer notamment aux éboulements de terrain de NGOUACHE à Bafoussam qui avaient fait 43 morts en octobre 2019. Et dans la même période, au quartier NGOUSSO à Yaoundé, le même phénomène avait entraîné une perte en vie humaine. Une telle récurrence ne peut être que le fait d’une situation de chaos urbain en contexte camerounais.
L’urbanisme au Cameroun est régi par des règles générales d’urbanisme et de construction et mis en œuvre par des documents de planification urbaine qui sont bien mentionnés à l’article 26 de la loi n° 2004/003 du 21 avril 2004, complétée par le décret n°2008/0735/PM du 23 avril 2008 dans son article 2. Il y est stipulé que les documents d’utilisation et de maîtrise de l’espace urbain sont:
– Plan Directeur d’urbanisme (PDU)
-Plan d’Occupation des Sols (POS)
– Plan de Secteur (PS)
-Plan Sommaire d’Urbanisme (PSU)
La loi du 21 avril 2004 dit en sa section 2, Article 9, alinéa 1 » Sont inconstructibles, sauf prescription spéciale, les terrains exposés à un risque naturel (inondation, érosion, éboulement, séisme etc…) les parties du domaine public classées comme telles et les aires écologiquement protégées telles que définies par la législation environnementale. (2) Sont impropres à l’habitat les terrains exposés à un risque industriel ou à des nuisances graves (pollution industrielle, acoustique…) et ceux de nature à porter atteinte à la santé publique et aux valeurs culturelles locales…
On relève donc de ce fait dans nos grands centres urbains tels que la ville de Douala, les constructions anarchiques occupant parfois la voie publique et les zones marécageuses comme MAKEPE ou MABANDA.
Tout compte fait, la sensibilisation et l’éducation sont nécessaires pour éviter le pire. Par exemple, le jeune public doit être informé sur la nécessité de mener des études d’impact environnemental avant tout projet de construction. La nécessité des bureaux de mairies où sont délivrés les permis de bâtir. Un locataire en vie vaut mieux qu’un propriétaire enseveli.
L’éducateur quant à elle doit se mener à travers des campagnes mobiles de porte-à-porte à effectuer par des agents communaux et des experts en géotechniques pour se rassurer de la viabilité des constructions dans nos villes. Ceci pour mieux anticiper l’évacuation des zones à risques par les populations déjà installées et pour procéder au balisage des zones à risques avec la collaboration des chefs de quartier et de village au moyen de plaques signalétiques.