C’est la première déclaration de ce type publiée par l’épiscopat africain. Le Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (Sceam) exhorte les gouvernements à prendre des mesures urgentes et ambitieuses pour protéger la biodiversité. Dans sa déclaration du 21 juin 2022, le Sceam dénonce également le projet de pipeline de pétrole brut d’Afrique de l’Est (Eacop).
L’église catholique romaine d’Afrique prend position face à la dégradation de la biodiversité. Dans un texte daté du 21 juin 2022, le Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (Sceam) exhorte les gouvernements africains à prendre des mesures urgentes et ambitieuses pour protéger la biodiversité. Selon le Sceam « le climat et la biodiversité sont les deux faces d’une même médaille et, pour cette raison, doivent être abordés ensemble. De même, le problème écologique est indissociable de son aspect social. »
S’alignant sur l’encyclique Laudato si’ publiée en 2015 par le pape François, les évêques considèrent que le respect de la nature et des peuples qui y vivent vont de pair. C’est pourquoi les prélats se sont solidarisés aux organisations de protection de l’environnement qui demandent que 50% de la terre soit protégée d’ici à 2030.
Le projet pétrolier Eacop
Pour justifier la raison de leur appel, les évêques ont remis en question l’impact environnemental du projet de pipeline de pétrole brut d’Afrique de l’Est (Eacop). Il s’agit du projet du plus long pipeline chauffé au monde, devant transporter environ 216 000 barils de pétrole brut par jour, du lac Albert (à l’ouest de l’Ouganda) jusqu’au port de Tanga en Tanzanie, pour l’exportation vers les marchés internationaux.
Le projet est contesté notamment par la Civil Society Coalition on Oil and Gas (CSCO), une coalition de 61 organisations de la société civile travaillant sur les questions pétrolières et gazières en Ouganda. Pour cette coalition, la construction de l’Eacop engendrerait de graves dégâts environnementaux et sociaux. L’extraction du pétrole brut dans le lac Albert pourrait paralyser les activités des pêcheries. Par ailleurs, le risque de déversement de pétrole dans le lac Victoria aurait des conséquences désastreuses sur des millions de personnes (dans environ huit pays) qui dépendent des deux lacs et de leurs bassins versants pour l’eau potable et l’agriculture.
La déclaration du Sceam a été faite à Nairobi au Kenya où 190 délégués du monde entier se sont retrouvés du 21 au 26 juin 2022 pour négocier un accord, attendu depuis 2020, afin de protéger la nature mise à mal par les activités humaines. Un sommet préparatoire de la Convention des Nations Unies sur la biodiversité (COP15), qui se tiendra au Canada en décembre après deux ans de report.
Boris Ngounou