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L’échéance du 1er janvier 2023 maintenue malgré une période transitoire de cinq ans sollicitée par les opérateurs de la filière au Cameroun. La CEMAC pour sa part, estime que seule l’industrialisation de la filière peut apporter de la valeur ajoutée et créer des emplois durables pour les jeunes.

Alors que la décision d’interdire l’exportation du bois sous forme de grumes au sein de l’espace de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) est censée prendre effet à compter du 1er janvier 2023, tous les acteurs ne partagent pas l’application de cette mesure. Du moins la mise en œuvre en l’état. Dans un « Mémo sur l’interdiction de l’exportation des bois en grumes » publié en mars 2021 par le Groupement de la filière bois du Cameroun (GFBC), l’organisation estime que la mesure d’interdiction aura des impacts négatifs sur la trésorerie des entreprises, du fait de la perte du chiffre d’affaires inhérent à l’exportation des grumes. S’inspirant des résultats d’une enquête menée auprès de certains membres du GFBC, le document révèle que « le délai entre l’exploitation et le paiement de la commande des grumes est relativement court, environ deux à trois mois ».

Sur cette base, la conséquence de la dégradation de la trésorerie des sociétés forestières serait la fermeture des plus fragiles, devenus incapables de faire face à leurs engagements. Le groupement craint également un impact social négatif sur le personnel des sites forestiers, avec des risques de réduction du personnel. Etant donné que ledit personnel, directement impliqué dans la préparation des grumes prêtes à l’export, représente environ 20 à 40% du personnel du site.

A en croire les opérateurs camerounais de bois, ce n’est pas l’économie nationale qui va se porter mieux, si une telle mesure est effective en l’état. L’étude fait savoir que l’interdiction aura conséquence une perte annuelle d’environ 13 milliards de F.CFA (19 228 690 dollars US) pour les droits de sortie sur les grumes, 1,8 milliard de F.CFA (2 662 434 dollars US) de perte de taxe d’abattage sur les grumes destinées à l’exportation et 580 millions de F.CFA (857 895 dollars US) de perte relative à la taxe d’inspection sur les grumes.

Plaidoyer pour une période transitoire de cinq ans

Tout en invoquant ces manques à gagner potentiels, le GFBC préconise non pas une mesure brutale d’interdiction, « qui serait catastrophique du fait de l’inexistence d’un outil industriel national capable de transformer la production forestière », mais un arrêt progressif avec une période transitoire de cinq ans. L’alternative, selon eux, permettrait d’avancer de manière efficace de baliser les voies pour la transformation du bois au Cameroun. Durant cette période, le GFBC recommande la mise en place d’un système bonus « prime » qui récompense la transformation du bois au Cameroun.

Le scénario proposé ici est le suivant : la production d’un mètre cube de sciage vert donne droit à l’exportation d’un mètre cube de grume, la production d’un mètre cube de sciage sec donne droit à l’exportation de deux mètres cubes de grumes et la production d’un mètre cube de produits finis (lambourdes, contreplaqué et tout produit bois transformé au sens général) donne droit à l’exportation de quatre mètres cubes de grumes.

Dans la même veine, le Groupement est favorable à une exportation sur les cinq ans, à hauteur de 20% (première année : 2022), 15% (deuxième année : 2023), 10% (troisième année : 2024), 5% (quatrième année : 2025) et interdiction totale (cinquième année : 2026).

L’industrialisation, bouée de sauvetage de la filière bois, selon la CEMAC

Au niveau de la CEMAC, il n’est pas question de revenir en arrière. Lors de la réunion des ministres sectoriels pour la validation du cadre institutionnel et règlementaire pour la mise en œuvre de la stratégie d’industrialisation durable de la filière bois dans le Bassin du Congo, l’instance communautaire avait déjà donné le ton. D’après le Commissaire en charge du Développement des infrastructures et du développement durable, Shey Jones Yembe, la mise en place de cet instrument communautaire participe à l’objectif commun des six Etats de la sous-région (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, RCA et Tchad) d’accroître, de sécuriser et de valoriser la ressource bois.

L’enjeu ici est d’intensifier les activités de diversification économique, option réaffirmée par les Chefs d’Etat de la CEMAC lors du sommet extraordinaire tenu à Yaoundé (Cameroun, le 23 décembre 2016. Un avis que partage la Banque africaine de développement (BAD) qui est favorable à un processus d’industrialisation durable de la filière bois, pour capitaliser les différentes chaînes de valeur de la ressource et générer des emplois pour les jeunes. 

La société civile en situation d’alerte

L’exploitation du bois sous forme de grume ne laisse pas indifférente la société civile. Dans un rapport intitulé « Bois volé, temples souillés : les conséquences néfastes du commerce du bois entre le Cameroun et le Vietnam sur les populations et les forêts camerounaises », publié en 2020, les Ong américaine Environmental Investigation Agency (EIA) et camerounaise Centre pour l’Environnement et le Développement (CED), attiraient déjà l’attention des autorités camerounaises sur la nécessité de « déclarer et appliquer une interdiction d’exportation complète des grumes ».

Auparavant, l’Ong EIA avait publié un autre rapport « African log bans matter : Reforming Chinese Investment and Trade in Africa’s Forest Sector », dénonçant la violation par plusieurs importateurs de bois (dont le principal marché est la Chine) de l’interdiction totale ou partielle d’exportation de bois sous forme de grume en vigueur dans plusieurs pays africains. EIA a enfoncé le clou en faisant observer qu’entre janvier 2014 et mars 2018, environ 89% du bois exporté sous forme de grume (soit un volume commercial de plus de six milliards de dollars US), de l’Afrique vers l’Empire du Milieu, avait pour provenance les pays africains ayant mis en place une politique d’interdiction d’exportation de bois sous forme de grume, fut-elle totale ou partielle.   

Kenfack

AFRIQUE CNETRALE : Interdiction d’exporter du bois en grumes en zone CEMAC

L’échéance du 1er janvier 2023 maintenue malgré une période transitoire de cinq ans sollicitée par les opérateurs de la filière au Cameroun. La CEMAC pour sa part, estime que seule l’industrialisation de la filière peut apporter de la valeur ajoutée et créer des emplois durables pour les jeunes.

Alors que la décision d’interdire l’exportation du bois sous forme de grumes au sein de l’espace de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) est censée prendre effet à compter du 1er janvier 2023, tous les acteurs ne partagent pas l’application de cette mesure. Du moins la mise en œuvre en l’état. Dans un « Mémo sur l’interdiction de l’exportation des bois en grumes » publié en mars 2021 par le Groupement de la filière bois du Cameroun (GFBC), l’organisation estime que la mesure d’interdiction aura des impacts négatifs sur la trésorerie des entreprises, du fait de la perte du chiffre d’affaires inhérent à l’exportation des grumes. S’inspirant des résultats d’une enquête menée auprès de certains membres du GFBC, le document révèle que « le délai entre l’exploitation et le paiement de la commande des grumes est relativement court, environ deux à trois mois ».

Sur cette base, la conséquence de la dégradation de la trésorerie des sociétés forestières serait la fermeture des plus fragiles, devenus incapables de faire face à leurs engagements. Le groupement craint également un impact social négatif sur le personnel des sites forestiers, avec des risques de réduction du personnel. Etant donné que ledit personnel, directement impliqué dans la préparation des grumes prêtes à l’export, représente environ 20 à 40% du personnel du site.

A en croire les opérateurs camerounais de bois, ce n’est pas l’économie nationale qui va se porter mieux, si une telle mesure est effective en l’état. L’étude fait savoir que l’interdiction aura conséquence une perte annuelle d’environ 13 milliards de F.CFA (19 228 690 dollars US) pour les droits de sortie sur les grumes, 1,8 milliard de F.CFA (2 662 434 dollars US) de perte de taxe d’abattage sur les grumes destinées à l’exportation et 580 millions de F.CFA (857 895 dollars US) de perte relative à la taxe d’inspection sur les grumes.

Plaidoyer pour une période transitoire de cinq ans

Tout en invoquant ces manques à gagner potentiels, le GFBC préconise non pas une mesure brutale d’interdiction, « qui serait catastrophique du fait de l’inexistence d’un outil industriel national capable de transformer la production forestière », mais un arrêt progressif avec une période transitoire de cinq ans. L’alternative, selon eux, permettrait d’avancer de manière efficace de baliser les voies pour la transformation du bois au Cameroun. Durant cette période, le GFBC recommande la mise en place d’un système bonus « prime » qui récompense la transformation du bois au Cameroun.

Le scénario proposé ici est le suivant : la production d’un mètre cube de sciage vert donne droit à l’exportation d’un mètre cube de grume, la production d’un mètre cube de sciage sec donne droit à l’exportation de deux mètres cubes de grumes et la production d’un mètre cube de produits finis (lambourdes, contreplaqué et tout produit bois transformé au sens général) donne droit à l’exportation de quatre mètres cubes de grumes.

Dans la même veine, le Groupement est favorable à une exportation sur les cinq ans, à hauteur de 20% (première année : 2022), 15% (deuxième année : 2023), 10% (troisième année : 2024), 5% (quatrième année : 2025) et interdiction totale (cinquième année : 2026).

L’industrialisation, bouée de sauvetage de la filière bois, selon la CEMAC

Au niveau de la CEMAC, il n’est pas question de revenir en arrière. Lors de la réunion des ministres sectoriels pour la validation du cadre institutionnel et règlementaire pour la mise en œuvre de la stratégie d’industrialisation durable de la filière bois dans le Bassin du Congo, l’instance communautaire avait déjà donné le ton. D’après le Commissaire en charge du Développement des infrastructures et du développement durable, Shey Jones Yembe, la mise en place de cet instrument communautaire participe à l’objectif commun des six Etats de la sous-région (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, RCA et Tchad) d’accroître, de sécuriser et de valoriser la ressource bois.

L’enjeu ici est d’intensifier les activités de diversification économique, option réaffirmée par les Chefs d’Etat de la CEMAC lors du sommet extraordinaire tenu à Yaoundé (Cameroun, le 23 décembre 2016. Un avis que partage la Banque africaine de développement (BAD) qui est favorable à un processus d’industrialisation durable de la filière bois, pour capitaliser les différentes chaînes de valeur de la ressource et générer des emplois pour les jeunes. 

La société civile en situation d’alerte

L’exploitation du bois sous forme de grume ne laisse pas indifférente la société civile. Dans un rapport intitulé « Bois volé, temples souillés : les conséquences néfastes du commerce du bois entre le Cameroun et le Vietnam sur les populations et les forêts camerounaises », publié en 2020, les Ong américaine Environmental Investigation Agency (EIA) et camerounaise Centre pour l’Environnement et le Développement (CED), attiraient déjà l’attention des autorités camerounaises sur la nécessité de « déclarer et appliquer une interdiction d’exportation complète des grumes ».

Auparavant, l’Ong EIA avait publié un autre rapport « African log bans matter : Reforming Chinese Investment and Trade in Africa’s Forest Sector », dénonçant la violation par plusieurs importateurs de bois (dont le principal marché est la Chine) de l’interdiction totale ou partielle d’exportation de bois sous forme de grume en vigueur dans plusieurs pays africains. EIA a enfoncé le clou en faisant observer qu’entre janvier 2014 et mars 2018, environ 89% du bois exporté sous forme de grume (soit un volume commercial de plus de six milliards de dollars US), de l’Afrique vers l’Empire du Milieu, avait pour provenance les pays africains ayant mis en place une politique d’interdiction d’exportation de bois sous forme de grume, fut-elle totale ou partielle.   

Kenfack

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