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Month: octobre 2023

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Moins de deux semaines après l’interpellation d’un présumé trafiquant d’ivoire à Libreville, c’est au tour de Port-gentil, chef-lieu de la province de l’Ogooué-maritime, d’enregistrer un cas de trafic d’ivoire.

Informés de sources sûres d’une transaction de deux pointes d’ivoire, une opération conjointe menée par les agents de la Direction Générale des Recherches de l’Ogooué-martime et l’administration des Eaux et Forêts, appuyés par l’ONG Conservation Justice, aura permis l’arrestation d’un présumé trafiquant d’ivoire ce mercredi 25 et jeudi 26 octobre 2023, à Port-Gentil.
En effet, après près d’une heure de planque, dans les environs d’un hôtel de la ville, les agents de la DGR apercevront un véhicule à usage de taxi entrer dans la cour de l’hôtel. A bord, un jeune homme, la trentaine révolue descendra du véhicule avec en main un sac de voyage.
Après avoir demandé au chauffeur du taxi de l’attendre, le présumé trafiquant s’installera paisiblement dans une chambre d’hôtel. Les agents de la DGR feront irruption dans la chambre et constateront que le sac entrouvert posé devant le jeune homme contenait deux grosses pointes d’ivoire entières.
Interpellé puis interrogé là-dessus, l’individu reconnaîtra avoir acheminé les deux pointes d’ivoire dans la chambre d’hôtel dans le but de les vendre mais ne reconnaitra pas en être le propriétaire. Il désignera un autre individu comme étant le véritable propriétaire des ivoires. Ce dernier sera également interpellé à Port-Gentil le lendemain, ce jeudi 26 octobre 2023.
Les deux présumés trafiquants d’ivoire, sont actuellement gardés à vue dans les locaux de la DGR de Port-Gentil, en attendant la suite de la procédure. Il risque une peine de prison de 10 ans conformément aux articles 390 et 398 du nouveau code pénal.
Précisons que, malgré les dégâts qu’ils peuvent occasionner, les éléphants de forêt ont un rôle capital dans la régénération naturelle de nombreuses espèces d’arbres, permettent la captation du carbone par les forêts et ont une valeur écotouristique indéniable.
Conservation Justice

La République du Congo accueille à Brazzaville, du 26 au 28 octobre, le Sommet des Trois Bassins, un événement historique coïncidant avec le début de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes. Ce sommet réunira des dirigeants des régions de l’Amazonie, du Bassin du Congo et de Bornéo-Mékong-Asie du Sud-Est, marquant une initiative sans précédent visant à créer une alliance mondiale engagée dans la revitalisation de 350 millions d’hectares d’écosystèmes terrestres et aquatiques. Cette initiative sera guidée par les principes fondamentaux de la coopération Sud-Sud.

Les nations forestières tropicales jouent un rôle central dans la lutte contre la déforestation tropicale et dans l’élaboration d’une gouvernance mondiale en matière de climat et de biodiversité. Et pour cause : les trois bassins (Amazonie, Congo, Bornéo-Mékong-Asie du Sud-Est) abritent collectivement 80 % des forêts tropicales du monde et deux tiers de la biodiversité terrestre.

« L’Amazonie, le bassin du Congo et les forêts tropicales indonésiennes ont besoin d’une véritable protection contre les menaces énormes auxquelles elles sont confrontées, telles que l’empiètement de l’agro-industrie, des infrastructures, de l’exploitation forestière, de l’exploitation minière, des compensations de carbone et de biodiversité et de l’exploration pétrolière. Face aux crises du climat et de la biodiversité et aux injustices sociales persistantes dans ces régions, l’amélioration de la protection des forêts primaires et la restauration écologique des forêts naturelles dégradées peuvent améliorer les perspectives de la biodiversité, augmenter le stockage du carbone et améliorer la résilience et la stabilité des écosystèmes forestiers », a déclaré Irène Wabiwa, responsable du projet international pour le Bassin du Congo à Greenpeace Afrique. « Cela peut également réduire le risque d’émissions et de points de basculement. Par conséquent, la résolution de la crise du climat et de la biodiversité exige des plans et des solutions intégrés, car il existe des dépendances fonctionnelles entre la biodiversité, l’intégrité des écosystèmes et l’atténuation et l’adaptation au climat », a-t-elle ajouté.

Dans ce contexte, la reconnaissance du rôle fondamental des peuples autochtones, des communautés locales et d’autres groupes détenteurs de droits dans la protection et la restauration de ces forêts est de la plus haute importance. Toute proposition de conservation de ces forêts qui n’intègre pas la reconnaissance et la protection des droits des peuples autochtones et des communautés locales d’Afrique, d’Amérique latine et d’Indonésie ne peut aboutir. Plus de 75 % des forêts sont protégées par les peuples autochtones et les communautés locales, mais leur rôle et leurs connaissances en matière de protection de la nature et de la biodiversité n’ont pas encore été suffisamment reconnus. Cela devient évident lorsque nous observons leur représentation minimale ou inexistante dans les arènes politiques, tant au niveau national qu’international.

En outre, seuls 17 % des fonds alloués au cours des dix dernières années incluent la participation des peuples autochtones ou des organisations de communautés locales. Les voix des peuples autochtones et des communautés locales doivent être entendues et amplifiées. Ils doivent également avoir accès aux ressources pour maintenir leurs actions autodéterminées en matière de protection de la biodiversité et de lutte contre le changement climatique.

Cependant, si l’on examine l’agenda du sommet des trois bassins, il est évident que les marchés du carbone joueront un rôle central dans les discussions, étant perçus comme un outil majeur pour financer la protection et la restauration de la nature. “Nous savons que la marchandisation de la nature et les violations des droits de l’homme vont proliférer si les marchés du carbone deviennent le principal mécanisme de financement de la protection et de la restauration de la nature », a déclaré Arie Rompas, chef d’équipe de la campagne sur les forêts à Greenpeace Indonésie. “Il est essentiel d’accentuer les approches non marchandes, conformément à l’Accord de Paris, pour financer la protection et la restauration de la nature, plutôt que de s’appuyer sur des marchés du carbone non réglementés. De plus, il convient de repérer et de promouvoir les initiatives de financement basées sur les droits, qui visent à soutenir les peuples autochtones et les communautés locales engagés dans la préservation et la restauration de leurs forêts et ressources naturelles », poursuit-il.

Dans la perspective de la CDB 16 et de la COP 30, il est impératif de développer une voie alternative pour aborder les questions liées aux forêts et aux terres. Cette voie devrait comprendre des demandes spécifiques adressées aux dirigeants mondiaux pour protéger et restaurer les forêts. Cela devrait inclure un financement prévisible et accessible tout en garantissant la reconnaissance des droits et du rôle des peuples autochtones et des communautés locales dans cet effort de protection et de restauration des forêts.

Pour Romulo Batista, Responsable de Campagne à Greenpeace Brésil : “Le sommet des trois bassins offre une opportunité unique de renforcer la coopération Sud-Sud et de construire une voie de gouvernance alternative. Cet objectif ne pourra être réalisé que si les dirigeants s’éloignent résolument des industries extractives et d’autres initiatives nuisibles qui accélèrent la destruction de la biodiversité et menacent les peuples autochtones et les communautés locales”.

“Nous exhortons les gouvernements des pays des trois bassins à protéger et à restaurer les forêts, en particulier en garantissant la reconnaissance des droits et du rôle des peuples autochtones et des communautés locales. Ces gouvernements devraient se concentrer sur la mise en œuvre d’approches alternatives, durables et non marchandes de financement de la biodiversité et encourager l’action collective », conclut Victorine Che Thoener, Responsable de Portefeuille Senior chez Greenpeace International et cheffe de délégation pour le compte de Greenpeace à Brazzaville.
Greenpeace International

SOMMET DES TROIS BASSINS : Greenpeace plaide pour une meilleure prise en compte des droits des Communautés

Journaliste environnementaliste et littéraire, LEONEL AKOSSO a lu pour notre média, l’exhortation apostolique du Pape François, LAUDATE DEUM, publié le jour de la fête de Saint François d’Assise, le 04 octobre 2023. Cette production littéraire fait suite à l’encyclique écologique LAUDATO SI, paru en 2015 et longtemps resté une référence en matière de discours officiel de L’Eglise catholique Romaine sur la protection de l’environnement.

Journaliste environnementaliste et littéraire, LEONEL AKOSSO a lu pour notre média, l’exhortation apostolique du Pape François, LAUDATE DEUM, publié le jour de la fête de Saint François d’Assise, le 04 octobre 2023. Cette production littéraire fait suite à l’encyclique écologique LAUDATO SI, paru en 2015 et longtemps resté une référence en matière de discours officiel de L’Eglise catholique Romaine sur la protection de l’environnement.


Le 04 octobre 2023, le Pape François a publié l’exhortation apostolique LAUDATE DEUM (Louez Dieu). Ce même 04 octobre était jour de fête de Saint François d’Assise et marquait l’ouverture du Synode sur l’avenir de L’Eglise catholique Romaine. Dans cette exhortation apostolique présentée comme une suite à l’encyclique phare sur l’écologie intégrale LAUDATO SI paru en 2015, le Pape François place à nouveau l’écologie au centre de son pontificat en alertant sur la dégradation accélérée de la planète, l’indifférence des puissants face à cette catastrophe et les dangers liés aux récents progrès scientifiques et techniques réalisés ces huit dernières années.
Le Pape commence son exhortation en ces termes :  » Huit années se sont écoulées depuis que j’ai publié la lettre encyclique LAUDATO SI, voulant partager avec vous tous, frères et sœurs de notre planète éprouvée, nos profondes préoccupations concernant la sauvegarde de la Maison Commune. Mais je me rends compte au fil du temps que nos réactions sont insuffisantes alors que le Monde qui nous accueille s’effrite et s’approche peut-être d’un point de rupture. Quoiqu’il en soit de cette éventualité, il ne fait aucun doute que l’impact du changement climatique sera de plus en plus préjudiciable à la vie et aux familles de nombreuses personnes. Nous en ressentirons les effets dans les domaines de la santé, de l’emploi, de l’accès aux ressources, du logement, des migrations forcées… »
A travers ces propos, le Saint Père fait le constat d’un échec à retarder le compte à rebours de la dégradation de l’environnement par l’Homme, malgré les alertes lancées par le Successeur de Saint Pierre en personne. Alors, faut-il arrêter de parler? Pas du tout. Car si nous arrêtions d’être vigilants sur la dégradation de l’environnement, le pire, en plus de ne plus être combattu, serait accéléré et toutes les forces du profit se déchaineraient comme un seul Homme pour donner le coup de grâce à Notre environnement et à Notre Terre déjà en pleine agonie. Comme le Pape qui malgré la gravité de la situation continue de réfléchir, d’écrire et d’alerter avec notamment ce nouveau et précieux document, nous devons continuer à mener ce merveilleux combat.
Outre cet aveu d’impuissance, le Pape continue avec la prose qu’on lui reconnaît, de dénoncer le capitalisme. En fustigeant à maintes reprises la recherche débridée du profit, il rend visible ce que tout le monde sait: que notre modèle économique ne cherche qu’une chose : s’agiter toujours plus, détruire, produire encore et encore au nom d’une approche consumériste de la prospérité. En reprenant des arguments classiques de l’anticapitalisme, le Pape se fait l’écho de divers militants écologistes, condamnant comme eux les faux progrès miroités par le marketing pour voiler la propre décadence des élites mondialisées. Il est clair que le Saint Père reprend à son compte, avec un supplément spirituel et théologique la vieille théorie de la lutte des classes. Le Pape parle de la responsabilité des plus riches et des pays occidentaux, considérés en partie comme responsables de la crise climatique. En dénonçant leur manque d’engagement pour l’inversion de la courbe de l’effondrement climatique tel que relevé par le Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies, Antonio Gutterez, le Pape François aborde également la question des nouvelles technologies, les dangers de l’intelligence artificielle et les conséquences des grands projets à impact environnemental négatif. Il rappelle enfin l’utilité d’un choix radical en faveur de l’écologie et l’importance des petits gestes quotidiens en faveur de la protection de l’environnement.
Ce second plaidoyer pour la protection de l’environnement doit rappeler à l’Occident qu’il compte actuellement les pays les plus exposés aux conséquences de la crise climatique en termes de pollution de l’air et des sols, et de pénurie d’eau et d’énergie de toute sorte. L’Afrique quant à elle, pour le bonheur de ses propres enfants piégés de la misère depuis longtemps; doit envisager avec sérénité sa marche vers la prospérité économique et l’exploitation de ses richesses pour devenir elle aussi une puissance économique digne et fière. Mais la ruine de l’Occident devra lui permettre dans cette quête légitime de prospérité, d’éviter de commettre les mêmes erreurs.
Leonel Akosso

LAUDATE DEUM, deuxième plaidoyer écologique du Pape François

Journaliste environnementaliste et littéraire, LEONEL AKOSSO a lu pour notre média, l’exhortation apostolique du Pape François, LAUDATE DEUM, publié le jour de la fête de Saint François d’Assise, le 04 octobre 2023. Cette production littéraire fait suite à l’encyclique écologique LAUDATO SI, paru en 2015 et longtemps resté une référence en matière de discours officiel de L’Eglise catholique Romaine sur la protection de l’environnement.

En cause, les animaux du parc national de Nki, qui abandonnent leur espace naturel et pénètrent dans les plantations des riverains puis détruisent les cultures des agriculteurs. Ce sont des pachydermes, des singes et autres petits animaux qui dictent désormais la loi dans les champs des habitants des deux villes du département du Haut-Nyong dans la région de l’Est. Ils sont protégés par la loi tandis que les cultivateurs sont dans l’incapacité de les tuer pour préserver leurs cultures au risque de sanctions pénales sévères. Chacun essaie alors de limiter les dégâts.

Nous sommes à Adjila, un petit village situé à 11 km du centre ville de Ngoyla réputée autrefois pour la présence abondante de viande de brousse. Ici, ce sont les pleurs et les cris. Les plantations de cacao, de plantains, les champs d’arachide ou encore de manioc sont envahies et les cultures détruites chaque fois par les animaux qui viennent du parc national de Nki et même d’ailleurs (a-t-on appris sur place). Ils font des dégâts importants dans les champs des riverains au parc. Medjo Donatien, chef du village Adjila, est dépité comme ses sujets. “Les hérissons et les taupes s’attaquent respectivement aux patates, aux arachides, au manioc. Même les jeunes pousses ne sont pas épargnées”, déclare l’octogénaire. Ngue Christophe Arthur, habitant de Ngoyla ayant une bananeraie à Adjila, est désemparé. Les éléphants et les grands singes s’adonnent à cœur joie dans sa plantation : ils s’attaquent aux pieds de bananier, au cacaoyer, s’offusque le natif de Ngoyla. “Nous n’avons plus que nos yeux pour pleurer”, s’écrie la cultivatrice Abah Madeleine, sa voisine.
A Messok, la situation est identique. “Les femmes ont même déjà peur de remettre les pieds dans leurs champs”, explique le Conseiller régional Beng Bimeng Joël Maxime. Ici, les gorilles, les chimpanzés et les éléphants sont les principaux animaux sauvages qui dévastent les champs de manioc, les arbres à fruits et autres bananiers, affirme l’élu local.

Les animaux dans les champs

En fait, la présence des animaux du parc national de Nki dans les plantations villageoises a plusieurs explications. Selon l’écogarde qui a accepté de parler sous anonymat, les champs des habitants de Ngoyla comme de Messok sont à proximité des limites du parc qui a une superficie 309.362 ha. Aussi, il est plus facile pour les bêtes d’avoir accès aux différents champs. Bien plus, on continue de rencontrer des faits de braconnage au sein du parc, notamment par les pygmées Baka qui y trouvent leur compte. Ce qui contraint les animaux du parc à parfois quitter leur habitat pour aller ailleurs, et partant dans les plantations des agriculteurs, rappelle l’écogarde.

D’un autre côté, le conseiller municipal Nkouom Metchio Cyrus de Ngoyla note avec force que la conservation a “effectivement réussi”. Ce qui a eu pour effet d’accroître le nombre des animaux sauvages. Le braconnage et le fait de tuer les animaux pour protéger les champs sont proscrits, souligne l’élite de Ngoyla. La conséquence directe est donc que, les animaux sauvages devenus plus nombreux qu’avant, sont parfois obligés de quitter le parc lorsque la nourriture se fait rare surtout lorsque les arbres fruitiers ne produisent plus en forêt et que la compétition pour la survie est forte. C’est alors qu’ils envahissent les plantations des habitants afin de trouver leur pitance, argue notre interlocuteur. Il ressort des propos du conseiller que “les buffles s’attaquent aux cabosses de cacao, que les singes et les grands singes déterrent le manioc, déchirent et détruisent tout ce qui est tubercule, tige ou racine, banane”. Il rappelle également que les pachydermes, les hérissons, les porcs épics voire les serpents investissent les cultures des villageoises [on retrouve de nombreux serpents dans les champs]. Ils détruisent dans le même temps les cultures vivrières et maraîchères.
Sur place, on apprend également que certains animaux sauvages viennent des villes voisines comme Mintom où de très importantes activités anthropiques sont menées. Ce qui les amène à quitter les forêts de ces villes pour aller en d’autres lieux parmi lesquelles Messok et Ngoyla, deux villes voisines.

La faim à l’horizon

Face à cette dévastation des plantations des habitants de Ngoyla et Messok, les populations sont menacées de famine, explique le Conseiller municipal, Nkouom Metchio Cyrus. La disette, les difficultés à s’alimenter, l’incapacité à aller au champ en toute sérénité sont quelques contraintes que rencontrent déjà les habitants des deux cités camerounaises. A cela s’ajoutent les difficultés à faire du commerce. Les cultivateurs peinent à vendre les fruits des champs car les animaux dévastent les cultures, soutient-il. Certains parents éprouvent même déjà des difficultés à envoyer les enfants à l’école ou assumer plusieurs charges quotidiennes, fait-il savoir.
Ngue Christophe Arthur note que, pour réussir à avoir un champ qui pourrait échapper “éventuellement” à la voracité des bêtes sauvages, il faut désormais travailler de petites surfaces. Encore que cela ne change pas grand chose, relativise-t-il. La menace demeure, selon le fils de Ngoyla.

Stratégies pour chasser les bêtes

Sans perdre espoir et pour éloigner les bêtes des plantations malgré les pesanteurs de la loi et leurs moyens limités, les populations ont développé des stratégies qui donnent des résultats mitigés. Nkouom Metchio Cyrus explique que la première méthode consiste “à frapper fort sur des arbres situés autour des champs pour éloigner les grands singes et les pachydermes surtout lorsque les habitants, regroupés en communauté, travaillent dans une même plantation. L’idée ici est d’intensifier les bruits au même endroit afin de dissuader les bêtes de ne pas approcher”, soutient celui qui est en outre enseignant. La seconde consiste à mettre du feu de manière prudente autour des champs pour chasser les porcs épics, les hérissons et autres petits animaux qui se faufilent ou rampent pour accéder aux différents champs.
A Adjila, les villageois utilisent du sel et un produit, dont ils taisent le nom, pour empoisonner certaines bêtes qui pénètrent dans les champs.
D’un autre coté, l’écogarde sous cap nous apprend que le conservateur leur donne également des instructions pour éloigner les animaux des plantations des habitants. Ceux-ci vont généralement dans les zones comme Messok, Malea, Lomié. Ils “tirent en l’air”, afin de repousser les bêtes sauvages vers leur habitat naturel.
Malgré ces efforts, les bêtes sauvages ne semblent pas se décourager puisque “les gorilles se rapprochent parfois du village, celui-ci étant proche de la réserve”, affirme Abah Madeleine de Ngoyla. Justement à Adjila, les habitants se sentent en outre en insécurité parce qu’il arrive parfois que les bêtes se retrouvent aux aborts du village, indiquent-ils. Même les champs près des habitations sont envahis par les bêtes sauvages, expliquent-ils.

Réparation ?

Le conflit entre les bêtes sauvages venant du parc national de Nki et même d’ailleurs et les agriculteurs est connu de tous. Le second adjoint au sous-préfet de Ngoyla reconnaît en effet que “le phénomène est réel et a un impact sur la vie des populations”. Ces propos sont confirmés par le commissaire de la ville qui reçoit chaque fois des informations à ce sujet. Le secrétaire général de la Commune de Ngoyla, Joseph Chia Kwamong confirme que les agriculteurs éprouvent d’importantes difficultés à cause de ce conflit homme-faune. Malheureusement, la mairie ne dispose pas de solutions adéquates pouvant soulager les agriculteurs.
Toutefois, des propositions de réparation pour aider les cultivateurs de Messok et Ngoyla sont évoquées afin de mitiger les dégâts causés par les animaux et qui paralysent leurs activités. A Messok par exemple, le Conseiller régional Beng Bimeng Joël Maxime, en attendant des solutions concrètes de l’Etat, envisage l’idée d’une compensation au bénéfice des populations victimes de la furie des bêtes sauvages. Il ne donne par la nature de cette compensation. A Ngoyla, sa Majesté Medjo Donatien s’en remet simplement à l’Etat dans l’espoir d’avoir des solutions au problème qui les tracasse. C’est également la position de plusieurs agriculteurs de Messok et Ngoyla qui ne savent plus à quel Saint se voué.
Qu’à cela ne tienne, les populations se réunissent avec les responsables des ONGs (WWF qui veille à la sécurité des animaux), de la Commune et des autorités locales pour trouver des réponses communes et durables à ce conflit homme-faune afin de se conformer d’abord à la loi car, comme le souligne le pasteur et agriculteur Simon Andjongo, “on n’a pas les mains libres ; tu abats un gorille, un chimpanzé, même le serpent ou le varan, tu fais la prison” ; ensuite pour voir comment mieux sécuriser les champs car les villageois “n’ont pas complètement abandonné les plantations”, rappelle l’écogarde qui a accepté sous anonymat de parler.

Parc national de Nki

Il faut noter que le parc national de Nki a une superficie de 309.362 ha. Ce secteur regroupe les villes que sont Ngoyla, Messok, Maléa, Mouloundou, Etat-frontière (Cameroun-Congo). Il a été créé le 6 octobre 2005 en même temps que celui de Boumba Bek.
L’UNESCO précise que “Près de 14 types de formations végétales y ont été trouvées avec près de 831 espèces de plantes de diamètre à hauteur de poitrine supérieure à 10 cm. En termes de biodiversité, les recherches sont récentes, cependant, les résultats des inventaires de la faune mammalienne confirment la présence de 34 espèces de grands mammifères communs aux sites. Les chercheurs estiment à environ 180 mammifères dont la présence reste à confirmer”. https://whc.unesco.org/fr/listesindicatives/6308/

Hervé Ndombong, de retour de Ngoyla et Messok. Un reportage qui a bénéficié du soutien du Rainforest journalism Fund et Pulitzer Center

Cameroun :: Messok-Ngoyla :: Des champs dévastés par les bêtes sauvages ; les populations menacées de famine développent des solutions locales limitées

En cause, les animaux du parc national de Nki, qui abandonnent leur espace naturel et pénètrent dans les plantations des riverains puis détruisent les cultures des agriculteurs. Ce sont des pachydermes, des singes et autres petits animaux qui dictent désormais la loi dans les champs des habitants des deux villes du département du Haut-Nyong dans la région de l’Est. Ils sont protégés par la loi tandis que les cultivateurs sont dans l’incapacité de les tuer pour préserver leurs cultures au risque de sanctions pénales sévères. Chacun essaie alors de limiter les dégâts.

Les deux tiers de la population mondiale sont appelés à vivre dans des zones urbaines d’ici à 2050. Conscient du rôle des arbres dans la vie en milieu urbain, il devient dès important de promouvoir la foresterie urbaine. Dans cette tribune, Zhimin Wu, le Directeur de la Division des forêts à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), explique les enjeux de la foresterie urbaine. Il ne manque pas d’examiner la situation en Afrique. Notamment en Sierra Leone.


Par : Zhimin Wu, Directeur de la Division des forêts à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)

Il y a quelques années, un professeur d’université a proposé la règle des «3-30-300». Celle-ci envisage un monde dans lequel chaque individu peut voir au moins trois arbres de sa fenêtre, vivre dans un quartier dont le couvert arboré représente au moins 30 pour cent de la superficie, et ne pas être éloigné de plus de 300 mètres d’espaces verts urbains de haute qualité.

Alors que les deux tiers de la population mondiale sont appelés à vivre dans des zones urbaines d’ici à 2050, cette règle ne vise pas seulement à rendre les villes plus vertes en raison des nombreux avantages apportés par les arbres et les espaces verts. Il s’agit également, et c’est essentiel, de veiller à ce que tous les citadins en bénéficient.
Nous savons que les arbres et les espaces verts, également connus sous le nom de forêts urbaines ou périurbaines, contribuent à atténuer bon nombre des inconvénients de la vie en milieu urbain.

En effet, ils amortissent le bruit et filtrent les polluants issus de la circulation et de l’industrie, contribuant ainsi à protéger contre les maladies respiratoires. Ils offrent un espace pour l’exercice, les loisirs et la récupération du stress. Les effets bénéfiques sur la santé mentale du contact avec les forêts et les espaces verts sont déjà bien documentés.

Les forêts urbaines atténuent également les effets du changement climatique. Face à la hausse des températures mondiales, elles ne se contentent pas d’absorber le carbone, elles peuvent aussi rafraîchir l’air des villes jusqu’à 8 degrés Celsius et diminuer l’effet d’îlot de chaleur urbain, qui peut être mortel en cas de canicule. Elles peuvent même offrir une protection contre les catastrophes naturelles telles que les inondations et les glissements de terrain.

La nécessité d’un accès égal aux espaces verts urbains est reconnue par les objectifs de développement durable des Nations Unies, qui comprennent une cible spécifique visant à assurer l’accès de tous, en particulier des femmes, des enfants, des personnes handicapées et des personnes âgées, à des espaces verts et publics sûrs, inclusifs et accessibles d’ici à 2030.

Cependant, une nouvelle étude publiée cette semaine par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) révèle que les populations citadines sont encore bien loin de bénéficier équitablement des forêts urbaines et des espaces verts.

L’étude Urban forests: a global perspective ‒ qui offre une perspective mondiale sur les forêts urbaines ‒ constate que, notamment dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, une urbanisation rapide dénuée d’une planification adéquate conduit souvent à des villes où les arbres et les espaces verts sont peu nombreux ou mal placés.

Même dans les villes qui reconnaissent l’importance des espaces verts dans leur tissu urbain, la répartition de ces espaces et de leurs avantages est souvent biaisée en faveur des quartiers les plus riches. Ce que l’on appelle la «gentrification verte» peut limiter encore l’accessibilité de ces lieux pour les habitants n’ayant plus les moyens de vivre à proximité des espaces verts de leur ville.
Dans de nombreux endroits, les communautés défavorisées continuent d’être exclues de la planification, de la conception et de la gestion des espaces verts urbains.

Et cela doit changer

C’est pour cela que les participants au deuxième Forum mondial sur les forêts urbaines, tenu cette semaine à Washington DC, ont publié la Déclaration de Washington qui présente un plan d’action pour rendre le verdissement des villes plus équitable.
Il y est notamment question d’analyser les zones urbaines en vue d’identifier les déséquilibres dans la répartition des espaces verts et d’impliquer les habitants et les responsables locaux à chaque étape du processus de planification.

Si un monde peuplé d’utopies urbaines peut paraître encore loin, il existe toutefois des programmes et des initiatives qui suggèrent que diverses autorités d’aménagement réfléchissent de manière plus inclusive en matière d’égalité d’accès aux forêts urbaines et aux richesses qu’elles offrent.
Dans le monde entier, les gouvernements consacrent davantage de fonds aux programmes d’écologisation urbaine. Ainsi, la ville de Maringá, dans le sud du Brésil, plante des arbres dans les quartiers les plus défavorisés de la périphérie urbaine en vue d’améliorer la qualité de l’air et de fournir de l’ombre aux habitants durant les étés tropicaux chauds et moites.

En Chine, le gouvernement municipal de Guangzhou a pour objectif de construire 4 500 km de voies vertes d’ici à 2035, afin que 90 pour cent de ses citoyens vivent à moins de 300 m du parc de quartier le plus proche et à moins de 1 000 m du parc urbain le plus proche.

Et en Sierra Leone, la campagne «Freetown the TreeTown» encourage les habitants des quartiers défavorisés de la capitale à planter et à entretenir des arbres. En guise d’incitation supplémentaire, les participants reçoivent des crédits de téléphonie mobile via l’utilisation d’une application qui surveille les progrès des semis.

L’importance des forêts urbaines en matière de santé humaine et d’atténuation des effets du changement climatique et d’adaptation à ceux-ci est de plus en plus reconnue à l’échelle mondiale, notamment par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat et par le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, qui appelle à l’amélioration des espaces verts et bleus urbains pour le bien-être humain.

Mais pour que le monde puisse atteindre ses objectifs globaux, toutes les populations urbaines, et pas uniquement quelques privilégiés, doivent avoir accès aux espaces verts.

Des espaces verts pour tous et partout

Les deux tiers de la population mondiale sont appelés à vivre dans des zones urbaines d’ici à 2050. Conscient du rôle des arbres dans la vie en milieu urbain, il devient dès important de promouvoir la foresterie urbaine. Dans cette tribune, Zhimin Wu, le Directeur de la Division des forêts à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), explique les enjeux de la foresterie urbaine. Il ne manque pas d’examiner la situation en Afrique. Notamment en Sierra Leone.