Selon les informations recueillies par le média le Nouveau Gabon auprès du Ministre Délégué des Eaux et Forêts en avril 2022, le trafic illégal du bois au Gabon est estimé à plus de 184,8 milliards de FCFA par an. C’est d’ailleurs un problème mondial sachant que peu de cas d’exploitation forestière illégale arrivent en justice. Selon les estimations de la Banque mondiale, les coupes illégales représentent jusqu’à 90 % de l’ensemble des activités d’exploitation forestière dans certains pays et produisent entre 10 et 15 milliards de dollars de revenus illicites par an. Ces capitaux, contrôlés principalement par la criminalité organisée, échappent à l’impôt et affaiblissent les Etats en favorisant le développement de la corruption et de réseaux mafieux. Le Gabon réalise des efforts importants pour lutter contre l’exploitation forestière à grande échelle et l’appui de partenaires externes peut s’avérer utile.
Ainsi, l’ONG Conservation Justice et le Ministère des Eaux et Forêt se sont engagés à travers le projet d’Appui à la Lutte contre l’Exploitation Forestière Illégale (ALEFI) à faire face à plusieurs défis comme la coupe illégale du bois et le détournement de Fonds Développement Local (FDL). Ce travail est aujourd’hui réalisé principalement dans les zones rurales, en appui aux communautés.
En ce qui concerne la coupe illégale du bois, l’administration déconcentrée des Eaux et Forêts de Bitam appuyée par Conservation Justice vient à nouveau d’interpeller plusieurs contrevenants.
En effet, après des cas d’exploitation illégale de bois constatés en novembre et décembre 2022, quatre personnes ont été interpellées pour coupe, sciage et tentative de transport de bois sans autorisation délivrée par l’administration des Eaux et Forêts de Bitam dans le village Engongo, non loin du site batouri d’Olam. Il s’agit des sieurs O.E.T, gabonais, I.I.L, camerounais, D.S et K.A, de nationalité malienne. Les trois dernières personnes citées ont été interpellées le 18 janvier 2023, en pleine forêt au moment où ils procédaient au chargement du bois dans un véhicule.
Ces trois individus vont dénoncer Monsieur O.E.T comme le principal organisateur de ce cas de sciage illégal. Il s’agit d’un entrepreneur originaire du village Engongo qui serait un fournisseur d’Olam Rubber. Celui-ci reconnaîtra avoir agi en toute illégalité avant de s’excuser vis-à-vis de l’administration des Eaux et Forêts. Le Cantonnement des Eaux et Forêts de Bitam a procédé à la saisie du bois illégal, estimé à 10 mètres cubes, et a infligé une amende à l’instigateur des coupes illégales conformément au code forestier.
Un cas similaire a eu lieu dans l’Ogooué-Ivindo au regroupement de villages de Mbess le samedi 21 janvier 2023.
Prétextant auprès des populations et auxiliaires de commandement la détention d’une autorisation en règle, un exploitant illégal de nationalisé gabonaise, M.M.O.T., a employé des scieurs du village Mbess et des transporteurs pour scier puis déplacer le bois de la forêt jusqu’à la route où un camion était déjà en attente.
Informé par une équipe de Conservation Justice, les équipes des Eaux et Forêts ont saisi le bois illégal et les tronçonneuses utilisées pour ce délit. Environ 195 madriers sur trois sites de dépôt en bordure de route ont également été saisis.
Le sciage artisanal illégal constitue une menace pour l’intégrité des forêts et échappe à toute fiscalité tout en favorisant la corruption. Outre des mesures nécessaires de surveillance et de répression, la mise en place de mécanismes permettant aux scieurs artisanaux de réaliser leurs activités légalement permettrait d’alimenter les quincailleries en bois dont l’origine serait connue. Les Forêts Communautaires en particulier pourraient constituer une source intéressante pour le sciage artisanal. Mais, elles sont malheureusement exploitées industriellement, en contradiction avec les principes de gestion communautaire, généralement à travers des contrats de fermage avec des opérateurs industriels qui respectent rarement la législation.
Selon les informations recueillies par le média le Nouveau Gabon auprès du Ministre Délégué des Eaux et Forêts en avril 2022, le trafic illégal du bois au Gabon est estimé à plus de 184,8 milliards de FCFA par an. C’est d’ailleurs un problème mondial sachant que peu de cas d’exploitation forestière illégale arrivent en justice. Selon les estimations de la Banque mondiale, les coupes illégales représentent jusqu’à 90 % de l’ensemble des activités d’exploitation forestière dans certains pays et produisent entre 10 et 15 milliards de dollars de revenus illicites par an. Ces capitaux, contrôlés principalement par la criminalité organisée, échappent à l’impôt et affaiblissent les Etats en favorisant le développement de la corruption et de réseaux mafieux. Le Gabon réalise des efforts importants pour lutter contre l’exploitation forestière à grande échelle et l’appui de partenaires externes peut s’avérer utile.
Le détournement des Fonds de Développement Local a pris une ampleur importante dans l’Ogooué-Ivindo depuis quelques années mais le parquet de Makokou a manifestement décidé de s’impliquer activement pour que justice soit faite en faveur des communautés qui en sont victimes.
Ainsi, la Brigade de gendarmerie Centre de Booué, appuyée par Conservation Justice, a mis aux arrêts le responsable de l’Entreprise Kone Sciage et Bois (EKSB) et l’ancien représentant de la communauté du village Abenelang.
Il est reproché à ces derniers des actes d’abus de confiance et détournement du Fonds de Développement Local. La communauté villageoise d’Abenelang a à nouveau porté plainte le 24 janvier 2023 contre le responsable de la scierie EKSB. Laquelle s’était vue confier la réalisation d’un projet communautaire : la construction d’un château d’eau et d’un système d’hydraulique audit village. Après avoir été arrêté en 2022, le concerné avait été relâché après que l’ancien Procureur de la République de Makokou ait classé sans suite la première plainte du village Abenelang tout en accordant initialement un délai de trois mois pour finaliser les travaux. Étonnement, il se croyait manifestement tiré d’affaire et n’avait nullement repris les travaux à finaliser.
La raison de cette nouvelle plainte est l’inachèvement depuis 2020 des travaux. Arrêté et interrogé, le responsable de l’entreprise a déclaré avoir donné 3.000.000 FCFA, issus du Fonds de Développement Local de 7.603.344 FCFA, à des autorités administratives et à un ancien représentant communautaire. Cet ancien représentant communautaire qui siégeait au sein du comité de gestion et suivi de projet (CGSP), présidé par le Préfet du département de la Lope, va à son tour être interpellé. Interrogé, il déclara qu’il avait touché une somme de 300.000 FCFA issue du Fonds de Développement Local, ceci en plus de sa rémunération. Il était chargé de surveiller les travaux avant de devenir salarié de l’entreprise EKSB en qualité de chef de chantier et responsable de la paie.
Signalons que dans un autre village, poteau ciment, le responsable de l’entreprise EKSB a également touché environ 7.600.000 FCFA de Fonds de Développement Local pour la construction de logement d’enseignant. Sur le terrain le constat est encore sans appel : le soubassement du bâtiment est à peine entamé avec seulement quelques briques montées, le tout envahi par la végétation. Le chantier est abandonné depuis 2020.
Le responsable d’EKSB et l’ancien représentant d’Abenelang ont été présentés devant le Procureur de la République de Makokou le vendredi 27 janvier 2023. Le Procureur a envoyé le dossier en instruction.
Le juge instructeur a placé les mis en causes en détention préventive. Ce qui n’avait pas été le cas en 2022 au terme de leur déferrement devant le Parquet de Makokou. ou ils étaient repartis libres mais, sachant que plusieurs autres cas similaires existent dans l’Ogooué-Ivindo, et notamment dans la Canton Ntang-Louli, des décisions fortes pourraient servir de précédent et dissuader les personnes malveillantes d’abuser davantage des communautés en détournant les fonds prévus pour leur développement.
Le détournement des Fonds de Développement Local a pris une ampleur importante dans l’Ogooué-Ivindo depuis quelques années mais le parquet de Makokou a manifestement décidé de s’impliquer activement pour que justice soit faite en faveur des communautés qui en sont victimes.