La colère gronde à Campo, dans le Sud du Cameroun. Le vendredi 17 janvier 2025, les populations locales ont envahi les rues pour dénoncer les abus des entreprises Camvert, Sophony, et BoisCam. Ces manifestations, survenues en fin de semaine, ont conduit à l’interpellation de plusieurs riverains, dont un arrêté puis relâché, tandis que d’autres ont été auditionnés. Les communautés exigent une révision participative des cahiers de charges de Camvert et le paiement des royalties dues par les entreprises forestières, détentrices de l’UFA 0925.
Sa Majesté Abel Mvondo, chef du village Ndoumessamebenga, exprime l’exaspération générale : « Trop c’est trop. Nous avons été suffisamment patients, mais rien n’a changé. En décembre, nous avons adressé une pétition au sous-préfet, restée sans réponse. Nous refusons de laisser Camvert sacrifier nos forêts et exploiter nos terres sans considération pour nos droits. ».
Depuis trois ans, les appels des communautés pour une révision des cahiers de charges avec Camvert restent ignorés. L’entreprise continue également de violer la loi en ne s’acquittant pas du paiement des redevances foncières. Pourtant, l’article 17 du Décret n°76-166 du 27 avril 1976 stipule que les revenus fonciers doivent être répartis à hauteur de 40 % pour l’État, 40 % pour la commune, et 20 % pour les communautés locales.
Stella Tchoukep, chargée de la campagne Forêt chez Greenpeace Afrique, alerte : « Un cadre de dialogue structuré est indispensable pour résoudre ces conflits. Cependant, cela ne servira à rien si Camvert persiste dans le non-respect de ses engagements et des lois camerounaises. Cette attitude alimente la colère des riverains et l’indignation des organisations environnementales. ».
Créée en 2019, Camvert a obtenu en mars 2022 une concession de plus de 40 000 hectares dans des conditions opaques. Depuis, l’entreprise est accusée de violer les droits des communautés locales et autochtones, dont la survie dépend de ces forêts. La destruction massive de la biodiversité, à laquelle Camvert contribue, va à l’encontre des engagements du Cameroun pour la protection de l’environnement.
En plus de l’exploitation forestière, les habitants font face à une recrudescence des incursions d’animaux sauvages, fuyant leurs habitats détruits. Pour les communautés de Campo, ce n’est pas seulement une question de justice environnementale, mais une lutte pour leur survie et leur dignité.
Boris Ngounou