COP30 : un projet d’accord loin de l’urgence forestière

Le nouveau projet d’accord présenté à la COP30 est jugé trop vague et insuffisant pour protéger les grandes forêts tropicales, l’Amazonie et le Bassin du Congo, ainsi que les peuples qui y vivent.

Le nouveau projet d’accord présenté à la COP30 est jugé trop vague et insuffisant pour protéger les grandes forêts tropicales, l’Amazonie et le Bassin du Congo, ainsi que les peuples qui y vivent.

Le deuxième brouillon du texte « Mutirão » présenté lors de la COP30 à Belém a provoqué un vent d’inquiétude chez les experts et la société civile. Décrit comme « quasiment vide » par Greenpeace, ce document censé orienter les décisions climatiques des prochaines années manque d’ambition, contourne la question des énergies fossiles et n’offre aucune garantie pour stopper la déforestation dans les plus grands poumons verts de la planète.

Selon Tracy Carty, spécialiste des politiques climatiques à Greenpeace International, le texte « Mutirão » ne réduit en rien l’écart qui éloigne la planète de l’objectif de 1,5 °C.
La sortie progressive des énergies fossiles, la fin des subventions pétrolières ou encore les objectifs 2035, pourtant cruciaux, sont absents ou édulcorés. Le brouillon consiste davantage en une série de généralités qu’en un plan d’action.

Ce flou intervient alors que la science avertit que les émissions mondiales doivent baisser de 43 % d’ici 2030 pour éviter des dérèglements climatiques irréversibles.

Forêts : l’Amazonie et le Bassin du Congo mentionnés, mais toujours sans garanties

Le texte reconnaît l’importance des forêts tropicales et des peuples autochtones, mais n’établit aucune mesure concrète pour empêcher leur destruction. An Lambrechts, experte biodiversité à Greenpeace International, résume : « Le texte cite les forêts et les peuples autochtones, mais ne dit pas comment les protéger réellement. ». Pourtant, l’Amazonie et le Bassin du Congo sont les deux plus grands massifs tropicaux du monde. Leur rôle est vital : ils absorbent des milliards de tonnes de CO₂, stabilisent les cycles de pluie en Afrique et en Amérique du Sud, abritent des centaines de peuples autochtones, et régulent le climat mondial.

Mais ces forêts sont à un tournant critique. L’Amazonie pourrait bientôt franchir un point de bascule la faisant basculer en savane dégradée. Le Bassin du Congo connaît une montée de la déforestation industrielle, notamment liée à l’exploitation illégale du bois et à l’expansion minière. Sans cadre clair, le texte Mutirão ne donne aucun signal fort aux pays forestiers ni aux investisseurs.

Financements : le grand vide du projet d’accord

La section consacrée aux financements est considérée comme la plus problématique du texte.
Selon Koaile Monaheng de Greenpeace Afrique, elle « ne propose rien de solide » pour accompagner les pays vulnérables. Or, protéger l’Amazonie, le Bassin du Congo et les forêts d’Asie nécessite des financements massifs, évalués à au moins 100 milliards de dollars par an, dédiés à : l’adaptation climatique, la lutte contre la déforestation, le soutien aux peuples autochtones, la surveillance forestière, et la transition vers des économies durables.

Aujourd’hui, aucun mécanisme n’est clairement défini, et aucune obligation de contribution n’est imposée aux pays les plus pollueurs.

Organisée pour la première fois au cœur de l’Amazonie, la COP30 porte une responsabilité historique. Le destin des grands massifs tropicaux, Amazonie, Bassin du Congo et Bornéo, est au centre des discussions. Ces forêts sont essentielles pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux, mais leur protection dépendra du courage politique et de la capacité des États à mobiliser des financements crédibles, pérennes et adaptés.

Pour les scientifiques comme pour les peuples autochtones, le message est clair : sans un accord engageant, financé et protecteur des forêts tropicales, la trajectoire de 1,5 °C deviendra hors d’atteinte. La balle est désormais dans le camp des négociateurs.

Boris Ngounou

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