CAMEROUN : près de 2 000 hectares perdus, 205 morts, dans l’exploitation minière à l’Est

Région de l’Est – Plus de 2000 hectares de terres agricoles anéantis, 205 morts recensés et une insécurité alimentaire croissante : tel est le lourd tribut de l’exploitation minière artisanale et semi-mécanisée dans les arrondissements de Batouri, Kétté et Kentzou, selon un rapport de l’ONG Forêts et Développement Rural (Foder).

Région de l’Est – Plus de 2000 hectares de terres agricoles anéantis, 205 morts recensés et une insécurité alimentaire croissante : tel est le lourd tribut de l’exploitation minière artisanale et semi-mécanisée dans les arrondissements de Batouri, Kétté et Kentzou, selon un rapport de l’ONG Forêts et Développement Rural (Foder).

Riche en ressources minières, la région de l’Est Cameroun est aujourd’hui en proie à une véritable hémorragie écologique et sociale. Dans une étude menée par l’ONG Forêts et Développement Rural (Foder), les impacts dévastateurs de l’exploitation artisanale et semi-mécanisée ont été documentés avec précision dans les arrondissements de Batouri, Kétté et Kentzou. Cette activité, bien qu’économiquement dynamique, met gravement en péril la sécurité alimentaire de milliers de Camerounais.

Entre 2010 et 2024, la superficie exploitée est passée de 82 à 4 647 hectares, soit une hausse de 5 569 %. Une croissance exponentielle qui a conduit à la destruction de 2 614 hectares de couvert végétal et à la conversion de plus de 2 025 hectares de terres agricoles en zones minières, entraînant une dépendance accrue aux produits importés à coûts élevés. À Batouri, 3 247 hectares sont aujourd’hui exploités contre seulement 79 en 2010. Kétté affiche aussi une progression alarmante : de 4 à 1 327 hectares sur la même période.

Ces chiffres font écho à l’évaluation de la Banque mondiale, selon laquelle près de 250 000 Camerounais vivent en situation d’insécurité alimentaire aiguë. En parallèle, la prolifération des sites miniers non régulés a coûté la vie à 205 personnes entre 2014 et 2022, dans un contexte marqué par l’insalubrité, l’insécurité et le manque d’accès aux soins.

Face à cette urgence, Foder recommande un renforcement strict de la réglementation, l’implémentation de mécanismes de surveillance communautaire, la formation aux bonnes pratiques environnementales et sanitaires, et la réhabilitation des sites dégradés. Une condition sine qua non pour enrayer une dynamique destructrice qui, si elle perdure, compromettra durablement l’avenir des communautés locales de l’Est Cameroun.

Marie Laure Mbena

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