Réunis à Douala depuis hier 24 novembre 2025, sept États côtiers membres de la Commission Régionale des Pêches du Golfe de Guinée (COREP), travaillent à harmoniser leurs systèmes de Suivi, Contrôle et Surveillance (SCS), dans une région où plus de 40 % du poisson pêché serait d’origine illégale. Une pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN), qui entraîne des pertes annuelles estimées à plus de 1,9 milliard de dollars pour l’Afrique de l’Ouest.
Ouvert le 24 novembre 2025 à Douala, l’atelier régional organisé par la Commission Régionale des Pêches du Golfe de Guinée (COREP) et l’ONG Global Fishing Watch marque une étape décisive dans la relance de la coopération entre les sept États côtiers de la sous-région. D’après les termes de référence de la rencontre, les participants doivent notamment relancer l’opérationnalisation des registres nationaux et du registre régional des navires de pêche industrielle, harmoniser les données de surveillance et envisager une plateforme commune pour la lutte contre la pêche illégale.
Dans son allocution de lancement, Emmanuel SABUNI KASEREKA, Secrétaire exécutif de la COREP, a insisté sur la nécessité de bâtir des outils communs et de fluidifier les échanges d’informations entre les administrations maritimes : « Il s’agira au terme de cet atelier de trouver les voies et moyens pour atteindre les objectifs fixés dans le protocole d’accord. […] Faciliter les relations et les échanges avec les États membres afin de promouvoir la transparence et la gestion directe des ressources halieutiques, et utiliser les outils dont disposent les partenaires pour améliorer nos systèmes de surveillance. ». Pour lui, l’enjeu est double : renforcer la coopération régionale et moderniser les dispositifs SCS, encore trop fragmentés dans la zone COREP.
La Guinée équatoriale, qui dispose de l’une des zones maritimes les plus vastes de la sous-région (314 000 km²), voit dans cette initiative une opportunité stratégique. Son Directeur général des Pêches, Mariano NGUEMA ASANGONU, a rappelé l’importance d’une action collective face aux incursions de flottes étrangères : « Espérons que lorsque le projet sera mis en œuvre, nous serons bien protégés, au niveau de la sous-région, pour lutter contre la pêche illégale. […] Nous comptons sur la politique régionale pour que la Guinée équatoriale puisse bénéficier des solutions que les experts de cet atelier vont proposer. ». Pour Malabo, disposer d’un cadre harmonisé est essentiel pour défendre ses ressources et améliorer la gestion des activités industrielles et semi-industrielles opérant dans ses eaux.
Cet atelier intervient alors que le Golfe de Guinée demeure l’un des épicentres mondiaux de la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN). Selon plusieurs analyses régionales (FAO, GFW, Stop Illegal Fishing), entre 35 % et 40 % des captures dans la zone seraient d’origine illicite. Les pertes économiques directes pour les États côtiers s’élèveraient à plus de 1,9 milliard USD par an, sans compter l’impact sur la sécurité maritime, l’effondrement des stocks de petits pélagiques, et la précarisation de plus de 7 millions d’Africains dépendant de la pêche artisanale. La zone COREP figure parmi les plus exposées aux incursions de chalutiers étrangers opérant sans licence, aux transbordements illégaux (transhipment) et à la falsification des registres de navires. D’où l’importance, soulignée à Douala, de disposer de registres fiables, d’outils partagés et de centres de surveillance interconnectés.
Boris Ngounou
