Écaille de pangolin, ivoire d’éléphant, tortues menacées… En seulement six mois, 92 cas de trafic d’espèces sauvages ont été recensés à travers 37 pays africains. Une crise environnementale de grande ampleur révélée par l’opération Sama II, pilotée par l’ONU.
L’Afrique continue de payer le prix fort du commerce illégal d’espèces sauvages. Selon les résultats de l’opération Sama II, publiés le 22 juillet 2025 à Antananarivo (Madagascar), 92 cas de trafic et autant de saisies ont été enregistrés cette année sur le continent. En tête du classement, le Zimbabwe avec 13 cas, suivi de la Namibie (12 cas et 21 saisies), et de Madagascar, qui occupe la 3e position avec 10 cas et 14 saisies. À l’inverse, des pays comme Maurice, le Congo ou le Mozambique ferment la marche avec un seul cas chacun.
Les produits les plus prisés par les trafiquants sont les écailles de pangolin, les défenses d’éléphant et la tortue radiée, espèce endémique de Madagascar. Rien qu’en décembre 2024, 800 tortues ont été saisies. D’après les organisateurs de l’opération, 76 % des marchandises confisquées sont des espèces classées en danger d’extinction par la Convention internationale CITES. Le reste comprend des espèces non listées, des armes et des stupéfiants.
Ce marché illicite, estimé à près de 20 milliards de dollars par an, est désormais le 4e trafic le plus lucratif au monde, derrière la drogue, la contrefaçon et la traite humaine. Mafias, groupes terroristes et réseaux criminels s’en servent pour financer leurs activités. Au Kenya, deux trafiquants belges ont récemment été condamnés pour avoir tenté de faire passer clandestinement 5 000 fourmis vivantes, destinées au commerce des NAC (nouveaux animaux de compagnie).
Au-delà du crime organisé, c’est toute la biodiversité africaine qui est en péril. Le braconnage alimente une économie souterraine dévastatrice, alimente les conflits et détruit des espèces clés de l’écosystème. « Acheter de l’ivoire ou une tortue, c’est financer la guerre, la corruption et la disparition du vivant », alerte Charlotte Nithart, de l’ONG Robin des Bois. L’Afrique est aujourd’hui à la croisée des chemins : protéger sa faune ou continuer de la voir disparaître.
Boris Ngounou