GABON : 148 chasseurs mobilisés pour une viande de brousse légale et durable

Les 17 et 18 juillet 2025, dans le département de Mulundu au centre du Gabon, un atelier de restitution des activités des Associations Communautaires de Chasse Villageoise (ACCV) a marqué la clôture de la deuxième année, la phase II du SWM Programme (Sustainable Wildlife Management) au Gabon.

Les 17 et 18 juillet 2025, dans le département de Mulundu au centre du Gabon, un atelier de restitution des activités des Associations Communautaires de Chasse Villageoise (ACCV) a marqué la clôture de la deuxième année, la phase II du SWM Programme (Sustainable Wildlife Management) au Gabon.

Placée sous le thème « Vers une autonomisation des associations communautaires de chasse villageoise », cette rencontre a rassemblé les représentants de dix groupes communautaires accompagnés par le programme, M. le Préfet de Mulundu, le conseil départemental, les directions provinciales des eaux et forêts et de l’agriculture, tous les chefs de cantons, de regroupement et de villages ainsi que les opérateurs économiques. Cet atelier est un pas de plus vers la mise en place d’une filière de viande de brousse saine, légale et durable.

Une restitution désormais portée par les communautés

Pour la première fois, l’atelier de restitution n’a pas eu lieu à Lastourville, mais au cœur même des villages partenaires. Cette décision stratégique illustre l’évolution du projet : les communautés ne sont plus de simples bénéficiaires, elles en deviennent les actrices centrales.

De la planification logistique à la coordination du programme, les ACCV de Bembicani et de Ndékabalandji/Bakousou ont organisé l’ensemble de l’événement, démontrant leur montée en compétence, leur engagement et leur capacité à gérer de manière autonome les ressources naturelles de leur territoire.

« La présentation des bilans d’activités illustre la vitalité des associations communautaires. Elle démontre clairement qu’elles entrent dans une phase d’autonomisation, tant dans leur fonctionnement interne que dans leur capacité à gérer durablement la faune sauvage », a souligné Pierre Cyril Renaud, coordinateur du SWM Programme au Gabon

Photo de famille de l’atelier de restitution des activités des ACCV

Des résultats concrets qui confirment la dynamique locale

Les bilans présentés par les communautés révèlent des avancées significatives dans la structuration de la chasse villageoise et la gouvernance des ressources fauniques :

•        148 chasseurs actifs enregistrés en 2025 dans 5 regroupements ;

•        80 % de ces chasseurs déclarent leurs prélèvements ;

•        Deux systèmes de suivi opérationnels sont en place sur le terrain ;

•        Les comités de gestion (CG) assurent la collecte des données et le calcul des indicateurs de gestion chaque trimestre, pour suivre et ajuster les quotas définis dans les plans de chasse ;

5 plans de gestion de la chasse ont été rédigés et partagés avec les administrations et les opérateurs économiques.Ces résultats illustrent l’efficacité croissante des mécanismes communautaires de suivi communautaire de la chasse et la maturité croissante des ACCV dans la mise en œuvre d’une gestion durable de la faune dans leurs territoires communautaires de chasse (TCC).

Une régulation progressive des armes à feu

En soutien à cette dynamique communautaire, les services déconcentrés de l’État, notamment les Eaux et Forêts, poursuivent leurs efforts pour renforcer la légalité des pratiques de chasse.

La Direction provinciale des Eaux et Forêts a ainsi profité de l’atelier pour faire le point sur la régularisation des permis de chasse et la législation sur les armes à feu. Selon Ulrich Mabika, du cantonnement local « Sur 192 dossiers de régularisation reçus, 113 sont complets. Ce chiffre montre l’intérêt croissant des communautés pour la régulation des armes à feu et l’obtention d’un permis de petite chasse. Pour les dossiers incomplets, des campagnes de sensibilisation seront organisées dans les prochaines semaines. ».

Cette collaboration étroite entre l’administration forestière et communautés vient renforcer les fondations d’une gestion partagée, responsable et transparente de la faune sauvage.

Une trajectoire de consolidation et de pérennisation

Avec encore trois années de mise en œuvre devant lui, dont deux seront consacrées à la mise à l’échelle, le programme SWM s’inscrit dans une logique de transfert progressif de compétences et de responsabilités aux communautés rurales et à la mise en place d’alliances vertueuses entre communautés, opérateurs économiques et administrations.

En plaçant les populations locales au cœur de la planification, du suivi et de la régulation, le programme amorce un véritable changement de paradigme : les ACCV deviennent les piliers d’une gouvernance durable, inclusive et légalement encadrée des ressources naturelles.

Pierre REGOMBI

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