Greenpeace Africa organised a conference on climate finance to coincide with the celebration of the 20th anniversary of the Economic and Social Council of the African Union, which took place during the week of 18 July 2024 in Accra, Ghana. Entitled « Ending the Crisis: The Role of Financial Reforms in Addressing the Climate and Environmental Crisis in Africa, » this conference facilitated discussions on the financial reforms needed to tackle current climate and environmental challenges.
The discussions highlighted the connection between the climate crisis and the necessary financial reforms in Africa. Experts emphasized the role of the African Union in resolving climate finance issues and discussed the United Nations Tax Convention and its impact on the socio-economic well-being of African populations.
Fred Njehu, Pan-African Policy Strategist at Greenpeace Africa, stated: « We are all witnessing the harmful effects of the climate crisis in Africa. To address this, African countries must be an integral part of the solution. Adequate climate funds must be mobilized to address the losses and damages suffered by our communities. We also want African countries to position themselves to decolonize the global financial system and ensure it is fair, equitable, and adequately meets climate needs. Our governments must ensure that funds are directed to the real beneficiaries within our communities. »
Dorine Nininahazwe, Policy Advisor at Greenpeace Africa, added: « Africa must speak as one at major international meetings. One of the things that works against us in Africa is that we come separately, and so our voices and demands are weak. The more united we are, the stronger and more effective we will be. There is a lot of injustice in the financial system. Our countries pay high taxes on loss and damage funds, while large polluting companies pay the least. We must ensure that there is tax justice. This is our common fight. »
Grace Appolos, Program Director at We the People (Nigeria), stated: « We cannot talk about a just transition while fossil fuels continue to burn; it’s lying to ourselves and putting more lives at risk. As Tihah Bolton said, we cannot keep mopping the floor while the tap is open. The tap must be turned off if we want our efforts to mitigate the climate crisis to have any impact. »
The event, organized in partnership with the Youth Strategic Network for Development and the African Tax Justice Network, underscored the importance of climate and financial justice to ensure a just and equitable transition for African populations.
Greenpeace Africa organised a conference on climate finance to coincide with the celebration of the 20th anniversary of the Economic and Social Council of the African Union, which took place during the week of 18 July 2024 in Accra, Ghana. Entitled « Ending the Crisis: The Role of Financial Reforms in Addressing the Climate and Environmental Crisis in Africa, » this conference facilitated discussions on the financial reforms needed to tackle current climate and environmental challenges.
Greenpeace Afrique marque un tournant majeur dans sa mission environnementale en participant au 20ème anniversaire du Conseil économique, social et culturel de l’Union africaine (UA-ECOSOCC) à Accra au Ghana. En parallèle des activités de commémoration, l’organisation procède du 11 au 12 juillet 2024, au lancement du Mouvement pour la justice climatique en Afrique de l’Ouest. L’initiative vise à rassembler diverses forces pour lutter contre les défis environnementaux croissants de la région.
Le Mouvement pour la justice climatique, lancé les 11 et 12 juillet 2024, vise à unir des organisations de la société civile, des dirigeants communautaires et des experts environnementaux pour faire face aux problèmes urgents tels que la surpêche, la déforestation, les systèmes alimentaires non durables et les impacts néfastes du changement climatique. Ce mouvement est une réponse directe aux défis environnementaux de plus en plus pressants qui menacent la stabilité socio-économique de l’Afrique de l’Ouest.
En marge de l’UA-ECOSOCC, Greenpeace Afrique organisera également un événement pour discuter du rôle des réformes financières dans la lutte contre la crise climatique. Les discussions porteront sur l’importance de restructurer les politiques économiques pour soutenir des initiatives écologiques durables et promouvoir le bien-être socio-économique dans la région.
L’Afrique de l’Ouest a perdu près de 80% des forêts vierges
Les enjeux sont de taille. Selon un rapport de la Banque mondiale, l’Afrique pourrait perdre jusqu’à 12% de son PIB annuel à cause des impacts du changement climatique d’ici 2050. La déforestation en Afrique de l’Ouest, notamment en Côte d’Ivoire et au Ghana, a déjà entraîné la perte de 80% des forêts d’origine, mettant en danger la biodiversité et exacerbant les conditions climatiques extrêmes. De plus, la surpêche représente une menace sérieuse, avec des stocks de poissons qui diminuent de manière alarmante, mettant en péril la sécurité alimentaire des communautés côtières.
Greenpeace Afrique, en partenariat avec plusieurs organisations locales et internationales, vise à instaurer des pratiques de pêche durable, à restaurer les forêts, et à promouvoir des systèmes alimentaires écologiques. L’événement parallèle de l’UA-ECOSOCC, prévu pour le 17 juillet 2024, servira de plateforme pour discuter de ces initiatives et mobiliser des soutiens financiers et politiques nécessaires pour leur réalisation.
L’initiative d’Accra intervient après celle de Yaoundé au Cameroun. La capitale camerounaise a abrité le 5 juin 2024, le lancement officiel du Mouvement Camerounais pour la Justice Climatique (MCJC), une coalition regroupant près de 40 organisations de la société civile à travers les 10 régions du pays d’Afrique centrale. Ce mouvement vise à coordonner les efforts locaux pour lutter contre la déforestation et promouvoir des actions concrètes en faveur de la protection de l’environnement au Cameroun.
Greenpeace Afrique marque un tournant majeur dans sa mission environnementale en participant au 25ème anniversaire du Conseil économique, social et culturel de l’Union africaine (UA-ECOSOCC) à Accra au Ghana. En parallèle des activités de commémoration, l’organisation procède du 11 au 12 juillet 2024, au lancement du Mouvement pour la justice climatique en Afrique de l’Ouest. L’initiative vise à rassembler diverses forces pour lutter contre les défis environnementaux croissants de la région.
Du 8 au 12 juillet 2024, Lagos sera l’épicentre de la lutte contre la pollution de l’air en Afrique. C’est à la faveur du forum CLEAN-Air qui réunira plus de 300 experts de 40 pays dans la capitale économique du Nigéria. Cet événement crucial vise à partager des connaissances, établir des collaborations et promouvoir des interventions durables pour améliorer la qualité de l’air dans les villes africaines.
Organisé par AirQo, une initiative de recherche panafricaine basée à l’Université de Makerere en Ouganda, en collaboration avec l’Air Quality Monitoring Research Group (AQMRG) de l’Université de Lagos, l’Agence de protection de l’environnement de l’État de Lagos (LASEPA) et UrbanBetter, ce forum vise à partager des connaissances, établir des collaborations transdisciplinaires et promouvoir des interventions durables en faveur de l’air pur dans les villes africaines.
L’événement devrait attirer des représentants de diverses parties prenantes, y compris des décideurs politiques, des représentants des organisations de la société civile, le secteur privé, des partenaires de développement et des communautés scientifiques. Ces acteurs de la qualité de l’air en Afrique discuteront des stratégies pour réduire la pollution de l’air, un problème critique qui cause environ 1,1 million de décès par an sur le continent, selon une étude du Global Burden of Disease. En Afrique, la pollution de l’air est devenue la deuxième cause de mortalité, exacerbée par l’urbanisation rapide et le manque de ressources pour mettre en œuvre des mesures efficaces.
Les sessions du forum
Le forum de Lagos s’appuie sur le succès de son événement inaugural tenu à Kampala, en Ouganda, en 2023, qui avait rassemblé des participants de plus de 31 villes du monde entier. Cette année, l’objectif est de renforcer les réseaux multirégionaux et de promouvoir des politiques fondées sur des données probantes pour une gestion efficace de la qualité de l’air.
Lors de ce forum, plusieurs sessions plénières aborderont des sujets cruciaux tels que l’élaboration de politiques basées sur des données probantes pour la gestion de la qualité de l’air, les impacts sanitaires de la pollution atmosphérique en Afrique, et des séances de partage de connaissances pour sensibiliser le public et faire progresser l’interface science-politique.
« Le Forum offrira des voies vers la gestion de la qualité de l’air pour les villes africaines et sensibilisera davantage aux problèmes de qualité de l’air et de pollution de l’air pour de meilleurs résultats en matière de santé en Afrique », explique le professeur Bainomugisha, responsable du projet AirQo.
À Lagos, 39 moniteurs de qualité de l’air ont été installés pour fournir des données en temps réel sur la qualité de l’air. Rose Alani, responsable du groupe de recherche sur la surveillance de la qualité de l’air à l’Université de Lagos, a noté que ces données sont cruciales pour élaborer des stratégies efficaces d’atténuation de la pollution atmosphérique.
Du 8 au 12 juillet 2024, Lagos sera l’épicentre de la lutte contre la pollution de l’air en Afrique. C’est à la faveur du forum CLEAN-Air qui réunira plus de 300 experts de 40 pays dans la capitale économique du Nigéria. Cet événement crucial vise à partager des connaissances, établir des collaborations et promouvoir des interventions durables pour améliorer la qualité de l’air dans les villes africaines.
La région de l’Est-Cameroun, qui possède de nombreux gisements aurifères, est sans conteste le cœur battant de l’industrie minière du pays. Les multinationales, attirées par la promesse d’une richesse inépuisable, affluent, avec la collaboration des autorités administratives. Néanmoins, cette recherche acharnée de l’or a un prix : les orpailleurs locaux et les communautés environnantes sont confrontés à un véritable péril quotidien, en raison des conséquences environnementales et sociales dévastatrices de cette exploitation.
L’or ou rien
Il est 17h ce 11 février 2024 à Kambélé dans le département de la Kadey, région de l’Est du Cameroun. L’air est frais et les derniers rayons de soleil s’évanouissent progressivement. Au loin, on aperçoit plus d’une centaine de personnes de tous les âges, massées sur une vaste étendue sableuse. Elles sont noyées dans des bruits de moteur qui rejettent incessamment une eau de couleur verte provenant d’un étang autour duquel ces appareils se comptent par dizaines. C’est l’un des dispositifs qui permettent aux orpailleurs de dénicher de l’or.
À la quête du précieux métal, ils ont tous le visage recouvert d’argile, à l’instar d’une dame dénommée Yakoundou, sur le point de quitter le site à notre arrivée. Habillée d’une robe évasée de couleur rouge, la quadragénaire en est à son septième mois de grossesse et n’a pas suivi ses visites prénatales jusqu’ici, faute de moyens. La mère de trois enfants porte sur la tête un récipient rempli de près de 40 kg de pierre et marche en fredonnant une chanson.
Elle espère avoir les moyens nécessaires pour préparer son accouchement en s’y rendant tous les jours de 9 H à 17 H. Seulement, Yakoundou n’est pas la bienvenue dans la mine, compte tenu de son état. Et la plupart des hommes le lui font savoir. Peine perdue ! Yakoundou est restée sourde à toutes les mises en garde liées à son état. « Je ramasse les morceaux de pierre avec les mains. Je les concasse à la main avant de les sécher au soleil. Je fais ensuite écraser ça à la machine pour mieux extraire l’or pendant le lavage », explique Yakoundou.
Depuis quatre ans, la native de Kambélé cherche l’or à l’artisanale contre vents et marées, pour prendre soin de ses proches. Sa famille, forte de 10 membres, ne compte que sur elle pour vivre dans cette région parmi les plus défavorisées du Cameroun. Dans la nuée des orpailleurs, certains groupes qui travaillent à la chaîne sont en réalité des familles à la quête des paillettes d’or pour se prendre en charge.
La témérité de Yakoundou est presque à l’image de celle d’Abdoulaye, trentenaire élancé qui fouille l’or à l’artisanale depuis 18 ans à Colomine. La précarité de sa famille ne lui permettant pas d’être scolarisé, il a vite trouvé un refuge dans la recherche de l’or pour subvenir à ses besoins les plus essentiels. « Ce travail ne paie pas vraiment. Je cherche juste de quoi me nourrir», marmonne-t-il.
Tous les jours, Abdoulaye se rend sur ce site minier déjà exploité pour profiter des restes. « Les Chinois ont déjà fini de creuser ici. Quand je viens, c’est pour exploiter les restes, la terre qu’ils ont versé, puisqu’ils ne reviendront pas ». Sa journée de travail démarre entre 8 H et 9 H chaque jour et s’achève à la tombée de la nuit. Soit, environ 10 heures de travail acharné.
Pour la manœuvre, Abdoulaye est équipé d’une pelle, de deux récipients, d’une brouette et d’un tapis de lavage. À cela s’ajoute une motopompe, qu’il s’est procurée à 150 000 Fcfa. Il s’agit d’un appareil plutôt commode, alimenté au carburant. « La motopompe c’est pour laver quand j’ai fini de creuser », explique l’artisan minier. Le jeune homme, qui s’exprime principalement en langue nationale (Fufuldé), est accompagné de deux jeunes gens lui prêtent main forte.
Le processus n’est pas des plus aisés. Une fois sur le site, le jeune homme commence par creuser le bloc de terre, à l’aide d’une pelle. Il procède ensuite au lavage avec la motopompe. La boue formée est déversée dans la brouette, avant d’être tamisée. En trois à cinq lavages, le dispositif artisanal permet au jeune homme d’obtenir une substance de couleur noire. Elle sera lavée au Mercure pour qu’il n’en reste que de l’or pure, achetée par les collecteurs d’or.
Si elles sont courantes, les journées infructueuses d’Abdoulaye ne le découragent plus. « Il y a des jours comme ça, où je creuse et à la fin, je ne récolte rien. Mais je reviens toujours le lendemain pour travailler, dans l’espoir de trouver de l’or ».
Les mineurs de la mine
La mine grave et le visage ridé, Marlyse est une trentenaire pour qui le travail de la mine n’a plus de secret. La pelle à la main, elle remplit vigoureusement un sac de roches. Approchée, elle fait profil bas et se réserve de tout commentaire. La jeune femme est aidée dans son labeur par ses deux filles âgées de cinq et huit ans respectivement. Le pas alerte, la plus jeune du nom d’Anaïs se donne à l’œuvre au mépris de tous les rires liés à sa difficulté à former une phrase en français lorsque nous approchons. Elle s’applique sans doute avec la conscience que loin des bancs de l’école, c’est dans les mines d’or qu’elle va trouver sa voie comme la plupart de ses aînés et voisins de Kambélé.
Une trajectoire pourtant à l’opposé de celle d’une fillette de 14 ans que nous avons rencontrée dans le département du Lom-et-Djerem, précisément à Colomine, une autre localité à fort potentiel aurifère de la région de l’Est. Maquillée par la boue et exténuée par une dure journée dans les mines, Leila serre dans sa main gauche la somme de 15 000 FCFA qu’elle remet fièrement à sa mère qui la félicite en souriant comme d’accoutumée. « C’est à ma mère que je remets toujours cet argent qui permettra de régler les frais exigés pour mon examen du certificat d’Études primaires et ma scolarité. » , nous confie Leila.
Leila va sur le site aurifère de Colomine appelé « Pangara », entre 6 heures et 18 heures depuis 2016. Le site de Pangaras est situé à quelques mètres de la chefferie de 3e degré de la communauté musulmane de Colomine, au lieudit « Camp bleu ». C’est là-bas qu’elle a appris à creuser et à laver le sable qui contient le métal avant de le présenter au « collecteur », celui qui achète l’or trouvé. Les recettes journalières de l’élève en classe de CM2 avoisinent parfois la somme de 30 000 FCFA lorsqu’elle met plus de temps dans les mines. Mais elle ne s’y rend que lorsqu’elle rentre tôt de l’école primaire Saint-Pierre de Colomine qu’elle fréquente et pendant les jours non-ouvrables.
Une autre fillette de 15 ans du nom de Nina, passe quasiment toutes ses journées dans la mine. Celle qui gagne en moyenne 7 000 FCFA par jour est devenue la protégée de plusieurs aînés à l’instar de Mathurin. Le grand brun aux taches de rousseur sur le visage revendique quinze années dans les mines. Comme la plupart des hommes que nous avons rencontrés sur les sites miniers d’exploitation artisanale, il en a fait son unique source de revenus.
« J’ai grandi dans l’or. Je suis déjà habitué », nous précise Mathurin. Il est désormais ce qu’on appelle dans les mines « un abatteur », les personnes qui creusent les trous à l’aide de la pelle pour faire sortir le gravier qui sera lavé pour obtenir l’or. Ses revenus, qui atteignent plus de 100 000 FCFA par semaine, lui permettent de subvenir aux besoins de sa femme et ses trois enfants. Nombreux sont les jeunes de Colomine qui n’ont pas d’autres choix que cette vie « Sur une population estimée à plus de 15 000 habitants, seulement environ 6 000 enfants sont à l’école. », révèle Sa Majesté Garga Halim, Chef de la communauté musulmane de Colomine.
L’or du plus fort
Le travail sur les sols aurifères est quasiment dans l’ADN des habitants de cette contrée modeste et calme où vivent près de 16 000 âmes selon Sa Majesté Garga Halim, Chef de la communauté musulmane de Colomine. D’évidence, le métal est le plus connu des trésors de la localité par ses habitants, de moins en moins nombreux à s’en réjouir. Quand vous parlez de l’or désormais à Colomine, si on ne vous assimile pas à un espion des multinationales chinoises, nombreuses dans l’industrie, on vous répond avec colère et discrétion comme Rémy. « Il n’y a plus l’activité au village ».
L’orpailleur de 45 ans a pu s’offrir une moto grâce au travail dans les mines. Il s’est depuis quelque temps lancé dans le commerce avec la conviction d’être à l’abri des puissants qui contrôlent l’or dans sa localité désormais. « Dès que vous vous efforcez de trouver un site qui renferme de l’or, les Chinois vous l’arrachent de force », lance-t-il avec désolation. Une désolation partagée par la majorité des habitants de cette zone à en croire Sa Majesté Garga Halim.
« Avant, les populations et les Chinois travaillaient sur les mêmes chantiers sans problème. A côté d’un chantier conduit par les Asiatiques, les riverains avaient la possibilité de trouver des rejetons pour eux-mêmes sans être inquiétés. » , se souvient le gardien de la tradition. Il a la conviction que les populations vivent désormais dans la peur de se risquer dans l’exploration de leurs terres susceptibles de contenir de l’or « Quand tu découvres un site aurifère et commences à l’exploiter, les Chinois viennent trois jours après pour t’expulser. » Précise le chef traditionnel selon qui des préavis sont systématiquement délivrés aux orpailleurs concernés.
Les plus téméraires se voient obligés de quitter les sites sous la pression des documents délivrés par l’autorité administrative, attestant qu’ils ont les droits d’exploiter la zone en question, « C’est ainsi que le sous-préfet vient chasser ou déguerpir la population à chaque fois des jours après » révèle-t-il. Et de préciser qu’il n’a jamais été consulté par les Chinois tout comme ses sujets.
Les multinationales remettent entre 100 000 FCFA et un million de FCFA au “chef chantier”, la personne qui a découvert le site. Une somme qui varie selon la valeur aurifère de l’espace. Il nous revient en réalité que les multinationales sont en complicité avec certains riverains qui les alertent lorsqu’un site est sondé. Selon de nombreux riverains, les multinationales n’effectuent plus de sondage attendant que les populations le fassent pour elles.
Lorsque nous l’avons rencontré, le chef traditionnel nous a fait part de près de 20 chantiers repris par ce procédé aux populations locales par les entreprises chinoises. « Ils ne nous permettent même pas de voir les papiers en question », souligne le chef traditionnel. Selon Rémy, toutes les personnes comme lui qui osent dénoncer le préjudice subi avec l’activité minière des entreprises chinoises sont menacées de mort. « Les Chinois se sont déjà approprié la totalité de l’or de la savane. Ce n’est qu’avec la terre que les populations se battent », nous confie avec crainte un grand brun dénommé Toué.
C’est une pratique que Dr Samuel Nguiffo appréhende au gré de ses multiples virées sur le terrain. « Ils réussissent à être sur le terrain en prenant des titres artisanaux valables et en les regroupant. En mettant par exemple quatre ou huit titres artisanaux d’un hectare chacun, ensemble côte à côte et en les exploitant comme s’il s’agissait d’un permis semi-mécanisé. Les populations qui sont dans la zone ne savent pas qu’il n’y a pas de permis à cet endroit. Pour l’administration sur place, elle sait que c’est de la mine artisanale qui est exploitée de cette manière. », alarme le secrétaire général du Centre pour l’Environnement et le Développement (CED).
La fortune qui ruine
La vie devient de plus en plus chère à Colomine. Dans ce village réputé pour son potentiel aurifère, les articles sont nettement plus coûteux qu’à Bertoua, la ville principale. Une bouteille d’eau qui coûte 300 FCFA à Bertoua par exemple y est vendue en moyenne à 600 FCFA. Les maisons d’habitation déboursent au moins 7 000 FCFA par mois pour être alimentées au gasoil par une compagnie privée dénommée Enec.
C’est la seule alternative à l’énergie solaire qui est la principale option dans ce village. La région de l’Est abrite pourtant l’un des barrages d’envergure de la République ; le barrage de Lom Pangar. Lancés depuis 2012, les travaux de ce barrage d’une capacité de 6 milliards de m3 de retenue d’eau, étaient censés être achevés depuis 2017. Mais même en 2023 le mystère est entier sur le début de la production des premiers mégawatts du barrage hydroélectrique. L’installation devrait permettre l’électrification de 150 villages de la région entre autres.
D’aucuns estiment que le coût élevé de la vie à Colomine comme dans les autres localités minières du département de la Kadey à l’instar de Kambélé, est entraîné par la qualité des voies d’accès et l’exploitation de l’or. Ils arguent que seuls les étrangers et certains résidents qui ne fouillent pas les paillettes d’or s’en plaignent. Dr Samuel Nguiffo n’en est pas surpris « Ceux qui vivent à côté de la mine subissent tous les effets négatifs de la présence de la mine, mais n’ont pas les avantages y afférents. La mine pour ces personnes, c’est la catastrophe. Le pire c’est que l’or exerce un tel pouvoir, une telle fascination sur les personnes, que les gens pensent que leur tour d’être riche n’est pas loin. », développe le secrétaire général du Centre pour l’Environnement et le Développement (CED).
Et dans ce contexte, les scandales fonciers sont devenus monnaie courante « Le tout premier risque c’est un risque de conflits entre les membres de la communauté pour utiliser le peu d’espaces disponibles. Il y a un autre risque : celui de voir les populations ne plus être capables de subsister sur la base des terres qui restent. On a vu des cas dans lesquels les sociétés ont détruit des villages pour s’installer. ». Rappelle Samuel Nguiffo. Lorsque nous réalisons le reportage, il nous revient d’ailleurs que le village Kambélé III en a fait les frais. Les populations, et même Baba Bel, le chef du village ont été déguerpis de leurs espaces d’habitation au profit des entreprises d’exploitation des mines d’or.
L’exploitation de l’or par les entreprises chinoises rime avec des revers importants pour les populations riveraines. Les habitants qui ne sont pas victimes de la délocalisation forcée vivent dans une incertitude notoire. « Plus de 1000 maisons sont fissurées et prêtes à s’effondrer après les travaux des Chinois sur les sites avec leurs engins », nous a confié Remy. Le père de famille qui a 19 enfants à sa charge (7 qui sont les siens et ceux de son défunt grand frère) vit dans la même incertitude. Faite en terre battue, la maison de Rémy se trouve devant une vaste étendue d’eau sale.
Il s’agit en réalité d’un trou qui avait été creusé par les engins d’une société chinoise dans sa quête de l’or à Colomine. Rémy se souvient que plusieurs cercueils remontés en surface étaient longtemps restés en suspension avant d’échouer dans le flot stagnant. Le natif de Colomine a initié plusieurs fois des plaintes pour être relocalisé « Car ma maison est sur le point de s’effondrer. Mais elles n’ont jamais abouti. Ils ont visiblement corrompu le tribunal pour que ma plainte ne prospère pas. » S’est-il désolé, les yeux rivés vers le ciel. Dans la mosaïque des irrégularités qui entraînent ces problèmes « La qualité des études d’impact. Toutes ces études ne sont pas de bonne qualité. Volontairement, certains opérateurs cachent des impacts pour ne pas avoir à les gérer plus tard. » , souligne Samuel Nguiffo.
Les mares d’eau sale de cette nature sont très courantes dans la région de l’Est et résultent de l’activité minière. Autour d’elles, les plantes et les arbres sèchent et le sol devient infertile en raison de l’utilisation du Mercure (interdit au Cameroun). « Le Mercure c’est pour arrêter l’or. Un bouchon coûte 16 000 FCFA », nous a confié Bruno ; un orpailleur qui creuse l’or à l’artisanale depuis 4 ans sur l’un des sites de Kambélé. Les dangers de la substance, dont ils cachent la provenance, sont réels selon la convention de Minamata adoptée en 2013 par plus d’une centaine de pays dont le Cameroun.
Selon cette convention, la toxicité neurologique du Mercure et sa capacité à s’accumuler dans l’organisme et dans l’environnement sont des risques graves et irréversibles pour le système nerveux, les reins, les poumons, le fœtus et le nouveau-né.
Nous avons rencontré Florence Palla, titulaire d’un doctorat en écologie, et experte en conservation de la nature. Elle a confirmé les ravages multiples du Mercure sur l’environnement. « Le mercure contribue fortement à détruire la végétation dans la zone où il est utilisé. Lorsque les femmes enceintes l’absorbent accidentellement dans l’eau sale des sites miniers, cela entraîne des déformations pour leurs enfants. Les gens ont l’impression que l’eau ne sort que d’une canalisation alors que cette eau est quand même souterraine. Quand il pleut, les eaux polluées au Mercure sont transportées partout et dans les rivières naturellement. Même si ce n’est que pour laver des vêtements, l’eau aura des répercussions sur la peau. Ça peut entraîner des cancers de la peau. », a développé la spécialiste.
Pour donner une meilleure compréhension de la situation sur le terrain, l’organisation non-gouvernementale Forêts et développement rural (FODER) avait réalisé en 2022 un analyse sur l’exposition des orpailleurs des arrondissements de Batouri, Kette, Ngoura et Bétaré-Oya à la substance. Les cheveux de 60 d’entre eux ont été prélevés. L’analyse a révélé que 43 orpailleurs sur les 60 présentaient dans les cheveux, des concentrations de Mercure allant de 0,78 mg/kg à 8,97 mg/kg. Des données qui vont largement au-delà de la limite prescrite par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Dr Florence Palla insiste sur le fait que les répercussions négatives sur les personnes exposées ne peuvent être mieux observées que sur le long terme. Sur les sites de Kambélé et de Colomine que nous avons visités, l’eau souillée projetée par les moteurs pour filtrer les débris d’or, mouille les cheveux, le corps et la bouche des orpailleurs. Ils ne prennent d’ailleurs aucune précaution pour s’en protéger. « C’est quand quelqu’un va à l’hôpital qu’on sait de quoi il souffre », a confié Sa Majesté Garga Halim, à la question de savoir si l’activité minière peut être à l’origine de quelques maladies fréquentes. L’eau souillée de cette localité et l’activité minière sont indexées comme causes principales des maladies signalées par les riverains. À savoir la typhoïde, la diarrhée, le paludisme, la hernie et quelques maladies respiratoires.
Dr Samuel Nguiffo voit la menace à une plus grande échelle « Les produits qu’on prélève dans les cours d’eau pollués comme le poisson par exemple, qu’on vend plus loin, y compris dans les marchés de Yaoundé et Douala, peuvent contenir des métaux lourds. Beaucoup plus loin du point d’impact, nous sommes affectés par ce qui se passe dans l’exploitation de l’or. Enfin, il y a le bétail (bœufs et chèvres) qui boit dans les cours d’eau et une partie se retrouve dans la chaîne alimentaire humaine. » Alarme l’expert.
La quasi-totalité des localités réputées pour leur potentiel aurifère dans la région de l’Est Cameroun est en proie à plusieurs phénomènes. Il y a notamment la prostitution, la sous-scolarisation, doublées par l’insuffisance des cadres d’enseignements. À l’observation du Code minier camerounais 2023, précisément ses articles 126(1), 126(2), 126(3), 127, 128, 129 relatifs aux obligations sociales des sociétés minières. Le document réglementaire renseigne par exemple que « Les sociétés minières sont tenues de mettre en œuvre un plan de développement communautaire (PDC) en concertation avec les populations locales. » (Article 126(1)).
Et l’article 126(2) de préciser quece plan doit identifier les besoins prioritaires des communautés locales et définir les actions concrètes que la société minière s’engage à réaliser pour y répondre. En-dehors de ce PDC qui doit être approuvé par les autorités compétentes, le Code minier en son article 121 précise que « les sociétés minières sont tenues de participer au financement des infrastructures sociales et économiques de base dans la zone du projet minier. » On peut enfin lire à l’article 129 du Code Minier que les « sociétés minières sont tenues de contribuer à la préservation de l’environnement et à la réhabilitation des sites miniers. »
Le chef de la communauté musulmane de Colomine, Sa Majesté Garga Halim, est clair sur le fait que les sociétés chinoises qui exercent dans sa localité ne respectent pas les dispositions de ce code avec les nombreux trous béants dans son village. À ce propos, le Foder a réalisé en 2021, une étude qui révèle qu’il y a 703 trous miniers dans la région de l’Est Cameroun. Une situation qui s’est aggravée avec le temps. Dans le même temps, les analyses du FODER ont révélé qu’entre 2015 et 2022, 205 personnes sont décédées dans les sites miniers à l’Est et l’Adamaoua. Des morts principalement dues aux noyades dans des lacs artificiels et aux éboulements et glissements des terrains entraînés par les grands trous abandonnés.
Et pourtant, non seulement ces entreprises ont l’obligation « de refermer les trous, mais de remettre les sites en état. Les sociétés minières, lorsqu’elles arrivent, rasent la végétation et enlèvent la couche fertile du sol. Elles exploitent. Ce qu’on attend, c’est qu’en repartant elles bouchent le trou et essaient de reconstituer le paysage. L’objectif c’est que le paysan puisse réutiliser cette terre. Ce n’est pas seulement une question de sécurité, mais l’usage doit pouvoir se poursuivre. Ça fait partie des charges légales des entreprises exploitantes », explique le Dr Nguiffo, secrétaire général du Centre pour l’Environnement et le Développement (CED).
Pour Sa Majesté Garga Halim, les exploitants n’ont entamé aucun véritable projet social en faveur des populations qu’il s’agisse des écoles, des hôpitaux, des routes, etc. Le même sentiment est partagé par Sa Majesté Symphorien Haïto, chef traditionnel de deuxième degré à Colomine. « Colomine ne profite rien de la mine. Quand nous menons nos doléances vers les exploitants, on nous renvoie vers la mairie qui est censée s’occuper de nos problèmes. Dernièrement, nous avons appris qu’on a versé la quote-part des populations à la mairie. Nous avons attendu le retour, en vain. Nous ne savons plus à quelle porte frapper », confie notre source. Pour lui, cette situation accentue la déperdition scolaire contre laquelle ils s’organisent quoique difficilement.
C’est à bord des véhicules banalisés de cinq places, où se serrent jusqu’à 9 personnes, qu’on se rend à Colomine à partir de Batouri. La route principale en terre qui mène dans le petit village est parsemée de nids de poules qui induisent près de 4 heures de voyage mouvementées pour un peu moins de 15 KM. Selon de nombreux habitants de la zone comme Rémy, elle est quasi impraticable en saison pluvieuse. Cette voie principale, comme beaucoup d’autres, est davantage endommagée par le bal incessant des camions des multinationales qui emportent diverses ressources naturelles.
Nous avons rencontré plusieurs orpailleurs qui creusent l’or à l’artisanale pour savoir à combien ils vendent le fruit de leurs longues heures de travail dans les mines. Il nous revient que les collecteurs d’or achètent l’or à 30 000 FCFA le gramme. Nettement moins que le prix sur le marché international, soit 46 000 FCFA (69,75 euros selon le site or.fr consulté le 18 mai 2024) .
Le difficile quotidien dans les sites miniers a déjà entraîné un important déplacement des populations, soit des localités reculées vers la ville principale (Bertoua) soit vers d’autres régions du pays à l’instar du Centre et de l’Ouest. Les plus désespérés attendent que les Chinois finissent d’exploiter une zone pour se contenter des restes de terres.
L’Etat et l’or
La salle d’attente est bondée à notre arrivée dans les bureaux du Préfet du département de la Kadey ce lundi. En raison de la rupture du courant électrique quelque temps avant, le service public fonctionne à l’aide d’un groupe électrogène dont les bruits se mêlent à la cacophonie ambiante des bureaux. C’est après près d’une heure trente d’attente que nous sommes reçus par le Préfet Djadai Yakouba avec qui nous entamons des échanges autour des problèmes relevés sur le terrain.
Il commence par dire sa satisfaction générale vis-à-vis du travail des entreprises qui exploitent l’or dans son unité administrative. « Ces sociétés réalisent quelques projets sociaux en conformité avec les instructions de Monsieur le Ministre des Mines de l’Industrie et du développement technologique.» , confie le préfet. L’autorité administrative se félicite aussi des emplois générés par l’activité « On enregistre plus de 1000 ouvriers camerounais dans les sites miniers qui trouvent leur compte. », renseigne Djadai Yakouba.
Concernant les trous abandonnés après l’exploitation des sites, le préfet invoque la décision du Ministre des Mines de l’industrie et du développement technologique prise le 22 décembre 2023 pour l’exploitation artisanale. Le document exigeait que la profondeur de ces trous n’excède pas 30 mètres pour souligner que « Les instructions du Minmidt sont bel et bien respectées dans le département de la Kadey. ». À en croire le préfet, dans les zones où l’exploitation est arrivée à terme, les trous sont systématiquement fermés de manière progressive. « Avec les services techniques, nous veillons à ce que l’environnement ne soit pas totalement dégradé. Au terme de l’exploitation, il faut retrouver l’exploitation initiale. Il faut que l’ancienne vie continue quand on termine avec l’exploitation minière », précise-t-il avant d’assurer qu’il veille activement à ce que les trous soient refermés « de façon progressive.»
Djadai Yakouba est également revenu sur les problèmes fonciers devenus monnaie courante dans les villages concernés par l’activité minière. Avant que des riverains ne soient déplacés de leur espace vital, un travail conjoint entre le service technique et la commune est mené pour une parfaite exécution à lui en croire. « Si les populations ne sont pas indemnisées, il n’y a pas de travail sur ce site. », martèle le préfet. Samuel Nguiffo a la conviction que l’Etat a les moyens de faire cesser les irrégularités « L’Etat a tout ce qu’il lui faut pour prendre la décision. Sur place, on a des acteurs qui pourraient faire quelque chose. Parmi ces acteurs, il y a les communautés qui pourraient se mobiliser pour aller au tribunal. S’il y a une sanction, il y aura une pénalité. Ça peut être de la prison ou une forte somme d’argent. Et celui qui a payé de l’argent devient discipliné. », confie-t-il avant d’ajouter relativement aux études d’impact environnemental que « C’est la responsabilité de l’administration de détecter les impacts cachés et d’insister pour que leur prise en compte soit assurée. ».
Nous avons sollicité le 2 février 2024, une interview avec le ministre des Mines de l’Industrie et du développement technologique. L’avis favorable du membre du gouvernement nous a été donné le 4 avril 2024 par voie de courrier. Malgré une rencontre préliminaire avec la cellule de Communication, à la demande du Ministère, nous restons dans l’attente de la programmation pour cet échange autour de cette réalité.
L’or demain
Créée le 14 décembre 2020 par l’Etat, la Société nationale des mines (Sonamines), a remplacé le Capam. Ses missions sont d’assurer le développement et la promotion du secteur minier (hors pétrole) au Cameroun. Depuis sa création jusqu’en 2023, le bras séculier de l’Etat a collecté 431,15 kg d’or en lingot. La Sonamine est aussi active dans diverses activités au rang desquelles la lutte contre la présence des mineurs dans la mine que prescrivait sa tutelle dans une décision au 30 août 2021.
Baptisée « opération Zéro enfant dans la mine », une caravane portée par cette entité est initiée depuis trois ans pour lutter contre la présence des mineurs dans les sites miniers. Ces derniers bénéficient d’un accompagnement dans le cadre de leurs études. La Sonamines procède notamment à des dons de manuels et fournitures scolaires, des paquets minimum pour contribuer au paiement des salaires de certains maîtres de parents et renforcer les infrastructures. Leurs réalisations sont palpables à Colomine. Au cours des deux dernières années, la Sonamines y a remis 100 tables-bancs et du matériel didactique.
Même si un riverain nous a confié que la plus grande faiblesse de cette entreprise est le fait qu’elle intervient généralement quand le train de la rentrée a déjà commencé. A titre d’illustration, la rentrée scolaire 2023 a eu lieu le 4 septembre 2023. Tandis que l’édition 2023 de cette opération s’est tenue du 25 au 28 Septembre 2023 ; soit 21 jours après la rentrée scolaire. « ça ne permet pas vraiment d’anticiper sur les problèmes de déperdition scolaire», a lancé Michel, un habitant de Colomine.
Sa Majesté Garga a confié que les rapports des populations sont bons avec cette nouvelle entité qui n’a cependant pas encore une grande marge de manœuvre dans la gestion des sites. Débordées de jour en jour, ces populations ont la conviction que c’est à l’Etat de changer les choses. Car la superpuissance des Chinois ne laisse pas de place aux voix désespérées des populations.
« S’il y avait un endroit où je pouvais me plaindre sans argent et avoir gain de cause, je le ferais. Les Chinois ont des millions qui leur permettent de toujours avoir gain de cause. Ce n’est pas notre cas. », se désole Sa Majesté Garga Halim. Il avoue être hanté par la colère de ses sujets de plus en plus nombreux à réclamer le départ des multinationales chinoises. Tout comme Sa Majesté Symphorien Haïto. Au cours des trois dernières années, il y a eu des velléités de grève initiées par les populations de Colomine, déterminées à détruire les machines des Chinois et leurs biens. Des projets qui ont été étouffés dans l’œuf grâce au concours des chefs traditionnels.
Ils ne savent pas pendant combien de temps, ils pourront contenir ce courroux. Leurs nombreuses doléances pour une prise en compte de cette situation n’ont pas vraiment abouti à ce jour. Le préfet de la Kadey nous a assuré que l’autorité administrative s’attelle parfaitement à jouer son rôle « mettre en harmonie les structures techniques dédiées, être en harmonie avec l’environnement, protéger l’entreprise, protéger les populations, protéger surtout les intérêts de l’Etat. », a confié Djadai Yakouba.
À l’endroit des décideurs, le message est clair « Je ne souhaite pas qu’on chasse les Chinois parce que c’est le gouvernement qui les a envoyés. Je souhaite qu’ils n’empêchent plus aux populations de poursuivre leurs chantiers. » , lance-t-il le regard vide. Sa plus grande attente est que ces exploitants créent autour de leurs sites en exploitation, des espaces où les populations peuvent aussi exploiter l’or. Garga Halim se contente désormais de prier Dieu ; car il n’a pas de force pour se livrer à un bras de fer avec l’Etat.
Si la contribution du secteur minier reste encore marginale dans le PIB du Cameroun (moins de 1 %), l’attention qu’il charrie depuis quelque temps en fait une niche d’importance pour l’Etat. À l’ombre de la manne infernale que les sites miniers sont devenus pour les populations riveraines.
Cette enquête a été réalisée avec l’appui du Réseau des journalistes scientifiques d’Afrique francophone (RJSAF) dans le cadre de la bourse d’enquête de la Conférence mondiale des journalistes scientifiques francophones.
Par Romulus Dorval KUESSIE, Gibrile KENFACK TSABDO et Sintia Dounang
La région de l’Est-Cameroun, qui possède de nombreux gisements aurifères, est sans conteste le cœur battant de l’industrie minière du pays. Les multinationales, attirées par la promesse d’une richesse inépuisable, affluent, avec la collaboration des autorités administratives. Néanmoins, cette recherche acharnée de l’or a un prix : les orpailleurs locaux et les communautés environnantes sont confrontés à un véritable péril quotidien, en raison des conséquences environnementales et sociales dévastatrices de cette exploitation.
Bienvenue dans la réserve de Faune du Dja, un écosystème protégé, s’étendant sur plus de 526 000 hectares, niché entre les régions de l’Est et du Sud du Cameroun. Ici, la forêt dense équatoriale est le royaume des Baka, un peuple des forêts, gardiens ancestraux de cet environnement exceptionnel.
Le magazine radiophonique Environnementales est produit et présenté par Boris Ngounou. Un programme diffusé tous les mercredis et samedis, 12H30-13H, sur radio Tiemeni Siantou (RTS), émettant sur la fréquence de modulation 90.5 Mhz (Yaoundé et Bafang).
Salut à toutes et à tous. Vous êtes à l’écoute d’Environnementales, le principal magazine radiophonique de contribution à la protection de l’environnement en Afrique au Sud du Sahara. Aujourd’hui, nous partons pour une exploration au cœur de la réserve de Faune du Dja, un joyau naturel du Cameroun, où la symbiose entre l’homme et la nature, est une réalité palpable.