Cécile Ndjebet, agronome et forestière : «Mon parcours a été façonné par mon amour de la forêt »

Cécile Ndjebet, agronome et forestière : «Mon parcours a été façonné par mon amour de la forêt »©FAO Forestry

«Dès l’âge de quatre ans, je me rendais à la ferme avec ma mère et ma sœur. J’ai appris très tôt à cultiver la terre et à ramasser les produits sauvages de la forêt ; j’ai appris la valeur de la forêt et son importance pour notre vie». Des années plus tard, qu’est devenue Cécile Bibiane Ndjebet, cette petite fille qui était déjà éprise la nature?

Parcous d’excellence. Cécile Bibiane  Ndjebet, celle qui aimait les forêts et les divers produits qui s’y trouve dans son enfance, est aujourd’hui l’une des femmes qui contribuent positivement à la préservation de nature en Afrique et au Cameroun en particulier. Elle s’est bien sûr donnée les moyens d’y arriver.

 Après avoir appris aux côtés de sa mère et de sa soeur aînée, qui étaient toutes deux agricultrices et vivaient de leurs activités agricoles et de la collecte de produits forestiers, elle opte, une fois à l’université, pour une formation en agronomie et foresterie sociale et obtient une maîtrise en foresterie sociale de l’université agricole de Wageningen, aux Pays-Bas. Puis, un doctorat à l’université catholique d’Afrique centrale, avec pour thème les relations hommes-femmes et l’accès à la terre dans les zones rurales du Cameroun. Elle commence sa carrière en tant que fonctionnaire camerounaise en 1986, avant de passer au secteur de la société civile en 1997. Et c’est à partir de là qu’elle prendre véritablement son envole entant qu’amazone de l’écologie en Afrique.

En 2000, elle fonde l’ONG nationale Cameroon Ecology à travers laquelle elle défend avec force les droits des communautés, en particulier ceux des femmes rurales et autochtones, en ce qui concerne les forêts, les terres et les ressources naturelles. Elle initie également des réformes politiques et mené des initiatives visant à préserver et à restaurer les forêts de mangroves. Sa grande expertise en matière d’intégration du genre et de droits des femmes a par exemple été déterminante dans l’élaboration de politiques et d’initiatives liées à la gestion des ressources naturelles, y compris le genre et la tenure, la REDD+, le changement climatique et la biodiversité.

En 2009, Cécile Ndjebet cofonde le Réseau des femmes africaines pour la gestion communautaire des forêts (REFACOF), une plateforme dédiée à la promotion de la participation des femmes à la gestion des ressources naturelles en Afrique. Cette initiative bénéficie d’un soutien régional important, avec 20 pays membres d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale.

Plus de 36 ans de plaidoyer inlassable en faveur des droits des femmes et de la durabilité environnementale

La clarté de ses propos, la force de ses idées, son leadership et son dévouement au renforcement des capacités institutionnelles et à la mobilisation des ressources a  un impact transformateur au niveau local et au-delà. Cela séduit et lui vaut même d’être élue en 2012 championne du changement climatique de la Commission des forêts d’Afrique centrale (COMIFAC), et membre de nombreux réseaux et sociétés professionnelles aux niveaux national, régional et mondial, notamment le Réseau des femmes africaines écologistes (NAWE), le Conseil consultatif de la Décennie des Nations unies pour la restauration des écosystèmes et le Conseil d’administration du Forum forestier africain.

Ses inspirations

«Feu le professeur Wangari Maathaï est la personne la plus influente qui a inspiré mes actions. on amour pour la nature était sans réserve ! Elle comptait tellement sur les femmes pour mener à bien son combat ! Pour elle, seules les femmes pouvaient aider à retrouver la verdure des paysages africains, détruits par les pratiques non durables et irresponsables des hommes ! Alors, je mobilise les femmes africaines pour planter les arbres, restaurer les écosystèmes dégradés, les forêts terrestres et les mangroves, rétablir la biodiversité et guérir la planète ! Protéger l’environnement ! Les femmes ont déjà planté des millions d’arbres ! », déclarait Cécile Ndjebet en 2024.

La conservation pratiquée par l’agronome camerounaise est la conservation à visage humain. «Dans notre approche, nous concevons tout avec des femmes et des hommes, et de plus en plus avec des jeunes. Une conversation à visage humain a plus de chances d’aboutir. Car, les communautés locales s’approprient beaucoup plus facilement et s’engagent lorsque leurs intérêts et leurs préoccupations sont pris en considération et qu’elles participent à la prise de décision et au partage des bénéfices», explique t-elle. De remarquables réalisations, qui lui ont valu de prestigieuses récompenses, dont le prix Wangari Maathai et le prix Champion de la Terre des Nations unies. 

En  2025, Cécile Ndjebet continue d’inspirer des changements positifs à l’échelle mondiale. Et en ce mois de mars, nous lui rendons hommage.

Inès Magoum

Inès Magoum

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