Un nouveau rapport de la EU IUU Fishing Coalition alerte : malgré les règles strictes, l’UE exporte chaque année des produits de la mer issus de la pêche illégale avec jusqu’à 20 % des captures mondiales, menaçant les océans et les pêcheries d’Afrique.
L’Union européenne est le plus grand importateur mondial de produits de la mer, avec près de 69 % de ses fournitures en provenance de pays tiers. Pourtant, selon la Coalition, ses contrôles à l’importation et l’application du règlement INN (illégal, non déclaré et non réglementé) restent largement insuffisants. Entre 2020 et 2023, seuls 0,29 % des certificats de capture liés à des produits de la mer ont été véritablement vérifiés par les États membres, et à peine 0,01 % ont été refusés.
Cette faiblesse profite directement aux pêcheries africaines. Une étude de l’Environmental Justice Foundation (EJF) montre que certains lots de poisson issus de la pêche illégale ou de pays à haut risque d’exploitation ont facilement franchi les frontières européennes. Du fait des lacunes dans la traçabilité et de l’absence d’inspections rigoureuses, les opérateurs enrichis par l’illégal peuvent vendre leurs captures à prix cassés, affaiblissant les pêcheurs artisans africains qui respectent les normes.
L’effet se ressent sur les communautés côtières : baisse des stocks locaux, concurrence déloyale, perte de revenus et vulnérabilité accrue. Par exemple, en Afrique de l’Ouest, la pêche artisanale souffre de ces importations illégales, tandis que les États exportateurs voient leurs ressources pillées sans bénéfice pour les pêcheurs locaux.
La Coalition appelle l’UE et ses États membres à renforcer immédiatement les inspections, à utiliser pleinement l’outil numérique CATCH qui deviendra obligatoire en 2026, et à sanctionner lourdement les États qui ne font pas respecter la législation. Sans ces mesures, l’Europe continuera à importer de la « chair » de crimes contre l’environnement et les droits humains, et ce, au détriment des océans et des communautés vulnérables.
Boris NGOUNOU
