Vingt banques de gènes du monde entier, dont plusieurs africaines, ont déposé plus de 21 600 échantillons de semences dans la Réserve mondiale du Svalbard, en Norvège. Parmi elles, le Centre mondial des légumes en Tanzanie, l’INRA du Maroc et l’Institut international de recherche sur l’élevage (ILRI) en Éthiopie. Ces dépôts visent à protéger la biodiversité végétale et à renforcer la sécurité alimentaire face au changement climatique et aux crises mondiales.
L’Afrique s’impose comme un acteur majeur dans la préservation de la diversité végétale mondiale. Le Centre mondial des légumes (WorldVeg), basé en Tanzanie, a effectué le plus grand dépôt africain de l’histoire du Svalbard, avec plus de 3 000 échantillons de semences issus de 109 espèces cultivées dans 30 pays africains. Parmi elles : l’amarante, la mauve de jute, le gombo, l’aubergine africaine et le voandzou, des cultures riches en nutriments et capables de résister aux conditions climatiques extrêmes.
Ces variétés sont aujourd’hui considérées comme des « cultures du futur », essentielles pour lutter contre la malnutrition et renforcer la résilience des systèmes agricoles locaux. Grâce au projet BOLD (Building Opportunities for Lesser-known Diversity in Edible Resources) financé par la Norvège, certaines de ces semences sont déjà testées par des agriculteurs africains dans le cadre de programmes participatifs.
Le Maroc et l’Éthiopie renforcent leur présence dans le coffre-fort du climat
Le Maroc, à travers son Institut national de la recherche agronomique (INRA), a déposé plus de 860 échantillons de 42 espèces, dont des variétés locales de céréales, légumineuses, légumes, lavande et cumin. Ces semences rares, souvent sans duplicata ailleurs, représentent un patrimoine génétique inestimable.
De son côté, l’Institut international de recherche sur l’élevage (ILRI), basé en Éthiopie, a ajouté des semences d’arbres, d’arbustes, de légumineuses et de fourrages africains, dont Tripsacum dactyloides, un parent sauvage du maïs jamais encore conservé au Svalbard. Ces dépôts africains contribuent à sécuriser l’avenir agricole du continent et à préserver ses ressources face aux aléas climatiques.
Outre les contributions africaines, la Réserve de Svalbard a accueilli des dépôts majeurs de l’Institut philippin de recherche sur le riz (PhilRice) avec 4 000 échantillons, de l’Équateur avec 890 spécimens de haricots et d’amarante, et de l’Australie avec 3 000 échantillons de plantes fourragères. Ce 68e dépôt mondial porte à 1 378 238 le nombre total d’échantillons conservés dans ce coffre-fort climatique unique situé sous le pergélisol arctique.
Le Svalbard, ultime rempart contre la famine et l’érosion génétique
Installée à Longyearbyen, dans l’Arctique norvégien, la Réserve mondiale de semences du Svalbard est un projet conjoint du gouvernement norvégien, du Crop Trust et du NordGen. Véritable « assurance-vie agricole de la planète », elle protège les semences contre les catastrophes naturelles, les guerres ou les crises économiques.
Chaque dépôt y symbolise une promesse : celle de préserver la diversité biologique pour nourrir durablement les générations futures. Mais selon le Crop Trust, des investissements urgents sont nécessaires pour aider d’autres banques de gènes, notamment africaines, à sauvegarder leurs collections encore menacées.
Tableau récapitulatif des dépôts africains au Svalbard (octobre 2025)
Pays / Institution | Variétés principales déposées | Quantité d’échantillons | Objectif principal |
Tanzanie (WorldVeg) | Amarante, gombo, aubergine africaine, voandzou | 3 000 | Sauvegarde des légumes africains traditionnels |
Maroc (INRA) | Céréales, légumineuses, lavande, cumin | 860 | Préservation des variétés locales et sauvages |
Éthiopie (ILRI) | Arbres, fourrages, légumineuses, Tripsacum dactyloides | 500 | Conservation de plantes d’élevage et espèces parentes du maïs |
Boris NGOUNOU