C’est ce qui ressort des rapports des observations indépendantes du Système Normalisé d’Observation Indépendante Externe (SNOIE), effectuées entre janvier 2022 et juin 2024 et présentées le 30 septembre 2025 à Yaoundé lors d’un café science de l’Association des Journalistes et Communicateurs Scientifiques du Cameroun (SCILIFE). Le Trésor public camerounais a enregistré des pertes financières de plus de 445 millions de FCFA liées à l’exploitation illégale du bois dans les départements du Mbam et Kim, du Haut Nyong, de l’Océan, de la Sanaga Maritime et de la Mvila.
Les investigations menées par les organisations membres du SNOIE révèlent des chiffres alarmants : près de 91,7 millions FCFA de pertes dans le Haut Nyong, 47,2 millions FCFA dans le Mbam et Kim, et 306,1 millions FCFA dans les départements de la Sanaga Maritime, de l’Océan et de la Mvila. Ces montants correspondent aux taxes forestières non perçues par l’État en raison de coupes frauduleuses, de fraudes documentaires et de contournements des normes techniques d’exploitation.
Les pratiques identifiées incluent l’abattage sans autorisation, l’exploitation dans les forêts du domaine national et parfois même dans des aires protégées. Le non-respect des normes environnementales et des cahiers de charges, l’absence de marquage des grumes, ainsi que la complicité de certaines autorités locales ont été fréquemment relevés. Ces manquements systématiques fragilisent à la fois les finances publiques et la gouvernance forestière, accentuant la pression sur des écosystèmes déjà menacés.
Face à ces dérives, les missions du SNOIE ont conduit à plusieurs actions officielles, notamment des saisies de bois, des procès-verbaux d’infraction et des missions conjointes de contrôle menées par le MINFOF et le MINEPDED. Toutefois, les observateurs soulignent que les moyens humains et logistiques restent insuffisants pour endiguer efficacement l’exploitation illégale. Le renforcement des capacités de contrôle, la transparence dans la gestion forestière et l’implication active des communautés locales apparaissent comme des leviers indispensables pour limiter ces pertes financières et préserver le patrimoine forestier national.
Boris Ngounou