GABON : les peuples autochtones, toujours marginalisés

À l’occasion de la Journée mondiale des peuples autochtones, célébrée pour la première fois à Mivoul, au nord du Gabon, le Groupe OICDDH tire la sonnette d’alarme sur les conditions de vie des populations autochtones dans le pays. Entre pauvreté extrême, menaces sur leurs terres et exclusion sociale, la situation de ces communautés reste critique malgré les engagements internationaux.


À l’occasion de la Journée mondiale des peuples autochtones, célébrée pour la première fois à Mivoul, au nord du Gabon, le Groupe OICDDH tire la sonnette d’alarme sur les conditions de vie des populations autochtones dans le pays. Entre pauvreté extrême, menaces sur leurs terres et exclusion sociale, la situation de ces communautés reste critique malgré les engagements internationaux.

Le 9 août 2025, le Gabon marque une première historique en célébrant la Journée internationale des peuples autochtones à Mivoul, dans la province de l’Ogooué-Ivindo. Cette initiative, portée par le Groupe d’Organisation Internationale et Consultant pour la Défense des Droits Humains (G-OICDDH), vise à mettre en lumière les défis auxquels font face les communautés autochtones, en particulier les Pygmées, présents dans plusieurs régions du pays.

Selon les données des Nations Unies, les peuples autochtones représentent plus de 6 % de la population mondiale, soit 476 millions de personnes réparties dans plus de 90 pays. Au Gabon, bien qu’aucun recensement national ne fournisse de chiffres officiels, les ONG locales estiment que les peuples autochtones constituent entre 1 % et 2 % de la population nationale.

Des défis multidimensionnels

Comme ailleurs dans le monde, les peuples autochtones du Gabon subissent de plein fouet les effets conjugués de la marginalisation, de la pauvreté et des menaces environnementales. Selon le G-OICDDH, les communautés pygmées sont trois fois plus exposées à l’extrême pauvreté que le reste de la population gabonaise. L’accès à l’éducation, aux soins de santé, à un logement décent ou à la justice demeure extrêmement limité.

Le manque de reconnaissance juridique des droits fonciers traditionnels constitue également un problème majeur. De nombreux projets d’exploitation forestière, minière ou agricole sont mis en œuvre sans consultation préalable des communautés autochtones, pourtant garantes d’un savoir ancestral en matière de gestion durable des forêts. Le principe de consentement libre, préalable et éclairé, consacré par la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, reste encore peu appliqué dans les faits.

Femmes et enfants en première ligne

La situation est encore plus alarmante pour les femmes et les jeunes autochtones. Les ONG dénoncent un accès très limité à l’éducation formelle et des taux élevés de violence basée sur le genre, souvent exacerbés par l’éloignement géographique des services publics et l’absence de mécanismes de protection efficaces.

« Les jeunes autochtones sont nombreux à ne pas terminer le cycle primaire, faute d’écoles proches ou adaptées à leurs réalités culturelles », souligne le Groupe OICDDH, qui appelle à des politiques éducatives inclusives et interculturelles.

Un appel à l’action collective

Face à ce constat, les acteurs de la société civile appellent à une mobilisation nationale et internationale. Le Groupe OICDDH a profité de cette première célébration à Mivoul pour plaider en faveur de partenariats structurants avec les pouvoirs publics, les institutions internationales et les ONG, en vue de renforcer l’accès des peuples autochtones à leurs droits fondamentaux.

Parmi les partenaires ayant soutenu cette initiative figurent notamment le WWF Gabon, l’ONG AGOS, le Réseau REPALEAC, le PFBC, ainsi que plusieurs ambassades accréditées au Gabon. Tous s’accordent à dire qu’il est temps de passer des déclarations à l’action concrète, dans le respect des valeurs de dignité, d’équité et de justice.

Boris Ngounou

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Share via
Copy link