Trafic d’ivoire : Ibrahim Ngangni de nouveau à la barre

Accusé de faire partie d’un vaste réseau international de trafic d’ivoire opérant entre le Gabon, le Cameroun et le Nigéria, Ibrahim Ngangni comparaît ce 27 juin 2025 devant la cour d’appel de Libreville. Malgré une précédente condamnation jugée trop clémente, l’homme, déjà arrêté avec plus de 130 kg d’ivoire, pourrait cette fois écoper de dix ans de prison ferme.


Accusé de faire partie d’un vaste réseau international de trafic d’ivoire opérant entre le Gabon, le Cameroun et le Nigéria, Ibrahim Ngangni comparaît ce 27 juin 2025 devant la cour d’appel de Libreville. Malgré une précédente condamnation jugée trop clémente, l’homme, déjà arrêté avec plus de 130 kg d’ivoire, pourrait cette fois écoper de dix ans de prison ferme.

Le procès en appel du présumé trafiquant d’ivoire Ibrahim Ngangni s’ouvre ce vendredi 27 juin 2025 à Libreville. Arrêté pour sa participation présumée à un réseau international de trafic d’ivoire reliant le Gabon, le Cameroun et le Nigéria, il avait déjà été condamné en première instance à une peine de 18 mois de prison ferme. Un jugement jugé trop clément par les acteurs de la conservation, au vu de la gravité des faits.

L’affaire remonte à début 2023. Grâce à une opération conjointe menée par la Police judiciaire, les directions provinciales des Eaux et Forêts, et l’appui de l’ONG Conservation Justice, plusieurs arrestations sont effectuées à Lambaréné et Makokou, deux zones sensibles pour le braconnage au Gabon. À leur tête : Ibrahim Ngangni, Guy Evouna, Tonga Assouman, tous accusés de transporter, stocker et vendre des défenses d’éléphants.

131 kg d’ivoire et des munitions sont saisis lors de l’interpellation de Ngangni, pris en flagrant délit avec 21 défenses d’éléphants et 4 morceaux d’ivoire soigneusement dissimulés dans des véhicules modifiés. Ce n’était pas sa première arrestation. En 2020, un certain Ibrahim Mahamadou, présenté comme son complice, avait été arrêté avec 600 kg d’ivoire à la frontière camerounaise. Ngangni avait écopé de 4 mois de prison, avant de récidiver au Nigéria en 2024 avec plus de 200 kg d’ivoire, puis relâché dans des circonstances encore floues.

Le réseau opérait à large échelle, notamment dans les provinces gabonaises du Moyen-Ogooué, de l’Ogooué-Ivindo, de la Ngounié, du Haut-Ogooué, du Woleu-Ntem ou encore de l’Estuaire. Le mode opératoire incluait des véhicules aménagés avec des compartiments secrets, preuve d’une organisation structurée.

Pour les ONG environnementales, ce procès est crucial. « Ce n’est pas seulement un procès contre un trafiquant, c’est un signal à toute une chaîne de criminalité environnementale qui appauvrit notre biodiversité », déclare un représentant de Conservation Justice.

Une peine maximale de 10 ans, voire plus

Selon l’article 396 du Code pénal gabonais, les faits reprochés à Ibrahim Ngangni relèvent de la bande organisée. En pareil cas, la peine peut aller jusqu’à 10 ans de prison, voire le double si des circonstances aggravantes sont établies, notamment l’usage de moyens sophistiqués ou la récidive.

Lors du premier procès, la demande de jonction des dossiers — afin de juger l’affaire comme un tout cohérent — avait été refusée, ce qui a conduit à des condamnations morcelées. Les peines de 18 à 24 mois infligées à certains membres du réseau avaient été qualifiées « d’inadéquates » par les avocats de la partie civile.

La Direction générale des Eaux et Forêts, appuyée par les ONG, avait donc interjeté appel. Leur objectif est clair : obtenir une peine exemplaire contre ceux qui s’attaquent à l’un des derniers bastions de l’éléphant de forêt en Afrique centrale.

Une attente forte de la communauté internationale

À l’échelle régionale et internationale, les regards sont tournés vers Libreville. Le Gabon, qui a longtemps été un champion de la lutte contre le braconnage, ne peut se permettre de laisser passer un tel cas. L’enjeu dépasse la seule condamnation d’Ibrahim Ngangni : il s’agit aussi de restaurer la confiance dans l’appareil judiciaire gabonais et de dissuader d’éventuels complices.

Ce vendredi, la cour d’appel pourrait donc frapper fort. Et envoyer un message clair à tous ceux qui, pour des profits illicites, participent au massacre de l’un des symboles de la faune africaine.

Boris Ngounou

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