La gestion des réserves naturelles dans le bassin du Congo est confrontée à des enjeux majeurs, résultant d’une combinaison de pressions humaines, de défis environnementaux et de besoins de développement économique. Cette région abrite l’une des plus vastes forêts tropicales du monde et une extraordinaire biodiversité, ce qui la rend essentielle pour la stabilité climatique mondiale et la préservation de nombreuses espèces endémiques.
Le Congo Brazzaville et le Cameroun, sont deux pays d’Afrique Centrale qui abritent un vaste réseau d’aires protégées dans lequel existe une riche biodiversité animale. Ces aires protégées sont situées dans des espaces multipartites et multifonctionnels ce qui engendre des conflits entre parties prenantes mais aussi entre l’homme et la faune sauvage.
6.710 milliards de Fcfa ; c’es le montant de l enveloppe du budget de l’exercice 2023 que le ministre de l’environnement de la protection de la nature et du développement durable, Hélé Pierre a défendu le 29 novembre dernier devant la commission des finances et du budget de l’Assemblée Nationale. Une enveloppe en hausse de plus de 200 millions de Fcfa comparé à l’exercice en cours.
Selon Hélé Pierre, cette enveloppe sera prioritairement consacrée à la lutte contre la désertification, les changements climatiques, la sécheresse. Ainsi, près de trois milliards sont destinés à ces secteurs avec pour objectif de réduire la vulnérabilité des activités de développement des populations face aux effets néfastes des changements climatiques. Il faut souligner que le combat engagé depuis de longues dates contre la déforestation reste de mise tout comme celui lié à la restauration des terres dégradées dans le cadre de l’opération sahel vert. À ce jour le Cameroun compte environ 12 millions d’hectares des sols dégradés qui se trouvent principalement dans la partie septentrionale du pays.
S’agissant de la biodiversité, 602 millions sont prévus pour la promotion de la conservation, la restauration et la valorisation de la biodiversité. Le ministre a indiqué que près de 700 millions de Fcfa vont aider à promouvoir la prise en compte du développement durable dans les programmes et projets au Cameroun, cette approche s’appuie sur « le nombre de programmes et projets de développement qui intègrent les questions environnementales dans leur élaboration et leur mise en œuvre » a indiqué en substance le ministre Hélé Pierre
Les pollutions, les nuisances et les substances chimiques nocives et dangereuses ne sont pas en reste, puisque près d’un milliards de Fcfa y est alloué.
En 2022
Il faut rappeler que depuis trois ans le budget du Minepded est en constante augmentation : 6,4 milliards en 2021, 6,5 en 2022, bien moins cependant des 7,4 de 2020.
Ebénizer DIKI
6.710 milliards de Fcfa ; c’es le montant de l enveloppe du budget de l’exercice 2023 que le ministre de l’environnement de la protection de la nature et du développement durable, Hélé Pierre a défendu le 29 novembre dernier devant la commission des finances et du budget de l’Assemblée Nationale. Une enveloppe en hausse de plus de 200 millions de Fcfa comparé à l’exercice en cours.
Rainforest Alliance produit un guide d’orientation sur les zones à haut risque de déforestation et d’empiètement. L’Ong propose des mesures pour mettre sur le marché des produits certifiés et pratiquer une agriculture à impact mineur sur les forêts.
Dans sa stratégie d’aménagement du territoire, notamment en ce qui concerne la protection de ses forêts denses et de ses aires protégées, le Cameroun est soutenu par ses partenaires. Dans le volet agricole, des dispositions ont été prises pour délimiter le territoire en spécifiant de façon précise des zones et des conditions dans lesquelles les forêts peuvent ou ne peuvent pas être exploitées à des fins agricoles. Toutefois, comme le relève Arnaud Afana, chargé d’études assistant à la Direction de l’aménagement du territoire au ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (MINEPAT), les aires protégées sont menacées. Il évoque entre autres raisons les actions anthropiques, c’est-à-dire l’intervention de l ’Homme : l’élevage, l’agriculture, la coupe abusive du bois de chauffe dans la partie septentrionale du pays, etc.
Face à ces menaces, l’Ong Rainforest Alliance a présenté le 3 novembre dernier à Yaoundé, un guide d’orientation des zones à haut risque de déforestation et d’empiètement dans les aires protégées du Cameroun. Selon le représentant de la directrice régionale de Rainforest Alliance pour l’Afrique centrale, William Mala, « il est important de trouver une cohabitation entre les pratiques agricoles et la conservation de la biodiversité. Les acteurs agricoles doivent également être préparés à se conformer aux exigences des marchés ». Notre source explique que les pratiques agricoles à l’intérieur du domaine forestier camerounais (le patrimoine forestier couvrant 46% du territoire national, ndlr) doivent être « encadrées ».
Les produits agricoles doivent respecter le label Rainforest Alliance
La production de ce guide considéré comme un outil d’aide à la décision est justifiée par la volonté de Rainforest Alliance d’éliminer la déforestation des chaînes d’approvisionnement des commodités agricoles, surtout le cacao. Concrètement, tel que l’explique Achille Tuete, Senior Associate for Standard & Assurance à Rainforest Alliance, il s’agit d’aider un investisseur privé national ou étranger à déterminer, dès le départ, si la zone sollicitée pour établir son agro-industrie est appropriée, selon la règlementation forestière. « Cela permet d’anticiper sur tout conflit au risque de voir le projet abandonné à un moment donné », soutient-il. Ces investisseurs ont donc la latitude de choisir de façon « stratégique » les sites où ils peuvent créer leurs exploitations, pour bénéficier de l’accompagnement de Rainforest Alliance dans le processus de certification, selon le nouveau standard obligatoire depuis le 30 juin 2020.
Lors d’une évaluation initiale réalisée par l’Ong, il est ressorti que sur les 70 000 producteurs avec qui elle est en partenariat, 2000 d’entre eux se trouvaient dans une aire protégée ou dans une zone à risque de déforestation. « Cela représente environ 3%, mais c’est énorme vu l’impact que cela pourrait avoir sur le petit producteur. Etant donné que s’il vend le cacao certifié, il aura des bénéfices que le standard n’a pas », indique Achille Tuete. L’autre fait majeur : sur les 2000 ayant empiété le domaine forestier permanant de l’Etat, près de 600 se trouvaient dans les aires protégées, les parcs nationaux, les sanctuaires de faune et dans les réserves forestières. Ils estiment qu’historiquement, ces espaces sont les leurs et que le classement a été fait après que leurs aïeux se soient installés.
Face à cet imbroglio, Rainforest Alliance veut amener l’administration à prendre en compte certaines considérations, en déterminant notamment des enclaves à l’intérieur de ces aires protégées ou de toute autre composante du domaine forestier permanent. Ce scénario, s’il est implémenté, permettrait à ceux qui sont déjà installés de vendre leurs produits sous le label Rainforest Alliance, à travers une notification délivrée par l’administration.
Les actes de déforestation peuvent être anticipés
Le guide présenté permet en outre au Cameroun de se projeter dans ses missions d’aménagement du territoire et de définir des actions à mener, que ce soit des actions d’atténuation ou de compensation, poursuit le responsable au MINEPAT, M. Afana. Le volet conservation de la biodiversité n’est pas négligé. A s’en tenir aux alertes de Global Forest Watch (GFW) rendues publiques par World Resources Institute (WRI) en 2021, l’on a constaté une perte du couvert arboré de 11,1 millions d’hectares, dont 3,5 millions d’hectares de perte dans les forêts humides tropicales.
L’agriculture est citée comme le principal moteur de perte de ce couvert arboré. Cela peut être un est indicateur des risques potentiels de déforestation. Mais, selon le coordonnateur de WRI pour le Cameroun, Duclaire Mbouna, la situation est relativement stable dans les aires protégées, à part quelques alertes observées au niveau du parc de la vallée du Mbéré à Meiganga, région de l’Adamaoua, en raison de la guerre en Centrafrique.
KENFACK
Rainforest Alliance produit un guide d’orientation sur les zones à haut risque de déforestation et d’empiètement. L’Ong propose des mesures pour mettre sur le marché des produits certifiés et pratiquer une agriculture à impact mineur sur les forêts.
Le changement climatique aurait également une incidence sur la survenance des zoonoses en Afrique. Dans une étude publiée le 28 avril 2022, une équipe de chercheurs de l’Université Georgetown aux États Unis d’Amérique indique que le changement climatique pourrait provoquer 15 000 passages de virus d’une espèce animale à l’autre d’ici à 2070. L’humain n’est pas à l’abri, car de tels transferts permettent souvent au virus de s’adapter à l’organisme humain, causant ainsi des zoonoses.
En Afrique, les ravages du changement climatique se recensent aussi sur plan biologique. Dans une étude publiée le 28 avril 2022, une équipe de chercheurs de l’Université Georgetown de Washington D.C aux États Unis d’Amérique, indique qu’il y aura 15 000 passages de virus d’une espèce animale à l’autre d’ici à 2070, du fait du changement climatique. « C’est l’un des aspects du réchauffement climatique qui est inéluctable. Il survient même dans les scénarios les plus optimistes du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)» affirme Colin Carlson coauteur de l’étude.
L’étude a modélisé les modifications possibles de l’aire de répartition de plus de 3300 espèces de mammifères, en fonction des changements climatiques. Selon l’étude, les chauves-souris seraient parmi les plus impliquées dans la transmission virale, parce qu’elles volent loin et que leur système immunitaire très robuste leur permet d’être porteuses de nombreux virus sans être malades. « La pandémie de Covid-19 tire probablement son origine d’un virus de la chauve-souris qui a été transmis à un animal sauvage vendu dans les marchés chinois, peut-être le pangolin. L’Ebola et le VIH sont d’autres virus qui sont passés d’un mammifère à un autre avant de muter suffisamment pour infecter l’humain » rappelle l’étude.
Ainsi, en dehors de l’Afrique, l’étude de l’Université Georgetown indique que la plupart des transmissions de virus d’une espèce à l’autre surviennent en Asie et Amérique du Sud, ceci en raison de leur riche biodiversité.
Le facteur climatique des zoonoses
Dans une étude antérieure publiée par l’Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ), les contributions des changements climatiques actuels et anticipés sur l’augmentation des zoonoses sont démontrées. Il y a la création de conditions climatiques favorables à la prolifération des agents pathogènes, soit des organismes pouvant causer des maladies parasitaires ou microbiennes.
La modification de l’habitat, de la période d’hibernation, de la durée de vie ainsi que des conditions de reproduction des espèces réservoirs par les hausses de température, de précipitations et d’humidité. Aussi, la multiplication des activités extérieures, comme la randonnée et le camping, parce que la saison estivale est devenue plus chaude et prolongée, expose davantage les personnes aux risques d’infections.
Boris Ngounou
Le changement climatique aurait également une incidence sur la survenance des zoonoses en Afrique. Dans une étude publiée le 28 avril 2022, une équipe de chercheurs de l’Université Georgetown aux États Unis d’Amérique indique que le changement climatique pourrait provoquer 15 000 passages de virus d’une espèce animale à l’autre d’ici à 2070. L’humain n’est pas à l’abri, car de tels transferts permettent souvent au virus de s’adapter à l’organisme humain, causant ainsi des zoonoses.