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Tag: Biodiversité au Cameroun

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La gestion des réserves naturelles dans le bassin du Congo est confrontée à des enjeux majeurs, résultant d’une combinaison de pressions humaines, de défis environnementaux et de besoins de développement économique. Cette région abrite l’une des plus vastes forêts tropicales du monde et une extraordinaire biodiversité, ce qui la rend essentielle pour la stabilité climatique mondiale et la préservation de nombreuses espèces endémiques.
Dans ce contexte, la pratique de l’apiculture comme alternative au braconnage et à la déforestation intervient comme une solution basée sur la nature. Car en dehors d’approvisionner les réseaux trafiquants d’animaux sauvages, certains habitants des forêts sont impliqués dans la coupe illégale du bois.
Pour réduire cette pression des communautés sur la forêt, une organisation locale initie plusieurs villages limitrophes de la réserve du Dja au Sud-Est du Cameroun, à l’apiculture. Financé par l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA) et l’institut de recherche Congo Bassin Institut (CBI), le projet est mis en œuvre par l’organisation Environnement recherche développement (ERD).
Un reportage de Boris Ngounou

Projet d’apiculture moderne dans la Boucle du Dja (Est-Cameroun)

La gestion des réserves naturelles dans le bassin du Congo est confrontée à des enjeux majeurs, résultant d’une combinaison de pressions humaines, de défis environnementaux et de besoins de développement économique. Cette région abrite l’une des plus vastes forêts tropicales du monde et une extraordinaire biodiversité, ce qui la rend essentielle pour la stabilité climatique mondiale et la préservation de nombreuses espèces endémiques.

Le Congo Brazzaville et le Cameroun, sont deux pays d’Afrique Centrale qui abritent un vaste réseau d’aires protégées dans lequel existe une riche biodiversité animale. Ces aires protégées sont situées dans des espaces multipartites et multifonctionnels ce qui engendre des conflits entre parties prenantes mais aussi entre l’homme et la faune sauvage.


D’après l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) les conflits homme-faune surviennent lorsque les besoins élémentaires de la faune contrarient ceux des humains, ce qui engendre des conséquences négatives à la fois pour les communautés qui vivent à proximité de ces aires protégées et même au-delà et pour les animaux.
Tour d’horizon des conflits homme-faune en Afrique centrale : c’est un travail réalisé avec l’appui de Rainforest Journalism Fund en partenariat avec Pulitzer Center.

Au Cameroun les localités de Campo dans le sud du pays frontalière avec la Guinée Equatoriale et Messok-Ngoyla à l’Est, sont apparues ces dernières années, comme des épicentres de cette coexistence conflictuelle entre l’homme et les bêtes sauvages ; en cause, les animaux des Parcs Nationaux de Campo Ma’an et de Nki abandonnent leurs espaces naturels pour pénétrer dans les villages à la chercher de la nourriture en détruisant au passage champs et plantations et s’attaquent même parfois aux humains.
A Nkoelone, un village situé à 2km du Parc National de Campo Ma’an, Marcelline Ngono une cultivatrice que nous avons rencontrée était sans voix : son hectare de vivres fraichement plantés ressemble désormais à un champ de ruine : « Partout ici dans mon champ, il y avaient le macabo, le plantain la banane, le manioc et les pistaches ; il a tout dévasté.» se plaint elle après le passage d’un éléphant. Depuis plusieurs années les éléphants, les gorilles les guenons et bien d’autres animaux sauvages font des incursions régulières dans les champs et plantations des villageois et ravagent tout. A Akak, village voisin de Nkoelone les crottes et les marques de pattes du pachyderme sur le sol, étaient encore fraiches dans le champ de patate, d’ignames et de manioc totalement détruit derrière la maison de Florence Bezibi lors de notre passage.
Machette à la main ce jour-là, elle nous conduit dans son champ, en zigzaguant entre les plants de cacao aux branches arrachées et enjambant les troncs de cocotiers et d’avocatiers renversés. L’agricultrice avance en pestant contre « ces bêtes sauvages qui détruisent tout sur leur chemin » Cette dernière affirme ne plus savoir quoi faire car les éléphants saccagent tout, « même les repousses de bananiers plantains ». Comme elles, Pie Parfait Ondo cultivateur au village Assok Bitandé a pris la décision de ne plus mettre pied dans sa plantation de deux hectares de plantain et de manioc située à un kilomètre de son domicile. Il y a quelques mois, il s’y était rendu comme chaque matin lorsqu’il a découvert le « désastre ». Il a pris la décision de ne plus jamais y retourner jusqu’à notre visite. Ici, les mois de janvier jusqu’en avril sont particulièrement redoutés ; il s’agit des périodes où les éléphants rodent en permanence par vague autour des habitations de jour comme de nuit à la recherche de nourrir. Les animaux discutent désormais la nourriture avec les humains. Depuis plusieurs années racontent- il « les récoltes sont quasi inexistantes à cause des visites sans cesse croissantes des bêtes sauvages dans nos champs, on mange plus du riz ici qu’autre chose alors que nous cultivons la terre. Mais les animaux ne nous laissent rien dans les champs » fulmine l’homme.

Adjila, est un petit village situé à 11 km du centre-ville de Ngoyla dans le département du Haut Nyong région de l’Est ; autre fois, il était très réputé pour l’abondance en viande de brousse. Ici également ce sont les pleurs et les cris. Les plantations de cacao, de plantains, les champs d’arachide ou encore de manioc sont envahies et les cultures détruites chaque fois par les animaux qui viennent du parc national de Nki et même d’ailleurs (a-t-on appris sur place). Ils font des dégâts importants dans les champs des riverains au parc. Medjo Donatien, chef du village d’Adjila, est dépité comme ses sujets. “Les hérissons et les taupes s’attaquent respectivement aux patates, aux arachides, au manioc. Même les jeunes pousses ne sont pas épargnées”, déclare l’octogénaire. Ngue Christophe Arthur, habitant de Ngoyla propriétaire d’une bananeraie à Adjila, est désemparé. Les éléphants et les grands singes s’adonnent à cœur joie dans sa plantation: ils s’attaquent aux pieds de bananier, aux cacaoyers, s’offusque le natif de Ngoyla. “Nous n’avons plus que nos yeux pour pleurer”, s’écrie la cultivatrice Abah Madeleine, sa voisine.
A Messok, la situation est identique. “Les femmes ont même déjà peur de remettre les pieds dans leurs champs”, explique le Conseiller régional Beng Bimeng Joël Maxime. Ici, les gorilles, les chimpanzés et les éléphants sont les principaux animaux sauvages qui dévastent les champs de manioc, les arbres à fruits et autres bananiers, affirme l’élu local.
Selon un éco garde qui a requis l’anonymat, la présence des animaux du parc national de Nki dans les plantations villageoises a plusieurs explications : les champs des habitants de Ngoyla comme de Messok sont à proximité des limites du parc, ce qui rend facile l’accès des bêtes dans les plantations. A cela il faut ajouter le braconnage à l’intérieur du parc, exercé par les Peuples Autochtones Baka qui y trouvent leur compte. Une activité qui, en croire l’éco garde, pousserait les animaux hors des limites de l’aire protégée pour aller ailleurs, et notamment dans les plantations paysannes, rappelle-t-il.
De l’autre côté, le conseiller municipal Nkouom Metchio Cyrus de Ngoyla souligne que la conservation a “effectivement réussi”, puisqu’elle a permis d’accroître le nombre d’animaux sauvages dans le parc. Plus nombreux qu’avant, et la compétition pour la subsistance aidant les animaux sont parfois obligés de quitter le parc lorsque la nourriture se fait rare surtout lorsque les arbres fruitiers ne produisent plus en forêt. Conséquence, ils envahissent les plantations des habitants afin de trouver leur pitance, argue notre interlocuteur.

DES MORTS ET DES BLESSES AU CONGO BRAZZAVILLE
La cohabitation difficile entre les hommes et les bêtes sauvages autour des parcs nationaux ne touche pas seulement le Cameroun ; son voisin le Congo Brazzaville connait également le même problème : c’est le cas dans des districts de Nzambi et de Madingo-Kayes, où une trentaine de localités ont ainsi été victimes d’au moins une descente d’éléphants ces derniers mois avec mort d’homme. Deux personnes ont été tuées par des pachydermes à Tié-Tié, un village proche de la frontière gabonaise, ainsi qu’à Sialivakou, situé à environ 130 kilomètres au nord de Pointe-Noire et deux chasseurs grièvement blessés.
Chasseur blessé par un éléphant dans le district de Nzambi Congo Brazzaville (photo John Ndinga)
À la périphérie et au sein même du parc national de Conkouati-Douli (PNCD), les éléphants s’attaquent régulièrement à des plantations. Ces troupeaux, qui cherchent à se nourrir, font des dégâts considérables : montagnes de déjections, cultures dévastées, tarots, ignames, manioc, etc sont arrachés et abandonnés sur place. Une habitante de Sialivakou se souvient du spectacle de désolation après le passage de pachydermes sur son champ : « Rien de plus triste que de ne pas pouvoir jouir du produit de son travail. Quand je pense à tous mes efforts physiques et les dépenses effectuées pour le défrichement ou l’abattage d’arbres et d’arbustes… C’est comme si on venait de m’enterrer vivante », se plaint Célestine Bouanga.
Cette dernière, découragée, a carrément décidé de jeter l’éponge. Cette quadragénaire, qui se bat comme elle peut pour subvenir à ses besoins grâce à la vente de produits comme le manioc, ne sait plus à quel saint se vouer. « L’argent que mon mari gagne grâce à la pêche est habituellement investi dans certains projets. Mais depuis que j’ai renoncé à l’agriculture à cause des éléphants, le pauvre souffre, car je suis totalement dépendante de lui », confie-t-elle.
VILLAGES ABANDONNES
Célestine Bouanga n’est pas la seule à avoir abandonné l’agriculture pour ces raisons. D’autres agricultrices du secteur, qui travaillaient sur de faibles superficies, ont fait pareil, sans pour autant trouvé une activité de substitution. « Imaginez-vous une femme célibataire qui ne sait pas pratiquer la pêche. Elle va souffrir ! Donc, cette affaire d’éléphants est un véritable frein à l’autonomisation de la femme », explique Gérald Boungou, habitant de Tandou-Ngoma. « Beaucoup de femmes s’approvisionnent désormais en produits vivriers à Pointe-Noire, alors que, dans le passé, elles produisaient aussi pour cette ville », explique Germaine Tchitoula, habitante du village Noumbi, au bord du fleuve éponyme.
Face à cette situation, certains villageois ont choisi de s’installer ailleurs. Cette vague de migration a entrainé une baisse de la population dans le village Tandou-Ngoma qui a ainsi vu sa population passer de 500 à 372 âmes. « Ils quittent le village pour s’installer dans d’autres localités comme Tchibota, Bondi, Kondi et Tchilounga, qui sont peu fréquentées par les éléphants. Du moins, jusqu’ici… », témoigne Jean Léon Maboumba, chef du village Tandou-Ngoma.
DES BARRIERS ELECTRIQUES POUR ELOIGNER LES ELEPHANTS DES PLANTATIONS
Pour atténuer le phénomène et sauver les populations d’une famine certaine pour les années avenir la société civile congolaise a opté pour la construction des barrières électriques autour des plantations. Aujourd’hui cette solution commence à produire des résultats, le village Bomassa en est un exemple : « Avant, on souffrait pour nos plantations qui étaient souvent dévastées par les éléphants. Avec l’arrivé du projet Elanga, aujourd’hui dans le village Bomassa nous avons en permanence le manioc, les arachides, la banane et bien d’autre arbres fruitiers… », lâche tout joyeuse Louise Ngouengué, la soixantaine accomplie, mère de famille. Elle fait d’ailleurs partie des 59 familles qui expérimentent la barrière électrique protège les plantations des inclusions des pachydermes et d’autres espèces animales mis en place par l’ONG américaine Wildlife conservation society (WCS) dans le cadre du projet “Elanga (plantation en langue lingala)”.
Ce phénomène devenu très récurrent dans les départements forestiers du Bassin du Congo, et qui met à mal la coexistence entre l’homme et la faune sauvage entraine aussi la raréfaction de certains produits agricoles. Avec la cloture électrique les choses commencent à changer : « Avant qu’on expérimente la barrière électrique, nos plantations étaient dans la forêt et constamment dévastées par les éléphants, depuis la mise en place de la barrière électrique tout autour de nos plantations ils (éléphants) ne s’approchent plus et nos produits champêtres sont sécurisés », se réjouit Jean Pierre Mbingo, autochtone et l’un des agriculteurs à « Elanga ».
Barrière électrique autour des plantations à Bomassa, République du Congo (photo Marien Massala )
Il faut souligner qu’avant la mise place de la barrière électrique, une quinzaine d’expériences avaient été développées à Bomassa, Bon-coin, Kabo ; malheureusement, elles ont toutes été moins satisfaisantes ; c’est en 2019 que WCS a expérimenté le système de protection électrique dénommé projet « Elanga ». En lui-même, ce système est constitué d’un petit panneau solaire, de deux batteries de 100 ampères chacune et d’un appareil qui envoie la tension au niveau des câbles électriques.
A ce jour, cette barrière sécurise 4 hectares soit 4000m2 où sont installées 59 familles qui pratiquent l’agriculture depuis juillet 2019 en toute sécurité et quiétude. « Pour évaluer l’activité animal et la performance de la barrière, nous avons installé une quinzaine de cameras autour du champ et nous avons fait le suivi durant 24 mois et enregistré durant ce suivi 130 visites d’éléphants avec 90 tentatives de destruction et aucune tentative n’a réussi, aucun éléphant n’a pu traverser la barrière, c’est à partir de ce suivi que nous avons effectivement conclu l’efficacité du système de protection électrique », explique Cisquet Kiebou Opepa, chargé au développement communautaire et responsable du volet coexistence homme-faune à WCS.
L’érection réussie de cette barrière vient consolider la coexistence paisible entre la population locale et les éléphants afin de promouvoir la préservation de la biodiversité et la sécurité alimentaire de la communauté. Pour sa part, le gestionnaire du Parc National Conkouati-Douli, (district de Nzambi ), l’Ong française Noé qui envisage aussi l’érection d’une barrière électrique autour des plantations paysannes vient d’ élaborer un programme de regroupement de paysans locaux sur un même site. Ce programme est baptisé : Zone Agricole Protégée (ZAP) : « Nous demandons aux communautés d’un même village de se regrouper sur un même champ. Il s’agira, par la suite, de réfléchir à la mise en place d’une clôture électrique qui repoussera les éléphants », explique Modeste Makani, responsable du développement communautaire au sein de l’ONG

L’EXPERIENCE S’ EXPORTE DANS LA SOUS REGION
Aujourd’hui, le succès que connait le champ électrique de Bomassa a permis non seulement de le vulgariser, il fait également l’objet d’étude de cas un peu partout. A Kabo par exemple un village un peu proche de Bomassa on annonce l’installation d’une barrière dans les jours à venir pour protéger de 18 hectares de champs. Du côté du parc National Odzala Kokoua et le parc national de Ntokou- Pikounda, l’équipe de WCS a mis en place une plateforme d’échange, partager des expériences et des informations sur les questions liées à la multiplication de conflit entre l’homme et la faune sauvage.
Au niveau de la sous-région de l’Afrique centrale, lors de la réunion des trois aires protégées de Lobeké au Cameroun, Dzanga-Sangha en Centrafrique et Nouabale Ndoki au Congo, tenue du 7 au 11 juin 2022 à Bayanga (RCA), il a été recommandé que l’expérience de Bomassa puisse être documentée et partager aux autres aires protégées, afin qu’elles -aussi de leur côté voient comment elles pourraient l’appliquer selon leur contexte. Déjà au niveau du TRI-National la Sangha (TNS) le processus est en cours. « Nous recevons toujours des appels et mails des amis de Djanga-Sangha avec lesquels on partage les informations sur le modèle de Bomassa, sur le design que nous développons ici. Nous recevons beaucoup des appels et des messages », explique Cisquet.


                                                   Co auteurs : Hervé Ndombong, John Ndinga Ngoma, Marien N. Massala et Ebénizer Diki

Le  Cameroun et le Congo face au phénomène des conflits homme- bêtes sauvages autour des parcs nationaux

Le Congo Brazzaville et le Cameroun, sont deux pays d’Afrique Centrale qui abritent un vaste réseau d’aires protégées dans lequel existe une riche biodiversité animale. Ces aires protégées sont situées dans des espaces multipartites et multifonctionnels ce qui engendre des conflits entre parties prenantes mais aussi entre l’homme et la faune sauvage.

6.710 milliards de Fcfa ; c’es le montant de l enveloppe du budget de l’exercice 2023  que le ministre   de l’environnement de la protection de la nature et du développement durable, Hélé Pierre a défendu le 29 novembre dernier devant la commission des finances et du budget de l’Assemblée Nationale. Une enveloppe en hausse de plus de 200 millions de Fcfa comparé à l’exercice en cours.

Selon Hélé Pierre, cette enveloppe sera  prioritairement consacrée à la lutte contre la désertification, les changements climatiques, la sécheresse. Ainsi, près de trois milliards sont  destinés à ces  secteurs avec pour objectif de réduire la vulnérabilité des activités de développement des populations  face aux effets néfastes des changements climatiques.  Il faut souligner que le combat engagé depuis de longues dates contre la déforestation reste de mise tout comme celui lié à la restauration des terres dégradées dans le cadre de l’opération sahel vert. À ce  jour le Cameroun compte environ 12 millions d’hectares des sols dégradés qui se trouvent principalement dans la partie septentrionale du pays.

S’agissant de la biodiversité, 602 millions sont prévus pour la promotion de la conservation, la  restauration et la valorisation de la biodiversité. Le ministre a indiqué que près de 700 millions de Fcfa vont aider à promouvoir la prise en compte du développement durable dans les programmes et projets au Cameroun, cette approche s’appuie sur « le nombre de programmes et projets de développement qui intègrent  les questions environnementales dans leur élaboration et leur mise en œuvre » a indiqué en substance le ministre Hélé Pierre

Les pollutions, les nuisances et les substances chimiques nocives et dangereuses  ne sont pas en reste, puisque près d’un milliards de Fcfa y est alloué.

En 2022

Il faut rappeler que depuis trois ans le budget du Minepded est en constante augmentation : 6,4 milliards en 2021, 6,5 en 2022, bien moins cependant des 7,4 de 2020.

Ebénizer DIKI

CAMEROUN : Ministère de l’environnement, un budget en hausse de plus de 200 millions de franc Cfa.

6.710 milliards de Fcfa ; c’es le montant de l enveloppe du budget de l’exercice 2023 que le ministre de l’environnement de la protection de la nature et du développement durable, Hélé Pierre a défendu le 29 novembre dernier devant la commission des finances et du budget de l’Assemblée Nationale. Une enveloppe en hausse de plus de 200 millions de Fcfa comparé à l’exercice en cours.

Rainforest Alliance produit un guide d’orientation sur les zones à haut risque de déforestation et d’empiètement. L’Ong propose des mesures pour mettre sur le marché des produits certifiés et pratiquer une agriculture à impact mineur sur les forêts.

Dans sa stratégie d’aménagement du territoire, notamment en ce qui concerne la protection de ses forêts denses et de ses aires protégées, le Cameroun est soutenu par ses partenaires. Dans le volet agricole, des dispositions ont été prises pour délimiter le territoire en spécifiant de façon précise des zones et des conditions dans lesquelles les forêts peuvent ou ne peuvent pas être exploitées à des fins agricoles. Toutefois, comme le relève Arnaud Afana, chargé d’études assistant à la Direction de l’aménagement du territoire au ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (MINEPAT), les aires protégées sont menacées. Il évoque entre autres raisons les actions anthropiques, c’est-à-dire l’intervention de l ’Homme : l’élevage, l’agriculture, la coupe abusive du bois de chauffe dans la partie septentrionale du pays, etc.

Face à ces menaces, l’Ong Rainforest Alliance a présenté le 3 novembre dernier à Yaoundé, un guide d’orientation des zones à haut risque de déforestation et d’empiètement dans les aires protégées du Cameroun. Selon le représentant de la directrice régionale de Rainforest Alliance pour l’Afrique centrale, William Mala, « il est important de trouver une cohabitation entre les pratiques agricoles et la conservation de la biodiversité. Les acteurs agricoles doivent également être préparés à se conformer aux exigences des marchés ». Notre source explique que les pratiques agricoles à l’intérieur du domaine forestier camerounais (le patrimoine forestier couvrant 46% du territoire national, ndlr) doivent être « encadrées ».

Les produits agricoles doivent respecter le label Rainforest Alliance

La production de ce guide considéré comme un outil d’aide à la décision est justifiée par la volonté de Rainforest Alliance d’éliminer la déforestation des chaînes d’approvisionnement des commodités agricoles, surtout le cacao. Concrètement, tel que l’explique Achille Tuete, Senior Associate for Standard & Assurance à Rainforest Alliance, il s’agit d’aider un investisseur privé national ou étranger à déterminer, dès le départ, si la zone sollicitée pour établir son agro-industrie est appropriée, selon la règlementation forestière. « Cela permet d’anticiper sur tout conflit au risque de voir le projet abandonné à un moment donné », soutient-il. Ces investisseurs ont donc la latitude de choisir de façon « stratégique » les sites où ils peuvent créer leurs exploitations, pour bénéficier de l’accompagnement de Rainforest Alliance dans le processus de certification, selon le nouveau standard obligatoire depuis le 30 juin 2020.

Lors d’une évaluation initiale réalisée par l’Ong, il est ressorti que sur les 70 000 producteurs avec qui elle est en partenariat, 2000 d’entre eux se trouvaient dans une aire protégée ou dans une zone à risque de déforestation. « Cela représente environ 3%, mais c’est énorme vu l’impact que cela pourrait avoir sur le petit producteur. Etant donné que s’il vend le cacao certifié, il aura des bénéfices que le standard n’a pas », indique Achille Tuete. L’autre fait majeur : sur les 2000 ayant empiété le domaine forestier permanant de l’Etat, près de 600 se trouvaient dans les aires protégées, les parcs nationaux, les sanctuaires de faune et dans les réserves forestières. Ils estiment qu’historiquement, ces espaces sont les leurs et que le classement a été fait après que leurs aïeux se soient installés.

Face à cet imbroglio, Rainforest Alliance veut amener l’administration à prendre en compte certaines considérations, en déterminant notamment des enclaves à l’intérieur de ces aires protégées ou de toute autre composante du domaine forestier permanent. Ce scénario, s’il est implémenté, permettrait à ceux qui sont déjà installés de vendre leurs produits sous le label Rainforest Alliance, à travers une notification délivrée par l’administration.

Les actes de déforestation peuvent être anticipés

Le guide présenté permet en outre au Cameroun de se projeter dans ses missions d’aménagement du territoire et de définir des actions à mener, que ce soit des actions d’atténuation ou de compensation, poursuit le responsable au MINEPAT, M. Afana. Le volet conservation de la biodiversité n’est pas négligé. A s’en tenir aux alertes de Global Forest Watch (GFW) rendues publiques par World Resources Institute (WRI) en 2021, l’on a constaté une perte du couvert arboré de 11,1 millions d’hectares, dont 3,5 millions d’hectares de perte dans les forêts humides tropicales.

L’agriculture est citée comme le principal moteur de perte de ce couvert arboré. Cela peut être un est indicateur des risques potentiels de déforestation. Mais, selon le coordonnateur de WRI pour le Cameroun, Duclaire Mbouna, la situation est relativement stable dans les aires protégées, à part quelques alertes observées au niveau du parc de la vallée du Mbéré à Meiganga, région de l’Adamaoua, en raison de la guerre en Centrafrique. 

KENFACK

Le changement climatique aurait également une incidence sur la survenance des zoonoses en Afrique. Dans une étude publiée le 28 avril 2022, une équipe de chercheurs de l’Université Georgetown aux États Unis d’Amérique indique que le changement climatique pourrait provoquer 15 000 passages de virus d’une espèce animale à l’autre d’ici à 2070. L’humain n’est pas à l’abri, car de tels transferts permettent souvent au virus de s’adapter à l’organisme humain, causant ainsi des zoonoses.  

En Afrique, les ravages du changement climatique se recensent aussi sur plan biologique. Dans une étude publiée le 28 avril 2022, une équipe de chercheurs de l’Université Georgetown de Washington D.C aux États Unis d’Amérique, indique qu’il y aura 15 000 passages de virus d’une espèce animale à l’autre d’ici à 2070, du fait du changement climatique. « C’est l’un des aspects du réchauffement climatique qui est inéluctable. Il survient même dans les scénarios les plus optimistes du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)» affirme Colin Carlson coauteur de l’étude.

L’étude a modélisé les modifications possibles de l’aire de répartition de plus de 3300 espèces de mammifères, en fonction des changements climatiques. Selon l’étude, les chauves-souris seraient parmi les plus impliquées dans la transmission virale, parce qu’elles volent loin et que leur système immunitaire très robuste leur permet d’être porteuses de nombreux virus sans être malades. « La pandémie de Covid-19 tire probablement son origine d’un virus de la chauve-souris qui a été transmis à un animal sauvage vendu dans les marchés chinois, peut-être le pangolin. L’Ebola et le VIH sont d’autres virus qui sont passés d’un mammifère à un autre avant de muter suffisamment pour infecter l’humain » rappelle l’étude.

Ainsi, en dehors de l’Afrique, l’étude de l’Université Georgetown indique que la plupart des transmissions de virus d’une espèce à l’autre surviennent en Asie et Amérique du Sud, ceci en raison de leur riche biodiversité.

Le facteur climatique des zoonoses       

Dans une étude antérieure publiée par l’Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ), les contributions des changements climatiques actuels et anticipés sur l’augmentation des zoonoses sont démontrées. Il y a la création de conditions climatiques favorables à la prolifération des agents pathogènes, soit des organismes pouvant causer des maladies parasitaires ou microbiennes.

La modification de l’habitat, de la période d’hibernation, de la durée de vie ainsi que des conditions de reproduction des espèces réservoirs par les hausses de température, de précipitations et d’humidité. Aussi, la multiplication des activités extérieures, comme la randonnée et le camping, parce que la saison estivale est devenue plus chaude et prolongée, expose davantage les personnes aux risques d’infections.

Boris Ngounou

AFRIQUE : le changement climatique provoquera 15 000 infections inter-espèce

Le changement climatique aurait également une incidence sur la survenance des zoonoses en Afrique. Dans une étude publiée le 28 avril 2022, une équipe de chercheurs de l’Université Georgetown aux États Unis d’Amérique indique que le changement climatique pourrait provoquer 15 000 passages de virus d’une espèce animale à l’autre d’ici à 2070. L’humain n’est pas à l’abri, car de tels transferts permettent souvent au virus de s’adapter à l’organisme humain, causant ainsi des zoonoses.

Le gouvernement français vient d’accorder un appui financier au Cameroun de l’ordre 990 000 euros. Le don est destiné à la protection des populations de chimpanzés et de gorilles de la réserve de Den-Deng à l’Est du Cameroun. La riche biodiversité de ce parc a été profondément bouleversée par la construction des ouvrages et le braconnage.

Le ciel s’éclaircit sur l’existence de la biodiversité du parc national de Deng-Deng (PNDD) située dans la région de l’Est du Cameroun, pays d’Afrique Centrale. Le 30 octobre 2020 à Yaoundé au Cameroun, l’Agence française de développement (AFD) pour le compte du Fonds français pour l’environnement mondial a signé avec Electricity développement corporation (EDC), une convention de financement de 650 millions de francs CFA soit 990 000 euros, destinés au projet d’appui à la mise en place du PNDD.

Créée en 2010 sur une superficie de 68 200 hectares, la réserve naturelle de Deng-Deng ne dispose pas encore de zone tampon, et pourtant sa riche biodiversité, notamment ses gorilles et chimpanzés sont confortés à une double menace. Il y a d’une part la construction d’un oléoduc traversant le Cameroun vers le Tchad, et la construction du barrage hydroélectrique de Lom Pangar qui menacent l’habitat des espèces sauvages. Et d’autre part il y a la forte pression du braconnage qui sévit dans la région de l’Est Cameroun. Pour assoir la vocation du parc, qui est celle de la préservation des espèces, les fonds alloués par l’AFD serviront à la mise en place d’une unité de gouvernance et de gestion pérenne du parc. Cette entité devra entre autres assurer l’utilisation transparente des revenus financiers générés par les redevances d’eau du barrage-réservoir de Lom-pangar.

La France soutient le Cameroun dans l’atteinte des ODD

La convention entre l’AFD et EDC s’inscrit dans la continuité d’un accord de concession et de redevance d’eau validé le 7 septembre 2020 entre l’EDC et l’État du Cameroun. Dans cet accord, l’opérateur public des barrages-réservoirs du Cameroun s’engageait à affecter à la gestion du parc de Deng-Deng, une partie de sa rémunération obtenue auprès des producteurs indépendants d’électricité (IPP) qui exploitent les eaux du fleuve Sanaga. Car le parc est en effet le volet compensation écologique du projet hydroélectrique de Lom-Pangar. « La protection du PNDD était l’un des éléments les plus importants pour garantir le soutien des bailleurs de fonds tels que la Banque Mondiale, l’AFD, la Banque européenne d’investissement, et la Banque africaine de développement (BAD) » a déclaré Théodore Nsangou, le Directeur général d’EDC.

Vu dans son ensemble les interventions de la France dans le barrage hydroélectrique de Lom-Pangar et le projet d’appui à la mise en place du PNDD se situent à la croisée de plusieurs Objectifs de développement durable (ODD) : l’accès à l’eau, le recours aux énergies renouvelables, la lutte contre le changement climatique, la vie terrestre et les partenariats entre acteurs.

Boris Ngounou

Au Cameroun, de grosses pointures de la musique urbaine viennent rejoindre la cause défendue par le Fonds mondial pour la nature (WWF). Ces célébrités vont accompagner de leur aura, la campagne de l’ONG internationale sur la préservation de riche biodiversité du Cameroun, classée 5e en Afrique.

La musique urbaine camerounaise vire-t-elle au vert ? Quatre grands noms du domaine ont accepté d’accorder leurs popularités, leurs auras et leurs voix à la lutte pour la protection de la biodiversité. Daphné, Mr. Léo, Salatiel, Wax Dey et l’actrice de cinéma Laura Onyama, ont signé le 11 août 2020 à Yaoundé la capitale, un accord avec le Fonds mondial pour la nature/ World Wildlife Fund (WWF). « Nous attendons de ces artistes très talentueux qu’ils mobilisent les jeunes pour inciter les décideurs à prendre des ambitions et des actions concrètes pour garantir un monde de nature positive », a déclaré Gilles Etoga, directeur intérimaire de la conservation du WWF-Cameroun.

L’engagement de ces artistes intervient dans le cadre de la campagne de WWF, intitulée « New Deal pour la Nature et les Hommes : inverser la courbe de l’érosion de la biodiversité d’ici 2030 ». Avant de se lancer dans la campagne, ces artistes que WWF a baptisés « champions du New Deal pour la Nature et les Hommes » seront tout d’abord formés sur le rôle et l’étendue de la biodiversité camerounaise. Des descentes seront ainsi faites dans certaines aires protégées du pays à l’effet de toucher du doigt les réalités du terrain. « Le WWF m’a donné l’opportunité de faire entendre ma voix pour la faune. Un domaine pour lequel je suis très passionnée » s’est réjoui la chanteuse Daphné.

Le Cameroun est classé 5e en Afrique pour la diversité de sa faune

L’implication des célébrités du show-biz camerounais dans la protection de la biodiversité intervient au moment où la faune et la flore mondiale traversent un déclin sans précédent. Les activités humaines, notamment l’agriculture, l’exploitation forestière, le développement des infrastructures, déstabilisent le climat et détruisent la nature à un rythme beaucoup plus rapide qu’elles ne peuvent la reconstituer. Selon WWF, le monde a perdu 60 % de sa biodiversité en seulement 40 ans. Quelque 1 000 000 d’espèces sont menacées d’extinction au cours de la prochaine décennie, et l’empreinte de l’humanité est bien plus grande que ce que la planète peut supporter.

Un contexte naturel dans lequel la biodiversité du Cameroun apparait nécessaire à la conservation des espèces sauvages. Le pays d’Afrique centrale que l’on aime à appeler « Afrique en miniature », abrite plus de 90 % des systèmes écologiques existants sur le continent. Ce pays est classé 5e en Afrique en matière de diversité de la faune, et 4e pour ce qui est de la flore. Le Cameroun compte 409 espèces de mammifères, 183 espèces de reptiles, 849 espèces d’oiseaux, 190 espèces d’amphibiens, et plus de 9000 espèces de plantes.

Boris Ngounou

Le gouvernement camerounais appelle à l’union nationale autour de la biodiversité. La déforestation et le braconnage n’ont pas encore atteint la côte d’alerte dans le pays qui détient le deuxième plus vaste massif forestier du bassin du Congo. Cependant, la nature y est confrontée à de sérieuses atteintes d’origine naturelle ou anthropique.

Le Cameroun entend conserver, ou mieux, améliorer son potentiel en matière de biodiversité. Avec un taux de couverture forestière de 45 %, soit 22 millions d’hectares, le pays d’Afrique centrale détient le deuxième massif forestier du bassin du Congo. D’après un classement établi par le fonds mondial pour la nature (WWF) en 2018, la biodiversité faunique et floristique du Cameroun occupe le 21e rang mondial et le 4e rang africain. Seulement, ce riche potentiel environnemental « subit de sérieuses atteintes d’origines naturelle ou anthropique telles que les changements climatiques, la sècheresse, les inondations, la désertification, la déforestation, les pollutions multiformes, l’érosion côtière et fluviale avec de nombreuses conséquences sur le bien-être des populations et l’économie du pays », a déclaré Pierre Hele, le ministre de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable (Minepded).

Ainsi, le gouvernement a saisi l’occasion de la 48e édition de la journée mondiale de l’environnement, célébrée le 5 juin 2020 sous le thème « la biodiversité, une source de préoccupation à la fois urgente et existentielle », pour sensibiliser le grand public sur l’importance de protéger la faune et la flore. En raison du contexte épidémiologique du Coronavirus qui a poussé les autorités à interdire les regroupements populaires, la sensibilisation s’est faite à travers les médias et les réseaux sociaux, des jeux-concours radiophoniques et des quizz. Le but étant d’impliquer tout le monde : entreprises, communautés, et sectoriels, dans les actions de protection de l’environnement.

Lancement d’une opération « Campus vert » pour initier les jeunes au reboisement 

D’après les autorités camerounaises, la destruction de la biodiversité n’a pas encore atteint la côte d’alerte dans le pays. Mais elles reconnaissent qu’il est urgent d’agir dès maintenant pour prévenir d’éventuelles conséquences graves et irréversibles sur la faune ainsi que la flore.

Parmi les récentes actions menées dans le secteur de la flore au Cameroun, il y a le projet « Campus verts », qui consiste à planter des arbres dans tous les établissements scolaires (primaires, secondaires et universitaires) publics et privés. Le but de ce projet est de sensibiliser les jeunes sur l’importance de l’arbre et les impliquer dans les opérations de reboisement.

Boris Ngounou