Adoptée par l’Assemblée nationale le 2 décembre 2024 et trois jours plus tard par le Sénat, la nouvelle loi sur la pêche promet de révolutionner le secteur au Cameroun. Lors de la 4e édition du Street Whole à Kribi du 4 au 8 décembre 2024, cette évolution législative a fait débat. Les représentants du ministère des Pêches et des Industries animales (Minepia) saluent une avancée significative du cadre normatif, mais la société civile joue la carte de la prudence. Une fois la promulgation de la loi ainsi que la signature de son décret d’application, obtenues, sa mise en œuvre pourrait être une nouvelle paire de manche.
La nouvelle loi sur la pêche adoptée par les deux chambres du parlement camerounais marque un tournant pour un secteur longtemps fragilisé par la pêche illicite, non déclarée et non règlementée (pêche INN). Le texte de 41 pages prévoit la mise en place d’un système de surveillance maritime utilisant des technologies avancées pour détecter et prévenir les activités de pêche illicite dans les eaux nationales. Le projet encourage la coopération avec des organismes internationaux et les communautés locales pour partager des informations, développer des initiatives de sensibilisation, et renforcer les capacités de gestion durable des ressources halieutiques.
Selon Marie Thérèse Omgba, sous-directrice de la pêche industrielle et artisanale au Minepia, cette loi offre des solutions inédites : « Il y a tout un chapitre dédié au suivi contre la surveillance pour encadrer les activités de pêche. Les sanctions pénales, désormais plus dissuasives, vont renforcer la gestion et la régulation du secteur. » Une innovation majeure est l’intégration des dispositions de l’accord sur les mesures relevant de l’État du port, un pas important vers la transparence et la durabilité.
Cependant, la mise en œuvre demeure un défi crucial. Younoussa Abbosouka, représentant de l’Environmental Justice Fondation (EJF) au Cameroun, précise : « Même si la loi pose des bases juridiques solides, c’est son application effective sur le terrain qui déterminera son succès. Par ailleurs le futur décret d’application, incluant les mesures de transparence nécessaire, sera également crucial pour assurer une bonne gouvernance des activités de pêche au Cameroun… ». Son intervention souligne l’importance d’un engagement politique ferme pour transformer ces ambitions législatives en actions concrètes.
Par ailleurs, cette législation répond à une urgence économique et environnementale. La pêche INN coûte chaque année au Cameroun environ 10 milliards de FCFA en manque à gagner, selon les estimations de la FAO. Ce fléau a valu au pays un carton rouge de l’Union européenne en 2021, freinant l’exportation vers les marchés européens. Avec cette loi, le Cameroun ambitionne de restaurer sa crédibilité et de sécuriser les moyens de subsistance des communautés côtières.
Adoptée par l’Assemblée nationale le 2 décembre 2024 et trois jours plus tard par le Sénat, la nouvelle loi sur la pêche promet de révolutionner le secteur au Cameroun. Lors de la 4e édition du Street Whole à Kribi du 4 au 8 décembre 2024, cette évolution législative a fait débat. Les représentants du ministère des Pêches et des Industries animales (Minepia) saluent une avancée significative du cadre normatif, mais la société civile joue la carte de la prudence. Une fois la promulgation de la loi ainsi que la signature de son décret d’application, obtenues, sa mise en œuvre pourrait être une nouvelle paire de manche.
Depuis son installation en 2019 à Campo, au sud du Cameroun, Camvert SA, géant de l’agro-industrie, fait face à de vives critiques des communautés locales. Ces dernières dénoncent des violations de leurs droits, l’absence de dialogue, et des promesses non tenues. Dans une pétition récente, elles réclament la mise en place urgente d’une plateforme de concertation, pointant du doigt la destruction de la biodiversité et des conditions de vie aggravées pour les populations riveraines.
Lors de son implantation en 2019, Camvert SA portait les espoirs de nombreuses communautés à Campo, avec la promesse de développement local, d’emplois et d’infrastructures. Cependant, ces promesses semblent aujourd’hui oubliées. Dans une pétition datée du 20 novembre 2024, les communautés Mvae-Mabi accusent Camvert et d’autres sociétés forestières comme Boiscam et Sofoni de mépris, de non-respect des cahiers de charges et de destruction massive de l’écosystème.
« Nous avons été abusés et victimes de promesses non tenues », dénoncent les signataires de la pétition adressée au sous-préfet de Campo. Parmi les griefs soulevés : l’absence d’un Plan de Travail Annuel (PTA) pour 2024, des accidents de travail non pris en charge et un trafic d’influence supposé sur les autorités locales.
Une crise environnementale et sociale
La concession provisoire de plus de 40 000 hectares accordés à Camvert en 2022 dans des conditions floues a provoqué une destruction accélérée de la biodiversité. Ce projet va à l’encontre des engagements du Cameroun en matière de préservation de l’environnement. Selon un rapport de Greenpeace Afrique, « les communautés dépendent de cette forêt pour leur survie. Sa destruction affecte directement leur sécurité alimentaire et leurs moyens de subsistance. »
Les populations signalent également des incursions fréquentes d’animaux sauvages dans leurs villages, conséquence de la destruction de leur habitat naturel. Cette situation aggrave les tensions entre les communautés locales et l’entreprise, qui reste sourde à leurs revendications.
Une des principales revendications concerne l’absence de redistribution des revenus générés par l’attribution de la concession. Selon l’article 17 du Décret n° 76-166 du 27 avril 1976, 20 % des revenus devraient revenir aux communautés villageoises concernées. Ce financement pourrait être utilisé pour des projets locaux tels que des écoles, des centres de santé ou des infrastructures. Mais jusqu’à présent, les communautés de Campo n’ont rien perçu.
Majesté Abel Mvondo Medjo, chef de 3ᵉ degré du village Doum Essamebenga, souligne l’absence de communication entre Camvert et les riverains : « Depuis deux ans, il n’y a pratiquement pas de dialogue. Nous exigeons un cadre de concertation régulier pour garantir le respect des engagements pris. »
Sylvie Michele Ongbassomben, de Greenpeace Afrique, ajoute : « Tant qu’un dialogue transparent ne sera pas ouvert, les communautés continueront à exprimer leur mécontentement publiquement. Les autorités doivent agir pour protéger les droits des populations. ».
Les communautés réclament des mesures concrètes :
La révision des cahiers de charges.
L’élaboration et l’exécution d’un Plan de Travail Annuel (PTA) pour 2024.
La mise en place d’une plateforme de concertation réunissant toutes les parties prenantes au moins une fois par trimestre.
Le paiement immédiat des redevances foncières dues.
Depuis son installation en 2019 à Campo, au sud du Cameroun, Camvert SA, géant de l’agro-industrie, fait face à de vives critiques des communautés locales. Ces dernières dénoncent des violations de leurs droits, l’absence de dialogue, et des promesses non tenues. Dans une pétition récente, elles réclament la mise en place urgente d’une plateforme de concertation, pointant du doigt la destruction de la biodiversité et des conditions de vie aggravées pour les populations riveraines.
Les acteurs de la foresterie sociale au Gabon ont bénéficié, du 15 au 19 octobre, de formations intensives organisées par la Direction Provinciale des Eaux et Forêts du Moyen-Ogooué, appuyée par l’ONG Conservation Justice. Ces ateliers, tenus à Lambaréné et Ndjolé, visaient à outiller les responsables communautaires et les autorités locales pour une meilleure gouvernance des ressources forestières, dans le cadre du projet RALF financé par l’Union Européenne.
Ces formations ont permis de sensibiliser plus de 50 acteurs, dont des responsables de forêts communautaires et des représentants villageois, sur des mécanismes tels que les Cahiers de Charges Contractuelles (CCC) et le Fonds de Développement Local (FDL). Le gouverneur Jean Benoit Bekale a souligné l’importance de ces outils pour améliorer la gestion forestière tout en intégrant les communautés locales, assurant une répartition équitable des revenus issus de la foresterie.
Les échanges ont également mis en lumière les défis rencontrés dans l’implémentation de ces mécanismes. Abdoul Eyeghe Traoré, chef juridique de Conservation Justice, a expliqué que de nombreuses communautés faisaient face à des lacunes en matière de gouvernance et d’utilisation des fonds. La sensibilisation sur la mise en place des Comités de Gestion et de Suivi des Projets (CGSP) a ainsi été renforcée pour combler ces déficits.
Par ailleurs, les participants ont exprimé leur satisfaction pour cette initiative, comme l’a indiqué Rodrigue Ndong Mba, secrétaire général de la Forêt Communautaire Abanga Island, qui a salué ces ateliers pour leur clarté sur le rôle de chaque membre dans la gestion forestière. Ces ateliers viennent pallier les manques de connaissances et de gestion, souvent à l’origine de conflits internes et de perte de ressources.
En renforçant la formation des acteurs locaux, ces sessions constituent une avancée pour assurer un développement durable et une gouvernance efficace des forêts communautaires au Gabon.
Les acteurs de la foresterie sociale au Gabon ont bénéficié, du 15 au 19 octobre, de formations intensives organisées par la Direction Provinciale des Eaux et Forêts du Moyen-Ogooué, appuyée par l’ONG Conservation Justice. Ces ateliers, tenus à Lambaréné et Ndjolé, visaient à outiller les responsables communautaires et les autorités locales pour une meilleure gouvernance des ressources forestières, dans le cadre du projet RALF financé par l’Union Européenne.
Les ONG Space for Giants et Conservation Justice ont signé le 1er octobre 2024 à Libreville, un partenariat stratégique de quinze mois pour la gestion des clôtures électriques mobiles dans plusieurs provinces du Gabon. Ce dispositif innovant vise à atténuer les conflits Homme-Faune (CHF), particulièrement avec les éléphants, tout en protégeant les cultures agricoles des communautés locales. Face à l’augmentation du CHF dans les provinces du Haut-Ogooué, de l’Ogooué-Lolo, de la Ngounié et de l’Ogooué-lvindo, cette collaboration intervient à un moment crucial.
Depuis son implantation au Gabon, Space for Giants a installé des clôtures électriques mobiles fonctionnant à l’énergie solaire. Ce projet, en partenariat avec Conservation Justice, a pour ambition de sécuriser les cultures ravagées régulièrement par les éléphants. Selon Eric Chehoski, Directeur National de Space for Giants, « il est inconcevable de parler de conservation sans évoquer le conflit homme-éléphant. Nous mettons tout en œuvre pour que les communautés locales bénéficient de ces clôtures, une solution immédiate et pratique. »
La collaboration ne se limite pas à l’installation de ces dispositifs. Conservation Justice identifiera les bénéficiaires et facilitera leurs démarches auprès des autorités locales. En plus de cela, l’ONG s’engage à former les communautés rurales pour mieux gérer et maintenir ces équipements, tout en assurant un suivi post-installation. Pour Luc Mathot, Directeur Exécutif de Conservation Justice, « la participation active des populations locales est la clé pour résoudre durablement ce problème. »
Le projet cible initialement quatre provinces, mais pourrait être étendu à d’autres régions en fonction des résultats et opportunités. Avec ce partenariat, Space for Giants et Conservation Justice réaffirment leur engagement à promouvoir une cohabitation pacifique entre l’homme et la faune tout en assurant un développement agricole durable dans les zones rurales du Gabon.
Faits marquants
4 provinces cibles : Haut-Ogooué, Ogooué-Lolo, Ngounié, Ogooué-lvindo
15 mois de collaboration pour une gestion continue des clôtures électriques mobiles
Innovation solaire : clôtures électriques alimentées par énergie solaire, adaptées à l’agriculture de subsistance
Depuis 2022, Space for Giants a installé ce dispositif dans plusieurs zones rurales du Gabon
Cette approche innovante offre aux communautés locales non seulement une protection contre les ravages des éléphants mais aussi une opportunité de développement agricole durable et sécurisé.
Les ONG Space for Giants et Conservation Justice ont signé le 1er octobre 2024 à Libreville, un partenariat stratégique de quinze mois pour la gestion des clôtures électriques mobiles dans plusieurs provinces du Gabon. Ce dispositif innovant vise à atténuer les conflits Homme-Faune (CHF), particulièrement avec les éléphants, tout en protégeant les cultures agricoles des communautés locales. Face à l’augmentation du CHF dans les provinces du Haut-Ogooué, de l’Ogooué-Lolo, de la Ngounié et de l’Ogooué-lvindo, cette collaboration intervient à un moment crucial.
Le 20 septembre 2024, une opération conjointe menée par la Direction Provinciale des Eaux et Forêts de l’Ogooué-Maritime, l’antenne provinciale de la Direction Générale de Recherche (DGR), et soutenue par l’ONG Conservation Justice, a conduit à l’arrestation de deux individus gabonais en flagrant délit de tentative de vente d’un bébé chimpanzé. Cette arrestation s’inscrit dans le cadre de la lutte contre le trafic d’espèces protégées au Gabon.
Les suspects, N.G et M.R, ont été arrêtés alors qu’ils s’apprêtaient à conclure la transaction dans la capitale provinciale, Port-Gentil. Le chimpanzé, transporté dans un carton, était sur le point d’être vendu, une infraction sévèrement punie par la loi gabonaise. Selon les aveux de N.G, ce dernier ignorait que la vente, la détention et le transport d’espèces protégées, telles que les chimpanzés, étaient illégaux au Gabon. Il a déclaré avoir acheté le bébé primate à un certain M.I.V, tandis que M.R l’accompagnait pour la transaction.
Sanctions légales et risques sanitaires
Les trafiquants encourent une peine d’emprisonnement allant jusqu’à six mois, ainsi qu’une amende comprise entre 100 000 et 10 millions de francs CFA. Cette sanction reflète la gravité du crime, puisque les chimpanzés sont classés parmi les espèces intégralement protégées.
Au-delà des risques légaux, la détention de primates présente de graves dangers sanitaires. En raison de leur proximité génétique avec l’homme, les chimpanzés peuvent être porteurs de zoonoses, des maladies transmissibles entre animaux et humains. Parmi celles-ci figurent Ebola, la variole du singe, et la tuberculose. Ces pathologies peuvent être mortelles et se propager rapidement. De plus, les morsures de primates, notamment lorsqu’ils atteignent l’âge adulte, sont fréquentes et peuvent causer des blessures graves.
Le trafic de faune sauvage, et particulièrement d’espèces protégées comme les grands singes, représente non seulement une violation des lois gabonaises, mais aussi un risque majeur pour la santé publique et l’équilibre des écosystèmes locaux.
Le 20 septembre 2024, une opération conjointe menée par la Direction Provinciale des Eaux et Forêts de l’Ogooué-Maritime, l’antenne provinciale de la Direction Générale de Recherche (DGR), et soutenue par l’ONG Conservation Justice, a conduit à l’arrestation de deux individus gabonais en flagrant délit de tentative de vente d’un bébé chimpanzé. Cette arrestation s’inscrit dans le cadre de la lutte contre le trafic d’espèces protégées au Gabon.