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Category: Biodiversité

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Les Rencontres d’échanges, de découvertes et d’exhibitions de l’Ouest (REDEO), ouvertes le 13 décembre 2024 à Bafoussam, mettent en lumière les PME locales appuyées dans le cadre du projet COBALAM. Ces entreprises, spécialisées dans l’apiculture, la transformation agroalimentaire et la production d’huile d’avocat, témoignent des impacts positifs d’un accompagnement technique et financier visant à concilier gestion durable des ressources et autonomisation des communautés.

Le stade omnisports de Tocket à Bafoussam a fait le plein d’œuf le 13 décembre 2024, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture de la deuxième édition des Rencontres d’échanges, de découvertes et d’exhibitions de la région de l’Ouest (REDEO). L’évènement qui se tient jusqu’au 22 décembre prochain rassemble plusieurs exposants, avec en bonne place les PME locales accompagnées par l’Ong américaine Rainforest Alliance. Cet accompagnement se fait dans le cadre du projet : « Eliminer les obstacles à la conservation de la biodiversité, à la conservation de la biodiversité, à la restauration des terres et à la gestion des durable des forêts à travers une gestion communautaire des paysages » (COBALAM) développé par ONU-Environnement et le ministère camerounais en charge de l’Environnement (Minepded), avec le soutien financier du Fonds pour l’Environnement Mondial (GEF). « Les produits exposés sont le résultat de l’accompagnement qui est fait pour rendre les communautés autonomes, plus visibles et capables de nouer des partenariats pour labéliser à terme ce qu’ils produisent », fait observer le coordonnateur des activités de Rainforest Alliance dans les hautes terres de l’Ouest, Jacques Waouo.          

Spécialisées dans la production du miel et dérivés, des produits transformés de pomme de terre, de manioc, de patate et de maïs et la production d’huile d’avocat, ces PME concilient à la fois « gestion responsable des ressources » et « amélioration de revenus économiques et de la vie sociale » à travers leurs activités. Au cours de ce rendez-vous du donner et du recevoir, la Société coopérative simplifiée des apiculteurs des monts Bamboutos (SCOOPS AMONBA) est présente avec les Gics APEB et Ndasse. Leur spécialité : le miel et ses produits dérivés. « Aux REDEO, nous sommes venus exposer le miel, la cire d’abeille, l’extrait de propolis, le lait de toilette fait à base de cire d’abeille et d’extrait de propolis, les baumes de massage fait à base de cire d’abeille et d’extrait de propolis, les crèmes de cheveu pour épaissir, faire grandir et faire pousser les cheveux, des bougies, etc. », décline la responsable de la coopérative, Charnelle Koubo Labo. Les quantités de miel issues des trois structures (APEB, Ndasse et coopérative) et exposées aux REDEO sont de plus de 300 litres, indique notre source.

La coopérative AMONBA est constituée de 56 personnes dont 60 à 65% de femmes. Elle a été créée en juillet 2024 et dispose d’une capacité de production de plus de 5000 litres de miel par an. Les projets portés par le groupe en ce moment consistent notamment à mettre du miel de qualité sur le marché, surtout les produits dérivés du miel. Il y a aussi le projet lié à la mise sur pied d’une vitrine pour la commercialisation des produits, basée à Mbouda où se trouve le siège social. « L’appui de Rainforest Alliance a été capital pour nous. Avant, on pratiquait l’apiculture de façon vague. Les femmes ne s’y intéressaient même pas. Rainforest Alliance nous a formé et nous a donné l’intérêt qu’il y à produire le miel dans les monts Bamboutos. Ensuite, ils nous ont encouragé de sorte que les apiculteurs se multiplient, à travers les formations sur la transformation, les équipements octroyés à certains GIC », explique Mme Koubo Labo. « L’appui de Rainforest Alliance a été important dans l’épanouissement économique de tous les membres de la coopérative. A ce jour, tous les membres ont subi au moins une formation sur les bonnes pratiques apicoles », ajoute notre interlocutrice.

Concernant le volet agro-alimentaire, la présence des Ets Niama B est perceptible à travers l’exposition des farines de pomme de terre, de patate, de maïs, d’igname et de manioc. Les farines de pomme de terre et de maïs sont utilisées pour la pâtisserie, les bouillies pour bébés. Le manioc, la patate et l’igname sont utilisées pour le couscous comme pour la pâtisserie. Grace su soutien apporté par l’Ong Rainforest Alliance, l’entreprise est montée à échelle. Niama B a ainsi reçu une laveuse éplucheuse de pommes de terre, un tamis vibrant, un broyeur, une scelleuse à bande avec dateur, un séchoir de 36 plateaux, une découpeuse/trancheuse de légumes et fruits et une conditionneuse/ensacheuse semi-automatique. « L’appui apporté par Rainforest Alliance a été un déclic pour Niama-B. Nous étions dans l’ombre. L’organisation nous a permis de nous découvrir. Ils nous ont également ouvert beaucoup de portes. Grâce à eux, nous avons fait plusieurs rencontres », a expliqué la directrice de Niama-B spécialisée dans la transformation des produits agroalimentaires, Jorelle Penkam Nguebou. Aux REDEO, la boîte créée en 2018 et constituée de 15 employés (11 femmes et quatre hommes) est venue exposer des produits mis au point pour limiter les pertes post-récolte, promouvoir la consommation des produits made in Cameroon et participer à sa manière à la politique d’import-substitution prônée par le gouvernement camerounais. Les produits liés à la transformation de l’avocat en huile sont aussi présentés aux visiteurs, pour minimiser les pertes post-récolte évaluées à environ 30% selon les statistiques officielles. A travers la chaîne de valeurs qui va de la pulpe aux produits dérivés, il y a une niche d’opportunités, notamment l’huile végétale dont le litre coûte à peu près 25 000 F.   

Kenfack

Les PME locales des monts Bamboutos et de Bangangté-Bana-Bangou en vitrine aux REDEO 2024 à Bafoussam

Les Rencontres d’échanges, de découvertes et d’exhibitions de l’Ouest (REDEO), ouvertes le 13 décembre 2024 à Bafoussam, mettent en lumière les PME locales appuyées dans le cadre du projet COBALAM. Ces entreprises, spécialisées dans l’apiculture, la transformation agroalimentaire et la production d’huile d’avocat, témoignent des impacts positifs d’un accompagnement technique et financier visant à concilier gestion durable des ressources et autonomisation des communautés.

Portée par le MINEPDED, ONU-Environnement, et Rainforest Alliance grâce au financement du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM), une formation en apiculture a rassemblé plus de 100 participants dans les hautes terres de l’Ouest Cameroun. En misant sur les abeilles, ce projet vise à préserver la biodiversité, à améliorer les rendements agricoles et à offrir des revenus alternatifs aux communautés locales. Une initiative qui mêle innovation et durabilité pour la gestion des paysages des monts Bamboutos et Bana-Bangangté-Bangou.

Du 4 au 12 décembre 2024, plus d’une centaine de personnes ont été formées en apiculture (élevage des abeilles domestiques), pour assurer une bonne gestion communautaire des paysages des monts Bamboutos et des monts Bana-Bangangté-Bangou dans les hautes terres de l’Ouest. L’activité portée par ONU-Environnement (PNUE) et le ministère camerounais de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable (MINEPDED) sous financement du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM), est implémentée sur le terrain par l’Ong américaine Rainforest Alliance. La formation s’est déroulée dans six localités (Batcham, Bangou, Batchingou, Fongo-Tongo, Bafou et Bangang), avec une ambition commune : contribuer à l’amélioration de la productivité de la filière apicole dans les deux paysages cibles du projet COBALAM, afin de satisfaire la demande en produits de qualité observée sur le plan national et protéger durablement la biodiversité floristique et faunique.        

A ce titre, la formation a porté sur les aspects théoriques incluant les généralités sur l’apiculture, les techniques d’installation des ruches et d’utilisation des autres équipements. « L’objectif est de montrer aux apiculteurs que l’abeille est au centre de la biodiversité. C’est leur service de pollinisation qui permet de pérenniser plusieurs espèces végétales et d’assurer la formation des fruits et des graines de bonne qualité », a indiqué Annie Florence Youbissi, ingénieure agro-zootechnicienne, experte en apiculture et consultante pour le compte de Rainforest Alliance.

Une priorité du plan d’actions 2024 de Rainforest Alliance

L’activité de formation sur l’apiculture durable était inscrite dans le plan d’actions 2024 de Rainforest Alliance. Ce d’autant plus qu’elle rentre en droite ligne du résultat 2.1.3 du projet COBALAM relatif au renforcement des capacités d’au moins 10 organisations locales de la société Civile (OSC) et/ou organisations communautaires de base (OCB) et de 3000 utilisateurs des terres et membres de la communauté des hautes terres de l’Ouest et de la région Sud aux pratiques reconnues de gestion durable des terres et de gestion durable des forêts, parmi lesquels les apiculteurs. « L’apiculture fait partie des options pour la conservation et la gestion durable des deux paysages cibles du projet COBALAM. Nous avons débuté les formations en 2002 qui ont suscité beaucoup de motivation et d’autres communautés ont aussi souhaité bénéficier de ces formations. C’est la raison pour laquelle nous avons organisé ces formations qui se déroulent depuis environ deux mois », souligne le coordonnateur des activités de Rainforest Alliance dans les hautes terres de l’Ouest, Jacques Waouo.

La méthodologie de travail a débuté par un diagnostic (du 30 septembre au 13 octobre 2024) des pratiques apicoles des apiculteurs, pour voir si ceux qui sollicitent la formation sont des apiculteurs et s’ils sont motivés à améliorer leurs pratiques. Ce diagnostic a révélé entre autres : la faible productivité des ruches, la non-maîtrise des bonnes pratiques apicoles par plusieurs acteurs, la non-disponibilité du matériel approprié (ruches, supports de ruches, tenues de protection, enfumoir, gants, lève cadre, brosse abeille, seaux de récolte ; pressoirs, tamis filtre double, mâturateur, cérificateur solaire et bouteilles de conditionnement, etc….) pour optimiser la production auprès des producteurs et assurer la meilleure qualité des différents produits apicoles. En outre, la plupart des ruches traditionnelles sont très vieilles pour un rendement optimal, tandis que le non-respect des dimensions standard de certaines ruches lors de la fabrication est manifeste.

Dans la foulée, les données ont été collectées auprès de plusieurs apiculteurs dont les hommes et les femmes. Par ailleurs, les visites de certains ruchers ont permis de mieux comprendre certaines pratiques. « Après ce diagnostic, nous avons organisé une première formation sur les généralités de l’apiculture et la transformation des produits de la ruche. Tout part des options de conservation qui ont été validées par les parties prenantes du village, parmi lesquelles celles qui avaient sollicité les formations en apiculture », fait observer Jacques Waouo. 

Satisfecit des bénéficiaires sur la qualité de la formation

Au terme de la formation, les participants ont exprimé leur satisfaction au sujet des modules dispensés. « On nous a appris à faire du miel bio, c’est-à-dire sans couper les arbres. Même sur le plan financier, l’apiculture rapporte de l’argent. Avant, je pratiquais l’apiculture de manière traditionnelle. Désormais, je vais améliorer mes pratiques et demain je deviendrais un apiculteur professionnel. J’ai actuellement plus d’une centaine de ruches traditionnelles », a confié Jean-Bosco Tsona (47 ans), délégué du GIC Sezono (C’est Dieu qui connaît ses choses, ndlr), situé dans le village Bazuintim du groupement Bangang, arrondissement de Dschang, département des Bamboutos. « Grâce à la formation, j’ai appris à fabriquer les ruches modernes et à les nettoyer. Au niveau de la transformation, Rainforest Alliance pourra à l’avenir nous donner du matériel pour transformer le miel et avoir une meilleure qualité », poursuit notre interlocuteur qui pratique l’apiculture depuis l’âge de 17 ans et est polygame avec sept enfants. Phalone Tchinda, agricultrice formée en apiculture ne tarit pas d’éloges. « Nous avons appris comment élever l’abeille. La formation est très enrichissante. Avant, on ne savait même pas ce que représente l’abeille. Or, sans l’abeille, on ne peut pas vivre. L’abeille apporte beaucoup de choses. Nous souhaitons évoluer dans ce secteur. Comme nous sommes généralement des agricultrices, nous allons associer l’apiculture pour progresser et avoir de nouveaux revenus pour nourrir nos familles », déclare notre source.

Une autre approche de travail privilégie les groupes organisés (GIC ou coopératives). « Nous apportons les bonnes pratiques pour que les bénéficiaires de la formation puissent améliorer leurs conditions de vie. On ne vient pas donner du poisson, mais on apprend les autres à pêcher », a insisté M. Waouo. Rainforest Alliance a également encouragé les bénéficiaires à diffuser la formation reçue auprès des autres membres de la communauté, même à leurs enfants pour préparer la relève. L’initiative pouvant aider à gagner sa vie et à se réaliser.   

La plus-value socio-économique et environnementale de l’apiculture

L’option de l’apiculture n’est pas un fait du hasard. L’abeille est au centre de la biodiversité, apprend-t-on des experts. C’est son service de pollinisation qui permet de pérenniser plusieurs espèces végétales et d’assurer la formation des fruits et des graines de bonne qualité. « En produisant un kilogramme de miel, l’abeille doit butiner environ 5 600 000 fleurs. Et on peut évaluer la plus-value que l’abeille apporte aux denrées alimentaires. Si nous mettons sur une balance 5 600 000 graines ou fruits produits par rapport à la valeur d’un kg de miel, on se rend compte que l’abeille abat un travail merveilleux, mais qui est négligé par la population », souligne à grands traits Mme Youbissi, consultante. « A partir des formations de Rainforest Alliance, j’ai compris ce que c’est que l’abeille qui fait beaucoup de bien à l’Homme. Sans l’abeille, l’Homme ne peut pas durer sur terre. C’est elle qui nous donne les fruits et le miel. Ce miel a beaucoup de vertus. L’abeille produit de la gelée royale qui est utilisée pour la santé humaine. La propolis aussi est un grand remède », a confirmé M. Tsona du GIC Sezono.

Selon les sources officielles, l’apiculture joue aussi un rôle crucial dans la pollinisation des cultures, ce qui est essentiel pour la biodiversité et la sécurité alimentaire. A titre indicatif, 80% des cultures fruitières, légumières, oléagineuses et protéagineuses sont dépendantes des insectes pollinisateurs, dont l’abeille domestique est le chef de file. L’abeille intervient également comme sentinelle et donne l’alerte pour les atteintes à l’environnement et la biodiversité. Un autre bienfait de l’apiculture qui ne laisse personne indifférente repose sur l’amélioration des revenus économiques. « L’idée derrière la formation dispensée est de créer des activités génératrices de revenus, afin qu’en dehors des activités agricoles que les populations mènent, qu’elles aient une autre alternative pour améliorer les revenus au niveau des ménages et pour permettre qu’elles puissent rejoindre la coopérative des apiculteurs des monts Bamboutos mise en place dans le cadre du projet COBALAM », soutient Jacques Waouo. Et de poursuivre : « Il est question d’avoir une production importante et de chercher à labéliser ce produit qui sera spécifique soit pour les monts Bamboutos, soit pour les monts Bana-Bangangté-Bangou ».

Dans un tel registre, les produits apicoles comme le miel, le vin de miel, la cire d’abeille, le pollen, la propolis, la gelée royale et le venin d’abeille sont des niches d’opportunités additionnelles à côté de l’agriculture. « La transformation du miel en produits dérivés tels que le lait de toilette, le vin de miel que nous appelons communément hydromel, le savon de toilette, les baumes de massage, l’extrait de propolis et même les bougies permettent également aux apiculteurs d’apporter une plus-value à leurs produits », martèle Mme Youbissi.

La consultante a réitéré le fait qu’il soit possible d’alterner agriculture et apiculture. « Si nous prenons un épi de maïs d’une zone qui a été visitée par les abeilles et un épi d’une zone non visitée par les abeilles, il y aura une différence palpable, car les graines sont beaucoup plus grosses et bien serrées pour les graines butinées par les abeilles. Par contre, les graines seront parsemées sur l’épi de maïs non butiné par les abeilles », précise Annie Florence Youbissi. In fine, l’Ong internationale Rainforest Alliance finance la mise en œuvre des activités apicoles dans le but de générer des revenus alternatifs aux communautés, mais également de contribuer à la gestion durable du paysage, donc de la préservation de la biodiversité.   

Gibril Kenfack

Monts Bamboutos et Bana-Bangangté : l’apiculture au service de la biodiversité et du développement communautaire

Portée par le MINEPDED, ONU-Environnement, et Rainforest Alliance grâce au financement du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM), une formation en apiculture a rassemblé plus de 100 participants dans les hautes terres de l’Ouest Cameroun. En misant sur les abeilles, ce projet vise à préserver la biodiversité, à améliorer les rendements agricoles et à offrir des revenus alternatifs aux communautés locales. Une initiative qui mêle innovation et durabilité pour la gestion des paysages des monts Bamboutos et Bana-Bangangté-Bangou.

Alors que les chalutiers industriels continuent d’envahir illégalement les zones réservées, les pêcheurs artisanaux de Kribi font face à une équation financière intenable. Une sortie en mer de 72 heures coûte jusqu’à 90 000 Fcfa, pour des recettes souvent insignifiantes. Pris en étau entre des réglementations contraignantes et l’absence de contrôle sur les équipements importés, ils dénoncent l’inaction de l’État et le poids des filets en plastique bon marché venus du Nigeria. Fabrice Junior Nguelli Bollo, pêcheur à Kribi – Mboa Manga, a accepté répondre à nos questions.   

Les pêcheurs Locaux sont – ils toujours menacés par les pêcheurs industriels ici au large de Kribi ?

J’ai puis vous assurer qu’il n’y a pas de recul parce que je suis sorti, je suis allé en mai lundi dernier, au large de Ndiako, de Yoyo, c’est situé entre la Sanaga et la Dibamba. J’ai trouvé huit chalutiers dans une zone de pêche réservée aux pêcheurs locaux, c’est-à-dire les villageois de Ndiako et nous. Ces bateaux sont venus nous agresser. Je n’ai pas pu pêcher ? J’étais obligé de replier vers l’autre côté.

Vous voyez la distance qu’il y a de partir d’ici jusqu’à la Sanaga, ça fait pratiquement 7 heures de navigation. Donc on brûle pratiquement près de 40 litres d’essence comme ça. Je vous assure que moi-même que j’étais à bord, ce n’est pas que c’est quelqu’un d’autre qui m’a raconté.

Combien vous coûte l’envoie d’une pirogue en mer ?

L’envoie d’une pirogue à mer nous coûte très chère aujourd’hui. Pour une sortie de 72 heures, par exemple, on embarque le jeudi et on débarque le samedi, il faut avoir un minimum 80 000 Fcfa. Parce que là il y a le carburant qui prend près de 60 000 avec son lubrifiant, il y a la glace que nous prenons de 15 000, il y a la ration alimentaire des pêcheurs qui coûte 15 000. Donc un total minimal de 90 000 Fcfa. Maintenant, imaginez qu’on injecte 90 000 pour aller ramener une vente de 100 000. C’est insignifiant non ?

Nous constatons par ailleurs que vous continuez à utiliser des filets dont le maillage et la matière sont interdits. Une pratique qui relève de la pêche INN.

Ce qui bloque jusqu’ici, ce n’est pas nous le problème. Le problème, c’est d’abord l’État.

On ne peut pas prendre les filets qu’ils veulent, c’est-à-dire les filets aux maillages de 4 pouces et fabriqué à partir du coton. Or, à partir du moment où les filets interdits seront toujours sur le marché, des filets qui nous proviennent du Nigéria, nous les achèteront, car non seulement ils mois chères, ils nous permettent d’attraper beaucoup plus de poissons que les filets réglementaires.

Les filets de 4 pouces demandé par l’État sont destinés aux poissons moyens, c’est-à-dire qu’ils laisser passer les petits poissons. Non, on ne peut pas. On ne peut pas aller en mer, pour rentrer avec deux poissons. Nous ne pouvons pas mettre 90 000 pour aller ramener 10.000, parce qu’on a pris les maillages de 4 pouces. Si l’État ne veut pas qu’on achète les filets de petites mailles, il doit les intercepter dès leur source, avant qu’ils n’arrivent sur le marché.

Et pour ce qui est de la matière, pourquoi utilisez-vous toujours les filets en plastique ?

Le filet en coton coûte environs trois fois le prix d’un filet en plastique. On ne peut pas. Ça, c’est nous envoyer vraiment la dérive.

Nous ne pouvons pas. C’est là où se trouve le problème. C’est pourquoi nous sommes obligés de nous débrouiller avec le matériel venu du Nigeria.

Déjà, même que les Nigérians nous vendent leur filet plastique à 28 000 Fcfa. Par contre, l’État à travers le ministère des pêches et des industries animales (Minepia) nous vend ce filet nylon à 35 000 Fcfa. Du coup nous obligés de faire avec les moyens de bord.

Propos recueillis par Boris Ngounou

Kribi : les pêcheurs locaux étranglés par la concurrence industrielle et les coûts élevés

Alors que les chalutiers industriels continuent d’envahir illégalement les zones réservées, les pêcheurs artisanaux de Kribi font face à une équation financière intenable. Une sortie en mer de 72 heures coûte jusqu’à 90 000 Fcfa, pour des recettes souvent insignifiantes. Pris en étau entre des réglementations contraignantes et l’absence de contrôle sur les équipements importés, ils dénoncent l’inaction de l’État et le poids des filets en plastique bon marché venus du Nigeria. Fabrice Junior Nguelli Bollo, pêcheur à Kribi – Mboa Manga, a accepté répondre à nos questions.

Depuis quatre ans, le Street Whole Festival allie culture urbaine, sport et conservation de la biodiversité marine. Pour cette édition 2024 tenue du 4 au 8 décembre 2024 à Kribi (au sud du Cameroun), organisateurs, chercheurs, pêcheurs et décideurs ont convergé leurs efforts autour d’une formule pluridisciplinaire, jugée efficace malgré ses coûts élevés. L’équipe d’environnementales fait le point de la 4ème édition, avec le Dr Aristide Kamla, président d’African marine mammal conservation organisation (Ammco), l’ONG organisatrice du Street Whole.  

Quel bilan pour le Street Whole 2024 ?

Nous sommes effectivement au terme du Street Whole 2024. Comme les années précédentes, c’est une grosse satisfaction. Nous enregistrons une participation massive, tant au niveau local, national qu’international. Et des thématiques sur le marin côtier, pluridisciplinaires qui ont été abordées.

C’est aussi une inclusion à tout niveau de la société, les pêcheurs, les communautés locales, les chercheurs, le secteur privé, les organisations de la société civile et surtout le gouvernement qui se sont rassemblés, qui se sont mis ensemble et ont discuté, des aspects scientifiques relatifs à la protection des écosystèmes marins côtiers. Mais comme c’est le Street whole, on ne parle pas que de science, on parle aussi de la culture, on parle aussi de l’art, on parle du sport et tout ceci dans l’optique de pouvoir fédérer les esprits autour de l’idée de protéger les écosystèmes marins côtiers au Cameroun.

Depuis maintenant 4 ans, le Street Whole associe culture urbaine et conservation de la biodiversité marine. Quelle efficacité pour cette formule ?

Nous pensons que c’est une formule qui marche, quoi qu’elle soit un peu plus coûteuse, mais on pense que c’est une formule qui épouse le mieux la réalité de l’être humain, parce que l’être humain n’est pas que science, il est aussi culture, il est aussi sport.

Et lorsqu’on met ces dimensions-là ensemble, ça permet à l’être humain de se retrouver dans son écosystème le plus favorable. Alors c’est pourquoi, chaque année, nous essayons de réunir toutes ces dimensions-là pour promouvoir la conservation des écosystèmes marins côtiers, promouvoir les espèces de la faune marine qu’on dispose dans notre pays, notamment les baleines, les requins, les dauphins et les tortues marines.

Cette 4ème édition a été parrainée par le ministère des forêts et de la faune, et pourtant le Street Whole concerne les ressources halieutiques. Pourquoi ce choix ?

Alors, avant toute chose, les espèces que nous avons mentionné tout à l’heure, dont les requins, les baleines, les dauphins, font partie de la faune, mais une faune particulière, elle est aquatique, mais elle reste quand même la faune, et il va de soi que ce soit le ministère des Forêts et de la Faune qui soit ici l’institution gouvernementale en charge de cette question-là.

C’est pourquoi nous avons sollicité le parrainage de ce ministère, qui a bien voulu nous accompagner ici. Je profite d’ailleurs pour remercier le ministre Jules Doret Ndongo pour le fait qu’il a prêté une attention particulière à cet événement et a accordé le partenariat de son département ministériel pour cet événement. Quoique le ministre lui-même n’ait pas pu se rendre ici à cause de son agenda chargé, il a dépêché des émissaires qui ont participé à cet événement de bout en bout et qui vont lui rendre compte.

Propos recueillis par Boris Ngounou et André Naoussi

Street Whole 2024 : « Culture, science et inclusion pour la protection des écosystèmes marins côtiers »

Depuis quatre ans, le Street Whole Festival allie culture urbaine, sport et conservation de la biodiversité marine. Pour cette édition 2024 tenue du 4 au 8 décembre 2024 à Kribi (au sud du Cameroun), organisateurs, chercheurs, pêcheurs et décideurs ont convergé leurs efforts autour d’une formule pluridisciplinaire, jugée efficace malgré ses coûts élevés. L’équipe d’environnementales fait le point de la 4ème édition, avec le Dr Aristide Kamla, président d’African marine mammal conservation organisation (Ammco), l’ONG organisatrice du Street Whole.

Adoptée par l’Assemblée nationale le 2 décembre 2024 et trois jours plus tard par le Sénat, la nouvelle loi sur la pêche promet de révolutionner le secteur au Cameroun. Lors de la 4e édition du Street Whole à Kribi du 4 au 8 décembre 2024, cette évolution législative a fait débat. Les représentants du ministère des Pêches et des Industries animales (Minepia) saluent une avancée significative du cadre normatif, mais la société civile joue la carte de la prudence. Une fois la promulgation de la loi ainsi que la signature de son décret d’application, obtenues, sa mise en œuvre pourrait être une nouvelle paire de manche.

La nouvelle loi sur la pêche adoptée par les deux chambres du parlement camerounais marque un tournant pour un secteur longtemps fragilisé par la pêche illicite, non déclarée et non règlementée (pêche INN). Le texte de 41 pages prévoit la mise en place d’un système de surveillance maritime utilisant des technologies avancées pour détecter et prévenir les activités de pêche illicite dans les eaux nationales. Le projet encourage la coopération avec des organismes internationaux et les communautés locales pour partager des informations, développer des initiatives de sensibilisation, et renforcer les capacités de gestion durable des ressources halieutiques.

Selon Marie Thérèse Omgba, sous-directrice de la pêche industrielle et artisanale au Minepia, cette loi offre des solutions inédites : « Il y a tout un chapitre dédié au suivi contre la surveillance pour encadrer les activités de pêche. Les sanctions pénales, désormais plus dissuasives, vont renforcer la gestion et la régulation du secteur. » Une innovation majeure est l’intégration des dispositions de l’accord sur les mesures relevant de l’État du port, un pas important vers la transparence et la durabilité.

Cependant, la mise en œuvre demeure un défi crucial. Younoussa Abbosouka, représentant de l’Environmental Justice Fondation (EJF) au Cameroun, précise : « Même si la loi pose des bases juridiques solides, c’est son application effective sur le terrain qui déterminera son succès. Par ailleurs le futur décret d’application, incluant les mesures de transparence nécessaire, sera également crucial pour assurer une bonne gouvernance des activités de pêche au Cameroun… ». Son intervention souligne l’importance d’un engagement politique ferme pour transformer ces ambitions législatives en actions concrètes.

Par ailleurs, cette législation répond à une urgence économique et environnementale. La pêche INN coûte chaque année au Cameroun environ 10 milliards de FCFA en manque à gagner, selon les estimations de la FAO. Ce fléau a valu au pays un carton rouge de l’Union européenne en 2021, freinant l’exportation vers les marchés européens. Avec cette loi, le Cameroun ambitionne de restaurer sa crédibilité et de sécuriser les moyens de subsistance des communautés côtières.

Boris Ngounou

CAMEROUN : une nouvelle loi pour garantir une pêche durable et transparente

Adoptée par l’Assemblée nationale le 2 décembre 2024 et trois jours plus tard par le Sénat, la nouvelle loi sur la pêche promet de révolutionner le secteur au Cameroun. Lors de la 4e édition du Street Whole à Kribi du 4 au 8 décembre 2024, cette évolution législative a fait débat. Les représentants du ministère des Pêches et des Industries animales (Minepia) saluent une avancée significative du cadre normatif, mais la société civile joue la carte de la prudence. Une fois la promulgation de la loi ainsi que la signature de son décret d’application, obtenues, sa mise en œuvre pourrait être une nouvelle paire de manche.