Mobilité électrique au Cameroun :  l’exonération fiscale est-elle le chantier à mener en 2025?

Mobilité électrique au Cameroun : l’exonération fiscale est-elle le bon chantier en 2025?©Carlos Martín Gaebler

Alors que des pays comme le Rwanda, le Kenya ou encore l’Afrique du Sud font partie des pays en tête de la transition vers une mobilité durable sur le continent africain, le Cameroun, lui, essaie encore de s’y arrimer. Et parmi les premières mesures prises par le gouvernement du pays d’Afrique centrale, figure l’exonération fiscale sur les véhicules électriques. Cette mesure est entrée en vigueur le 1er janvier 2025.

Depuis le début de l’année en cours, les véhicules électriques sont exonérés du droit d’accises, dont le taux d’importation était fixé à 12,5%. L’information est contenue dans la loi de Finances 2025 de l’État du Cameroun.

Cette mesure, qui sera en vigueur pendant deux ans, est renforcée d’un abbatement de 50% sur la valeur imposable des véhicules et des motocycles à moteurs électriques importés à l’état neuf, ainsi qu’à leurs batteries et bornes de recharge. Deux raisons justifient ce choix selon le gouvernement camerounais. D’abord, s’arrimer à la nouvelle technologie adaptée aux véhicules électriques en stimulant les ventes. Et aussi, accélérer la lutte contre la pollution due aux énergies fossiles dans le pays d’Afrique centrale.

La Mobilité durable face au principe de la réalité au Cameroun

Brûlés, les combustibles fossiles libéreraient du dioxyde de carbone et d’autres gaz à effet de serre, qui à leur tour piègent la chaleur dans atmosphère, ce qui en fait les principaux responsables des changements climatiques.

Si l’ambition de l’État du Cameroun est de se hisser aux rangs des pays comme le Rwanda, le Kenya, l’Égypte ou encore l’Afrique du Sud qui font déjà partie des pays en tête de la transition vers une mobilité durable en Afrique, la présence de ces véhicules en l’état actuel des choses poserait de nombreux défis. Des défis auxquels  se sont certainement heurtés le logisticien français Bolloré Africa Logistics, qui a lancé en 2015 les bus électriques «Blue Bus» à l’Université de Yaoundé I, et qui ont finalement disparu en 2020, ainsi que le camerounais Gaspard Mpondo qui a lancé en 2019 la société Jengu Sarl, spécialisée dans la construction de véhicules, motos et tricycles électriques fonctionnant à l’énergie solaire, en partenariat avec le chinois S-King.

À peine trois bornes de recharge électrique au Cameroun en 2025

Le premier défi est l’insuffisance d’infrastructures routières adaptées. Le Délégué nationale à la Sûreté nationale (DGSN) au Cameroun, Martin Mbarga Nguelé l’a encore rappelé en octobre 2024 lors d’un déplacement par route dans le sud-ouest du pays. À ce défi, s’ajoutent le manque d’une main d’œuvre qualifiée pour prendre en charge ces engins à 2, 3 et 4 roues, le manque de test et homologations, la disponibilité de l’énergie électrique qui reste faible malgré une légère progression du taux d’accès (50% en 2014 – 71% en 2022 selon la Banque mondiale), ainsi que des équipements tels que des bornes de recharge et des batteries électriques.

Pour le cas précis des bornes de recharge des véhicules électriques, à ce jour, le Cameroun en compte trois, dont deux à Douala et une à Yaoundé, très insuffisantes si on s’en réfère à l’Union européenne (UE) qui préconise un ratio d’une borne de recharge pour 10 véhicules électriques.

Inès Magoum

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