Le 17 juin 2024, le ministère congolais de l’Environnement, du Développement durable et Bassin du congo adressait un courrier à Mettsa Congo, entreprise spécialisée dans le recyclage de batteries au plomb, lui demandant de suspendre ses activités dans le pays d’Afrique centrale à cause de la pollution. Environ huit mois plus tard, la fermeture de la filiale du groupe Mettsa, basé à Dubaï, est effective. Une décision salvatrice pour les riverains.
C’est une victoire pour les rivérains, qui viennent de voir leurs efforts concrétisés avec la fermeture de la société Mettsa Congo, spécialisée dans le recyclage des batteries au plomb, près de Ponite-Noire en République du Congo. « Au moment où nous parlons, l’usine est en cours de démantèlement, suite à une décision qui a été prise par la ministre de l’Environnement, du Développement durable et Bassin du Congo, Arlette Soudan Nonault, sommant l’usine à démanteler ses installations et à partir s’implanter ailleurs. C’est une étape de franchi », précise Cyrille Traoré Ndembi, président du collectif des riverains, au micro de nos confrères de RFI.
Cette décision, qui est finalement exécutée, a été dévoilée le 17 juin 2024, dans un courrier adressé à Mettsa Congo, lui demandant de suspendre ses activités. «Faisant référence au rapport de la visite technique de vos installations classées, et considérant la situation de risque majeur avéré de l’impact de vos activités pour la santé de l’Homme et pour l’environnement ainsi que l’urgence des mesures qu’elle impose, j’ai décidé de la mesure de suspension totale de vos activités jusqu’au nouvel ordre, conformément aux textes en vigueur», peut-on lire dans le courrier signé par Arlette Soudan Nonault, et qui a été envoyé 13 jours après la publication du rapport d’Amnesty International (le 4 juin 2024), montrant que l’entreprise à capitaux indiens n’avait réalisé aucune étude d’impact environnemental avant de s’installer en 2013, en violation de la législation congolaise. «La société a affirmé avoir obtenu une licence en 2018 et un certificat de conformité environnementale en 2023, soit 10 ans après le début de ses activités», déplorait alors l’organisation internationale non-gouvernementale.
Quel avenir pour la gestion des déchets au plomb?
D’ailleurs, en 2023, des échantillons de sang prélevés sur 18 personnes vivant à proximité de l’usine, dont des enfants, ont été analysés par un laboratoire indépendant avec le soutien d’Amnesty International. Tous ont révélé des concentrations de plomb nettement supérieures au seuil fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Or, l’entreprise avait affirmé que les fumées émanant de son usine n’étaient pas toxiques.
Si l’action du gouvernement du pays d’Afrique centrale est salvatrice pour les riverains qui n’en pouvaient plus d’inhaler des vapeurs et fumées de plmob , ils souhaitent également des dédommagements de la part de la société de recyclage, affirmant que leurs sols ont été pollués par le versement des résidus d’huile. Ces substances, accumulées dans le sol, altèrent sa fertilité. Le pomb peut par ailleurs pénétrer dans la chaîne alimentaire ou dans l’eau potable par l’intermédiaire des eaux souterraines, et provoquer des troubles réversibles (anémie, troubles digestifs) ou irréversibles (atteinte du système nerveux, encéphalopathie et neuropathie chez l’Homme. Les animaux et les plantes ne sont pas en reste.
L’entreprise mise en cause produisait notamment des barres de pomb destinées à l’exportation grâce à ses quelques 70 employés, dont de nombreux Congolais. Un plan de réinstallation aurait permis de sauver les emplois, mais l’entreprise n’a toujours pas trouvé un autre site pour se réinstaller. Une situation qui impactera forcément l’économie au vu des emplois créés et de la contribution fiscale de Mettsa Congo.
La gestion des déchets de plomb sera aussi impactée en République du Congo. Avec le départ de Mettsa, il faudra trouver une solution alternative de gestion de ces détritus, afin d’éviter une explosion de la pollution au Plomb à Pointe-Noire en particulier, et dans tout le pays en général.
Inès Magoum